Les Royaumes d'Eredjan 1 - La...

By marinecrivain

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Saillans et Elenith, Nord et Sud de l'Île d'Eredjan, deux royaumes qui s'affontrent depuis cinq siècles, deux... More

Avant tout
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9
Partie 10
Partie 11
Partie 12
Partie 13
Partie 14
Partie 15
Partie 16
Partie 17
Partie 19
Partie 20
Partie 21
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Partie 28
Partie 29
Partie 30
Partie 31
Partie 32
Partie 33
Partie 34
Partie 35
Partie 36

Partie 18

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By marinecrivain

Un brusque coup réveilla Garance. Elle ouvrit difficilement ses paupières alourdies par le sommeil. Elle sourit à la sensation du corps chaud et lourd d'Eliam contre le sien. Il lui fallut encore un instant pour réaliser que l'on frappait à la porte.

- Mademoiselle ? Etes-vous éveillée ? dit la voix de leur hôtesse au travers de la porte.

Elle bondit hors du lit, réveillant en sursaut Eliam, qui sauta du lit à son tour.

- Nom de dieu, grogna-t-il.

Son regard se posa sur la nudité de Garance laissant échapper un sourire carnassier. La jeune femme tenta de se couvrir tandis que son visage rougissait délicatement. Eliam eut pitié de son embarras.

- Glisse-toi sous les draps, qu'elle ne voit pas que tu es nue, je m'occupe d'elle, dit-il en faisant claquer un baiser sur sa joue rougissante.

Il referma sa chemise, la glissa dans son pantalon, enfila ses bottes et tenta de discipliner sa chevelure hirsute. Il jeta un oeil à Garance, prostrée sous les draps, rouge de honte. Puis il entrouvrit la porte.

- Bonjour, dit-il à la vieille femme qui commençait à s'agacer passablement, veuillez m'excusez, je me suis assoupi.

- La demoiselle s'est-elle réveillée ?

- Pas tout à fait. Pourrais-je récupérer les vêtements de ma soeur?

- Oui, je vous les ramène avec son repas, répondit-elle, suspicieuse, en remarquant que le jeune homme l'empêchait manifestement d'entrer dans la chambre.

- Sa soeur !! Mon oeil, marmonna-t-elle en descendant à la cuisine.

Eliam referma prestement la porte et se retourna sur Garance qui semblait furieuse.

- Ta soeur !!! Tu n'as rien trouvé de mieux ? s'écria-t-elle.

- J'ai du improviser, répondit-il en haussant les épaules et en s'adossant à la porte, un sourire narquois aux lèvres.

- C'est la meilleure, nous nageons dans l'inceste désormais, grogna-t-elle rageuse.

- Tu as eu l'air d'apprécier mon comportement incestueux, répondit-il du tac au tac, au bord du fou rire.

- Je te hais Eliam de Saillans, siffla la jeune femme entre les dents, énervée à tel point qu'elle en échappa le drap qui couvrait sa poitrine.

Eliam bondit comme un fauve sur le lit, qui grinça sous son poids.

- En es-tu sûr ? murmura-t-il en lui arrachant un frisson de plaisir.

Alors qu'elle s'apprêtait à lui assener une remarque cinglante, son regard se figea sur son entrejambe. Elle rougit brusquement puis croisa le regard du jeune homme, dont le sourire narquois s'était empreint de tendresse.

- Eliam, es-tu en permanence....murmura-t-elle, rouge de honte.

Quand le jeune homme saisit l'objet de son trouble, il éclata d'un rire tonitruant qui vexa profondément la jeune femme, peu habituée à tant de familiarité. Elle tira sur le drap pour pouvoir se couvrir dignement. Eliam vit alors qu'il avait blessé Garance. Devant sa répartie et son caractère tempétueux, il avait depuis le début, tendance à oublier qu'elle n'était pas de ses filles des ports, communes de son franc-parler, mais une bien jeune princesse, habituée aux usages de la cour Elenith.

- Ne te fâche pas, pardonnes-moi je n'aurais pas du être si rustre, dit-il en glissant ses lèvres sur l'épaule raidie de la jeune femme. Et... non, je ne suis pas tout le temps dans cet état....c'est juste que...ta peau...si douce, tes cheveux de soie, ton caractère....impétueux, ton parfum aussi....

Sa voix était devenue si rauque que la jeune femme se retourna pour lui faire face.

- Il y a tes yeux de brume, ceux-là sont véritablement redoutables....je te l'assure... Tu me rends fou...assoiffé d'un désir insoutenable, termina-t-il en la renversant sur le lit.

Heureusement pour eux, l'hôtesse revint un court moment plus tard, interrompant brutalement leur étreinte.

Garance enfila immédiatement ses vêtements d'homme, ravie de pouvoir se couvrir et d'échapper au regard affamé et manifestement déçu de ce rhabillage d'Eliam. Ensuite, elle dévora son repas. Quand elle fut repue, elle leva les yeux vers le jeune homme, hilare. Comment pouvait-elle se comporter de la sorte ? "Une dame ne mangeait pas avec ces manières !" Se fustigea-t-elle. Mais son estomac criait famine. Après tout en Elenith, on mangeait chaque jour à sa faim, il était ainsi facile de feindre un appétit d'oiseau. Pour se réconforter, elle se dit qu'aucune des précieuses dames de la cour n'auraient survécu à la traversée des montagnes.

Eliam observait attentivement chacune des émotions et des contradictions troubler le visage de la jeune femme. Certes, il en était amusé, mais il était surtout inquiet des sentiments croissants qu'elle éveillait en lui. Chaque chose qu'il découvrait d'elle, prouvait sa résistance, sa force, son adaptabilité et le rendait un peu plus dépendant de ses yeux de cendres. Ces yeux-là avaient, le pouvoir de le réduire à néant. Ils avaient éveillé un sentiment méconnu d'Eliam : l'espoir. Un espoir chimérique, extravagant, ravageur. Il ne savait même pas en quoi il s'était mis à croire, mais il avait foi en un devenir. Lui qui avait toujours cherché à ressentir quitte à souffrir, se sentait plus vivant qu'il ne l'avait jamais été rien qu'en croisant ses yeux de brume. Lui qui n'avait jamais eu peur, était terrorisé, parce que pour la première fois de son existence il avait quelque chose à perdre.

Il se leva du fauteuil, et fit face à la petite fenêtre, scrutant le ciel qui s'éteignait sur les montagnes.

- Garance, dit-il sans même se retourner.

- Oui, répondit la jeune femme en posant un regard inquiet sur la silhouette massive d'Eliam.

- Veux-tu rentrer en Elenith ? dit-il dans un souffle, comme s'il se forçait à articuler ces mots.

- Comment cela ?

- Veux-tu retourner à Amarylis....Dans ton palais, avec ton peuple ?

La jeune femme eut un léger mouvement de recul.

- Pourquoi me demandes-tu cela ?

- Je ne te garderais pas prisonnière, j'en suis incapable....un seul mot de toi et...je te ramène chez toi, ânonna-t-il, tant les syllabes avaient du mal à franchir ses lèvres.

- C'est ce que tu désires ? demanda la jeune femme en fermant les poings jusqu'à ce que la jointure de ses doigts blanchissent.

- Ce n'est pas mon désir qui importe mais le tien.

- Eliam, retourne toi et réponds moi, est-ce ce que tu veux ? Dit-elle, raidie par la douleur qu'il éveillait en elle par de simples mots.

Le jeune homme la rejoint sur le lit et pris son visage entre ses mains.

- Non... Je te veux à mes côtés, mais je refuse d'être ton geôlier, si tu veux rentrer à Amarylis je te ramènerais saine et sauve auprès des tiens.

Garance d'Elenith baissa les yeux de honte, car la fière princesse qu'elle était savait que l'aveu qui suivrait coûterait à son orgueil.

- Eliam... Si tu ne m'avais pas enlevée... Sur cette plage, cette nuit-là....Je serais aujourd'hui... soit mariée de force à Cyrius, soit morte, je n'étais qu'un obstacle à ce tyran dans son accession au pouvoir, j'avais refusé toutes ses demandes et je savais qu'il cherchait à se débarrasser de moi... Dans un sens, tu lui a simplifié la tâche, mais tu m'as aussi sauvé la vie. Rien ne m'attend en Elenith, mon père est mourant, je suis trop faible pour aider mon peuple, et une nuée d'ennemis veulent ma mort.

Eliam avait les yeux figés sur le visage crispé de la jeune femme, avouer son impuissance devait tellement lui coûter. Mais sa voix était posée, digne.

- J'ignore ce que le destin nous réserve, mais saches que je te protégerais...et ce chacun des jours que tu voudras lier aux miens.

Chaque mot d'Eliam toucha Garance d'une douce caresse, mais elle songea avec amertume que sa promesse se jalonnerait d'obstacles dont ils n'avaient même pas idée. Mais à cet instant, il lui donnait tout ce qu'elle désirait. Elle releva les yeux vers les siens et se glissa au creux de ses bras. Puis ils laissèrent la nuit éteindre leur chambre et s'endormirent à nouveau ensemble.

La nuit s'étoilait lentement dans l'aube hivernale, quand quelques coups résonnèrent contre la porte de leur chambre. Eliam s'éveilla en sursaut, et sauta du lit. Il jeta un coup d'oeil au corps magnifique qui reposait entièrement dénudé au creux du lit. Il enfila rapidement son pantalon, recouvrit la peau délicate de la jeune femme endormie du drap de coton blanc, non sans avoir déposé un baiser sur sa nuque gracieuse. Il laissa sa paume s'attarder sur son échine, combien de temps parviendrait-il à museler son désir et à ne pas se comporter comme un animal ?

Les coups retentirent à nouveau...rageurs.

Il entrouvrit la porte et offrit son plus beau sourire à leur hôtesse, furieuse, les mains solidement campées sur ses hanches. Elle ne devait plus se faire aucune illusion quand à la nature de leur fraternité.

- Monsieur, ce n'est pas un hôtel ici, mais un refuge. La jeune femme semble suffisamment remise pour qu'elle quitte la chambre de ma fille et que vous réintégriez le dortoir commun.

- Bonjour Madame, répondit poliment Eliam, avec son air narquois, votre requête est évidente, mais nullement nécessaire, nous quitterons votre accueillante demeure, après le petit déjeuner. Voudriez-vous bien nous préparer quelques vivres pour trois jours de voyage ? Je paierai ce qu'il faudra.

La vieille dame fit aussitôt volte-face sans prendre la peine de répondre, ravie de se débarrasser de ce couple...scandaleux. Eliam referma délicatement la porte et entreprit de réveiller Garance. Ils quittèrent le refuge une heure plus tard, à pied, par un soleil magnifique. L'étalon d'Eliam chargé de leurs fourrures, d'eau et de vivres. Le jeune homme avait laissé une bourse bien garnie à leurs hôtes médusés. Malgré les regards assassins de la vieille dame, ils n'auraient pas survécu sans leur aide. Cependant Eliam fut ravi de partir, épargnant à Garance l'attitude réprobatrice de leur hôtesse et les regards intrigués de son mari sur les vêtements d'homme qu'elle portait.

La première journée, Eliam et Garance marchèrent en silence, laissant défiler devant eux les paysages de basse montagne. Que pouvaient-ils bien dire alors que leurs regards, leurs gestes parlaient d'eux même ? Comment reprendre le cours de cette traversée alors que tout avait changé. Il leur était d'autant plus difficile de mettre des mots sur des sentiments qui les submergeaient et allaient à l'encontre totale de ce qu'ils auraient dû penser. Au-delà de leur passé, c'était leur futur qui les terrorisait. Qu'allaient-ils devenir à Estran ? Garance était aux yeux de Saillans, un otage, une ennemie honnie, et Eliam ni plus ni moins que leur Prince. Les pensées s'emballaient dans l'esprit du jeune homme à un rythme infernal. Comment parviendrait-il à la protéger, alors qu'il ne savait même pas de quoi demain sera fait. Il en venait à se dire qu'il aurait été plus simple de ne pas céder à la tentation. Pourtant, il lui suffisait de poser les yeux sur la silhouette de Garance, qu'elle se retourne et lui sourit de ses yeux de brume, et il savait qu'il ne pouvait lutter, qu'il n'avait rien à regretter, seulement assumer.

La jeune femme suivait le sentier, quelques pas devant lui et la monture. Il accéléra jusqu'à ce qu'elle soit à portée de bras, puis il glissa une paume rugueuse sous la fourrure jusqu'à rencontrer la nuque douce de Garance. Elle s'arrêta brusquement et il faillit la bousculer. Elle fit volte-face et de nouveau Eliam se perdit dans les cendres de ses yeux. Il ne résista pas longtemps au plaisir de goûter ses lèvres. Aussitôt Garance lui rendit son baiser. Malgré les fourrures dans lesquelles ils étaient emmitouflés, ils pouvaient sentir leurs corps vibrer à l'unisson, se charger d'énergie. Ce fut à nouveau Eliam qui les sépara, en sentant qu'elle l'emmenait vers un chemin dont elle ne mesurait pas les conséquences. Garance rouvrit les yeux sur un regard plus que troublé. Elle retint son mécontentement quand elle vit les prunelles noires de désir d'Eliam, elle savait qu'il avait atteint ses limites. Elle posa sa tête sur son torse immense et se blottit dans ses bras. Elle voulait que le voyage ne se termine pas, qu'ils n'atteignent jamais Estran, qu'ils ne se confrontent pas à ce qui les attendait.

- N'aie pas peur, je serais prêt de toi, personne ne te fera de mal, murmura-t-il à son oreille.

Ils se remirent en marche, car même s'ils n'avaient pas réellement envie de parvenir à destination leur réserve de vivres n'était pas inépuisable.

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