Bonjour ^^
J'espère que vous allez bien :)
Je n'ai plus que 2 chapitres d'avance haha il va falloir que je me bouge un peu. Mais bref on est encore tranquille deux semaines a priori.
Cette semaine, c'est correspondance ^^
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Harry,
Je vais bien, je te remercie de t'en soucier. J'espère que toi aussi, tu vas bien.
Pardonne-moi pour le temps de réponse, mais ta lettre m'a surprise et j'avais besoin de réfléchir avant de t'écrire à mon tour. J'espère que Granger et Weasley ne me tiendront pas trop rigueur d'avoir gardé leur chouette si longtemps, mais elle refusait de partir sans ma réponse. Ceci dit, elle est très affectueuse. J'avais oublié le plaisir que c'était d'avoir un animal. J'avais adopté un chat avec mon ex, il était noir comme l'encre avec le bout des pattes blanches. Mais j'ai laissé la garde à mon ex, il me rappelait trop l'échec de notre relation, je n'aurais pas supporté de le garder chez moi.
J'ai vu ta photo dans la Gazette. Je constate que tu n'évites plus autant qu'avant les lieux sorciers. J'imagine que je dois me réjouir pour toi, je sais à quel point ça peut être difficile de faire face aux regards et ce que c'est de craindre les journalistes.
Je tourne autour du chaudron, je pense que tu n'es pas naïf. J'ai bien pris connaissance de ta question et j'ai longtemps réfléchi à la réponse que je pouvais t'apporter. Tu veux la vérité, mais j'ignore si tu es vraiment prêt à la recevoir. Je vais me lancer en espérant ne pas faire, encore une fois, une énorme erreur. Tu as l'air d'être plus lucide qu'il y a six mois et décidé à aller de l'avant, aussi je vais supposer que si tu me poses cette question, c'est que tu as suffisamment pesé le pour et le contre, et que tu es prêt à assumer les conséquences.
Non, je n'étais pas « passé à autre chose ». Non, couper les ponts n'était pas réellement ce que je voulais. Oui, je me suis laissé aller à espérer, l'espace d'une seconde, qu'il puisse se passer quelque chose entre nous. Néanmoins, je savais qu'il était impossible pour nous de construire une relation saine. Même avec l'aide de tous les psychomages du monde. Notre passé est trop lourd, nous devons nous faire une raison. Ne crois pas que c'était facile pour moi, bien au contraire. Je suis heureux que tu comprennes aujourd'hui que c'était le bon choix. J'en aurais au moins fait un dans ma vie.
Je n'ai rencontré personne, Harry. Je ne suis pas prêt, tout comme toi. J'espère ne pas t'effrayer en osant t'avouer que tu n'es pas une personne qu'on oublie facilement. Parfois, je me dis que c'est ridicule de ne pas avoir réussi à tourner la page, après toutes années. D'autant plus qu'il n'y a jamais rien eu entre nous. Je crois que savoir que pour toi aussi, c'est plus difficile qu'il n'y paraît, me rassure d'une certaine manière.
Pour répondre à ta dernière question, j'aime les hommes. Ça a toujours été le cas, je l'ai su très jeune, lors de mon entrée à Poudlard. J'avais eu un petit coup de cœur sur un garçon rencontré sur le Chemin de Traverse. Mais nous avons été envoyés dans des maisons différentes et de toute manière, je n'étais absolument pas prêt à assumer ces sentiments. Comme tu t'en doutes, dans mon milieu, l'homosexualité est considérée comme une tare. Je pense sincèrement qu'à une époque, mes parents auraient préféré que je sois Cracmol plutôt qu'homosexuel. Je connais des fils et des filles de Sang-Pur qui ont été rayés de l'arbre généalogique pour moins que ça. Heureusement ma mère a évolué. Ou plutôt, la guerre l'a changée. Mon père, je n'ai finalement pas réussi à lui dire. J'ai pu lui rendre visite lors de mon passage en Angleterre. Je sais qu'il n'en a plus pour très longtemps. Malgré tout ce que je lui reproche, je n'ai pas réussi à me résoudre à lui donner le coup de grâce. Il n'a pas besoin de savoir. Je préfère qu'il s'en aille avec une bonne image de moi.
J'imagine que pour toi, c'était différent. Je crois que je t'envie un peu. J'aurais aimé pouvoir être aussi bien entouré que toi. J'ai bien un cousin par ma grand-mère qui est un peu plus jeune que moi et lui aussi gay, mais nous n'en avons jamais parlé. De toute manière, il n'est absolument pas out. Il mène presque une double vie entre l'entreprise familiale et le monde moldu où vit son compagnon. J'aurais aimé avoir droit à des modèles comme toi.
Je pense que cette lettre est déjà suffisamment longue aussi je vais m'arrêter là. J'espère que tu ne regrettes pas de m'avoir écrit.
Amicalement,
Drago.
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Drago,
J'avoue avoir eu peur que tu ne me répondes pas. Mais je comprends que tu aies eu besoin de temps. Cette fois, je vais utiliser la Poste moldue pour ne pas pénaliser Ron et Hermione. Ils n'étaient pas ravis de voir Plume disparaître deux semaines entières.
Je vais plutôt bien. Tu sais, quand on va mal pendant très longtemps, on a du mal à identifier les moments où ça va. Pour moi, aller bien est devenu synonyme de ne pas aller mal. Je commence à rapprendre la différence significative entre aller bien et ne pas être mal à en crever.
Effectivement, j'arrive à retourner en monde sorcier. Je pense que je ne pourrais jamais y vivre comme un sorcier normal, parce que je ne le serai jamais, mais réussir à me rendre sur le Chemin de Traverse est déjà un gros progrès. Je prends conscience d'à quel point le monde sorcier m'a manqué. J'ai passé mon enfance chez les moldus aussi la vie moldue n'a jamais été un problème pour moi. J'y suis habitué. Pendant des années, la magie a été associée à la guerre, la mort, la douleur. Mais ces derniers mois, j'ai l'impression de revivre mes premières années de sorcier. J'avais oublié à quel point la magie pouvait être merveilleuse et belle.
Merci pour ton honnêteté. Je ne te cache pas que ça me fait mal de savoir que tu avais autant envie que moi qu'il se passe quelque chose. Je ne peux pas m'empêcher de repenser à nos baisers, c'est plus fort que moi. J'avais l'impression d'enfin toucher du doigt ce que j'avais toujours voulu. Mais sans doute as-tu raison, c'était déjà trop tard. Peut-être que si j'avais serré ta main en première année, ça aurait été possible. Je ne sais pas. Je te rejoins sur un point : maintenant il faut avancer. Ne plus regarder en arrière.
J'aimerais quand même qu'on puisse continuer à s'écrire. Ça me fait du bien, plus que je ne l'aurais imaginé. Je sais très bien que nous ne serons jamais les meilleurs amis du monde et peut-être que notre correspondance finira pas s'essouffler d'elle-même, mais je crois que j'ai besoin de voir que je suis capable de parler avec toi, et qu'en un sens il est possible de réparer un peu ce lien entre nous.
Tu dis qu'il n'y a jamais rien eu entre nous, mais c'est faux. Au contraire, il y a eu beaucoup de choses. Évidemment, ça n'avait rien d'une amourette de lycée banale. Mais tu n'as pas le droit de dire qu'il n'y avait rien. Il y a eu de la haine, de la jalousie, de la colère, du désespoir. De l'entraide aussi. Et oui, aussi de l'amour, même si ni l'un ni l'autre ne savions que nos sentiments étaient partagés. Je n'ai pas peur de le dire, tu reste une des personnes les plus importantes dans ma vie. Depuis mon entrée à Poudlard, tu as toujours pris une place énorme. Ce n'est pas parce que ce lien n'était pas positif et très loin de l'amitié qu'il n'a pas existé. Je ne peux pas penser à ma scolarité à Poudlard sans penser à toi. Tu as toujours été là. Et même après.
Je ne comprends pas pourquoi tu dis que c'était différent pour moi. Je n'ai pas eu de modèle non plus. Je pense que tu te fais une idée fausse de la vie à Gryffondor. On n'en parlait pas. J'ai su presque deux ans après Poudlard que Dean et Seamus, qui étaient pourtant mes camarades de dortoir, étaient sortis ensemble en secret. Effectivement, je ne pense pas que ça se serait mal passé si j'avais parlé de mes doutes avec eux, mais ça ne se faisait pas. Et puis, le seul garçon qui m'attirait, c'était toi. Je n'ai jamais pu en parler à personne.
J'assume qui je suis depuis quelques années, mais j'étais déjà adulte lorsque j'ai posé les mots sur ce que je ressentais. Évidemment, seuls mes proches amis sont au courant, je ne veux pas faire les gros titres et qui je mets dans mon lit ne regarde que moi. J'imagine que je réfléchirai sans doute à m'afficher publiquement lorsque j'aurais trouvé la bonne personne.
J'ai un ami bisexuel lui aussi. Il est mon parrain aux Alcooliques Anonymes. Il est un peu plus âgé que nous, il était à Serdaigle. Je suis toujours impressionné par l'aisance qu'il a à parler de sa sexualité. Il ne se cache plus depuis longtemps. Je ne sais pas si tu te rends compte, mais il est l'apprenti d'Ollivander, tout le monde le connaît. Selon lui, la situation a beaucoup évolué et ça fait longtemps qu'un client n'a pas refusé d'être servi par lui.
Quand je réfléchis, nous étions quand même nombreux à ne pas être hétéro à Poudlard. Rien que dans le dortoir des garçons de Gryffondors, ça fait trois. Plus Parvati qui est sortie avec une fille de Poufsouffle après la guerre. Toi. Ça fait déjà six rien que dans notre année. L'année en dessous, il y a au moins Luna, ton cousin et son copain. Quand j'y pense, c'est triste. Nous étions tous isolés, persuadés d'être seuls au monde, bizarres, anormaux. Moi en tout cas, j'aurais aimé au moins savoir qu'il y avait d'autres personnes comme moi.
J'espère que tu vas bien. Et j'espère que tu me répondras plus rapidement que la dernière fois.
Amicalement,
Harry.
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Harry,
Si j'en crois le cachet de ta lettre, elle a mis plus de deux semaines pour me parvenir. Entre temps, je me suis décidé à adopter un hibou. Il peut donc rester chez toi le temps dont tu as besoin pour me répondre. De toute manière, je n'écris pas à grand monde. Je suis d'accord pour poursuivre cette correspondance, le temps qu'il le faudra. J'espère qu'un jour, nous n'aurons plus rien à nous dire car cela voudra sans doute signifier que nous sommes prêts l'un comme l'autre à tourner la page.
Tu as raison, il y a toujours eu quelque chose entre nous. Un lien que je ne m'explique pas et dont il restera sans doute toujours une trace. Tu ne peux pas imaginer le soulagement que je ressens en lisant tes mots. Tu es aussi l'une des personnes les plus importantes de ma vie, Harry. Et pas seulement parce que tu es le Sauveur du Monde Sorcier. Je ne vais pas refaire la liste, je pense que tu te souviens très bien de ma première lettre.
Je comprends totalement ce que tu veux dire quand tu m'expliques associer « aller bien » à « ne pas être au fond du gouffre ». J'ai connu ce sentiment pendant longtemps. Il faut dire qu'une année à Azkaban en compagnie des Détraqueurs fausse complètement la perception qu'on peut avoir du bien-être. Ne pas être torturé par ses pires souvenirs apparaît alors comme le bonheur absolu, alors que c'est loin d'être le cas. Pendant longtemps, je me suis persuadé que j'allais bien sous prétexte que je n'allais pas aussi mal qu'à Azkaban.
Je relis le paragraphe précédent et je réalise que je n'ai jamais parlé de ça à personne en dehors de mon thérapeute. C'est vraiment très étrange de me dire que tu vas lire ces lignes. Toi plus que n'importe qui d'autre. Et en même temps, je n'ai pas l'impression de me même trop à nu. J'ai le sentiment que tu peux me comprendre.
Tu sais, Harry, la magie n'est ni belle ni merveilleuse. De la même façon, elle n'est ni mauvaise, ni destructrice. Ta vision est biaisée car tu n'as pas grandi en monde magique. Je ne peux qu'imaginer l'émerveillement que tu as dû connaître en découvrant que la magie existait bel et bien. Moi, j'ai grandi avec. La magie existe, c'est tout. Elle n'est ni foncièrement bonne, ni mauvaise. C'est du sorcier que résulte une bonne ou une mauvaise action.
Je ne te cache pas que je suis particulièrement surpris lorsque tu m'écris n'avoir pas eu de modèles à l'adolescence. Je suis aussi gêné car visiblement, il y a des choses qu'on ne t'a jamais dites et je ne crois pas être la bonne personne pour te révéler la vérité. Néanmoins, ce serait cruel de garder pour moi des informations, aussi je vais me jeter à l'eau.
Ton parrain Sirius Black n'a pas été renié par notre famille uniquement pour ses idées politiques. Quand il a eu 16 ans, il a commencé à sortir plus ou moins ouvertement avec un garçon, qui s'est avéré - comme si ça ne suffisait pas - être un loup-garou. C'est ce coming-out qui l'a poussé à quitter sa famille et à se réfugier chez les Potter. Et oui, je suis sûr à 95% que le loup-garou en question était bien notre ancien professeur de DCFM Remus Lupin.
Je suis sidéré que tu n'aies jamais entendu cette histoire. Je pensais sincèrement qu'ayant fréquentés ces deux hommes, tu l'aurais remarqué, voire ils t'en auraient parlé personnellement. Moi j'ai grandi avec cette histoire, qui était comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Bien sûr les noms n'étaient pas toujours clairement prononcés et les faits n'étaient jamais que sous-entendus, mais j'ai très vite compris que je risquais de subir le même sort si j'osais sortir du rang.
Je n'ai pas plus d'informations sur cette histoire. J'espère sincèrement que ces révélations ne seront pas trop accablantes. Visiblement, même au sein de l'Ordre du Phœnix, il n'était pas bon d'afficher trop sa différence. Je ne sais pas pourquoi j'imaginais que dans l'autre camp, les choses étaient différentes. À croire que je surestimais votre progressisme.
Je me suis souvent demandé quelle aurait été ma vie si j'étais né dans ton camp. Sans doute aurais-je évité la Marque, la prison et l'exil. Mais de toute évidence, je n'aurais pas eu plus de liberté pour vivre ma sexualité, si même les membres de l'Ordre du Phœnix parmi les plus respectés et aujourd'hui les plus décorés se cachaient. Depuis que je sais que nous jouons dans le même camp, je t'envie une adolescence et une découverte de toi plus facile. J'aurais donné n'importe quoi pour que mon parrain soit gay lui aussi, pour avoir quelqu'un à qui en parler, quelqu'un pour me rassurer. Mais même toi, tu en as été privé. Encore une fois, je réalise que j'ai projeté sur toi mes propres frustrations. C'est devenu une habitude.
J'espère que cette lettre ne sonnera pas la fin de notre correspondance.
Amicalement (c'est étrange d'utiliser cette formule entre nous, tu ne trouves pas ?)
Drago.
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A la semaine prochaine !