Toujours perdant !

Galing kay Clarence-de-Malines

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1903 --- « Qui est mon père ? » Il a hurlé ces mots. Mais le silence seul répond. Alain a vingt-et-un ans. B... Higit pa

Une fois de plus...
Evasion
Le cirque des Étoiles
Ni le passé, ni l'avenir...
La troisième lettre
Des bêtes pour amis
Un nom sur la liste
Solitude
Résurgence
Deux noms sur la liste
Face à face
La loi du Sang
Révélations
Une fois encore...
Du sang sur les mains
Entre les mailles du filet
Enfin un ami
Plus de liste, plus de noms
Il y a vingt-et-un ans...

En plein rêve

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Galing kay Clarence-de-Malines

« Bonjour, Alain.

Je me permets de vous appeler ainsi, puisque vous êtes mon fils.

La manière dont s'est terminée notre dernière entrevue me peine beaucoup, car j'aurais voulu vous dire bien des choses. Je pense qu'il en est encore temps, et c'est pourquoi je vous demande de répondre à cette missive. Je sais combien elle doit vous être douloureuse, mais j'y tiens.

Le Cirque des étoiles s'installera jeudi à Saint-Philbert-en-Mauge. Aubigny n'est éloigné que de quinze kilomètres. Je laisse à votre discrétion le choix de vous rendre ou non là-bas, dimanche soir, au pré des Braillards, que vous connaissez comme moi.

Je ne vous cache pas que je vous y attendrais impatiemment, car j'ai beaucoup de choses à vous dire.

Voilà la fin de cette lettre, et je ne sais comment la terminer. Je pense que, pour le moment, une formule d'amitié serait mal venue. Ainsi, je ne préfère signer qu'avec mon prénom :
Bernard »

Lentement, Alain détacha son regard de la signature. Ses mains tremblaient, et il dut poser la feuille pour ne pas la laisser tomber. Voilà que son père revenait... ce père qu'il voulait oublier. Pourquoi le relançait-il ? Quelles choses cet homme voulait-il lui dire ?

Aubigny... ce soir même... le pré des Braillards, situé entre Aubigny et la ferme de Roger. Curieux nom ! On racontait, qu'à la Révolution, une cinquantaine de Vendéens y avaient été massacrés par les troupes infernales, et que leurs cris s'étaient fait entendre jusqu'à Saint-Philbert-en-Mauge... Un nom qui ne présageait rien d'heureux !
Qu'importe. Il ira. Comment ne pas répondre à une telle demande ? Bernard Dumas cherchait peut-être à se racheter ; il ne pouvait faire la sourde oreille.

Ramené à de douloureux souvenirs, Alain s'enfonça dans les courtes ruelles, si peu nombreuses qu'on ne pouvait s'y perdre. Du reste, il connaissait la ville, pour y avoir accompagné sa mère, certains jours de foire. Cette rue... avec des portes renfoncées, et ce rosier grimpant... cette grosse dalle, toute déchaussée... en voilà une qui avait la vie dure !

Brusquement, son regard heurta un pied. Comme il relevait les yeux, surpris, il aperçut une silhouette qui disparaissait. Cette allure furtive éveilla son attention, et il gagna rapidement le coin de la rue. Un homme assez jeune s'éloignait de lui.Alain haussa les épaules et le laissa partir. Quelques secondes. Un cri lui arracha un sursaut. Cela venait d'une rue secondaire, obscure et profonde. Il s'y jeta.

« Callista ! »

La jeune fille courait vers lui, échappant à d'invisibles agresseurs. Il lui lança :
« Allez chercher de l'aide, et fuyez : je m'en occupe ! »

Elle hocha la tête, trop essoufflée pour parler. Sa silhouette gracile disparut, au moment où trois hommes apparaissaient. En apercevant Alain, ils s'arrêtèrent net. L'un d'eux murmura :
« Oh, oh ! »

Un mince sourire aux lèvres, Alain s'avança froidement, malgré une certaine nervosité... il avait malheureusement laissé son 6.35 à Nickel, sur la demande du patron, et son arme personnelle n'était pas encore disponible.
« Pas de chance, les gars ! Je connais cette jeune fille.
- Une gitane.
- Et alors ? Je l'apprécie bien. C'est pas de chance non plus, pas vrai ?
- Une voleuse.
- Une musicienne hors-pair, que vos oreilles ne méritent même pas d'écouter.
- T'es un de ses amis ?
- Allez le lui demander... »

Les deux compères échangèrent un regard.
« Je serais vous, je filerais, déclara Alain, qui n'avait guère envie d'un combat déloyal. Elle est partie chercher du renfort.
- Cette fois, c'est toi qui n'as pas de chance, répliqua le plus âgé : cette rue est un cul-de-sac.
- On a qu'un seul chemin à prendre » ajouta un des deux autres, d'un ton doucereux.

Une bagarre était inévitable.

Alain se débarrassa de son chapeau, qui pouvait l'encombrer, et analysa rapidement les lieux. Il remarqua une barre de métal, qui jaillissait d'une maison, faisant un point d'appui parfaitement accessible pour un voltigeur de son gabarit. D'un bond, il agrippa la lame, et jeta ses pieds devant lui, frappant une des canailles. Il se rétablit rapidement, se retourna à temps pour éviter un coup.

Une voix vrilla l'air étouffant de la petite rue.
« Besoin d'aide ? »

Un silence. Les trois gaillards, décontenancés, s'échappèrent vivement. L'individu restait dans la pénombre. Enfin, un haut-de-forme se balança au-dessus d'une stature sportive. Un regard bleu pétilla dans la pénombre.

« Je ne m'attendais guère à vous voir ici ! »

Alain s'était arrêté, surpris à la vue de l'arrivant. Il venait de reconnaître le fameux journaliste, aux questions indiscrètes. L'homme s'inclina avec élégance.
« Il est temps de me présenter, je crois.
Je suis Cris Hermann, inspecteur. »

Un silence glacé tomba. Alain tenta d'interpréter ces yeux froids, et cette bouche inexpressive. Que pensait l'enquêteur ? Allait-il lui passer les menottes, et l'emmener dans un commissariat ? Quelles preuves solides avait-il pu trouver ? Le garçon haussa les épaules, et ramassa son chapeau d'un geste las.
« Cela devait arriver tôt ou tard, déclara-t-il. Comment avez-vous pu me retrouver ? »

Cris Hermann parut surpris d'un aveu si facile ; il s'empara d'un papier, sur lequel s'étendaient deux taches indistinctes.
« Voyez-vous cela ? demanda-t-il.
- Comme vous-même le voyez, répliqua Alain.
- On appelle ça des empreintes digitales. Pour faire simple, vos doigts laissent des impressions, sur toute surface assez lisse pour les prendre. Avec un pinceau et une petite poudre, on relève très facilement ces marques... or, elles sont propres à vos doigts, et nulle autre personne n'en a de semblable. »

Alain se tut, bouleversé par une telle découverte. Ainsi, partout où il était passé, il avait laissé ces signatures ! Cependant, l'homme continuait, le transperçant de ses yeux aiguisés :
« La première empreinte a été retrouvée sur ce coffre, à l'hôtel Valencia... vous vous souvenez ?
- Comment ne pas m'en souvenir ? J'ai failli y être pincé.
- La deuxième a été relevée par moi.
- L'autographe ? demanda soudain Alain.
- Exactement. Je me suis introduit parmi les journalistes, et je vous ai tendu un papier bien lisse, sur lequel vous avez laissé d'admirables empreintes. La preuve est donc là. »

Alain soupira de nouveau.
« Comment avez-vous pu orienter vos recherches vers moi ?
- Et bien, à force de réfléchir sur ces vols, j'en ai déduit que le coupable était une personne très souple, pour ne pas dire contorsionniste. Quand j'ai entendu parler de ce Castillon, dont le visage reste toujours caché... et bien j'ai décidé de voir cela d'un peu plus près. »

Le garçon hocha la tête.
« Belle déduction. Trop belle déduction d'ailleurs... car je n'y crois pas un seul instant. »

Alain pensait aux menaces de Roger : l'homme avait donc bien laissé son signalement ? Après tout c'était logique : même interrogé par la police, accusant Roger, il n'avait aucune preuve. Et la gentille ferme aux Rottweilers n'avait rien à cacher depuis des décennies... Tandis que lui... Au final, la police allait servir les intérêts de Roger, sans le savoir... qui sait si un compagnon de cellule, envoyé par Roger, ne s'arrangerait pas pour fermer sa bouche à jamais ?

Hermann rompit le silence par un soupir.
« Étonnant ! Vous savez donc de quelles informations nous disposons...Comment se fait-il ? Un complice ? Un traître, peut-être ?
- C'est plus compliqué que ça.
- Je suis sûr que vous aurez bien des choses à nous dire ! A propos de cet étrange informateur, notamment, qui nous a laissé juste assez peu d'informations pour nous faire trimer comme des damnés sur votre identité...
- Possible. Une chose est sûre : c'est vraiment dommage que vous ne l'ayez pas faite plus tôt, votre belle déduction !
- Pourquoi cela ?
- Si vous m'aviez retrouvé, il y a quelques mois, j'en aurais été enchanté. Mais ce n'était pas possible. »

L'inspecteur plissa les paupières, pour mieux le sonder.
« Je ne comprends pas », dit-il.

Alain soupira.
« Personne ne peut vraiment être libre, déclara-t-il. Personne. »

Cris Hermann n'eut pas le temps de s'étonner davantage : Callista accourait, toute bouleversée.
« Monsieur Dussart ! Merci ! Oh, merci ! »

Avec ses grands yeux noirs, elle ressemblait à une biche effarouchée. D'un bref regard, l'inspecteur vérifia que la rue était une impasse, et s'éloigna discrètement.

Alain écouta les remerciements de la jeune fille, tout en réfléchissant. D'un côté, il lui fallait échapper à l'inspecteur, pour ne pas manquer son rendez-vous... de l'autre, il se culpabilisait en agissant ainsi. Mais il n'avait pas le choix. Il devait s'y rendre, ce soir même !

Hermann était niais - ou bien il le sous-estimait ! - car pour un voltigeur, beaucoup d'impasses peuvent être franchies... et celle-ci ne présentait pas de difficulté particulière. Bondir sur cet appui de fenêtre, attraper cette barre, reprendre l'équilibre, atteindre la corniche et se hisser jusqu'au toit... un jeu d'enfant !

Callista s'est arrêtée, toute souriante. Alain sent un grand trouble l'envahir. L'inspecteur a bien deviné leur amitié réciproque, et c'est pour cela qu'il s'est éloigné. Hélas, il sera bien mal récompensé de cette délicatesse !

Comment va tourner cette histoire ? Il n'en sait rien. La justice, mal informée, risque de le condamner à plusieurs années de prison ; son entrevue avec son père menace d'ouvrir d'autres horizons, et la proximité d'Aubigny le rapproche dangereusement de Roger. Oui... tout peut arriver.

Ce qu'il veut dire à Callista, il doit le dire maintenant. Il ne l'a connaît pas suffisamment ? Cette décision est trop hâtive ? Dans quelque temps, il sera trop tard.

Alain plante ses yeux clairs dans le regard foncé de la jeune femme.
« Il faut que vous m'écoutiez, Callista.
- De tout mon cœur.
- Quoi qu'il arrive, faites-moi confiance.
- Je vous le promets. »

La voilà, cette promesse que Suzie n'a jamais faite ! Quelle surprise ! Callista, plus promptement que nulle autre, s'est décidée. Le temps presse, et elle-même le ressent.

Alain fronce les sourcils, en apercevant la silhouette de l'inspecteur qui s'approche. L'heure est venue de partir, malgré le dégoût que lui inspire cette fuite. Il déclare encore :
« Vous direz à Monsieur Hermann que je n'ai pas le choix. Si tout va bien pour moi, il me retrouvera au cirque. »

D'un geste rapide, il lui baise la main.
« Dites-le-lui », répète Alain.

Un dernier regard. Il s'élance. Une vocifération étouffée.

Il émerge en pleine lumière.

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