Lily était vraiment contente que Hugo et Elizabeth aient tous les deux obtenus leur permis de transplaner, mais elle était tellement stressée par leur dernier match de Quidditch qu'elle eut du mal à se réjouir avec eux dans les jours qui suivirent. Ils jouaient contre les Serdaigle le week-end suivant le 18 mai, et ce match avait plusieurs enjeux : ils devaient battre les Serdaigle, obtenir plus de 300 points pour dépasser les Serpentard, et surtout, ils devaient se débrouiller pour faire pencher la balance en faveur d'Agathe. Des gens du Ministère lui avaient écrit pour la prévenir qu'ils viendraient assister à son match, considérant que la voir évoluer dans une activité périscolaire était le meilleur moyen de vérifier qu'elle s'intégrait bien au sein de l'école. Cela donnait encore plus de pression à toute l'équipe, car ils savaient que les chances d'Agathe de pouvoir rester à Poudlard seraient beaucoup plus importantes s'ils remportaient la coupe de Quidditch des Quatre Maisons.
Comme le match avait lieu l'après-midi, Lily et Lorcan déjeunèrent avec leurs amis et le reste de leur équipe le midi. Ils avaient réussi à prendre confiance en eux après leur match contre les Poufsouffle, mais l'idée de la finale n'en était pas moins effrayante pour eux.
— Tout va bien se passer, répéta Aloys pour la énième fois, s'adressant visiblement plus à lui-même qu'aux autres. On va réussir, il ne faut pas paniquer...
— Détends-toi Aloys, lui dit Henry en lui servant un plat de pâtes pour s'assurer qu'il mangeait correctement. Je suis sûr que ça va bien se passer !
Une fois qu'ils eurent fini de manger, ils allèrent se préparer pour le match. Lily et Lorcan redescendirent dans le hall pour attendre le reste de l'équipe, tandis que Hugo, Lysander et Elizabeth essayaient de leur changer les idées de leur mieux. Tous les élèves se dirigeaient déjà sur le terrain de Quidditch, et Michael s'arrêta pour leur parler :
— Il faut vraiment que vous gagniez ce match, leur dit-il d'un grave. Mes parents sont venus aussi, comme des gens du Ministère seront là, et ils n'approuvaient pas l'idée qu'Agathe continue de faire du Quidditch. Je compte sur vous pour leur montrer qu'ils avaient tort.
Il s'en alla sur ces mots pour aller accueillir ses parents à l'entrée du château avec Clary, et Lily échangea un regard inquiet avec Lorcan.
— Génial, dit-il en levant les yeux au ciel. Encore une raison pour laquelle il faut absolument qu'on gagne. Pas du tout de pression.
Une fois que les autres membres de leur équipe furent là, ils prirent à leur tour la direction du stade de Quidditch. Devant la tente des vestiaires, Hugo, Lysander et Elizabeth retinrent Lily et Lorcan pour les encourager une dernière fois.
— Laissez-moi vous faire un câlin, dit Hugo en les attrapant tous les deux dans ses bras. Là, du calme, tout va bien se passer...
— Euh... Hugo, nous ne sommes pas des chats apeurés, dit Lorcan en essayant de se dégager de son étreinte. Et arrête de nous serrer comme ça, je vais finir par te vomir dessus !
Cela suffit à convaincre Hugo de les relâcher. Lily ne put s'empêcher de sourire, amusée par le comportement de son cousin.
— N'oubliez pas ce que vous vous êtes dit au début de l'année, leur rappela alors Lysander. Vous ne jouez pas pour gagner, mais pour être en équipe.
— Oui, tu as raison, approuva Lily, l'estomac noué.
— Allez-y, dit Elizabeth d'un ton encourageant. On croit en vous !
Lily la remercia du regard, puis elle suivit Lorcan à l'intérieur de la tente. Elle observa rapidement les joueurs de leur équipe : Aloys faisait les cent pas, Simon était assis sur un banc, comme figé sur place, Agathe tripotait nerveusement le manche de son balai et Tiffany faisait des échauffements avec sa batte. Il n'y avait que Karen qui semblait parfaitement calme et détendue. Elle était en train de grignoter un morceau de pain qu'elle avait gardé avec elle.
— Comment tu fais pour avoir de l'appétit ? lui demanda Aloys en s'arrêtant devant elle. Tu n'es pas un peu stressée ?
— Non, répondit-elle en haussant les épaules. Je pense que nous sommes bien préparés et qu'on a de réelles chances de gagner. Stresser ne ferait que baisser mes performances.
— Je ne comprends pas comment tu fais pour être toujours sûre de toi, dit Tiffany d'un air envieux.
— Je ne suis pas du tout sûre de moi, répliqua Karen. Mais de vous, si.
Ils s'arrêtèrent tous pour se tourner vers elle, surpris de l'entendre dire quelque chose d'aussi gentil alors qu'elle était la moins émotive de leur équipe. Voyant qu'ils la regardaient tous, elle soupira d'un air agacé et expliqua :
— J'ai trois frères et deux sœurs plus âgés que moi. J'ai grandi en devant toujours me battre pour gagner ma place quelque part. En entrant en première année à Poudlard, je savais que ce serait pareil. Il n'y a qu'au sein de cette équipe que je n'ai jamais eu à me battre pour qu'on me respecte et qu'on me traite de façon égale. Alors que j'ai toujours détesté me reposer sur les autres, ça ne me dérange absolument d'avoir besoin de vous pour gagner ce match.
Lily ne put s'empêcher de sourire. Sans le savoir, Karen venait probablement de leur faire le meilleur discours d'encouragement pour leur match.
— Je suis fière que tu sois dans cette équipe, lui dit-elle alors.
Soudain, la voix de Louis retentit sur le terrain.
— Déjà ! s'exclama Agathe d'une voix paniquée, exprimant à voix haute ce à quoi ils avaient tous pensé.
— C'est notre dernier match de l'année tous les sept, dit Lorcan. On va écraser ces Serdaigle !
— Et les Serpentard, ajouta Lily. Allez, tous en piste !
Ils ramassèrent leurs balais et se mirent devant l'entrée en attendant que Louis les appelle. Lorcan se tourna vers Lily et lui dit théâtralement :
— Ma chère co-capitaine, ce fut un plaisir de travailler avec vous !
— De même pour moi, répondit Lily sur le même ton.
Lorcan amorça un geste pour la prendre dans ses bras, mais il s'arrêta en entendant que Louis avait commencé à les appeler. Il lui adressa un faible sourire, puis se retourna et suivit Tiffany hors de la tente. Lily fut la dernière à sortir et elle sentit son stress retomber dès qu'elle se retrouva sur le terrain. Mrs Bibine démarra le jeu, et Lily s'envola dans les airs en même temps que les autres joueurs de son équipe.
Ils s'étaient tellement entraînés tous ensemble qu'ils ne s'étaient pas rendus compte de tous les progrès qu'ils avaient fait. Au bout de quelques minutes, Lily s'aperçut avec stupéfaction qu'ils dominaient largement les Serdaigle. En observant avec plus d'attention Simon, Agathe et Karen, elle réalisa que leur niveau était nettement supérieur à celui des poursuiveurs adverses. Elle avait pourtant vu les Serdaigle jouer contre les autres équipes, et elle les avait trouvés plutôt bons. À quel point son équipe avait-elle progressé sans qu'elle s'en rende compte ?
Aloys arrêtait tous les tirs des Serdaigle, qui étaient d'ailleurs peu fréquents puisque c'était toujours leur équipe qui avait le Souafle. Lily entendait la voix d'Henry par-dessus celles des autres supporters dès qu'Aloys stoppait un but, ce qui la faisait beaucoup rire. Tiffany et Lorcan étaient aussi excellents : les batteurs adverses n'avaient jamais le temps de frapper dans un Cognard, car ils arrivaient à côté d'eux et le faisaient à leur place au dernier moment. Tiffany parvint à toucher deux poursuiveurs de Serdaigle, ce qui facilitait encore plus la tâche à Simon, Agathe et Karen.
Au bout d'une demi-heure, ils avaient réussi à accumuler 110 points. Lily attendait avec impatience qu'ils dépassent la barre des 150 pour essayer d'attraper le Vif d'or. Ça faisait deux fois qu'elle le voyait et qu'elle était forcée de détourner l'attention de l'attrapeur adverse pour qu'il ne le remarque pas. Alors qu'elle volait vers le milieu du terrain en le surveillant de loin, Agathe passa devant elle et Lily vit qu'elle avait un immense sourire au visage. Elle ne l'avait jamais vu aussi heureuse depuis qu'elle avait été transformée en vampire diurne, et cela lui fit chaud au cœur. Ils n'avaient même pas gagné pour l'instant, mais elle semblait juste heureuse de pouvoir jouer. C'était exactement l'objectif que Lily et Lorcan s'étaient fixés en début d'année !
Simon marqua un nouveau but, puis ce fut le tour de Karen. Ils avaient 130 points maintenant. Agathe réessaya de faire le salto qu'elle avait raté lors de leur dernier match, et elle le réussit cette fois sans problème, marquant ainsi un nouveau but. Il n'en manquait plus qu'un, et Lily pourrait essayer d'attraper le Vif d'or... si elle réussissait, ils seraient à égalité avec les Serpentard.
Elle jeta à nouveau un regard à l'autre attrapeur et ressentit une bouffée de panique l'envahir. Il avait repéré le Vif d'or et le poursuivait dans la direction opposée à la sienne. Sans hésiter, Lily se pencha en avant et libéra toute la vitesse de son balai. Elle passa en fusée devant Karen et lui cria au passage de marquer un dernier but. Voyant que le Vif d'or semblait amorcer un virage, elle coupa en diagonale dans sa direction au lieu de suivre l'autre attrapeur. Elle parvint ainsi à se retrouver à côté de lui, mais ce n'était pas suffisant pour le retarder. Elle essaya de le dépasser pour lui barrer la route, mais il était tout aussi rapide qu'elle. Désespérée, Lily regarda brièvement vers les buts des Serdaigle et vit Agathe marquer un nouveau but. Ça y est, elle pouvait attraper le Vif d'or !
Elle tendit la main vers la balle au moment où ils passaient devant les tribunes des Gryffondor. Elle entendit alors les voix de Hugo, Elizabeth et Lysander qui l'encourageaient en criant. Cela lui donna le regain d'énergie dont elle avait besoin, et elle repoussa la main de l'autre attrapeur de son bras droit tandis qu'elle attrapait le Vif d'or avec sa main gauche. Au moment où elle fit ça, elle vit tous les supporters des Gryffondor se lever d'un même mouvement en poussant des cris de joie. Elle était elle-même tellement heureuse qu'elle dut se dépêcher de mettre pied à terre pour sauter de joie. Agathe atterrit à côté d'elle et courut se jeter dans ses bras.
— On a réussi ! dit-elle en pleurant. Tu as attrapé le Vif d'or, Lily ! On a gagné la coupe !
— Nous sommes à égalité avec les Serpentard, rectifia Lily.
— Non, dit Agathe avec un grand sourire. On a eu le temps de marquer deux buts pendant que tu poursuivais le Vif d'or ! On les bat avec dix points de plus !
Lily n'en crut pas ses oreilles. Les autres joueurs de leur équipe arrivèrent à leur tour en poussant des cris de victoire. Lily vit Lorcan poser le pied à terre en dernier, et il arriva vers eux en dansant presque, les faisant tous rire.
— On a gagné, on a gagné ! répéta-t-il en chantonnant. C'est incroyable !
Dans un geste de victoire, il leva brusquement les mains en l'air. Mais il tenait toujours sa batte à ce moment-là, qu'il lâcha accidentellement dans son mouvement. Elle s'envola au-dessus de leur tête, et Lily se rendit compte trop tard qu'elle retombait droit sur Agathe.
Elle essaya d'attraper la jeune fille par le bras pour la tirer vers elle pour lui permettre d'éviter la batte, même si elle savait qu'elle n'en aurait pas le temps. Et, sous l'effet de la panique, Agathe se transforma en chauve-souris.
La batte retomba dans l'herbe alors qu'un silence de mort s'installait dans tout le stade. Agathe était toujours transformée, et tout la monde la fixait d'un air choqué. Lily ne put s'empêcher de penser aux gens du Ministère qui étaient là pour vérifier qu'elle était en mesure de rester à Poudlard. La jeune fille reprit son apparence normale en trébuchant en avant. Lily la rattrapa avant qu'elle ne tombe par terre, mais elle la sentait trembler de tous ses membres. La joie qu'il y avait sur le visage d'Agathe avait complètement disparu, remplacée par de l'affolement. C'était la même chose pour tous les autres membres de l'équipe. Ils s'étaient tous figés, ne sachant pas comment réagir.
— Félicitations pour votre victoire, dit soudain le capitaine de l'équipe de Serdaigle en s'avançant vers Lily pour lui serrer la main. C'était un très beau match !
La jeune fille lut dans son regard qu'il essayait de leur venir en aide et elle sauta sur la perche qu'il lui tendait :
— Merci, vous avez très bien joué aussi !
Elle ne savait pas trop quoi ajouter d'autre, mais Aloys, Karen et Simon semblaient avoir retrouvé leurs esprits aussi car ils se joignirent à la conversation et essayèrent de revenir sur certains moments du match en parlant le plus fort possible pour inciter tous les spectateurs à se remettre à parler. Cela sembla fonctionner, car les conversations reprirent petit à petit et les supporters des Gryffondor entrèrent sur le terrain en chantant une chanson de victoire. Le professeur McGonagall arriva avec la coupe de Quidditch des Quatre Maisons, et Lily rassembla l'équipe pour qu'ils aillent la récupérer. Lorcan et Agathe semblaient tous les deux être dans un état second après ce qui s'était passé, mais les autres parvinrent quand même à faire bonne impression pour eux.
Une fois que la directrice leur eut remis la coupe, les supporters des Gryffondor commencèrent à les entraîner vers le château pour fêter leur victoire dans la salle commune. Lily vit les parents d'Agathe et deux personnes du Ministère traverser le terrain et se diriger vers la jeune fille. Ils arrivèrent devant eux au même moment que Hugo, Elizabeth, Lysander et Michael.
— Miss Lewis, l'interpella un sorcier habillé tout en bleu. Pouvez-vous nous suivre dans le bureau de votre directrice, s'il vous plaît ?
Agathe acquiesça en tremblant, et le regard du sorcier se posa soudain sur Elizabeth.
— Miss McNilan, c'est cela ? Pouvez-vous venir aussi, s'il vous plaît ?
Elizabeth acquiesça silencieusement. Lily échangea un regard avec elle, et elle vit à son air déterminé que la jeune fille allait tout faire pour prendre la défense d'Agathe.
— On se retrouve dans la salle commune, dit Lily à Agathe en essayant de ne pas avoir l'air trop tendue.
Elle regarda le petit groupe s'éloigner avec inquiétude, puis elle suivit le reste de son équipe jusqu'au château. Une fois dans leur salle commune, les Gryffondor commencèrent à fêter leur victoire en mangeant, chantant, dansant et riant tous ensemble. Lily et les autres étaient encore stressés à cause de ce qui s'était passé, alors ils se rassemblèrent dans un coin de la pièce en attendant le retour de leurs amies.
— J'espère qu'ils vont accepter qu'elle reste, dit Hugo en trépignant surplace. Vous avez gagné le match, tout de même ! Vous avez super bien joué, d'ailleurs, félicitations.
— Je suis un idiot, grommela soudain Lorcan. C'est de ma faute si elle s'est transformée en chauve-souris sous les yeux de tout le monde !
— C'était un accident, lui assura Lysander. Et ce n'est pas censé changer quoi que ce soit au jugement des envoyés du Ministère. Ils savent très bien qu'elle est capable de se changer en chauve-souris, et là, elle ne l'a fait que pour se protéger. Il n'y a rien de mal à ça.
— J'ai quand même hâte qu'ils reviennent pour être sûr que tout s'est bien passé, dit Hugo en regardant l'entrée de la salle commune d'un air anxieux.
N'ayant pas le cœur à s'amuser pour l'instant, ils restèrent dans leur coin en attendant le retour d'Agathe et Elizabeth. Roxanne et Miranda vinrent les rejoindre pour les féliciter et elles essayèrent de leur changer les idées, mais ce fut sans succès.
Ce ne fut qu'en fin d'après-midi qu'Elizabeth réapparut dans la salle commune. Elle se dirigea aussitôt vers eux et ils se mirent à lui poser tous des questions à la fois.
— Calmez-vous, les interrompit-elle. Ça ne s'est pas trop mal passé. Ils m'ont fait venir pour que je donne mon avis sur l'intégration d'Agathe et sur la mienne, mais j'ai pu assister à toute leur conversation avec elle. Ils ont posé plein de questions aux professeurs sur ses résultats scolaires et ils ont demandé si ce qui s'était passé à la fin du match était déjà arrivé avant... mais ils n'ont pas encore donné leur verdict. Ils doivent retourner au Ministère et ils lui diront si elle peut rester seulement à la fin de l'année.
— On va stresser pendant tout ce temps, alors, gémit Lorcan.
— Je pense que votre victoire a vraiment été un atout, essaya de les rassurer Elizabeth. Ils l'ont félicitée plusieurs fois pour la façon dont elle avait joué.
— Où est-elle, maintenant ? demanda Lily.
— Elle passe du temps avec ses parents et son frère.
— Alors tout va bien, dit Hugo en soupirant de soulagement. Tout n'est pas une catastrophe !
— On ferait mieux de fêter votre victoire comme il se doit, maintenant, dit Lysander en donnant une tape dans le dos de son frère. Tous sur le buffet !
Lorcan parut se forcer à sourire et il suivit son frère, qui semblait déterminé à lui remonter le moral. Pendant ce temps, Lily décida d'aller répéter ce qu'Elizabeth leur avait dit au reste de l'équipe pour les rassurer.
— Il faudra qu'on fasse une autre fête lorsque Agathe aura eu la confirmation qu'elle peut rester, dit Aloys en se servant une chope de Biéraubeurre. Je m'arrangerai pour avoir des Feuxfous Fuseboum à ce moment-là ! Il faudra que je demande à Roxanne si on peut en commander au magasin de son père...
Il alla rejoindre Henry, avec qui il était en train d'essayer de composer une chanson de victoire. Lily sourit en les voyant tous les deux s'amuser, sans se disputer pour une fois.
Ils passèrent le reste de la journée à faire la fête. Agathe les rejoignit pendant la soirée, au moment où des élèves de septième année revenaient avec des victuailles pour qu'ils puissent dîner dans leur salle commune. La jeune fille leur dit qu'elle voulait juste fêter leur victoire sans se préoccuper du reste, et ils passèrent un moment génial tous ensemble. Lily était super heureuse de voir que plus personne ne semblait avoir peur d'elle parmi les Gryffondor. Ils se comportaient tous normalement avec elle, plus personne ne l'insultait ou ne disait du mal d'elle dans son dos. Ils avaient atteint leur objectif ! Le meilleur moment, ce fut quand même lorsque Thomas vint s'excuser auprès de l'ensemble de leur équipe pour la façon dont il avait agi envers eux. Il semblait toujours réservé par rapport à Agathe, mais celle-ci ne s'en formalisa pas, trop heureuse d'avoir pu lui prouver qu'il se trompait à son sujet.
Vers minuit, les élèves commencèrent à remonter les uns après les autres dans leurs dortoirs. Bientôt, il n'y eut presque plus personne dans la salle commune. Lily et Elizabeth montèrent se coucher en essayant de faire le moins de bruit possible puisque Mathilde et Kate dormaient déjà.
— C'était une journée géniale, dit Lily à voix basse en s'allongeant sur son lit. J'espère juste que tout se passera bien pour Agathe !
— Moi aussi, dit Elizabeth en se mettant sous ses couvertures. Mais je ne suis pas inquiète : grâce à vous, elle a vraiment une très bonne image à présenter au Ministère !
Lily sourit et se tourna sur le côté pour poser sa baguette sur sa table de chevet. Elle se rendit alors compte que son balai n'était pas au pied de son lit comme d'habitude.
— J'ai oublié mon balai dans la salle commune, réalisa-t-elle en soupirant. Je vais le chercher.
— D'accord, dit Elizabeth en baillant. Je dormirai probablement déjà à ton retour...
Sur ces mots, elle laissa tomber sa tête sur son oreiller avec un air paisible au visage. Lily se retint de rire et quitta discrètement le dortoir pour ne pas réveiller ses camarades. Elle redescendit ensuite dans la salle commune, où il n'y avait à présent plus personne. Enfin, presque plus personne : Lily découvrit avec surprise que Lorcan était assis sur le canapé devant la cheminée et fixait le feu d'un air absent.
— Qu'est-ce que tu fais encore là ? lui demanda-t-elle en s'avançant vers lui.
Il sursauta, ne l'ayant probablement pas entendue arriver.
— Euh... je réfléchissais, répondit-il. Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?
— J'ai oublié mon balai, dit Lily en cherchant son Nimbus 2000 des yeux.
Elle le repéra alors dans un coin de la pièce et alla le chercher. Elle revint ensuite près de Lorcan et le regarda d'un air inquiet :
— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air bien.
Il baissa les yeux d'un air gêné et haussa les épaules.
— C'est juste à cause de ce qui s'est passé après le match. C'est de ma faute si Agathe s'est transformée en chauve-souris sous les yeux de tout le monde.
— Ce n'est pas très grave, tu sais, essaya de le rassurer Lily. Je suis sûre qu'elle va pouvoir rester à Poudlard quand même !
— Mais si elle ne pouvait pas et que c'était à cause de ça ? demanda Lorcan d'un air abattu.
— Dans ce cas, les gens du Ministère prouveraient qu'ils sont vraiment stupides, dit Lily en allant s'asseoir à côté de lui. Écoute, tu as juste lâché ta batte par accident et elle s'est transformée pour l'éviter. Ça fait potentiellement un point en moins pour qu'elle reste, mais on en a gagné plein d'autres en remportant la coupe de Quidditch des Quatre Maisons ! Elizabeth a dit que ça allait sûrement avoir un impact important sur la décision finale du Ministère. Et tu as vu comment tout le monde s'est comporté avec elle, pendant la fête ? Plus personne ne l'évite ou ne l'insulte ! On a réussi à atteindre notre objectif.
— Tu as raison, admit Lorcan avec un léger sourire. J'imagine qu'on a fait notre possible pour l'aider. Je ne serai pas tranquille tant que nous ne serons pas sûrs qu'elle peut rester, mais ça m'aide de savoir qu'on a quand même fait de notre mieux.
— Moi aussi, dit Lily en regardant le feu de cheminée. Je suis vraiment contente de la façon dont on a géré notre équipe.
— Tu sais, je pense que tu aurais tout aussi bien fait toute seule, lui dit Lorcan. Tu es une excellente capitaine !
— Toi aussi, dit aussitôt Lily. Sans toi, on n'aurait jamais réussi tout ce qu'on a fait !
— Je pense que si, répondit Lorcan d'un ton hésitant. Les autres n'avaient pas forcément besoin d'un autre capitaine alors que tu étais à leur tête. Je n'étais pas indispensable à l'équipe.
— Mais tu m'étais indispensable à moi, lâcha Lily sans réfléchir.
Lorcan la regarda d'un air un peu déstabilisé, et elle détourna la tête en se rendant compte de ce qu'elle venait de dire. C'était la vérité, bien sûr, mais elle ne s'attendait pas à ce que ça la gêne autant de le dire à voix haute. Elle se racla la gorge pour cacher son embarras et ajouta :
— En tout cas, on fait une bonne équipe, tous les deux.
— Oui, approuva Lorcan en souriant. Je suis toujours impressionné par les progrès que tu as fait depuis la première année !
— Et toi alors, dit Lily en riant. Tu te souviens que tu arrivais à peine à décoller du sol ? Et aujourd'hui, tu es le meilleur batteur de Poudlard !
— Tu exagères, dit Lorcan d'un air amusé. Un bon batteur n'aurait pas lâché sa batte dans les airs après un match...
— Arrête, le coupa Lily en lui donnant un coup de coude. Tout le monde peut faire des gaffes de ce genre, même les personnes aussi extraordinaires comme toi !
Lorcan la regarda dans les yeux pendant quelques secondes, comme s'il était à court de mots à cause de ce qu'elle venait de dire. Lily ressentit alors une drôle de sensation. Elle voulut dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle avait l'impression d'être figée sur place et n'arrivait plus à détourner son regard de Lorcan. Ils étaient peut-être un peu trop proches l'un de l'autre, mais elle ne se sentait pas capable de s'éloigner de lui...
Alors qu'elle était en train de se demander ce qui lui arrivait, Lorcan se pencha vers elle et l'embrassa.
Lily sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine et plein d'émotions différentes affluer en elle, sans qu'elle parvienne à les identifier ou à faire le tri entre elles. Elle ferma les yeux alors que la main de Lorcan frôlait sa joue, ne comprenant absolument pas ce qui se passait et pourquoi elle se sentait comme ça. La seule chose qu'elle parvenait à réaliser, c'était qu'elle n'avait aucune envie de repousser Lorcan, bien au contraire.
Ce furent des bruits de pas dans les escaliers qui la ramena à la réalité. Lorcan et elle s'éloignèrent précipitamment l'un de l'autre au moment où une élève entrait dans la salle commune. Lily reconnut Miranda, qui portait son chat dans ses bras. Elle s'arrêta en les voyant dans la pièce.
— Qu'est-ce que vous faites là ? demanda-t-elle en baillant.
Lily eut besoin de quelques secondes pour se souvenir de la raison pour laquelle elle était descendue au départ, et elle balbutia précipitamment :
— Mon balai... euh... je l'avais oublié. Je suis venue le chercher.
Elle ramassa le Nimbus 2000 posé par terre en ayant besoin de deux essais pour s'en saisir tellement elle était nerveuse.
— Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? demanda Lorcan en cherchant visiblement un moyen de ne pas répondre à sa question.
— J'ai laissé les croquettes de mon chat ici et il en réclame, répondit la jeune fille en se dirigeant vers la table où était posé le paquet. Impossible de dormir quand il a faim !
Elle posa son chat sur la table et sortit sa nourriture pour lui en donner. Il commença à les manger avec des craquements sonores qui semblaient encore plus bruyants dans le silence de la pièce. Au bout d'un moment, Miranda se tourna à nouveau vers eux et leur jeta un regard interrogateur :
— Vous avez encore quelque chose à faire ?
— Euh... non, répondirent-ils d'une même voix en s'évitant du regard.
— Je vais... euh... aller me coucher, dit Lily en montrant du doigt les escaliers.
— Moi aussi, balbutia Lorcan. B... bonne nuit.
— Oui, bonne nuit, renchérit Lily.
Elle prit aussitôt les escaliers et remonta dans son dortoir. Elle traversa la pièce sans faire un bruit, posa son balai par terre, puis s'allongea dans son lit.
Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle se rendit compte que son cœur battait à cent à l'heure.