Le lendemain, elle fut heureuse de voir qu'il était samedi, elle resta quelques minutes à regarder le plafond, le soleil s'était faufilé entre les rideaux et éclairé une partie de sa chambre. Cela la mit de bonne humeur, elle se leva en sifflotant gaiement. Elle enfila une robe fluide de couleur verte et s'attacha les cheveux en un chignon décoiffé. Elle se dirigea vers la cuisine pour se prendre un chocolat chaud. En arrivant dans la cuisine, Hermione entendit une chouette à sa fenêtre. Étonnée de recevoir une lettre un samedi matin, elle ne réagit pas tout de suite, ce qui énerva l'oiseau qui se mit à toquer à la fenêtre frénétiquement. Elle se précipita donc pour lui ouvrir, elle lui prit la lettre avant que la magnifique chouette au reflet d'or ne parte d'un battement d'ailes. Elle retourna l'enveloppe froissée dans tous les sens mais il n'y avait rien d'écrit dessus, méfiante, elle jeta quelques sorts pour s'assurer qu'elle n'était pas piégée. Elle fut rassurée de voir que ce n'était pas le cas, alors elle l'ouvrit. Au fur et à mesure de sa lecture, qui fut pourtant brève, elle sentit son visage se décomposer, dans un tremblement elle lâcha le parchemin qui vint se déposer sur le sol révélant aux yeux de tous son contenu.
« Salis encore une fois mon fils et le jour où je m'échapperai tu me supplieras de te laisser la vie sauve. PS : Jamais il ne t'aimera car tu n'es rien. Rien d'autre qu'une sale Sang-de-Bourbe. L.M»
- Granger ?! C'est toi dans la cuisine ? Je me disais qu'aujourd'hui vu qu'il fait beau et qu'on est samedi, on pourrait aller faire du cheval Je sais que tu es fatiguée mais je... Granger ? Fit Drago en débarquant dans la pièce, elle était blême et se retenait à la table de la cuisine.
Il se précipita vers elle après quelques secondes d'hésitation. Il l'aida à s'asseoir sur une chaise avant de s'accroupir près d'elle, elle était en état de choc et il ne savait pas pourquoi.
- Granger ? Qu'est-ce qu'il y a ? Réponds-moi par Merlin ! S'énerva-t-il inquiet et frustré qu'elle ne lui réponde pas.
- Je... J'ai... Bégaya la brune.
- Tu es plus loquace d'habitude Granger !
- Je... Rien tout va bien. Finit-elle par dire en se redressant légèrement avant de le regarder droit dans les yeux. Ce qu'il y lu le secoua, c'était un mélange de peur et d'angoisse, peut-être un peu de tristesse mais il n'en était pas sûr.
- Tu rigoles j'espère ?!
- J'ai l'air de rigoler ? Rétorqua Hermione avec plus de force.
- Justement ! Tu as la tête de quelqu'un qui a vu un fantôme et tu veux me faire croire qu'il n'y a rien ? S'énerva le blond en se relevant.
- Oui.
- Non mais j'hallucine ! Ragea le blond en reculant, glissant sur un papier au sol, il jura avant de se rendre compte que quelque chose était écrit dessus, il se pencha pour le ramasser.
- NON ! Je... enfin ce n'est rien, je... donne-moi ce papier je vais le jeter. S'écria Hermione en se jetant sur lui.
- Hors de question ! Vu ta réaction je suppose que c'est ça qui t'as mis dans cet état. Fit Drago en se reculant vivement.
Il lut ces deux lignes plusieurs fois pas sûr de bien comprendre de qui cela venait, mais quand il comprit, son visage devint livide. Puis la peur s'imprima sur ses traits avant de se changer en rage. Elle ne l'avait sans doute jamais vu aussi en colère qu'en ce moment.
- COMMENT OSE-T-IL TE MENACER ?! ET COMMENT A-T-IL SU QUE J'ÉTAIS ICI ?! MÊME EN PRISON IL ARRIVE À ME FAIRE CHIER ! PAR MERLIN ! POURQUOI LES GARDES NE FONT PAS LEUR PUTAIN DE BOULOT ?! C'EST SIMPLE POURTANT !
- Malefoy calme-toi s'il te plaît... Dit-elle d'une voix frêle.
- Me calmer ? ME CALMER ? Il te menace de mort et tu veux que je me calme ?!
- S'il te plaît je n'ai pas besoin que tu en rajoutes, je me sens assez mal comme ça.
Son visage s'adoucit et il poussa un soupir de frustration avant de la regarder dans les yeux.
- OK ! Ok... J'arrête.
- Merci.
- Tu sais que je ne le laisserai pas faire ?! Jamais il ne sortira de cette prison, jamais il ne te... s'il... je ne le supporterai pas.
- Je sais Malefoy mais pour l'instant ce n'est pas le cas.
- Mais pour combien de temps ? Combien de temps reste-t-il avant qu'il ne trouve un moyen de s'échapper si ce n'est pas déjà le cas?
- Je ferai tout ce que je peux pour que ça n'arrive pas d'accord ?
- Mais...
- D'accord ?
- D'accord je... pardon Granger, c'est toi qui reçois des menaces de mort et c'est toi qui me rassures.
- Ne t'excuse pas dans un certain sens tu m'as rassuré.
- Comment ça ?
- Tu as dit que tu ne le laisseras pas faire et ça me suffit pour l'instant.
- Je le pense vraiment tu sais je ne le laisserai pas te faire du mal, mon père ne tuera plus personne et surtout pas toi Granger.
- Merci Drago.
Elle était émue par ce qu'il venait de dire, il était prêt à faire face à son père pour la sauver, elle, une né-moldu. Elle se rapprocha de lui et le prit dans ses bras dans un geste impulsive. Malgré sa surprise d'un tel geste, les bras du blond l'encerclèrent naturellement. Il soupira d'aise, la sentir contre lui, sentir son cœur battre, son souffle dans son cou et le chatouillement de ses cheveux sur son visage étaient pour lui un réel apaisement. Il inspira profondément, se délectant de son parfum à la noix de coco mélangé à une odeur de parchemin. Il n'avait qu'une seule envie ne plus jamais la lâcher.
- Je te le promet Hermione, je te le promets sur ma vie. Chuchota-t-il en la serrant encore plus fort contre lui.
Une larme coula le long de sa joue, mais Hermione ne l'essuya pas, elle ne voulait absolument pas que ce moment s'arrête, elle se sentait bien dans ses bras, elle se sentait protégée et rassurée. Quand il se détacha d'elle à contre cœur, Hermione ressentit un énorme vide s'installer en elle. Il sécha sa larme de son pouce puis l'embrassa sur le front avant de faire demi-tour.
- Malefoy ! L'interpella Hermione avant qu'il ne quitte la pièce.
- Oui ? Fit le blond en se retournant vers elle.
- Pour le cheval c'est d'accord, on se dit 14h à l'écurie ?
- J'y serai, et Granger ?
- Oui ?
- Tu es très jolie dans cette robe tu devrais la mettre plus souvent. Dit-il avant de partir.
Elle se mit à rougir violemment et c'est toute gênée qu'elle prépara son petit déjeuner. Elle pouvait encore sentir le doux contact de ses lèvres sur son front comme une trace gravée au fer rouge. Elle avait l'impression que tout le monde pouvait la voir alors que c'était bien sûr impossible. La matinée se passa plutôt bien si on oubliait le fait qu'une menace planait au-dessus d'elle. Hermione avait rangé le mot dans une pochette pour l'emmener au bureau des Aurors dès la première heure lundi matin, elle aurait très bien pu y aller tout de suite mais elle n'avait pas envie de les embêter avec ça le week-end. Alors elle attendrait.
La balade à cheval fut pour les deux une façon d'oublier l'incident, mais Hermione n'était pas dupe elle savait que ce n'était qu'une illusion et que dès que la promenade serait finie, tout lui reviendrait en mémoire. Mais elle décida d'en profiter à fond tout comme lui. Ils allèrent plus loin cette fois, après avoir démarrer 3 courses consécutives ils décidèrent de s'arrêter près d'un point d'eau pour faire une pause.
- J'en peux plus cette dernière course m'a achevé. Fit Hermione essoufflée.
- Tu dis ça parce que je t'ai battu. La taquina Drago avec un sourire en coin.
- Peut-être... Répondit-elle en souriant.
Ils se posèrent tous les deux sur un banc improvisé qui n'était autre qu'un simple tronc d'arbre laissé là, et enlevèrent leurs bombes respectives. Un silence s'installa, silence qui n'était pas gênant loin de là mais qui fit remonter le souvenir à la surface.
- Je peux te poser une question ? Demanda Hermione en se tournant vers lui.
- Demande toujours.
- Pourquoi tu serais prêt à te battre contre ton père pour moi ?
Elle savait que sa question était délicate, mais elle voulait vraiment une réponse. Il se tourna vers le point d'eau et le fixa comme si c'était la chose la plus intéressante du monde. Il soupira et posa sa tête entre ses mains avant de se relever. Il passa sa main dans ses cheveux en bataille signe qu'il était mal à l'aise et anxieux. Elle le regarda attentivement, analysant le moindre de ses mouvements afin d'apercevoir un élément de réponse. Il se tourna enfin vers elle.
- Je ne sais pas vraiment, je le sens au plus profond de moi, je sens que c'est la seule chose à faire et je... non rien.
- Dis-moi.
- Ça n'a juste pas de sens alors laisse tomber.
- Peut-être que pour toi non mais que pour moi si.
- Je ne sais pas, je ne comprends rien, je n'ai jamais vécu ça ni ressentit tout ça de ma vie.
- Tout ça quoi ?
- Tout ce que je ressens pour toi Granger. Tout se mélange dans ma tête et je ne comprends plus rien du tout. Je... c'est tellement nouveau.
- Tu as toute la vie devant toi Malefoy, tu n'as pas à te prendre la tête.
- Non Granger, tu ne comprends pas.
- Alors explique-moi. Fit-elle avec douceur ne voulant pas le brusquer.
- Quand j'ai été enfermé à Azkaban j'ai cru que ma vie s'arrêtait et j'avais tant de regrets, il y avait tant de choses que je n'avais pas pu faire. Depuis j'ai peur de mourir en ayant rien accompli, en ayant rien vécu, alors non je n'ai pas le temps, chaque heure, chaque minute, chaque seconde comptent et je dois les vivre comme si c'étaient les dernières.
- Alors vit Malefoy, vit sans regrets, Oscar Wilde disait « J'aime mieux vivre avec des remords que des regrets. », et il a raison, il faut que tu oses sinon tu n'auras jamais rien.
- Facile à dire... Soupira le blond.
- C'est vrai mais par exemple qu'aimerais-tu faire là maintenant ?
- Là maintenant ? Répéta-t-il bêtement.
- Oui. Affirma Hermione en le regardant droit dans les yeux.
- Je ne suis pas sûr...
- Tu veux vivre sans regrets ? Alors fait-le.
Il prit la tête d'Hermione entre ses mains et se jeta sur ses lèvres. Elle eut un sursaut ne s'attendant pas à ça mais elle finit par répondre avec une fougue égale à la sienne. Elle passa ses bras autour de sa nuque pour le rapprocher d'elle tandis que lui descendit ses mains pour les poser autour de sa taille. Durant ce cours instant le temps c'était comme figé, spectateur d'un moment important, le moment où tout changerait entre eux. Elle se détacha de lui afin de reprendre son souffle, leurs regards se croisèrent avec plus d'intensité que les premières fois, elle en était bouleversée.
- Je sais ce que j'ai dit, mais j'en suis plus aussi sûr, j'ai pensé que ce serait passager mais je me mentais. Je ne suis pas sûr de ce que je veux enfin si je sais, je veux pouvoir t'embrasser encore et encore, pouvoir t'avoir à mon bras pour me pavaner. Tu... Je ne veux surtout pas que tu fasses ta vie une fois que je serai parti si je n'en fais pas parti. Je sais que je suis loin d'être l'homme idéal, je n'ai rien à t'offrir, je n'ai qu'un nom qui inspire la haine, mais je veux te rendre heureuse Hermione, je te veux toi, tout entière, avec ton caractère enflammé, ton rire, tes yeux emplis d'intelligence et de bienveillance qui m'agaçaient tant... Je ne sais pas de quoi sera fait demain mais aujourd'hui je suis sûr d'une chose, je te veux dans ma vie.
- Drago, je...
- Je sais que c'est brutal, je comprendrai si tu ne voulais pas de moi...
- Espèce didiot ! Bien sûr que je te veux dans ma vie !
À ces mots, elle put voir le visage du blond se figer avant de s'illuminait, il souriait de toutes ses dents, elle crut même voir ses yeux se remplirent de larmes quand il se pencha pour se saisir de ses lèvres. Ce baiser n'était pas comme les autres, il était plus profond, il avait plus de signification. Elle pouvait ressentir toutes les émotions qu'il lui faisait passer à travers cet échange. Ils auraient pu rester comme ça pendant des heures, l'un contre l'autre à s'embrasser avec tendresse, se goûtant, s'apprivoisant. En cet instant le monde n'existait plus, il n'y avait qu'eux. Hermione se sentait à sa place, aimée, désirée, vivante et heureuse, réellement heureuse et cela faisait une éternité qu'elle ne l'avait pas été. Drago, lui, avait cette impression que plus rien ne pouvait les arrêter maintenant qu'ils étaient ensemble. Être avec elle était pour lui devenu une évidence, c'était sa place, et même s'il en avait douté dans le passé aujourd'hui il en était sûr à 1 000 %.
Ils finirent par rentrer, toujours sur leur petit nuage. Cependant ils devaient avoir une discussion sérieuse. Devait-il le dire aux enfants ou leur cacher ? Elle savait que leur relation ne serait pas bien vue, surtout parce qu'elle était censée être sa tutrice. Il n'y avait pas vraiment de point précis dans la loi qu'elle avait créé qui interdisait une relation entre le détenu en liberté conditionnelle et son tuteur mais elle savait que si ça venait à se savoir ça pourrait jouer sur le résultat final et donc finir par le renvoyer en prison. Et ça ça lui faisait peur.