TOC TOC TOC
Je me glisse difficilement hors de mon lit et sens que tous les muscles de mon corps sont très tendus.
Il faut vraiment que j'essaye de me détendre sinon cela risque de s'annoncer très compliqué.
En ouvrant la porte, je tombe nez à nez avec mon professeur.
- Léna, ravi de te voir sur pieds. Puis-je entrer ?
- Bien sûr Monsieur, venez.
Nous allons nous installer sur les fauteuils en cuir de ma chambre et je le vois me regarder avec insistance.
- Ne vous inquiétez pas Monsieur, tout va bien. Je suis un peu tendue mais sinon ça va.
- Je suppose que tu dois te poser énormément de questions, et je vais être honnête avec toi, je ne pense pas avoir toutes les réponses.
- Pourriez-vous déjà me dire ce qu'il s'est passé ? J'ai complètement perdu le contrôle de mon corps, comme si je n'étais plus moi-même.
- En fait, tu suivais mes directives à la lettre, tout se passait très bien, et à un moment tu es entrée dans une espèce de transe comme si tu ne te maîtrisais plus. Quand tu t'es tourné vers moi, tes pupilles étaient d'un blanc immaculé. J'essayais de te parler mais c'était comme si tu n'entendais et ne voyais rien. Puis tu t'es retournée vers l'arbre et vous avez eu une sorte de connexion, comme si vous parliez entre vous. Et lorsque tu étais en l'air, tu as dû reprendre connaissance puisque tu as commencé à paniquer. J'avais beau te crier que tout allait bien, que tu ne risquais rien, tu ne cessais de vouloir te débattre. Lorsque j'ai vu que la branche desserrait son étreinte, je me suis dit que tu allais tomber donc je me suis précipité pour te rattraper. La suite je pense que tu t'en souviens.
- Oui je me rappelle. Mais, pourquoi est-ce que votre exercice m'a fait cet effet-là ? Vous me dîtes que mes yeux ont changé de couleur, que je parlais avec cet arbre, mais qu'est-ce que ça signifie ?
- J'en ai longuement discuté avec notre directrice et nous sommes tombés d'accord sur cette réponse-là. Bien que nous ne soyons sûrs de rien, c'est la raison qui nous parait la plus plausible.
J'ai l'impression qu'il cherche ses mots. Si même la directrice n'en est pas sûre, je me demande comment je vais m'en sortir.
- Tu as des connaissances en mythologie ?
Sa question me surprend un peu. Bien sûr que j'ai des connaissances, j'ai lu plein de livres là-dessus et vu énormément de films aussi, mais pour le coup, je ne vois pas où il veut en venir.
- Oui j'ai certaines connaissances. Mais quel est le rapport entre ça et mon problème ?
- Tu vas comprendre. Alors dis-moi, connais-tu les "esprits" protecteurs des arbres et des forêts ?
Je me mets à réfléchir même si la réponse est assez simple, et je dois avouer que je me pose de plus en plus de questions.
- Les nymphes ou les dryades il me semble.
- Exactement. Les dryades sont des esprits de la forêt qui protègent les arbres. Relativement timide mais de vraies guerrières quand il le faut.
- Où voulez-vous en venir ? J'ai été possédé par une dryade lorsque j'ai touché l'arbre ?
- Ce n'est pas de cette manière que je le dirais mais c'est presque ça.
Je commence à perdre patience.
Toutes ces devinettes ne mènent à rien !
- Lorsque tes camarades le souhaitent, ils ont non seulement la faculté de maîtriser leur élément, mais aussi de se métamorphoser en un être mythique représentatif de leur élément. Par exemple, Gabriel est un cheval ailé, Dimitry un centaure, Castiel un dragon, et Rosa une sirène.
Je reste sans voix et sens les battements de mon cœur accélérer.
Si je suis la logique de Monsieur Sakeras, cela voudrait dire que je peux me métamorphoser en dryade ? Tout ça va beaucoup trop loin.
- Je sais que ça fait beaucoup de chose à assimiler Léna mais nous sommes là pour ...
- Là pour moi ? Je vous rappelle que je n'ai pas signé pour ça. Je ne sais pas ce que votre monde à comme effets sur moi, mais ça ne me plaît pas du tout Monsieur.
- Je ne peux pas te dire que je compatis car je n'ai jamais été dans ton cas, et je sais que je ne suis qu'un simple professeur, mais je te fais la promesse que je ferais tout pour t'aider Léna. Il faut juste que tu sois patiente et je sais que c'est beaucoup te demander, mais fais nous confiance.
Je vois dans son regard qu'il est sincère. Du moins je l'espère. Ses paroles arrivent tout même à me calmer un peu malgré une petite pointe de stress toujours présente.
- Tu devrais avoir la visite de Madame Wylia en début d'après-midi pour un sujet un peu futile à mon goût, mais de mon côté, je vais me pencher sur les raisons de tout ce qu'il t'arrive. Tu veux que je t'accompagne à la cantine où ça va aller ?
- Je vais plutôt rester ici, je n'ai pas très faim. Mais merci beaucoup Monsieur Sakeras.
Il m'adresse un signe de tête avant de me laisser seule, et là, mon cerveau se met à chauffer tellement que les questions fusent dans ma tête.
J'aimerais m'endormir et me réveiller chez moi auprès de maman, retrouver ma petite vie à la fac et à mon travail.