PDV Izuku
Il y a du monde autour de moi, beaucoup de monde. Nous sommes samedi, il fait beau, le soleil brille au dessus de ma tête, un jour idéal pour sortir. J'essaie de me faufiler à travers la foule, jouant des épaules pour me frayer un chemin. Bientôt, je suis sortis de cette foule, et je rejoins la grande place.
Le soleil m'éblouit tellement que je suis obligé de me servir de ma main pour le cacher. Grâce à ça, j'aperçois enfin la personne que je suis venu rejoindre.
Il est adossé à un mur, le portable en main, le regard vairon plongé sur son téléphone. Ses cheveux bicolores virevoltent au rythme de la brise, les emmêlant sans qu'il ne daigne les remettre en place. Mon coeur bat plus vite, et le sourire prend place sur mes lèvres.
— Shoto !
Son visage se relève lorsqu'il entend ma voix et un sourire doux se dessine sur ses lèvres. Il est beau, serein, reposé.
Lorsque je le rejoins, ses lèvres viennent se poser rapidement sur ma tempe. On ne s'est pas vu depuis seulement une semaine, mais le temps m'a paru incroyablement long.
— Désolé pour le retard, le bus...
— T'en fais pas, je n'attends pas depuis bien longtemps.
Le temps est passé depuis cette incroyable aventure. Il est passé vite, ces six mois sont passés très vite. Le temps est passé, et grâce à lui, les consciences se sont calmées, la colère s'est apaisée, car lorsque je suis sortis de l'hôpital, le monde entier était sans dessus dessous.
L'expérience menée il y a quarante ans a été dévoilée au public. L'empereur japonais, devant le monde entier, a révélé l'existence de cette expérience interdite durant son contre-rendu sur la catastrophe que Edgar a engendrée. Ça a été très dur pour moi, pour Shoto, pour U.A., car j'ai été vu comme un monstre. Mais même si certaines personnes m'ont vu comme un monstre sanguinaire, d'autres m'ont apporté du soutien, un soutien venu du monde entier.
L'affaire a tourné sur les réseaux, les manifestations ont commencées pour que Marc soit punit. Car oui, j'ai appris qu'il était encore en vie.
Mais maintenant, je peux marcher aux côtés de mon bien aimé, car mon visage n'est plus synonyme de cruauté. Je peux vivre, je peux reprendre ma vie d'avant.
— Où tu m'emmènes cette fois ?
— C'est une surprise.
Je ne me lasse plus de son sourire, il est tellement beau, il lui va tellement bien. Depuis que toute cette histoire est terminée, son sourire est omniprésent, presque toujours sur son visage quand je suis avec lui.
J'ai mis du temps avant de me remettre de tout ça. Edgar est arrivé dans ma vie sans mon consentement mais, lorsqu'il est partit, j'ai ressenti un vide énorme. J'avais l'impression d'être abandonné, d'être seul, terriblement seul. Si Shoto n'avait pas été là, je ne serais pas là à me balader dehors, j'en aurais été incapable. Edgar m'a beaucoup fait souffrir, mais je ne peux pas lui en vouloir. Il a vécu tant des choses horribles, tant de désastres dans sa vie qui aurait dû se dérouler sans problèmes. Il aurait dû vivre avec sa famille, il aurait dû grandir, devenir adulte, vivre normalement. Il méritait de vivre, mais il a préféré mourir, et ça je l'ai vécu comme un échec personnel.
Nous continuons de marcher l'un à côté de l'autre. Aucun de nous ne parle, laissant juste le bruit environnant perturber ce calme.
— Je crois que j'ai une idée sur le lieu où tu m'emmènes.
— Et où on va à ton avis ?
— Je préfère garder la surprise jusqu'au bout.
Ses lèvres s'étirent à nouveau, et ses doigts viennent s'entrelacer avec les miens. J'aime nos moments, j'aime quand il sa main vient prendre la mienne, lorsqu'il m'enlace quand il arrive derrière moi, ses baisers sur mes tempes, sa main dans mes cheveux avant que l'on s'endorme. J'aime être avec lui, tout simplement.
Nos pas sont synchronisés, accordés ensemble. Le silence est de nouveau présent, mais il est à nouveau brisé par une douce mélodie au loin.
Regrets collect like old friends
Here to relive your darkest moments
C'est une voix de femme, et elle est très agréable. J'ai du mal à comprendre ce qu'elle dit, bien que je sois assez doué en anglais. Nous sommes trop loin pour que je puisse tout discerner, mais nous nous rapprochons, et la mélodie continue.
And I've been a fool and I've been blind
I can never leave the past behind
I can see no way, I can see no way
I'm always dragging that horse around
Je ne peux m'empêcher de ralentir le pas. La musique est si belle, si tranquille. Pourtant, les paroles sont poignantes.
Tonight I'm gonna bury that horse in the ground
So I like to keep my issues strong
But it's always darkest before the dawn
Shoto ralentit lui aussi, et son regard se porte vers ce chant. Sur le trottoir d'en face, des gens se sont installés avec leurs instruments. L'un a une guitare, une autre chante, accompagnée par un choeur juste derrière.
Shake it out, shake it out, shake it out, shake it out, ooh woaaah
Shake it out, shake it out, shake it out, shake it out, ooh woaaah
Comme nous, de nombreuses personnes ralentissent ou s'arrêtent. Ma main est toujours dans la main de Shoto, mais je suis désormais concentré sur les paroles. Bizarrement, j'ai l'impression de m'y retrouver, que cette chanson parle de moi.
I am done with my graceless heart
So tonight I'm gonna cut it out and then restart
— C'est beau, commente le bicolore.
— Oui, cette chanson est vraiment belle.
Cette jeune fille qui chante, elle parle des démons qui la hantent, des démons qui la possèdent. Elle évoque les moments où elle a tenté d'oublier son passé, les moments où elle voulait juste passer outre, mais elle n'a pas pu. Elle n'a pas pu car lorsqu'on tente d'oublier, cette une lutte quotidienne contre tous nos démons.
And it's hard to dance with a devil on your back
So shake him off, oh woah
C'est si dur de danser avec un démon sur le dos, alors fais le partir. C'est si dur de vivre avec son passé, alors débarrasse-toi de de lui. Pourtant, je suis persuadé que ce n'est pas la bonne chose à faire, qu'il ne faut pas oublier son passé.
Edgar fait partit de mon passé, mais même s'il est partit, il fait maintenant partit de moi. Je ne peux pas l'oublier, je n'ai pas le droit de l'oublier.
Ma main se resserre autour de celle de Shoto. Je sens son regard se poser sur moi, et ses sourcils se froncent.
— Tout va bien ?
— Oui, tout va bien.
Et je ne mens pas, je ne mens plus. Je me sens bien maintenant, incroyablement bien.
La musique se termine et ce petit groupe a le droit à des applaudissements bien mérités. Puis, chacun reprend sa petite vie, tout le monde reprend sa route, nous aussi. Nous reprenons notre chemin et bientôt, je vois là où Shoto voulait m'emmener. Tout de suite, mon sourire s'agrandit.
— Arrête, tu avais deviné de toute façon...
— Peut-être, mais je suis content d'y retourner !
Il n'y aura rien qui pourra m'empêcher de profiter de cette journée maintenant. La dernière fois, cette journée a été gâchée à cause de mon père. Désormais, je n'ai plus rien à craindre. Désormais, je vais pouvoir vivre une bonne journée.
Car oui, dans toute cette histoire, il y a mes parents. Pendant mon mois à l'hôpital, ma mère a appris la tromperie de mon père, et ils ont décidé de faire un break. Mais en l'espace de ces six mois, je n'ai jamais vu mon père aussi attentionné, aussi présent à la maison. Il n'est pas reparti en voyage d'affaire, et il s'arrangera pour ne plus repartir.
Le vent continue de souffler, toujours aussi agréable. Avec lui, j'ai l'impression que la mélodie continue de résonner, de voyager jusqu'à mes oreilles.
Shake it out, shake it out.
Non, je ne ferai pas partir ces démons, je ne ferai pas disparaitre ce passé qui fait de moi ce que je suis. Edgar est en paix, mais il continuera de vivre à travers moi, à travers nous.
Nos mains sont toujours entrelacées, puis nous avançons d'un pas égal. Les sourires sont sur nos lèvres, la peur a disparu, l'angoisse d'autan n'est plus. Désormais nous avançons ensemble, main dans la main. Nous avançons vers un futur commun, gardant avec nous ce passé que j'ai voulu voir disparaître. Edgar sera toujours dans nos coeurs, lui et son innocence disparue. Nous vivrons pour lui, nous croquerons cette vie à pleine dent pour lui, nous avancerons pour lui, car il le mérite.
Désormais, Edgar vivra éternellement, et jamais, au grand jamais nous le sortirons de nos coeurs.
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Et voilà, c'est la fin de cette histoire, le dernier chapitre, le point final. J'aimerais vous remercier dans ce chapitre, vous dire à quel point j'ai aimé écrire cette histoire. Mais je le ferai dans une partie à part, car j'ai tant de choses à vous dire ! Alors, changez de chapitre, les remerciements sont juste après 😉.
Ps: la chanson évoquée dans ce chapitre est dans le média 😘.