Les Royaumes d'Eredjan 1 - La...

By marinecrivain

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Saillans et Elenith, Nord et Sud de l'Île d'Eredjan, deux royaumes qui s'affontrent depuis cinq siècles, deux... More

Avant tout
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9
Partie 11
Partie 12
Partie 13
Partie 14
Partie 15
Partie 16
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Partie 18
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Partie 20
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Partie 29
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Partie 32
Partie 33
Partie 34
Partie 35
Partie 36

Partie 10

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By marinecrivain

Le voyage eut beau paraître une éternité à Garance d'Elenith, quand elle se retrouva face au camp ennemi, il lui parut bien trop court. Mieux valait un seul de ces rustres que toute une armée. Ils se tenaient sur l'une des collines qui surplombait la plaine d'Amarylis. Au loin, les remparts de sa capitale, étincelante comme le diamant du sud qu'elle était. Entre eux, les mille feux de l'armée des barbares du Nord. Eliam de Saillans avait arrêté leur monture sur le sommet de la côte, il tendit à la jeune femme la cape noire qu'elle portait avant son bain.

- Couvrez-vous, dit-il.

La jeune femme saisit son vêtement et en se retournant elle vit que son adversaire avait toujours un sourire arrogant figé sur ses lèvres. Cependant, il était nettement moins serein et tranquille que deux heures auparavant. Garance revêtit sa cape, en recouvrant soigneusement son visage.

Eliam héla sa jument et ils commencèrent la descente. Le cheval du prince, un étalon noir, aussi massif que son maître, les suivait docilement depuis la plage. Ils furent en peu de temps aux portes du camp. Dès qu'ils virent le prince, les gardes les laissèrent passer, intrigués par la silhouette noire. Le campement était au repos. Quelques braseros brûlaient au milieu des tentes.

Garance savait que désormais personne ne viendrait la chercher derrière les lignes ennemies, et de toute façon, personne ne savait où elle se trouvait. Si sa situation à Amarylis n'était pas envieuse, elle était en quelques heures devenue réellement critique. Cyrius était un ennemi contre lequel elle avait les moyens de lutter ou du moins d'essayer, contre Saillans que pouvait-elle faire ? Elle était une vulgaire poupée de chiffon contre Eliam de Saillans, son père aurait tout loisir de faire d'elle un gibier de potence. Son seul recours aurait été d'être une monnaie d'échange, mais elle avait donné à Cyrius l'opportunité de se débarrasser d'elle sans même se salir les mains. En traversant le camp dans les bras de son ravisseur, elle ne visualisait aucune issue positive au bourbier dans lequel elle se trouvait. Cette fois, il allait lui falloir un peu de chance. Ils arrivèrent bientôt devant une tente plus grande que les autres. Deux colosses se tenaient devant l'entrée. Décidément, les hommes de Saillans étaient tous plus ou moins des montagnes. Ces deux-là avaient en plus une mine renfrognée de chiens de garde. Son ravisseur stoppa la jument. D'un bond, il était au sol. Il tendit les rênes à l'un des soldats. Puis sans même un regard, saisit la jeune princesse par la taille et la descendit à terre. Garance remarqua que désormais le Prince affichait un visage fermé et tendu.

- Le Roi est-il là ? demanda-t-il aux gardes.

- Oui, mon prince.

Eliam entraîna la jeune femme dans la tente. Il avait espéré ne pas revoir son père avant l'aube, mais il n'avait aucune envie qu'on lui reproche d'avoir fait entrer une femme et d'autant plus une ennemie dans le camp. Et puis il devait bien se l'avouer cette mystérieuse inconnue l'intriguait. Elle faisait sans nul doute partie de la cour d'Elenith, son parler, son maintien en attestaient. Il trouva son père et son frère toujours attablés au dessus des cartes, à la lumière des bougies. Eliam s'était si bien fait à la douce lueur de la lune qu'il se trouva presque ébloui par la clarté des dizaines de chandelles parsemées à l'intérieur.

- Te revoilà, dit son Père, d'une voix sourde, sans même lever les yeux de la table.

Eliam ne répondit pas.

- Que nous amènes-tu ? demanda Galahaad en désignant la silhouette noire qui se tenait au côté de son frère. Le roi releva enfin la tête.

- Je l'ignore. Je l'ai trouvée sur l'une des plages à deux heures de là, répondit Eliam. "Voulez-vous ôter votre vêtement," dit-il à la jeune femme.

La princesse eut une légère hésitation, puis fit tomber sa capuche sur ses épaules, le manteau suivit le geste et glissa à terre. Eliam vit alors qu'il n'avait pas rendu hommage à la silhouette de sa captive. A la lueur des chandelles, celle qui avait un port altier avait désormais la grâce d'une reine. Le regard d'Eliam se figea dans ses grands yeux gris, magnétiques, qui mangeaient une partie de son visage. Ses traits fins à l'extrême étaient sublimés par une chevelure qui rehaussait son portrait comme l'aurait fait un diadème. Elle avait une petite vingtaine, mais le jeune homme avait du mal à l'évaluer tant sa beauté, presque glaciale établissait une distance, quasi infranchissable. Le jeune prince qui avait perdu son sourire face à son père le retrouva subitement.

- Je n'avais pas mesuré l'ampleur de ma trouvaille, dit-il en détaillant allègrement la jeune femme qui continuait à le toiser d'un air hautain.

- A n'en pas douter, répondit le roi après un instant.

Eliam fit alors un quart de tour et vit les mines abasourdies de son père et de Galahaad.

- Ignores-tu qui elle est ? demanda son frère.

- En effet, la Dame n'a pas souhaité répondre à mes questions.

- L'as-tu traitée correctement ? s'enquit alors son père, le regard rivé sur les traces de sang qui maculaient la robe de Garance.

Une fois de plus Eliam ne répondit pas, définitivement intrigué, il demanda :

- Qui est-elle ?

Après un ultime regard à la jeune femme, le Roi tourna vers les yeux vers son fils cadet.

- Tu as devant toi la princesse Garance d'Elenith.

La jeune femme vit alors avec satisfaction le sourire d'Eliam s'effacer au profit de la surprise. Pour la première fois elle le vit perdre un peu de son assurance et de son arrogance. Elle profita de son trouble pour détailler les traits de son ravisseur. Il était grand pour ne pas dire immense, et pourtant quand on avait vu quelques membres de son peuple cela ne paraissait plus aussi choquant. Malgré ses larges épaules, à le regarder de plus près sa silhouette n'était pas massive, il dégageait une étrange impression de finesse, un corps délié qui se mouvait avec une souplesse déconcertante, un peu comme un félin... dangereux, redoutable et sans pitié. Il portait une vulgaire chemise de coton blanc ainsi qu'un pantalon et des bottes de cuir, qui n'étaient pas de première jeunesse. Il n'avait pas l'allure d'un prince, connaissant Saillans cela ne l'étonna pas outre mesure. Mais Eliam de Saillans semblait porter le vice à l'extrême. Son père et son frère, eux avaient des tenues qui permettaient d'identifier leur rang. Cependant et bien contre son gré, Garance ne put s'empêcher de remarquer que le jeune prince n'était pas désagréable à regarder, sa chevelure brune, un peu trop longue donnait au personnage une physionomie particulière. Son visage, malgré sa large mâchoire, sa barbe de quelques jours, avait une finesse étonnante. On aurait dit que toutes les composantes de son faciès étaient là pour rehausser son regard indigo, on ne peut plus troublant. Celui-ci avait d'ailleurs retrouvé son habituel air moqueur, sourire compris. Garance n'eut qu'une envie : lui faire ravaler. Quoi qu'il en soit, la situation ne devait pas lui faire perdre son rang, encore moins devant les rustres qu'étaient les assaillants d'Elenith. La jeune femme fit alors une légère révérence en direction du Roi du Nord. Acôme répondit d'un signe de tête, étonné par l'assurance de cette gamine.

Eliam, qui était désormais aux côtés de son frère ne put s'empêcher de se fendre d'un grand sourire.

- Tu remarqueras Gal, que quelque soit la situation la Dame ne perd pas ses habitudes, dit-il d'un ton ironique au possible.

Son frère sourit discrètement sans cesser de dévisager la Princesse. Celle-ci ne jeta même pas un regard aux deux princes. Les yeux rivés dans ceux du Roi, elle lâcha :

- Il semble qu'Elenith soit plus prompt à l'éducation de ses souverains que Saillans, Majesté.

Puis, elle lança un regard aux princes, ils étaient aussi impressionnants l'un que l'autre. La ressemblance s'arrêtait à leur carrure et à leurs yeux de la teinte de l'océan, Galahaad était aussi blond qu'Eliam était brun. L'un avait véritablement l'allure d'un Prince tandis que l'autre semblait sortir tout droit d'une taverne. Le Roi ne dénia pas répondre, il lança seulement un énième regard glacial à l'égard de son fils cadet. Ce dernier ne sembla même pas remarquer le rictus de son père. Il ne s'était pas départi de son sourire, bien contraire.

- Ma Dame, veuillez prendre un siège, dit le Roi, en désignant une des chaises qui entouraient la table.

Garance ne fut pas fâchée de s'asseoir, la nuit commençait à être excessivement longue. Le Roi et Galahaad s'assirent face à elle, tandis qu'Eliam resta debout, à l'écart.

- Que faisiez-vous aussi loin de votre palais, Princesse ? demanda Acôme de Saillans.

- Cela ne vous regarde en rien, Majesté.

Malgré son éducation et sa jeunesse, Acôme remarqua que la jeune Princesse avait une répartie cinglante et ne manquait pas de cran. C'était une enfant, dix-sept ou dix neuf ans tout au plus. Mais elle avait la grâce qu'ont les souveraines d'Elenith. La situation ne lui était pas favorable, mais elle tenait son rang, mieux encore elle ne montrait pas la peur qu'elle ne devait pas manquer d'éprouver.

- Dans la mesure où vous êtes désormais ma prisonnière, cela à tout lieu de me regarder, répondit froidement le Roi.

- Etant justement votre prisonnière, quel intérêt pour moi de répondre à l'ennemi ?

- Bon maintenant que les mots sont posés, sachez que je n'ai aucune diplomatie, ni patience, comme vos maîtres à penser on dû vous l'apprendre : nous sommes des rustres du Nord.

- Je n'en doute pas, répondit-elle avec un regard appuyé sur Eliam.

- Il m'importe peu de savoir comment mon fils vous a trouvée, sachez que vous êtes en terrain ennemi et qu'il serait judicieux de tenir votre langue si vous souhaitez la conserver.

- Il me semble pourtant toujours me trouver sur mes terres, dans mon royaume. Vous n'avez pas encore annexé le Sud, Majesté. Tant que vous ne tenez pas Amarylis, vous ne tenez pas le pays.

- Certes, mais je tiens son héritière, à moins que votre cousin ne vous ait déjà ravi le trône.

Le Roi, avait fait mouche, le regard de la jeune femme s'assombrit brusquement. Puis, sans quitter la princesse des yeux, il dit :

- Galahaad, fais parvenir à Amarylis un message les informant que nous avons entre nos mains Garance d'Elenith et qu'ils se pressent de nous faire une offre s'ils veulent récupérer entière leur princesse. Eliam, tu es responsable de sa Majesté, garde un oeil sur elle en permanence et garde-la en vie.

A ses mots, la jeune femme lança un regard au roi qui avait, même si elle tentait de le cacher, un air désespéré. Eliam quant à lui se décomposa :

- Père, plaisantez-vous ?

- En ai-je l'air. Maintenant emmènes la princesse prendre du repos, elle semble épuisée.

- Père !

- Je te charge d'une tâche digne d'un prince, fais en sorte de me donner satisfaction.

Eliam ne chercha pas à relever, son père ne lui épargnera rien, désormais il était garde-chiourme d'une demoiselle en détresse. Il ne pouvait pas tomber plus bas. Heureusement qu'aucun de ses hommes n'était là pour voir ça, sinon il serait complètement décrédibilisé et certainement ridiculisé à vie par ses amis. Cette pensée en amenant une autre, il pensa à Lalikine, Shilar et Désone naviguant sur le Mandragore, ivres de liberté. Qu'aurait-il donné pour ne pas naître fils de roi.Il s'approcha de la jeune princesse, cette fois-ci sans aucun sourire.

- Voulez-vous bien me suivre, dit-il d'un ton qui ne supporterait pas la réplique.

Garance d'Elenith se leva et suivit le Prince. A grand étonnement, Eliam se plia de toute son immense stature pour ramasser le manteau de la jeune femme et l'aida à l'enfiler :

- Les nuits sont fraîches sous les étoiles, lui souffla-t-il à l'oreille.

La princesse en frissonna d'effroi, et saisit le col de sa cape pour s'éloigner au plus vite de son gardien.

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