Bonsoir !
Je sais que ça fait longtemps... Il faut dire que j'ai été occupé avec l'écriture et la publication d'un autre Drarry "In Another Life" (un soulmates AU tragique) que vous trouverez sur mon compte Wattpad et AO3 ;)
En tout cas, je suis contente de vous retrouver avec le chapitre 19 ! Il m'a donné du fil à retordre et finalement je pense avoir trouvé la bonne manière de l'écrire.
J'en profite pour vous dire que la partie 2 de cette histoire sera bientôt terminée. Je pense qu'il y aura 4 parties au total, chacune faisant une dizaine de chapitres. Donc accrochez-vous cette histoire va durer encore un petit moment.
Bref, dans ce chapitre, Harry a des idées noires, je préfère vous prévenir.
Bonne lecture
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— Salut papa, salut maman...
Je dépose le bouquet de fleurs que j'ai acheté sur la tombe. Je ne viens pas souvent ici. Je ne viens souvent nulle part. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque. Mais malheureusement, Godric's Hollow est beaucoup trop fréquenté. Moins qu'il y a quelques années, c'est sûr. Mais il y a toujours beaucoup de passage, la tombe de mes parents, étant l'une des attractions locales, avec les ruines de leur maison et l'ancienne demeure des Dumbledore. Le cimetière en particulier est dans tous les guides touristiques sorciers. Parce que mes parents y sont enterrés, mais aussi de nombreuses victimes de la Guerre. On a enterré Remus ici, pas très loin de mes parents. Et même s'il n'y a pas de corps, j'ai fait poser une dalle pour Sirius. Je pense qu'il aurait aimé être ici. Et moi j'ai besoin d'un endroit où me recueillir.
D'habitude, j'y vais plutôt la nuit, en évitant la période autour d'Halloween comme le mois de mai, pour éviter de croiser qui que ce soit. J'étais soulagé de trouver le cimetière désert aujourd'hui. Tant mieux.
— Ça fait longtemps que je suis pas venu. Je suis désolé. Mais je vais bien. Je vais de mieux en mieux.
Ça me fait du bien de le formuler à haute voix. Et je me sens fier de pouvoir parler de mes progrès à mes parents, même s'ils ne sont plus là pour les voir. J'aime imaginer que, d'une certaine manière, ils peuvent m'entendre. De l'autre côté du voile.
— Aujourd'hui, je vais au manoir Potter. J'en reviens toujours pas qu'un endroit pareil existe. Je... je crois que j'ai un peu peur. Papa, c'est là où tu as grandi. Il doit y avoir ta chambre et... tellement de choses à toi. Quand j'ai appris son existence, j'étais tellement en colère. Je sais que c'est pas de votre faute, et que tout le monde pensait qu'il avait été vendu mais...
Je m'interromps et soupire. Je pense à Drago. On s'est donnés rendez-vous devant le manoir, je devrais peut-être y aller.
— Drago sera là. Il m'a promis. Enfin, je vous avoue que je sais pas s'il va vraiment venir. J'ai peur qu'il vienne pas. Je lui ai un peu fait du chantage pour qu'il accepte et ce matin...
Je me mords la lèvre. À tous les coups, il ne viendra pas. Il m'a sûrement dit qu'il viendrait pour que je lui lâche la grappe. Il est peut-être déjà au Ministère, sur le point de prendre un Portoloin. Peut-être même qu'il est déjà en France. Peut-être qu'il ne répondra plus jamais à mes lettres.
— Je suis amoureux de lui, vous savez ? Je suis dingue de lui, comme si j'avais 16 ans. J'arrive pas à l'oublier. Je sais que c'est pas bien, je sais que c'est une relation qui risque de me faire plus de mal que de bien, mais je peux pas m'en empêcher... Est-ce que... Est-ce que vous pensez que je devrais lui dire que je l'aime ?
Évidemment, ils ne répondent pas. J'ignore ce que je dois faire.
— Harry ?
Je fais volte face, porte par réflexe ma main à ma baguette, que j'emmène toujours avec moi même si je suis incapable de l'utiliser. Mais c'est Drago. Il s'est arrêté au milieu de l'allée, à quelques mètres de la tombe de mes parents, sans oser approcher. Je me sens rougir. Depuis combien de temps il est là ? Pitié, faites qu'il n'ait rien entendu. Quoi que, ça simplifierait les choses... Mais il n'a pas l'air perturbé comme une personne normale le serait en entendant quelqu'un confesser ses sentiments à son égard. En même temps, Drago Malefoy n'a jamais été normal.
— Désolé, je ne voulais pas t'interrompre...
— C'est rien. J'avais fini.
Faisons comme si de rien n'était.
— Tu veux que... que je te les présente ?
Je discerne un pincement de lèvres. Merde, je l'ai mis mal à l'aise ?
— Je ne sais pas si... s'ils auraient aimé me connaître, répond-il en baissant les yeux.
Ça ne fait que renforcer mon envie de présenter Drago à mes parents. Je lui tends la main. J'ai peur un instant qu'il fuit, mais à ma grande surprise il s'avance. Il ramène sa longue natte sur le devant. Il ne prend pas ma main. Forcément. Ça fait toujours aussi mal. Je contiens ma peine et reporte mon attention sur la tombe.
— Papa, maman... Je vous présente Drago.
Bien sûr, ils ne répondent pas.
— Je suis... enchanté.
Je ne peux retenir un sourire. Drago est mal à l'aise, ça se voit.
— Je pense qu'ils t'auraient bien aimé, malgré... tu sais tout ce qu'il s'est passé, j'assure en me tournant vers lui. Mon père surtout, je crois qu'il se serait amusé à te faire sortir de tes gonds. Et ma mère... elle était du genre à voir le bon côté des gens, même ceux qui... C'était la meilleure amie de Severus, tu sais ?
— Je l'ignorais.
— Je suis sûr que tu leur aurais plu, je maintiens.
On reste un moment en silence, face à la tombe de mes parents. Drago finit par sortir sa baguette et invoquer un deuxième bouquet de fleurs. Je lui souris. J'en viens à souhaiter qu'il m'ait entendu. Si c'est le cas, que va-t-il faire ? M'ignorer ou... tenter quelque chose ? Je donnerai n'importe quoi pour qu'il m'embrasse.
Évidemment, il ne fait pas un geste vers moi. Je finis par décider que la visite est terminée.
— Bon, allons-y.
Il me suit. Je dis au revoir à mes parents, mais aussi à Sirius et Remus. Je leur promets de leur rendre visite plus souvent, comme à chaque fois.
*
Nous voici devant le manoir. Il a fallu marcher longtemps, il se trouve un peu en dehors de la ville, en haut d'une colline. On dirait une de ces maisons de famille qu'on voit dans les films. On dirait le manoir Malefoy, mais en plus petit. La pierre est blanche et toute la façade avant est recouverte d'une immense vigne vierge. Les volets sont fermés. Le jardin est en friche. Personne n'est venu ici depuis presque un quart de siècle.
J'ai le cœur qui bat la chamade. Je ralentis le pas. Je ne veux pas y aller. J'ai trop peur. Je prends la main de Drago sans vraiment m'en rendre compte. Il ne me repousse pas. Au contraire, il me serre fort et m'entraîne vers l'entrée principale. J'ai envie de pleurer.
Arrivé devant la porte, je suis tétanisé. J'ai envie de faire demi-tour. J'aimerais pouvoir dire à Drago que j'ai changé d'avis, que je ne veux plus rentrer dans cette maison. J'ai trop peur ce qu'il y a à l'intérieur. La mémoire de ma famille. Mes racines, mes attaches. Les fantômes du passé. Peut-être même des vrais fantômes, qu'est-ce que j'en sais ?
— Harry, ça va aller.
Sa voix est rassurante. Je me colle à lui, me cramponne à son bras, appuie ma tête contre son épaule. Il sent bon.
— Tu as la clé ?
Elle est dans ma poche. Ma main tremble alors que je la récupère. Je la lui donne. Je ne serai pas capable d'ouvrir cette porte. Qu'il le fasse lui. Je ne peux pas. J'ai un noeud dans le ventre et la nausée. Je ferme les yeux. J'entends le bruit de la serrure, le mécanisme qui tourne, la porte qui grince.
Je sens que Drago avance doucement. Alors je le suis. Un pas après l'autre. Et j'ouvre enfin les yeux.
Je suis pris à la gorge par l'odeur de renfermé et de poussière. Nous sommes dans un grand hall d'entrée, avec un lustre au plafond. La maison entière est plongée dans le noir. Je distingue un escalier, une pièce sur la droite, peut-être le salon ?
— Est-ce que tu veux que je... ?
Drago a sorti sa baguette. Je hoche la tête. Je lui fais confiance. Après tout, il est un maître des charmes.
Il enchaîne plusieurs sortilèges. Les volets s'ouvrent, la poussière s'évanouit, les lampes s'allument. Ça me rappelle la fois où Albus avait remis en ordre la maison dévastée de Slughorn. En quelques secondes, la maison retrouve un aspect... normal. Comme si les propriétaires étaient partis hier. Comme si vingt-quatre ans ne s'étaient pas écoulés.
Je lâche le bras de Drago. C'est le moment. Je prends une profonde inspiration. À ma gauche, il y a un salon. Avec ses canapés, ses fauteuils accueillants et un feu qui crépite dans la cheminée. Les murs ont une couleur bleue un peu passée par les ans. Les rideaux à fleurs sont d'une autre époque.
— Qui va là !
Je sursaute et étouffe un cri dans ma main. Drago surgit derrière moi. Mais ce n'est... qu'un tableau. Au-dessus de la cheminée, je découvre le visage de mon arrière-grand-mère. Je sais que c'est elle car je me rappelle d'elle dans le miroir de Risèd, en première année. Je n'ai jamais oublié cette image. L'image de ma famille.
— Ooooh ! Mais tu dois être le fils de James ! Qu'est-ce que tu lui ressembles... Sauf les yeux, tu as les yeux...
— De ma mère, je complète.
J'ai les larmes aux yeux. Elles me brouillent la vue. Des photos, j'en ai vues un certain nombre. Mais entendre... entendre la voix de quelqu'un de ma famille, c'est quelque chose de tellement rare. Je prends conscience que je suis bel et bien dans la maison de ma famille. La maison des Potters. Pas celle des Dursley, ni celle des Black, ni même celle des Weasley. La maison de ma famille à moi. Ma famille sorcière.
— Ignotus ! Réveille-toi, espèce de vieux débris ! Tu ne vois pas que nous avons de la visite ! se met à hurler la vieille femme, sans doute à un autre tableau.
— Toujours aussi aimable d'un Strangulot... grommelle une voix d'homme.
Je continue de pleurer. Je ne vois absolument rien. Je me suis appuyé au dossier d'un fauteuil pour ne pas tomber.
— C'est lui ? Pourquoi il pleure ?
— Ça doit être ta face de Veracrasse qui lui fait cet effet ! répond mon arrière-grand-mère.
Je pleure et je ris en même temps. C'est trop d'émotions. Je sens des bras autour de moi. Drago. Il m'aide à m'assoir. Je tremble de tous mes membres.
— Vous ne pourriez pas la fermer cinq minutes ? s'énerve Drago. Vous ne voyez pas que c'est pas vraiment le moment de vous disputer ?
— C'est qui celui-là ? maugrée l'homme.
— Un blondinet arrogant... Certainement un Malefoy.
— Un Malefoy dans des vêtements moldus ? Ça serait une première !
Je n'arrive pas à m'arrêter de rire. Je n'en peux plus. J'ai du mal à respirer. Sauf que la dispute des deux tableaux ne m'aide pas du tout à retrouver mon calme. Au contraire, les voilà qui commencent à pester sur la famille Malefoy.
— Un Malefoy et un Potter, on aura tout vu ! s'exclame la vieille femme dans son cadre.
— Manquerait plus que ça soit son fiancé...
— Silencio !
Drago a visiblement perdu patience. Je ne vais pas me plaindre, car le silence m'aide à retrouver mes esprits. J'essuie mes yeux humides de larmes avec ma manche, remet mes lunettes sur mon nez. Je constate que mes ancêtres s'époumonent dans leurs tableaux respectifs, hurlant sans doute les pires insultes à l'encontre de Drago.
— Tes tableaux sont au moins aussi stupides que ceux de ma famille. C'est bien, je ne suis pas dépaysé, déclare-t-il en fronçant les sourcils.
Il a tellement l'air contrarié que c'est adorable. Il s'accroupit de façon à être à mon niveau. Sa main sur mon genou.
— Ça va ?
Il me regarde avec une telle... est-ce que c'est vraiment de la tendresse ? Ou seulement de l'inquiétude ? Dans ses yeux gris, je vois l'importance qu'il me porte. Il se soucie de moi, de mon bien être, de mon moral. Je suis important. Et pas parce que je suis l'Elu, ni parce que j'ai sauvé le monde sorcier anglais. Parce que je suis moi.
Si j'écoutais mon instinct, je me pencherai pour l'embrasser. Sauf que je me rappelle de ce qu'il s'est passé la dernière fois. Je me souviens de ses mots chez ma psy. Je n'ai pas l'impression d'avoir eu le choix. Je pourrais lui demander. Est-ce que je peux t'embrasser, Drago ? Mais je n'oserai jamais. D'autant plus que je connais déjà la réponse. Enfin, je crois... Il répondrait non. Ou peut-être pas ? Il a écrit lui-même que je n'étais pas un homme qu'on oublie facilement. En cet instant, ses joues ont pris une teinte rosée. Non, il ne dirait pas « non ». Il dirait « je ne crois pas que ça soit une bonne idée, Harry ». Et il aurait raison.
Mrs. Bones me dit toujours que je dois apprendre à laisser sortir mes émotions. Elle oublie que parfois, il vaut mieux tout garder pour soi. Mon amour pour Drago n'a jamais pu sortir. Du moins, pas vraiment. Je l'ai écrit, mais je ne lui ai jamais dit. Je ne lui ai jamais montré. Et je ne pourrais jamais. Je dois tout verrouiller. Solidement.
Il ne veut pas être avoir moi. Qui voudrait être avec quelqu'un comme moi de toute manière ? J'ai tellement de problèmes. Et je suis incapable d'aimer correctement. Je l'étoufferai. Il a raison de se tenir éloigné. C'est même mieux pour moi. Parce que je n'aurais jamais supporté qu'il me quitte, qu'il m'abandonne. Or ça serait forcément arrivé. J'aurais fini par le faire fuir ou il se serait lassé de moi, de mes angoisses et de mes trauma. Il mérite une vie normale, pas une vie aux côtés d'un type en mille morceaux qui n'a même pas été foutu de se reconstruire en sept ans. Je suis un échec, une déception, une erreur.
J'aurais dû monter dans un train. Cette nuit là, à Kings Cross. Dumbledore m'avait proposé de prendre un train. Vers où ? Je ne sais pas. Loin. De toute manière, je suis seul. Je l'ai toujours été. Ma seule famille vivante ne m'a jamais aimé. J'ai toujours été un poids pour les autres. Tout le monde est mort. Ils sont tous morts. Mes parents. Mes grands-parents. Sirius. Remus. Dumbledore. Rogue. Tout ce qu'il me reste, c'est un manoir désespérément vide et des tableaux aigris. Personne ne m'aime.
Je n'arrive plus à respirer. Je n'arrive même pas à pleurer. J'ai mal à la gorge, j'ai mal au cœur. Tout est noir autour de moi. Et pourtant, il y a des bras. Des bras qui me serrent fort et m'arriment solidement sur terre. Drago. Je ne sais pas si ça me fait du bien ou du mal. Mais à cet instant, j'en ai besoin. J'ai besoin de lui pour ne pas sombrer. Sa voix grave me répète que ça va aller, que je suis en sécurité et qu'il est là.
— Ne me laisse pas, j'arrive à gémir entre deux respirations.
Je me cramponne à ses vêtements, à lui tout entier. Son parfum m'enveloppe. Ses bras me serrent toujours aussi fort.
— Je ne te laisserai pas. Je suis là, je reste avec toi. Ça va aller.
Il me répète ces mots en boucle. Jusqu'à que j'arrive à y croire, au moins un peu. Et il me protège. Le temps que la crise passe. Je n'ai aucune idée du temps qui s'écoule. Il me dit de me concentrer sur ma respiration. J'essaye, mais je n'ai plus de souffle. Je manque d'air.
— Respire avec moi, Harry. Respire.
Ma main sur son torse. Son cœur sous mes doigts. Drago inspire et expire profondément. J'essaye d'oublier le reste. Tout ce qui n'est pas son souffle. Et lentement, il me réapprend à respirer.
J'ignore comment je rentre chez moi, combien de temps s'est écoulé. Mais quand je rouvre les yeux, je suis dans ma chambre, allongé sur mon lit. Je n'ai plus mes lunettes. Il y a une main dans la mienne. Je la serre de toutes mes forces. En espérant qu'il comprenne.
Ne me quitte pas. Jamais.
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Et voilà ! Alors ? Qu'en pensez-vous ?
La vraie question est : est-ce que vous pensez que Drago a entendu ou pas ? Si oui comment il va réagir ? Mystère. Je ne sais pas moi-même je crois x)
J'aimerais vous promettre de revenir mercredi prochain, mais ça va dépendre de ma rapidité d'écriture du chapitre 20.
A très vite !