< Amy POV >
J'ai ouvert, c'était lui :
« Salut... Euh... Je peux te parler une minute ?
- Oui bien sûr, entre.
Je l'ai laissé entrer et il s'est assis, j'ai fermé la porte et j'ai fait de même.
- Je voulais m'excuser. M'excuser de t'avoir plaqué comme ça et de t'avoir donné aucune nouvelle pendant 4 ans.
- Surtout que tu n'es même pas venu me voir quand tu étais à New York...
- Hein ?
- Tu as dit que tu étais à New York quand j'ai rencontré Syna, ça faisait longtemps que tu étais là ?
- Trois mois...
- Trois mois ?! Et tu n'as même pas essayé de me recontacter ? Je crois qu'il va falloir plus que des excuses là.
- Jean Claude était là lui aussi !
- Est-ce que c'est Jean Claude qui m'a plaqué parce qu'il ne voulait pas d'une relation à distance et qui n'a pas repris contact avec moi quand on était dans la même ville ?
- Non ! Bien sûr que non, c'est pas ce que je voulais dire.
- Et qu'est-ce que tu voulais dire ?
- Je sais pas...
- Wow super la discussion! Si c'est pour me dire ça que t'es venu, la prochaine fois, laisse moi dormir.
Je lui ai fait signe de sortir, il s'est levé à contre-coeur et s'est arrêté devant la porte.
- J'ai beaucoup hésité tu sais... À te revoir...
- Et ? Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse que tu ai hésité ? Ça ne change rien au fait que tu ne l'as pas fait.
- Mais j'ai fini par me dire que c'était mieux pour tout le monde.
Il a ouvert la porte et s'apprêtait à partir. J'ai explosé et je me suis levé.
- Pour tout le monde ? POUR TOUT LE MONDE ?!
Je lui ai claqué la porte avant qu'il puisse sortir.
Non mais tu entends ce que tu dis ?! 'C'était mieux pour tout le monde' est-ce que tu crois que je n'ai pas souffert de la situation ?!
- Ça n'a jamais été dans le but de te faire du mal !
- Encore heureux !
- Non c'est pas ce que je veux dire ! Argh. Ce que je veux dire c'est que je savais que la DPI pouvait être dangereuse et je voulais pas que t'y soit mêlée ! Je savais que si je sortais avec toi, tu découvrirais forcement l'existence de cette agence parce que tu es loin d'être stupide. Mais personne n'a le droit d'être au courant donc je ne voulais pas prendre le risque.
On s'est rassis, et il a continué.
- Ne crois pas que je n'ai pas tout comme toi souffert de la situation, mais c'était pour te protéger.
- Me protéger ? C'est vrai que je me sens tellement en sécurité en ce moment.
- Depuis quand es-tu aussi cynique ?
- Je sais pas, mais en 4 ans les gens changent.
- C'est vrai, désolé... »
Il y a eu un grand silence. J'étais peut être un peu dure mais tout ce que j'avais gardé pour moi était sorti d'un coup. Ça faisait tellement longtemps que l'on ne s'était pas parlés, je ne savais pas quoi faire ou quoi dire. Il a repris :
« J'aime bien ton nouveau look au fait. C'est cool. Le rose te va bien.
J'ai attrapé une de mes couettes.
- Oh ça ? Merci, ça date d'aujourd'hui en fait haha. Je ne sais pas si ça va durer mais pour le moment je me sens bien.
- C'est le plus important.
J'ai eu un rire léger.
- Si on passe outre le fait que j'ai failli mourir aujourd'hui bien sûr.
- Ça n'arrivera plus.
- Comment tu peux en être sûr ?
Il m'a souri.
- Je m'assurerais personnellement que rien de mal n'arrivera à ces deux couettes.
On a éclaté de rire.
- Arrête de te moquer !
- Je me moque pas je trouve ça mignon c'est tout.
Mes joues se sont empourprées et j'ai souri.
- Mignon ou cool faudrait savoir.
Il m'a fait un clin d'oeil.
- Disons mignool alors.
- Ah non c'est soit l'un, soit l'autre.
- Bon dans ce cas aide moi, si tu préfères que je te trouve mignonne, mets des rubans à tes couettes, et si tu préfères que je te trouve cool fais toi un tatouage sur le bras. Mais moi je t'aime bien quand tu es mignool.
J'ai levé les yeux au ciel.
- Un tatouage mais oui, je me suis teint les cheveux pour la première fois aujourd'hui on va pas en faire trop non plus.
- Au moins ça fait un package édition spéciale.
- T'es bête.
- Et moi ?
- Quoi toi ?
- Je me doute bien que je suis pas mignool, alors je suis quoi ? Mignexy ?
- Mignexy ? On dirait un nom de pokémon. C'est quoi ?
Il a eu un sourire en coin.
- Mignon et sexy.
Je lui ai mis le coussin sur la tête pour qu'il ne voit pas que j'étais devenue rouge tomate. Il a éclaté de rire et a doucement enlevé le coussin. On était très proche l'un de l'autre, peut être un peu trop. Il souriait.
Tu n'as pas répondu à la question.
Il a passé sa main sur ma joue jusqu'à ma nuque et on s'est embrassé. C'était différent d'avant, plus langoureux, plus passionnel, plus osé. On s'est arrêté pour reprendre notre souffle.
- Ça te va comme réponse ?
- Largement, oui.
- Et qu'est-il arrivé au 'être avec moi c'est trop dangereux j'essaye de te protéger' ?
Il a ri. Mon dieu qu'est-ce que son rire m'avait manqué.
- Disons que j'ai réalisé que tu n'avais pas besoin de moi pour te mettre en danger donc...
- Donc tu t'es dis 'Pourquoi ne pas retenter le coup?'.
- En quelque sorte, t'es partante ?
Je l'ai regardé dans les yeux et j'ai souri.
- À ton avis ? »
***
< Syna POV >
Alors que je dormais paisiblement, enfin capable d'avoir un peu de repos, j'ai été réveillé par une alarme si bruyante que j'en suis tombée de mon lit. On était attaqués. Je me suis redressée d'un coup et j'ai eu le tournis. Ma vision partielle m'a rappelé les événements d'hier soir. Ils nous avaient déjà trouvés. Je suis sortie en trombe de la chambre pour réveiller les autres et ai trébuché. Je me suis relevée pour me trouver en face de Jean Claude, un café à la main :
« Eh bien, moi qui pensais que tu étais du genre à avoir un sommeil de plomb et à dormir jusqu'à midi.
- Ils nous ont trouvés ! On doit partir ! Maintenant ! Je vais chercher Amy et Cameron.
Je l'ai poussé pour aller les réveiller mais il m'a stoppé avec le bras.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Nous ne sommes pas attaqués parbleu !
- Mais, et l'alarme ? Elle ne sonne pas en cas d'intrusion ?
- Bien sûr que si, mais celle que tu as entendu n'était là que pour te réveiller. Je reconnais que j'ai peut être réglé le volume un peu fort, mais je pensais qu'avec tout le métal que tu écoutes tu étais devenue sourde.
- Qu'est-ce que vous connaissez de mes goûts musicaux ?
- Ne commence pas, allez suis moi on va s'occuper de ton oeil la punk.
Il m'a tourné le dos et s'est dirigé vers la salle de bain. Il marchait drôlement vite pour son âge, je l'ai suivi en trottinant.
- Je ne suis pas punk.
- C'est ça, c'est ça. Et moi je ne suis pas un personnage secondaire de fanfiction.
Il a ouvert les placards miroirs et en a sorti du matériel de médecine. J'ai poussé les vieux rideaux de plastique et je me suis assise contre la baignoire.
- Vous êtes au courant ?
- Ma chère, quand on est au courant pour le multivers, la moindre des choses est de savoir dans lequel on se trouve.
Il s'est assis sur un tabouret en face de moi et a enlevé le patch que j'avais sur l'oeil pour désinfecter la plaie.
- Et donc puisqu'il faisait partie de la DPI, Cameron est aussi au courant je suppose, vous avez l'intention de le dire à Amy ? Elle est persuadée d'être dans le monde réel vous savez...
Il s'est arrêté et m'a considéré avec étonnement les yeux grand ouverts comme si je venais de dire la pire des âneries.
- Grand dieu non ! Aucun des deux ne doit savoir.
- Puisque vous le savez, je pensais que tout les membres de la DPI le savaient aussi. Ce n'est pas le cas ? Pourquoi ne voulez-vous pas qu'on leur dise ?
Il a repris son ouvrage.
- Cette information est réservé aux personnes à l'esprit aiguisé et capable d'une grande compréhension.
J'ai levé les yeux au ciel.
Arrête de bouger quand je te soigne !
- Et vous arrêtez d'agir comme si vous nous étiez supérieurs juste parce que vous êtes plus vieux. L'âge n'apporte pas toujours la sagesse.
- Je leur suis supérieur puisque je sais des choses qu'ils ignorent. Le savoir c'est le pouvoir. C'est la raison pour laquelle la DPI ne partage cette information qu'avec les membres les plus fiables et les plus anciens.
- Et si vous me donniez la vraie raison de votre silence, et je parle de votre silence à vous, pas celui de la DPI. Pourquoi, vous, Jean Claude, personne âgé la plus étrange de cette planète, avez-vous décidé de taire la vérité à Cameron et Amy ?
Il a soupiré.
- Accepter que l'on est des personnages inventés, c'est accepter que le libre-arbitre nous est inexistant. Tout ce que l'on dit, fait, pense, est régi par l'auteur, nous n'avons aucun pouvoir sur notre destin. Je ne veux pas priver les deux jeunes de cette utopie. Il ne leur ai arrivé que des problèmes, je veux qu'ils puissent garder l'espoir de pouvoir changer les choses, même si en réalité, cela ne dépends pas d'eux, cela n'a jamais dépendu d'eux. Prends par exemple notre conversation actuelle, tout a été planifié dans les moindres détails. Et il y a très probablement eu plusieurs versions, elle a dû être écrite plusieurs fois pour que ça ai l'air fluide et naturel mais peu importe de quelle version on parle, nous n'en avons jamais eu le contrôle. Jamais.
- Je vois...
- Je n'en suis pas si sûr vu l'état dans lequel est ton oeil.
- Au moins vous avez le sens de l'humour.
- Ça vient avec l'âge, tu parviendras à être drôle plus tard ne t'en fais pas.
Il a soupiré.
Je suis désolé que nous ne soyons pas arrivés à temps.
- Ce n'est pas grave, comme vous l'avez dit, cela ne dépendait pas de vous.
- Je sais que dire que les choses arrivent pour une raison bien précise peut sembler enfantin et idéaliste, et ce n'est certainement pas mon genre, je suis quelqu'un de pragmatique. Mais dans notre cas je pense qu'il s'agit d'une vérité. La perte de ton oeil peut te sembler tragique et injuste pour le moment, mais je pense que tu as une leçon à retenir, et qu'elle est indispensable si tu veux avoir ton heureux pour toujours.
- Je ne crois plus au heureux pour toujours, il y a forcément quelqu'un pour gâcher la fête. J'ai été ce quelqu'un pour beaucoup de gens, et ça m'est retombé dessus quand j'ai essayé d'avoir le mien.
- Dans ce cas tu sais ce qu'il te reste à faire...
- J'avoue que je suis dans le flou, qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Arrange toi pour ne plus être celle qui gâche la fête et personne ne viendra gâcher la tienne.
Il m'a tendu un cache-oeil.
Tiens, mets ça. Va te préparer et manger quelque chose, ensuite on ira s'entrainer, tu en as grand besoin vu le fiasco de la dernière fois. »