La Gardienne des Légendes ✷ T...

By NeoQueenSerenity28

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Elle n'est pas comme les autres. À la différence de toutes les créatures vivantes sur sa planète, Seira n'a p... More

☾ Avant-propos...
PROLOGUE
CHAPITRE 1 - Illusion
CHAPITRE 2 - Vérité
CHAPITRE 3 - L'Honorus
CHAPITRE 4 - Xemehys
CHAPITRE 5 - Renaissance
CHAPITRE 6 - Rapidiorem
CHAPITRE 7 - Pratique désastreuse
CHAPITRE 8 - Soleil Nocturne
CHAPITRE 9, PARTIE 1 - La Seizième
CHAPITRE 9, PARTIE 2 - La Seizième
CHAPITRE 10 - Reprendre où tout s'est arrêté
CHAPITRE 11 - Survivre
CHAPITRE 13 - L'Heure de vérité
CHAPITRE 14 - Face à face
CHAPITRE 15 - Si tu savais
CHAPITRE 16 - Rester dans l'ombre
CHAPITRE 17 - Le temps n'est pas à perdre
CHAPITRE 18 - Maintenant ou jamais
CHAPITRE 19, PARTIE 1 - La vérité dans le mensonge
CHAPITRE 19, PARTIE 2 - La vérité dans le mensonge
CHAPITRE 20 - Le vrai courage
CHAPITRE 21 - Vivre ou mourir ?
CHAPITRE 22 - Lueur d'espoir
CHAPITRE 23 - La souffrance d'aimer
CHAPITRE 24 - Le Guerrier de l'Aube
CHAPITRE 25 - Délivrance
CHAPITRE 26 - Amiliation
CHAPITRE 27 - Solaris
CHAPITRE 28 - L'Eclipse
CHAPITRE 29 - Réminiscence
CHAPITRE 30, PARTIE 1 - Ad vitam æternam
CHAPITRE 30, PARTIE 2 - Ad vitam æternam
CHAPITRE 31 - Octotemporas
CHAPITRE 32 - Héritage
CHAPITRE 33, PARTIE 1 - Vainqueurs et vaincus
CHAPITRE 33, PARTIE 2 - Vainqueurs et vaincus
Remerciements
À quand la suite ?

CHAPITRE 12 - Armés de patience

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By NeoQueenSerenity28

Une légère pression se fit ressentir sur mon épaule. J'entrouvris les paupières, les yeux encore gonflés de fatigue.

— Seira, on doit y aller.

La voix de Xerys résonna comme une caresse à mon oreille, et j'entrepris l'effort de me relever. Titubant quelque peu, les muscles engourdis, je m'étirai et observai l'endroit dans lequel nous nous étions arrêtés. Le bois, de jour, était bien moins impressionnant. Il était même féerique, avec ses arbres au feuillage d'un vert vif et la lumière dorée du soleil levant traversant leurs feuilles. L'herbe, au sol, brillait à cause des minuscules gouttes d'eau laissées par l'averse qui s'était produite la veille. Le chant des oiseaux résonnait discrètement à nos oreilles et il flottait dans l'air cette douce odeur humide et matinale, mélangée aux parfums des fleurs fraîchement ouvertes.

Xerys, à côté de moi, était méconnaissable. Ses yeux étaient vides et si rouges que je devinai qu'elle n'avait pas bien dormi, et que surtout, elle avait beaucoup pleuré. Son sourire habituel semblait n'avoir jamais existé, et ses joues toujours colorées de rose étaient blafardes. Les ailes qu'elle avait nouvellement acquises restaient pendantes derrière elle... Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, et ce constat me fendit le cœur. Sans rien dire, je la pris dans mes bras et la serrai aussi fort que je le pus. Parfois, les mots ne suffisaient plus. Comme un pantin désarticulé, elle se laissa tomber contre ma poitrine et enfouit sa tignasse blonde dans le creux de mon cou. Bientôt, je sentis ma peau devenir humide, et sachant très bien ce que cela signifiait, je m'appliquai à lui transmettre tout le soutien dont j'étais capable.

— Il va payer, susurra-t-elle d'un ton étonnamment dur. Il va payer pour tout ce qu'il a fait, même si je dois le tuer de mes propres mains.

La haine débordait de sa voix. Quand elle se retira à mon étreinte cinq minutes plus tard, son regard était froid et une lueur que je ne lui connaissais pas brillait dans ses prunelles. Elle s'essuya les yeux, et Saphir vint se frotter en ronronnant entre nos jambes. Comment un animal pouvant se montrer si effrayant pouvait-il être aussi adorable ? Son Amili tenait plus du chat que du loup noir géant capable de nous arracher la gorge.

Un détail important me frappa soudain : où était passé Elyon ? Je me souvenais de tout, brusquement. Ses bras rassurants serrant mes épaules, son cœur battant contre mes oreilles et le mien dans ma poitrine... Un pas venait d'être franchi dans notre relation — si l'on pouvait appeler ça comme ça —, et je ne savais pas ce qu'il allait en être aujourd'hui. Comment allait-il réagir ? Aurais-je droit à sa facette douce et compréhensive, ou à son attitude froide et distante ? Ma Xemehys du remarquer que mon regard cherchait la présence du Meridiem, car elle m'informa :

— Elyon est parti en éclaireur, pour essayer de déterminer où nous nous trouvons. Il ne devrait pas tarder à revenir.

Mon cœur fit un bond et je hochai la tête, m'appuyant à cacher le trouble qui rosissait mes joues.

— Tu n'as pas fait ton tour de garde, hein ?

Je faillis me mordre la langue sous la surprise. Mince ! Le tour de garde, je l'avais totalement oublié ! Pourquoi Elyon ne m'avait-il pas réveillée ?

La grimace embarrassée que j'affichais fut mon unique réponse et elle poursuivit :

— Ne t'inquiète pas. Si Saphir ne m'avait pas tirée du sommeil à grands coups de museau, je n'y aurais pas pensé non plus !

Puis, avec un sourire espiègle un peu chancelant face à la tristesse qui ne la quittait plus :

— Quand j'ai pris ma place de sentinelle, Elyon somnolait contre toi. Dès qu'il m'a vue, il lui a fallu moins d'une minute pour s'assoupir et laisser pendre sa tête contre la tienne. Visiblement, il a préféré te permettre de dormir.

Mes joues devinrent littéralement pivoines, et je craignis pendant une seconde qu'elle ne commence à me poser des questions. Impossible qu'elle n'ait pas senti mon cœur tripler de cadence... Mais, contre toute attente, elle ne dit rien, me faisant mesurer davantage à quel point ma Xemehys était mal. Mon cœur s'alourdit un peu plus, et je préférai soudain répondre à mille interrogations embarrassantes plutôt que de continuer de croiser ses petits yeux tristes.

Un battement d'ailes se fit entendre au-dessus de nous, et l'on releva à l'unisson la tête. Qui aurait cru que le sujet même de notre conversation se manifesterait à ce moment précis ? Le hasard fait bien — ou mal, en l'occurrence — les choses. À peine son regard rencontra le mien que je me sentis frémir, mon estomac se tordant d'appréhension et mes joues devenant rouge écarlate. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je n'étais pas en train de tomber amoureuse, quand même ? Non, c'était impossible. Je ne connaissais pas assez bien Elyon, et il ne me connaissait pas non plus. Quand il me voyait, il semblait sur le point de s'en aller une fois sur deux ; c'était tout bonnement impensable.

Elyon, avec une allure angélique pleine d'assurance accentuée par son armure et ses ailes, posa pieds à terre. S'il avait ressenti une quelconque peur la veille, elle n'était plus qu'un mauvais souvenir. Son visage était fermé, mais je sentis sans réellement savoir comment qu'une certaine tristesse habitait le fond de ses prunelles.

— Nous sommes dans le Royaume de Frondor, à une soixantaine de kilomètres d'un petit village nommé Tevil.

— En plein Bois d'Émeraude... Sur le territoire des Elfes, soupira Xerys. Super.

— Se rendre à Tevil est trop risqué, d'autant plus qu'Archaos ou ses sbires doivent encore traîner dans les environs... Même si cela me fait mal de l'admettre, Archaos est loin d'être bête et il se doute bien que nous rejoindrons le village le plus proche dès que possible.

Un silence s'installa, chacun réfléchissant à nos options. Je fus la première à reprendre la parole.

— Ta reine a répondu ?

Elyon releva vivement la tête, et cette fois il n'eut pas le choix : son regard percuta le mien. Mon cœur fit un bond, mais lui resta stoïque. Une petite déception naquit en moi, et je me sentis soudainement totalement ridicule. Qu'est-ce que j'espérais ? Que nos yeux allaient se croiser et que le temps allait se figer, comme dans ces contes de fées absurdes ? Et pourtant, il m'avait tenu dans ses bras toute la nuit, et j'avoue avoir souhaité très fort que ce ne soit pas que pour me réchauffer. Et si je m'étais trompée ? Je m'appliquai à rendre mon visage neutre. Cela suffisait, il fallait que j'arrête, toute cette histoire commençait à devenir du n'importe quoi.

— La Reine Kalyra ne répond jamais.

Sa réplique me laissa perplexe. Je m'apprêtai à protester, quand il ajouta :

— Elle agit.

Cela ne répondait en rien à notre principale question : qu'est-ce qu'on fait ?

— On est censées prendre racine tranquillement ici, à attendre les renforts ?

Xerys venait de formuler tout haut ma pensée.

— C'est ça le plan. S'exposer serait prendre trop de risques et je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose. La forêt est dangereuse, mais au moins, il sera difficile de nous trouver.

Notre discussion de la veille me revint en mémoire.

— J'aimerais que tu arrêtes de faire comme si je n'avais jamais touché à une épée de ma vie, Elyon, s'exaspéra Xerys. Je sais me battre.

— Elle a raison, approuvai-je. Je n'ai appris à combattre que depuis peu, mais je ne me juge pas sans défense.

Ses bras croisés contre sa poitrine, Elyon nous écoutait, pensif. Mais je voyais bien que dans ses yeux, tout était déjà prévu et il ne semblait pas d'accord pour que l'on change ses plans.

— Je ne vous en crois pas incapables, les filles, je vous le promets, mais je regrette. On se tient cachés jusqu'à l'arrivée des renforts, compris ? Malheureusement, je ne peux pas déployer de bouclier, parce que sinon ils ne nous trouveront pas. Cela signifie que nous sommes tout de même dangereusement exposés, et qu'il faut rester sur ses gardes.

Xerys, un peu frustrée, ne dit rien et approuva d'un hochement de tête. De mon côté, je gardais également le silence, incapable d'articuler quoi que ce soit. Ma gorge était serrée, je peinais à prononcer mes mots tout à coup :

— Qu'est-ce qu'on va faire ? Isira... Meryl... sans elles...

La main de Xerys attrapa la mienne et elle la pressa très fort. Mes paumes devinrent humides, et je luttais pour chasser les larmes.

— Je ne sais pas comment faire, je ne sais pas ce que je dois faire...

J'étais la Gardienne des Légendes et je ne savais même pas si j'avais les épaules pour. J'avais des pouvoirs qui partaient dans tous les sens et un cœur en vrac. Comment lutter avec ça ?

Personne ne put répondre à ma question, ma Xemehys se contentant d'entourer mon corps de son bras et Elyon de garder le silence en m'observant intensément.

Une goutte d'eau tomba sur la peau dénudée de mon épaule droite, puis une autre, et à peine quelques secondes plus tard, il pleuvait averse. Génial, nos robes venaient seulement de sécher ! J'appréciais déjà le climat tropical de cette partie d'Amoris.

— Suivez-moi, j'ai vu une vieille bâtisse abandonnée pas loin lors de ma ronde, on va pouvoir s'abriter ! nous héla Elyon, déjà en train de courir.

On s'engagea à sa suite, faisant attention pour ne pas trébucher. Le soleil était bientôt levé, alors c'était relativement simple. Tout ou presque était déjà éclairé par la lumière.

On n'eut pas à courir longtemps : entre les arbres, dans une clairière minuscule cachée depuis le ciel par le feuillage épais des arbres elfiques, demeurait une vieille petite maison toute en pierre. Elle était en très bon état pour un bâtiment d'une telle ancienneté. Seule la porte manquait à l'appel ; sinon, elle tenait debout et le toit n'était pas trop troué.

Avant d'entrer, Elyon se retourna et nous fit signe d'être silencieuses. On lui fit comprendre d'un hochement de tête qu'on avait saisi et Saphir montra les crocs, prête à bondir. Elyon dégaina son épée, et s'engouffra à pas de loup à l'intérieur. Il n'y avait personne. L'obscurité de la pièce était oppressante, et la lueur qui s'échappait des ailes de Xerys n'était pas suffisante pour nous éclairer convenablement. Elyon rangea son arme et attrapa un bout de bois qui traînait au sol. Une seconde après, l'extrémité brûlait d'une belle flamme, nous révélant les recoins sombres de l'habitacle : il résidait des traces du mobilier, mais ce n'était que de vagues morceaux de bois rongés par les mites. En jetant un coup d'œil à la torche improvisée, j'esquissai un sourire : c'était le pied de la table, ou du moins ce qu'il en restait. En soulevant les débris, on trouva un chandelier en métal rouillé et quelques bricoles qui ne nous serviraient à rien dans l'immédiat.

— Soyons prudents. Il est possible que d'autres personnes ou créatures veuillent s'abriter aussi, même si je ne ressens aucune présence dans les environs.

Comme par hasard, son regard me fuyait ; il ne s'adressait qu'à Xerys. Un peu vexée, je ne pris pas la peine de lui répondre et allai m'asseoir par terre, m'adossant contre le mur. J'allais sûrement me redresser avec une énorme trace de poussière sur le derrière, mais la robe n'était déjà plus que guenilles alors je n'avais rien à perdre.

Je sentis mon ventre gargouiller, et soudain, je réalisai que l'attente allait être plus longue que prévu. Xerys me rejoignit en soupirant et elle semblait, au vu de sa moue impatiente, être du même avis.

***

Dix heures. Dix heures que l'on attendait. J'avais réussi à en faire passer plus rapidement quelques-unes en m'assoupissant contre l'épaule de ma Xemehys, mais à chaque minute qui passait désormais, je me disais que je n'étais plus capable de m'éterniser ici, que j'allais imploser. Alors pour patienter, j'occupais mon esprit comme je le pouvais : je déchirais une touffe d'herbe entre mes doigts, je triturais mes cheveux, ma robe, et réexaminais encore et encore la pièce dans laquelle je me trouvais. Xerys, à mes côtés, semblait s'être résolue à l'attente insupportable que nous allions vivre pendant au moins un certain temps. Elle caressait sa Nocturnale inlassablement en enfouissant ses doigts dans l'épaisse fourrure, et cela ne déplaisait pas à Saphir qui en ronronnait de plaisir.

Elyon, à mon plus grand étonnement, était bien plus plus impatient que moi. Ou alors était-ce la nervosité ? Cela faisait trois ou quatre fois qu'il prétextait un tour de garde pour aller se dégourdir les ailes. Et au vu de son agitation actuelle, il n'allait pas tarder à y retourner. Prise d'un soudain rebond d'énergie, je me relevai. Je vis mon amie sursauter et le Meridiem redressa subitement la tête.

— C'est bon, j'en ai marre. Je vais chercher à manger, il y a forcément quelque chose à se mettre sous la dent dans une forêt pareille !

Elyon me retint par le bras et ce contact m'électrisa toute entière, me coupant net dans mon élan.

— Tu ne bouges pas d'ici. Si tu y tiens vraiment, je vais nous trouver un lapin ou autre morceau de viande à avaler, mais tu restes là.

Le regard d'avertissement qu'il me lança s'il s'avérait que je bravai son ordre me transperça, mais je n'en montrai rien et me redressai. Croyait-il réellement pouvoir me traiter comme une vulgaire fille sans défense ? Et surtout, pourquoi est-il autant surprotecteur ? Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais cette lueur dans son regard me laissait penser que ce trait de caractère était ancré en lui depuis longtemps, un vestige à peine enfoui de son passé.

— Laisse-moi au moins y aller avec toi, m'entêtai-je.

Il secoua la tête.

— Non, j'y vais seul c'est plus prudent. Il va commencer à faire nuit. Xerys ?

La jeune fille, surprise d'être introduite dans l'échange, releva les yeux.

— Tu veilleras sur elle pour moi ?

Je sentis les pupilles mornes de Xerys se poser sur moi, et je fis de mon mieux pour fuir son regard. Mes pieds étaient subitement devenus très intéressants ! Munis de sandales à la semelle gondolée, sales et écorchés vifs de partout, mais très intéressants.

— Bien sûr, je suis sa Xemehys je te rappelle, répondit-elle d'un ton passablement outré.

Elyon hocha la tête et s'enfonça dehors, alors qu'il pleuvait dru. Après m'être assurée qu'il s'était bien éloigné en attendant quelques minutes, j'affrontai le regard de Xerys qui pesait sur moi comme deux sacs de plomb.

— « Tu veilleras sur elle pour moi ? » répéta-t-elle d'une voix fluette parfaitement ridicule. Il s'est passé un truc entre vous deux hier soir, ou quoi ?

J'aurais aimé pouvoir m'enfuir six pieds sous terre, mais à la place, je répondis avec surprise d'un ton relativement ferme et convaincant :

— Rien du tout. D'ailleurs je ne comprends même pas pourquoi tu me demandes ça, tu vois bien qu'il me déteste.

Elle secoua la tête, et d'une voix âpre, m'affirma :

— S'il te détestait vraiment, il n'aurait pas encaissé ton tour de garde... Sa nature d'être du jour fait que c'est très dur pour lui de rester éveillé la nuit. Et puis, de manière plus générale, tu ne serais même plus de ce monde. Je l'ai déjà vu énervé, et je peux te dire qu'il peut faire très, très peur.

Bien que ses paroles me troublaient, je haussai les épaules d'un air désinvolte. Un lourd silence prenait place entre nous, quand après une bonne vingtaine de minutes, Xerys se redressa, tous les sens en alerte. Sur le coup, je restai pétrifiée, mais reprenant vite mes esprits, je chuchotai :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Il y a quelqu'un dehors. Non, attends. (Elle ferma les yeux, cherchant à se concentrer davantage.) En fait, il y en a plusieurs. Quatre, je crois.

— Des soldats d'Archaos ? m'enquis-je, frémissante.

— Je ne sais pas, répondit-elle tout bas. Reste ici, m'ordonna-t-elle en se levant, sa Claymore déjà entre sa paume.

Elle rêvait, je ne la laisserais pas sortir risquer sa vie. Qu'importait ce que l'on disait, on est toujours plus fort à plusieurs. Sans que je l'aie demandé, le Profundeanus apparut entre mes doigts et le carquois se matérialisa à mon épaule. Sans un bruit, je suivis mon amie. Quand elle se retourna et aperçut l'arme à mon bras, elle leva les yeux au ciel, mais n'essaya pas de me dissuader : elle savait déjà que je refuserais, encore une fois. Elle passa discrètement la tête vers l'extérieur, observant la clairière.

— Je ne vois rien, je pense qu'on va devoir sortir... Prépare-toi à encocher. On va facilement être repérables à cause de mes fichues ailes !

Puis elle pesta, marmonnant un « Pourquoi n'est-il pas là au moment où l'on a le plus besoin de lui ? » qui fit écho à mes pensées.

Elle inspira un grand coup, puis s'élança à l'extérieur, utilisant ses pouvoirs de Xemehys pour déployer un bouclier. Mais maintenant, ses mains étaient occupées et il ne restait que moi pour passer à l'offensive. Le regard de Xerys était fixé sur un groupe d'arbres. De vagues ombres se détachaient des troncs, mais avec la nuit qui tombait et le feuillage sombre des armures de cette forêt, on pouvait très bien prendre ces quelques mouvements comme une action du vent.

— Ils sont là. Tire, histoire au moins de les faire bouger.

Je hochai la tête, et préparai une flèche. Le cœur battant, je m'appliquai à viser comme je l'avais appris : mes doigts tenant la corde positionnés à la commissure de mes lèvres, les épaules de profil, la pointe tournée vers la cible, le coude dans la continuité de mon autre bras. Cela semblait si simple, et pourtant sur le coup, j'eus peur que mon échec potentiel nous coûte la vie.

La flèche quitta la corde à une vitesse hallucinante. La direction était juste, les chances étaient grandes pour qu'elle atteigne sa proie. Puis une lueur orangée apparut de nulle part, et le projectile se désintégra, de bout en bout. Le projectile n'était plus que poussière. Il n'en restait rien. Estomaquée, je demeurai immobile. Comment ?

Une silhouette féminine émergea de l'ombre, talonnée par trois hommes. Au vu de leur tenue de civils quelconques, ce ne pouvait pas être des fidèles d'Archaos, sans aucun doute armés jusqu'aux dents. Soudain, un élément me frappa : la jeune fille, comme les trois individus qui la suivaient, était pourvue d'ailes. Toutes les paires étaient plutôt sombres, variant du noir au châtain. Seule une était plus claire que les autres et ressortait ainsi de façon saisissante dans l'obscurité : les ailes de la jeune fille avaient le bout des ailes d'un blanc pur. Puis, je remarquai les armes dont ils n'étaient en réalité pas démunis : deux épées et une arbalète pour les hommes, et un assortiment de poignards bien aiguisés pour la jeune femme, qui semblait avoir mon âge. Elle dut remarquer que j'avais perçu leurs armes, car elle sourit. Et même si son rictus était des plus hypocrites, je ne pus que reconnaître à quel point elle était jolie. Les derniers rayons du soleil éclairaient magnifiquement son visage, au teint hâlé. En utilisant ma vue perçante, je cherchais à la détailler davantage ; ses yeux étaient d'un intense brun chocolat et renvoyaient un regard de braise capable de vous tuer d'un seul coup d'œil. Tombant en cascade derrière son dos et ses belles boucles reposant sur ses épaules, sa chevelure était teintée d'un roux cuivré qui s'assortissait à merveille avec le brun roux de ses ailes. Sa silhouette était impeccable et musclée, résultant sûrement de dures séances d'entraînement. Combien d'hommes avait-elle séduits ? Je ne pus, non sans une certaine honte, admettre que j'étais jalouse. Je devais ressembler à une souillon avec ma robe toute sale et déchirée.

Subitement, sa paume se remplit d'une magie orangée qui me rappela la lueur vue seulement quelques secondes plus tôt, alors que ma flèche se détruisait. C'était elle !

— Lenora, attends.

Une voix grave venait de jaillir depuis les cieux. La jeune femme, quelque peu surprise, s'immobilisa. Elyon atterrit alors entre nous, étendant ses ailes pour faire office de bouclier. Ses mèches noires dégoulinaient sur son front, les gouttes sur l'arête de son nez illuminées par la lumière de la lune ascendante. Son uniforme avait lui aussi pâti de la pluie, ne dissimulant plus rien de ce qu'il était censé cacher. Le Meridiem, le regard sombre et l'expression infranchissable tenait fermement entre ses mains un lièvre, mais je me rendis tout à coup compte que ma faim grandissante avait disparu. Ils se connaissent ? m'étonnai-je, désarçonnée par la tournure qu'avait prise la situation. En jetant un regard à Xerys, qui avait d'ailleurs fait tomber son champ de force, je constatai qu'elle n'était pas plus avancée que moi.

— Elles sont avec moi, poursuivit Elyon, la voix grave.

Et là, il se passa quelque chose auquel je ne m'attendais pas du tout, et qui me retourna l'estomac à m'en faire mal. La dénommée Lenora courut vers Elyon, et lui sauta au cou. Ce dernier, s'il fut décontenancé aux premiers abords, se reprit bien vite répondit à son étreinte, lui embrassant le sommet du crâne. Pourquoi un goût amer venait-il subitement de s'immiscer dans ma gorge ?

— La vie au Palais sans toi est longue, entendis-je la jeune rousse murmurer. Tu es parti depuis presque trois mois !

— La vie au Palais ? répétai-je, oubliant totalement que je n'étais même pas censée faire partie de la conversation.

Ils se détachèrent, et bizarrement, la boule qui s'était formée dans mon arrière-bouche et qui m'empêchait de respirer disparut. Lenora me jeta un regard mauvais, et je ne pus sans aucun mal deviner qu'elle se demandait qui je pouvais bien être. Je gardais la tête haute, dans l'intention de rivaliser avec son attitude dédaigneuse. Elyon parut s'enquérir dans ses yeux d'une autorisation pour répondre, à laquelle Lenora réagit par un hochement de menton affirmatif.

— Je vous présente Lenora Kyrene Veris, l'Héritière du Royaume de Danamore.

⋅∙✶⦁☾⦁✶∙⋅ 

Heyyyy :) 

Je ne sais pas si vous avez eu mon message, mais les chapitres du Dimanche seront postés à 18:30 désormais :) La raison ? Les devoirs. Encore... tuez-moi 🤣Je reprends les cours demain ! Fini les vacances 😂 

Bref, alors ce chapitre ? Vos impressions sur Lenora ? C'était notre ancienne Selena... 😉

Le Chapitre 13 est TRÈS TRÈS important 😁

Je vous laisse, je dois finir encore deux trois trucs 😂 Biz, 

Neo.

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