Sérail Sentinelle

By Trixy-Shadow

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Depuis son cadeau d'anniversaire hors du commun, Angelina n'a pas le choix : fille d'un ange et d'une simple... More

Prix concours
PLAYLIST
CHAPITRE 1 [Corrigé]
CHAPITRE 2 [Corrigé]
CHAPITRE 3 [Corrigé]
CHAPITRE 4 [Corrigé]
CHAPITRE 5 [Corrigé]
CHAPITRE 6 [Corrigé]
CHAPITRE 7 [Corrigé]
CHAPITRE 8 [Corrigé]
CHAPITRE 9 [Corrigé]
CHAPITRE 10 [Corrigé]
CHAPITRE 11 [corrigé]
CHAPITRE 12 [Corrigé]
CHAPITRE 13 [Corrigé]
CHAPITRE 14 [Corrigé]
CHAPITRE 15 [Corrigé]
CHAPITRE 16 [Corrigé]
CHAPITRE 17 [Corrigé]
CHAPITRE 18 [Corrigé]
CHAPITRE 19 [Corrigé]
Info importante

CHAPITRE 20 [Corrigé]

218 26 77
By Trixy-Shadow

Les funérailles des victimes de Roalogne débutèrent quelques temps après mon arrivée. Sinistres, comme toutes les obsèques. Dans la tradition des gardiens, la cérémonie se déroulait en trois temps. Cela commençait par l'exposition des corps, ceux qu'on avait retrouvés. Je restai au fond de la salle mortuaire, refusant d'approcher les morts, auxquels je rendis les derniers hommages à une distance respectable.

Les trois corps de la famille Dikti, ceux du père et de la belle-mère d'Arroice, ainsi que ceux des deux gardiens retrouvés, étaient enveloppés d'un linceul de lin et drapés d'or. La procession s'ensuivit, interminable. On installa les dépouilles sur des bûchers funéraires et on les porta tout le long de l'artère principale. Toute activité touristique avait été annulée et les rues grouillaient d'anges et de démons habillés de noir.

Les cadets qui restaient à l'académie pour l'été se distinguaient parmi la foule. C'était ceux qui avaient revêtu des tenues de plage ou de soirée. Aucun de nous ne possédait de tenue adaptée à des funérailles. Je portais, pour ma part, une robe fourreau noire et des tongs. Ce que j'avais de plus approprié.

Je restai collée à Hash et Mona, et n'aperçus que brièvement Arroice et Dayyel au cimetière. Le frère et sœur avaient en commun une tignasse auburn flamboyante et un corps mésomorphe. Malgré leurs yeux bouffis par le chagrin, Arroice et Dayyel était d'une beauté à couper le souffle.

Les gardiens n'enterraient pas leurs morts. Après avoir brûlé les corps, ils érigeaient de hautes statues de marbre à l'effigie des défunts. L'artiste chargé d'honorer les membres de la famille Caprarro avait choisi de les représenter sur un piédestal gravé de vers en grec évoquant la puissance et l'importance des démons. Le socle circulaire était déjà en place. La pierre où était représenté le symbole de la famille Caprarro, une grande anthurium en argent représentant leur ancêtre Asmodée, démon hébreux de la Sensualité et de la Luxure, que portaient les défunts leur furent retirés, puis déposés sur le piédestal.

J'aurais préféré m'en aller à ce moment-là, mais cela aurait été perçu comme une marque d'irrespect. Je détournai les yeux quand ils allumèrent les bûchers, mais je n'en entendis pas moins le crépitement du feu qui dévorait leurs corps emmaillotés. Je frissonnai à ce bruit si définitif, irrévocable, plongée par la pensée qu'ils étaient peut-être seulement les premières victimes.

Petit à petit, le cortège se dispersa. Certains rentrèrent chez eux ; d'autres se rendirent à de petites réceptions organisées par les familles. Toujours à la remorque de Hash et de Mona, je repris le chemin de l'académie, loin de la mort et du désespoir.

Alors que nous passions à côté des bûchers et des tables à repas, mes yeux trouvèrent Arroice, debout avec deux gardiens ainsi que son frère. Elle releva la tête, presque comme si elle m'avait sentie, et nos regards se croisèrent.

Les joues d'Arroice prirent une curieuse teinte rouge brique et elle commença à avancer vers moi vivement en me criant dessus.

— Espèce de salope à damnés, c'est à cause de toi que mon père est mort ! On aurait dû te tuer lorsque nous avions appris ton existence !

Un frisson glacé me parcourut le dos.

— Quoi ?

— Tout est de ta faute ! Tu n'es qu'une sale sang-mêlée qui attire la mort ! Comment as-tu pu ?

Je la dévisageai, hésitant entre la stupeur et l'envie de lui lancer un truc à la tête.

— Laisse tomber, Arroice. Je n'ai pas envie d'entendre tes conneries aujourd'hui.

Ses lèvres pleines s'étirèrent en un sourire cruel puis elle s'avança me pointant du doigt.

— Personne ne trouve ça bizarre ? Quelques temps après que la sang-mêlée arrive à l'académie, une attaque différente de toutes celles que nous avions eu, ait lieu ?

— Qu'est-ce que tu insinues, Arroice ?

Elle repoussa ses cheveux cuivrés par-dessus son épaule. Deux Gardiens en faction près des portes de sortie s'avancèrent vers nous, soudain en alerte. Mona s'empara de la main de Hash et s'éloigna de l'autre côté de la table.

— Il y avait des caméras de surveillance. Les enregistrements nous ont permis de savoir ce qu'il s'est passé. Ils te cherchent ! Les personnes du conseil qu'ils ont trouvées étaient recouverts de morsures car ils cherchent le sang-mêlé !

J'avais l'impression d'étouffer. Sa voix... Oh, par les archanges, sa voix était révélatrice. Quand je la regardai et que je vis la tristesse qui imprégnait son regard et la rage que je lui procurais, je sus qu'elle ne mentait pas.

— Ils ont laissé un mot ! Ils n'arrêteront pas jusqu'à qu'ils trouvent le sang-mêlé ! L'histoire se répète !

La pièce se mit à tourner autour de moi et je fermai très fort les yeux. À ma recherche ? Pour quelle raison ? Les réponses qui affluèrent à mon esprit me donnèrent envie de vomir.

— Toute est de ta faute sale pétasse ! Toute est de ta faute ! hurla-elle en me donnant une gifle avant que son frère l'éloigne rapidement de moi.

Plusieurs personnes bougèrent en même temps. Hash et Mona firent le tour de la table pour me retenir, mais quand je le voulais, j'étais vraiment rapide.

Sans réfléchir, je balançai la belle poire verte qu'il y avait sur le coin de la table à la tête de Arroice. Lancée à bout portant par une sang-mêlée entraînée, une poire devenait une arme redoutable. Celle-ci atteignit sa cible avec un craquement sinistre.

Arroice recula en titubant, en hurlant et portant les mains à son visage. Le sang jaillit entre ses doigts, assorti à ses ongles.

— Tu m'as cassé le nez !

Tout le monde se figea dans le cimetière. Même les serveurs au regard hébété qui essuyaient les tables s'interrompirent pour nous regarder. Personne ne se mit à hurler ou n'avait l'air vraiment surpris. J'étais une sang-mêlée, après tout, la violence faisait partie de mon ADN. Le petit groupe de personnes qui s'était formé autour de nous sans que je ne puisse les remarquer, avait reculé de plusieurs pas synchroniquement, comme si j'avais la peste, et me dévisageait.

Mais dans ma hargne envers Arroice, j'avais oublié les gardiens. Je poussai un glapissement aigu lorsque l'un d'eux me ceintura et me plaqua contre la table. Des verres furent renversés, des assiettes brisées et un plat de viande en sauce non identifié se répandit sur ma tenue.

— Arrêtez ça, toutes les deux, et tout de suite !

— Elle m'a attaquée !

Arroice écarta les mains de son visage.

— Vous ne pouvez pas la laisser s'en tirer comme ça !

— Oh, mets-la en sourdine. Les infirmières vont te réparer ça en moins de deux. Et la chirurgie esthétique, tu connais, de toute façon.

Je continuai de me débattre jusqu'à ce que le gardien me torde le bras en arrière dans une position où le moindre mouvement me déboîterait l'épaule.

— C'est à mon énergie vital qu'elle en voulait.

Arroice me désignait d'une main ensanglantée.

— C'est a cause d'elle qu'ils ont tué mes parents, et maintenant elle veut me régler mon compte !

J'éclatai de rire.

— Oh, pour l'amour des...

— La ferme, siffla le Gardien dans mon oreille, ou c'est moi qui te ferai taire.

Il ne fallait jamais prendre à la légère les menaces d'un Gardien entraîné. Je la bouclai donc tandis que son collègue s'occupait de Arroice. Le sang me battait aux oreilles et ma poitrine se soulevait encore furieusement, mais je me rendais compte que ma réaction avait été légèrement disproportionnée.

Et que j'allais avoir de gros problèmes.

***

J'étais donc sanctionnée.

Bon. Je le savais déjà avant même que la directrice me le dise, mais, honnêtement, était-ce si grave ?

Ça l'était visiblement pour Khaïn. Il me traîna à la salle de muscu dès l'aube et et nous y passâmes une bonne partie de la journée. Il me montra ce qu'il voulait que je fasse, une série de répétitions avec des poids, et beaucoup de cardio.

Je détestais le cardio.

Tandis que j'enchaînais les exercices, courant d'une machine à la suivante, Khaïn s'était assis, ses longues jambes étendues, et il avait ouvert un livre énorme qui devait peser aussi lourd que moi.

— Qu'est-ce que tu lis ? lui demandai-je en fixant des yeux la presse à cuisses.

Il me répondit sans lever la tête.

— Si tu es capable de parler pendant tes exercices, c'est que tu ne travailles pas assez fort.

Je lui tirai la langue et m'installai dans la machine. Une fois ma série de répétitions accomplie, je compris qu'il n'existait pas de façon élégante de s'extraire de ce truc. Redoutant de me ridiculiser, je lui lançai un regard furtif avant de rouler sur le côté.
Il y avait d'autres machines sur lesquelles il m'avait demandé de travailler, et je demeurai silencieuse pendant cinq bonnes minutes.

— Tu lis ce gros bouquin pour le plaisir ?

Il releva cette fois la tête pour me lancer un regard désapprobateur.

— Tu parles pour le plaisir d'entendre le son de ta propre voix ?

J'écarquillai les yeux.

— Tu es d'humeur massacrante, aujourd'hui.

Il tourna une page du livre gigantesque en équilibre sur son genou.

— C'est la musculature du haut de ton corps que tu dois renforcer, Angelina. Pas ton moulin à paroles.

J'envisageai de lui balancer mon haltère à la figure. Mais son visage était trop beau et ce serait dommage de l'abîmer. Les heures passèrent. Khaïn lisait son livre et je le chambrais ; il me hurlait des ordres et je changeais de machine.

C'était peut-être triste, mais je m'amusais beaucoup à l'asticoter et je crois que lui aussi. De temps en temps, un petit, et je dis bien petit, sourire daignait orner ses lèvres à l'occasion d'une question provocante. Lisait-il vraiment ?

— Angelina, arrête de me regarder et fais ton entraînement cardio.

Il tourna une page et je clignai les yeux.

— J'espère que c'est un livre sur la sociabilité et les relations personnelles.

Aha ! Un de ces petits sourires.

— Le cardio. Reste concentrée sur le cardio. Tu es rapide, Angelina. Les damnés le sont aussi, et les damnés affamés bien davantage encore.

Je baissai la tête avec un grognement dégoûté tout en me traînant vers le tapis de course qu'il m'avait désigné.

— Combien de temps ?

— Soixante minutes.

Par les Archanges ! Avait-il perdu l'esprit ? Je lui posai la question et cela ne l'amusa pas. Je dus m'y reprendre à plusieurs fois pour régler le tapis sur une vitesse à laquelle je pouvais courir sur la durée.

Cinq minutes plus tard, Khaïn leva les yeux pour vérifier ce que je faisais. Il se remit debout d'un air exaspéré et s'approcha du tapis de course. Sans un mot, il monta la vitesse à plus de 4, alors que j'étais à 2, puis retourna lire contre son mur.

Qu'il soit maudit.

Hors d'haleine et toujours pas au top de mes capacités, je faillis tomber du tapis quand il décéléra en mode récupération une fois les soixante minutes écoulées. Je jetai un regard vers Khaïn, toujours plongé dans la lecture de son pavé.

— Tu vas me dire ce que tu lis ?

Il releva la tête en soupirant.

— L'histoire des gardiens et de l'académie.

— Oh !

Je me demandais bien pourquoi quelqu'un pouvait s'intéresser à une veille histoire telle que celle de l'académie.

— Je l'ai emprunté à la bibliothèque. Tu sais, l'endroit où tu devrais passer ton temps libre dorénavant.

Je frissonnai et descendis du tapis de course et me plantai devant lui.

— Je déteste la bibliothèque et je déteste lire.

Il referma son livre en secouant la tête.

— Quoi qu'il en soit, c'est un livre au programme de ta formation. Il y aura aussi le livre sur les stratégies de protection.

Je me laissai tomber par terre à côté de lui.

— Oh. Génial. Comment peux-tu lire des livres scolaires pour le plaisir ?

Je marquai une pause, méditant ce que je venais de dire.

— Oublie ça. À la réflexion, tu es parfaitement capable de lire des livres scolaires pour le plaisir.

Il tourna la tête vers moi.

— Étirements pour éviter les courbatures.

— Oui, chef ! répondis-je avec un salut militaire avant de tendre les jambes et d'agripper mes orteils.

Je me demandais si ce livre contenait des réponses aux accusations de Arroice. Elle avait dit que l'histoire se répétait et que c'était de ma faute si l'attaque avait eu lieu. Est ce que ça avait un lien avec ce que madame Erzulie avait insinué lors de mon premier cours ? Que les sang-mêlé était des gens désireux de pouvoir ? Est-ce que Arroice parlait de Graël ?

Je frissonnai de peur lorsque je me souvins que la personne qui avais préparé le massacre à Roalogne était à ma recherche.

Je fus tirée de ma réflexion par Khaïn qui s'avança vers moi et me tendit le bouquin.

— Tu devrais l'emporter pour le lire dans ta chambre et je te donnerai le deuxième livre au prochain entraînement. J'ai comme l'impression qu'à partir d'aujourd'hui tu vas y passer de longues soirées.

Je levai les yeux au ciel, mais acceptai le livre.

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