Les Royaumes d'Eredjan 1 - La...

Por marinecrivain

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Saillans et Elenith, Nord et Sud de l'Île d'Eredjan, deux royaumes qui s'affontrent depuis cinq siècles, deux... Más

Avant tout
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9
Partie 10
Partie 11
Partie 12
Partie 13
Partie 14
Partie 15
Partie 16
Partie 17
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Partie 19
Partie 20
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Partie 29
Partie 30
Partie 31
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Partie 33
Partie 34
Partie 35
Partie 36

Partie 21

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Por marinecrivain

Eliam prit la route dès le lendemain à l'aube, accompagné de Théo et le plus légèrement chargé. Au crépuscule du troisième jour, ils parvinrent à Londemare. Ils se rendirent rapidement au lieu de rendez-vous, une auberge bien connue des marins.

Ils laissèrent leurs chevaux à l'écurie, s'avançant vers l'auberge, transis de froid, perclus de courbatures. La porte s'ouvrit et ils furent immédiatement submergés par la chaleur, le brouhaha, les odeurs de viandes rôties et de bière. La salle était plus calme qu'à l'habitude, désertée par les soldats et les marins de Saillans partis en guerre. La clientèle, principalement constituée d'étrangers était particulièrement échauffée. Le climat rude de Saillans poussait ses hommes de l'Est et de l'Ouest à se réchauffer avec la bière, l'hydromel et le whisky. L'atmosphère de l'auberge ramena immédiatement Eliam des mois en arrière, dans une ancienne vie. L'aubergiste s'approcha d'eux, méfiant.

- Messieurs ?

- Bonjour, vous reste-t-il une chambre ? dit Eliam en présentant le sceau qu'il portait au majeur.

- Evidemment mon Prince, répondit l'homme surpris en se demandant s'il faisait face au Prince aîné ou à son cadet.

Eliam était venu de nombreuses fois dans cette auberge, mais d'habitude il ne se faisait pas connaître. Aujourd'hui, il n'avait pas de temps à perdre et besoin d'une chambre pour se reposer. Au vu des temps troublés que traversaient le pays, il obtiendrait plus rapidement ce qu'il demandait en se présentant.

- Bien, je vous remercie, veuillez servir un repas à mon compagnon de route. Puis s'adressant à Théo, qui semblait ne plus tenir debout. Manges et va te coucher, nous repartirons à Estran dès demain matin.

Eliam ne tenait pas à laisser Garance seule trop longtemps dans la capitale. Malgré l'accueil de sa mère, elle restait en territoire ennemi, cernée par un peuple pour qui elle était tout ce qu'il détestait.

- Oui mon Prince, mais ne devrais-je pas rester à vos côtés ? demanda le jeune homme qui avait du mal à garder les yeux ouverts.

- Non, ce n'est pas nécessaire, prends du repos.

- Mais...

- Théo, je sais que la Reine t'a dit de ne pas me quitter d'une semelle, mais vu ton état de fatigue je ne pense pas que tu ne me sois d'un grand secours.

- Pardonnez-moi mon Prince, murmura le garçon penaud.

- Tu n'as pas à t'excuser, tu as vaillamment chevauché et il n'était pas aisé de suivre le rythme, ne t'inquiètes pas, je ne risque rien ici, répondit Eliam dans un sourire en guidant le garçon par les épaules à une table vide.

- A demain Théo.

- A demain, mon Prince.

Après quelques minutes d'observation, Eliam repéra Andreas Khan, assis dans un coin tranquille, attablé avec une rousse dont il butinait l'opulente poitrine à la peau laiteuse.

Eliam traversa la salle à sa rencontre. Ce fut l'ombre qu'il projeta qui attira l'attention du pirate.

- Eliam de Saillans, s'écria-t-il en s'écartant de la jeune femme.

- Andreas, comment vas-tu ? demanda le Prince en répondant à l'accolade de l'homme des steppes.

- Bien mon ami ! Cela fait trop longtemps. Les mers sont bien calmes sans toi.

Eliam répondit par un sourire.

- Je t'ai fait attendre.

- Tu es pardonné, j'étais bien accompagné, dit-il en lançant un coup d'oeil à la jeune femme rousse, celle-ci minauda un "mon prince" en détaillant ouvertement Eliam.

- Maintenant laisse-nous, dit Andreas à la fille.

- Assied-toi mon ami, dit-il désignant la table à Eliam.

Le jeune Prince s'assit, tandis que le pirate commandait à boire. Andréas Khan était grand pour un homme des steppes, sa vie de marin lui conférerait une large stature et une musculature impressionnante, mais aux côtés d'Eliam, il paraissait moins impressionnant. Ce qui retenait l'attention des gens sur lui, c'était ses yeux charbon, où brillait une éternelle lueur de malice. Son teint basané, ses cheveux noirs, courts et bouclés, ses traits taillés à la serpe, et ses tuniques de l'Est, colorées et disparates complétaient l'exotisme du personnage. Fils d'un sombre chef de tribus, il avait quitté les steppes pour la piraterie dès son plus jeune âge, grimpant les échelons à la force du poignet jusqu'à devenir capitaine. Depuis, on disait de lui qu'il avait amassé une véritable fortune. Eliam voulait bien le croire, les navires Elenith étaient une manne formidable et ils étaient la proie favorite de Khan. Cependant, le pirate aimait le risque et il n'hésitait pas à s'attaquer aux forteresses flottantes de l'Empire, pour la gloire peut-être, mais Eliam ne l'en appréciait que plus. Les deux hommes s'étaient rencontrés cinq ans auparavant, lors d'une bataille, où ils se disputèrent un navire Elenith. Entre l'audace du pirate et le charisme du jeune Prince, les deux hommes avaient décidé qu'ils leur seraient plus favorables de devenir alliés qu'ennemis. Eliam avait fait en sorte que l'ensemble de la flotte de Saillans observe une trêve envers le pirate. Lorsqu'ils se disputaient un navire, les biens étaient équitablement partagés entre les deux équipages. De son côté, Andreas Khan partageait un maximum d'informations avec Eliam. Et le Prince devait bien reconnaître que l'homme était une mine de renseignements. Cependant, aujourd'hui Khan avait d'autres ambitions. Agé de trente ans, sa fortune et son audace lui valaient le respect des peuples des steppes, qu'il essayait désormais d'unifier. L'homme vint s'asseoir face à Eliam.

- Tu as changé Eliam de Saillans, dit-il d'un air énigmatique.

- Je vieillis mon ami, éluda le jeune homme.

- Non ce n'est pas cela, répondit le pirate en scrutant le regard du Prince. Enfin...tu voulais me voir.

- Oui, j'ai besoin de tes compétences.

- Tu sais que mes compétences valent de l'or.

- Je sais.

- Que puis-je faire pour toi ?

- J'ai entendu dire que les récoltes ont été bonnes dans les steppes, ces dernières années.

- C'est vrai, les grains vendus par Saillans se plaisent sur nos territoires et cela fait quelques temps que la sécheresse nous a épargnés.

- C'est une bonne chose, le peuple doit te vénérer.

- Ça arrange mes affaires.

- Bien. J'ai besoin d'un petit retour sur investissement. Il me faudrait quelques navires de blés. Ils seront bien payés.

- Je n'en doute pas, mais ce n'est pas moi qui décide.

- Tu as suffisamment d'influence dans les steppes pour les convaincre de nous vendre du blé. Non ?

- Quel prix veux-tu mettre ?

- Ton prix sera le mien....dans les limites du raisonnable. Mais il me les faut rapidement.

- Bien. Je vais voir ce que je peux faire.

- Pourras-tu affréter les navires jusqu'à Londemare ?

- Cela te coûtera le transport.

- Bien entendu, tu auras ton or et la reconnaissance du Royaume de Saillans pour ta participation à l'effort de guerre.

- Alors je suis un homme comblé, répondit Andreas Khan dans un sourire ironique.

- Affaire conclue ? demanda Eliam en lui tendant la main.

- Affaire conclue. Tu peux compter sur moi Eliam de Saillans, dit le Pirate en serrant la main du Prince, maintenant buvons.

Eliam ne laissa rien voir du soulagement qui l'étreignait mais celui-ci était grand. Grâce à ce ravitaillement et aux rationnements du pays, ils devraient pouvoir tenir jusqu'à la prochaine récolte. A condition que cette fichue guerre ne s'éternise pas. Décidément, cette offensive allait coûter très cher à Saillans.

- Alors, mon ami, que t'est-il arrivé ces derniers mois ? demanda Khan avec son sourire taquin, mais ses yeux ne souriaient pas, ils scrutaient intensément Eliam.

- Un tas d'ennuis....Cette guerre n'en finit pas.

- Est-il vrai qu'Amarylis résiste toujours ?

- Tu le sais encore mieux que moi, répondit Eliam dans un sourire, car il savait que le Pirate était peut-être plus au fait que lui.

Khan s'abstint de répondre, ce qui voulait en dire long.

- L'empire nous a privés de notre force maritime au moment de l'attaque. Nous avons perdu cinquante pour cent de notre force de frappe. L'effet de surprise était notre meilleure chance, en la perdant nous avons perdu nos chances de vaincre. Elenith connaît ses faiblesses, ils savent que nous les terrasserons au combat, ils se sont donc retranchés derrière des murailles imprenables.

- Pourquoi vous obstinez-vous alors, il y aura d'autres opportunités ?

- Mon père veut faire tomber Elenith avant la fin de son règne.

Khan s'abstint à nouveau de répondre, mais Eliam savait ce qu'il pensait puisqu'il était du même avis.

- Allez buvons mon ami, répondit Andreas alors que le silence s'éternisait, il tendit son gobelet et le cogna à celui d'Eliam avant d'ingurgiter une longue rasade d'hydromel.

Eliam suivit le mouvement.

- Tu sais que tu as presque l'allure d'un Prince, dit Andreas en souriant, même s'il trouvait qu'en effet le jeune homme ressemblait moins au soudard qui écumait les mers quelques mois auparavant.

- Ne m'insulte pas Pirate ! répondit Eliam dans un sourire, tout en avalant une nouvelle gorgée de cette boisson qui commençait enfin à le réchauffer.

Il vit Andreas faire un signe à la rousse de tout à l'heure. Celle-ci s'approcha rapidement.

- N'as-tu pas une amie pour réchauffer le Prince, lui demanda l'homme des steppes.

- Si, bien évidemment, répondit la jeune femme, en lançant un regard appuyé à Eliam.

- Ce ne sera pas nécessaire, s'empressa de dire le jeune homme.

- Enfin Eliam, es-tu devenu fou ? Ce n'est pas sur le front que tu as du croiser des donzelles comme celle-ci.

- Je t'assure, ce n'est pas nécessaire.

Andreas Khan lui lança un regard lourd de sous-entendu, puis congédia de nouveau la rousse.

- Je le savais ! s'écria le pirate après un long moment de silence.

- Quoi donc ? demanda Eliam avec nonchalance.

- Il y a une femme ! Eliam de Saillans s'est fait mettre le grappin dessus, je n'aurais pas cru ça de toi l'ami, ça explique cet air étrange.

- Tu as une imagination débordante Andreas, répondit le jeune homme sans se départir de sa nonchalance.

- Je sais ce que je dis. Où l'as-tu trouvée ? Est-elle blonde, brune, rousse..?

Eliam laissa Andreas déblatérer, sachant que c'était le meilleur moyen pour qu'il cesse son interrogatoire. Et pourtant s'il savait ! Songea Eliam en sirotant son verre.

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