Les Royaumes d'Eredjan 1 - La...

By marinecrivain

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Saillans et Elenith, Nord et Sud de l'Île d'Eredjan, deux royaumes qui s'affontrent depuis cinq siècles, deux... More

Avant tout
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9
Partie 10
Partie 11
Partie 12
Partie 13
Partie 14
Partie 15
Partie 16
Partie 17
Partie 18
Partie 19
Partie 20
Partie 21
Partie 22
Partie 23
Partie 24
Partie 25
Partie 26
Partie 27
Partie 28
Partie 29
Partie 30
Partie 31
Partie 33
Partie 34
Partie 35
Partie 36

Partie 32

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By marinecrivain

Galahaad et Garance partirent à cheval dès l'aube. Ils galopèrent jusqu'aux prémices des montagnes. Le ciel était magnifique, la journée estivale. Garance était vêtue d'une robe d'équitation émeraude, ses longs cheveux étaient noués dans une natte qui descendait jusqu'à ses reins. Ils traversèrent un bois de résineux. Sortis du couvert des arbres, ils durent mettre pied à terre tant le sentier était escarpé. Galahaad se retourna pour prendre la main de Garance. La jeune femme lui lança un regard inquiet :

- Es-tu sûr que ce soit prudent ? demanda-t-elle en le voyant grimacer de douleur.

- Il n'en a pas pour longtemps, nous allons laisser les chevaux ici, dit-il en attachant leurs montures aux arbres.

Ils prirent la couverture et le repas que Galahaad avait fait emballer, puis s'engagèrent sur le chemin. Au bout de quinze minutes de randonnée, le sentier se fit moins escarpé.

- Un dernier effort, dit le jeune homme en déposant un baiser dans la paume de la jeune femme.

Ils parvinrent sur les berges d'un lac. Garance n'avait pas encore levé les yeux du chemin. Elle faillit se cogner contre Galahaad qui s'était brusquement arrêté. Il la saisit par la taille et la plaça à ses côtés. Elle fut un instant éblouie. Le soleil au zénith se reflétait sur un lac de montagne en milliers d'étincelles. L'eau, translucide, contrastait avec les rives de granit. La végétation s'accrochait difficilement aux parois des montagnes, laissant place aux neiges éternelles sur les sommets. De leur promontoire, ils avaient une vue imprenable sur la vallée. Estran, au loin accrochée à sa paroi rocheuse, la plaine parée des nuances des cultures.

- C'est magnifique ! dit-elle sans quitter des yeux le panorama qui s'étendait à ses pieds.

- Ce n'est pas l'océan, répondit-il en observant son profil.

- Non, murmura-t-elle en rivant ses yeux à ceux du Prince, réalisant qu'il l'avait emmenée ici pour lui donner un peu de cette liberté après laquelle elle avait couru toute sa vie.

Elle tressaillit quand il prit sa bouche. Elle songea qu'un jour viendrait où il pourrait l'embrasser sans qu'elle ne pense à d'autres lèvres que les siennes. Alors elle se laissa aller contre son corps.

- Allons-nous baigner, murmura-t-il dans un souffle.

- L'eau doit être glaciale.

- Cela te fait peur ?

La jeune femme se contenta de répondre par un sourire puis se dégagea de ses bras.

- Veux-tu bien te retourner ? lui dit-elle avec un regard de défi.

Galahaad s'exécuta alors qu'un fluide brûlant se déversait dans ses veines. Tandis qu'elle ôtait sa robe, son corset lacé sur le devant, ses bottines et ses bas, il retira son épée, sa chemise et ses bottes pour ne garder que son pantalon de cuir noir. Quand il se retourna, il oublia de respirer pendant de longues secondes. Garance s'avançait vers le lac, vêtue d'une ample combinaison de coton blanc. Le tissu était si léger qu'il laissait deviner chaque courbe de son corps parfait. Elle s'accroupit au bord de l'eau pour la toucher de sa main. Puis elle fit glisser sa lourde tresse pour dégager sa nuque et s'aspergea d'eau. Elle se redressa et subitement plongea. Elle réapparu quelques mètres plus loin.

- Elle est véritablement glaciale ! s'exclama-t-elle en éclatant de rire.

Galahaad sourit et sauta à son tour dans le lac. Il nagea jusqu'à la jeune femme et la saisit dans ses bras, leurs jambes s'emmêlèrent et les firent plonger sous l'eau. Dans le lac translucide, il saisit une nouvelle fois ses lèvres. L'eau glaciale ne parvenait plus à refroidir la lave qui coulait dans les veines de Galahaad. Ils remontèrent à la surface quand ils n'eurent plus un souffle d'air dans les poumons.

- Veux-tu me noyer ? s'exclama Garance en reprenant son souffle.

- C'est toi la sirène, c'est toi qui me noieras ! dit Galahaad dans un rire.

La jeune femme lui sourit puis le repoussa de ses paumes, et se lança en arrière pour lui échapper avant de plonger de nouveau dans l'eau glaciale. Le Prince lui laissa un peu d'avance avant de la rattraper. Dans l'insouciance de l'instant, il la voyait pour la première fois se comporter comme une gamine qui n'avait pas vingt ans. Ils déjeunèrent sur le bord du lac, séchant sous un ciel azur. Ils prirent la route du retour quand ils sentirent les rayons du soleil tomber à l'oblique. Lorsqu'ils parvinrent en vue de la cité, Garance approcha sa monture de celle de Galahaad :

- Merci pour cette journée, dit-elle dans un murmure.

Le prince posa ses yeux sur elle et lui sourit avec tendresse.

- De rien, j'espérais que tu y avais pris autant de plaisir que moi.

La jeune femme ne répondit pas mais lui rendit son sourire.

- Cette jument t'appartient, tu peux aller te promener quand tu le souhaites, tu n'es plus prisonnière, demandes seulement à deux gardes de t'accompagner pour ta sécurité, où demandes le moi, si l'envie t'en prend.

Ils rentrèrent au château, Galahaad saluant la foule qui animait les rues de la cité. Quand ils parvinrent devant l'écurie, le prince descendit de cheval et vint aider Garance. Il savoura le contact de son corps contre celui de la jeune femme quand elle glissa à terre, la gardant un instant de trop dans ses bras. Il aurait voulu ne pas se trouver dans cette cours trop fréquentée pour pouvoir l'embrasser à sa guise.

- Salut Gal !

Galahaad se figea. Il sentit Garance se raidir dans ses bras. Il tourna la tête et aperçut la silhouette de son frère, calé contre le mur du poste de garde, son paquetage à terre. Galahaad lâcha la taille de la jeune femme et s'élança vers son frère malgré son boitillement.

- Nom de Dieu Liam ! s'écria-t-il quelques secondes plus tard en étreignant son cadet.

- Content de me voir ? demanda Eliam d'une voix désabusée.

- Tu en doutes, bougre d'idiot? s'exclama Galahaad en se détachant de son frère.

Eliam s'abstint de répondre. Le Prince Aîné observa son cadet. Ses boucles brunes emmêlées, sa barbe hirsute, son regard hagard, ses vêtements qui flottaient sur un corps trop mince. Galahaad avait vu son frère rentrer maintes fois à Estran, mais jamais dans un tel état, il semblait l'ombre de lui-même.

- Qu'est ce qui t'a enfin décidé à rentrer ?

- Tu as lancé la moitié de tes chevaliers à mes trousses, impossible d'embarquer sur le Mandragore, je me suis dit que si je venais te supplier tu me foutrais peut-être la paix, répondit-il dans un sourire blasé.

- Je suis content que tu sois revenu pour t'inquiéter de ma santé, dit Galahaad, cynique.

- J'ai l'impression que ça va pas trop mal pour toi, répondit Eliam en jetant un regard à Garance, figée près de sa monture à quelques mètres derrière eux.

- Il était grand temps que tu rentres, ça va mal et j'ai besoin de toi, mais en attendant tu n'es pas sans savoir que je vais me marier, dit Galahaad en allant chercher Garance.

Il prit la main de la jeune femme et l'entraîna à sa suite.

- Tu arrives juste à temps pour nos noces, dit-il quand ils furent de nouveau face au prince cadet.

- Je sais, répondit Eliam d'une voix sourde.

- Alors il va falloir que les deux êtres qui ont le plus d'importance pour moi fassent définitivement la paix, dit Galahaad en toisant son frère.

Eliam soutint le regard de son aîné avant de trouver le courage de poser les yeux sur Garance. Il croyait son cœur définitivement noyé dans un néant de glace, mais ce traître se mit brusquement à battre la chamade en rencontrant ses prunelles de cendre. Il aurait voulu une flasque de tord-boyau pour éteindre le flot de sensations qui brûlait ses veines. Comment pouvait-elle être encore plus belle ? Songea-t-il tandis que ses reins s'enflammaient. Il avait cru crever quand il l'avait vu dans les bras de Gal. Ses yeux tombèrent sur leurs mains jointes et il eut la sensation qu'on lui arrachait les tripes. Pourtant il savait chaque chose était à sa place, qu'il devait immédiatement se reprendre. Il émit un grognement animal :

- S'il le faut, s'entendit-il grommeler.

- Bien, répondit Galahaad, Garance, je te demande de pardonner mon frère.

La jeune femme prit une longue inspiration et figea son regard de glace sur Eliam.

- Il est pardonné puisqu'il m'a permis de te rencontrer, répondit-elle d'une voix douce qui démentait son regard.

Eliam tressaillit quand il entendit le tutoiement, puis il s'appliqua à paraître indifférent à ce qu'elle lui infligeait. Il lui lança un de ses sourires narquois dont il avait le secret. Il eut le plaisir de voir la jeune femme se raidir.

- Et bien voilà qui est entendu, dit Galahaad, faisant ainsi cesser l'échange de regards haineux.

Mais il n'était pas dupe, l'animosité entre son frère et sa future femme était au-delà de ce qu'il imaginait au premier abord.

- Liam, nous avons à parler, va prendre un bain, tandis que je raccompagne Garance, on se retrouve dans le bureau de Père.

Eliam se contenta de hocher la tête, avant de prendre le chemin du château, trop heureux d'échapper au spectacle que lui offraient les futurs mariés.

- Liam ?

- Oui, dit-il en faisant volte-face.

- Ne rentre pas dans ce bureau sans moi, je ne veux pas que vous vous étripiez avant que l'on ait parlé.

Eliam ne répondit pas, il se contenta de sourire. Puis reprit sa route. Galahaad quitta des yeux son frère en secouant la tête. Autant était-il heureux de le voir, autant il savait que les retrouvailles avec le Roi allaient être sanglantes. De plus, sa voix n'avait pas autant de poids auprès de son père, désavoué comme il l'était depuis qu'il avait décidé d'épouser Garance d'Elenith. Son regard se posa sur la jeune femme. Il fut stupéfait, la princesse tremblait de tous ses membres, elle semblait en état de choc.

- Il faudra qu'un jour tu m'expliques ce qu'à fait Liam pour mériter une telle haine.

La jeune femme posa alors sur lui un regard glacial, ses poings serrés si forts que ses jointures avaient blanchi. Mais elle n'ajouta pas un mot et prit à son tour le chemin du château. Galahaad ne jugea pas nécessaire de la suivre. Mais il allait devoir faire preuve d'habileté et de diplomatie pour parvenir à désamorcer les deux bombes qui venaient de rentrer dans la demeure des Rois de Saillans.

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