La théorie du Vide

By imaginairemenx

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Le lycée St George est un établissement des plus classique, les élèves y sont les mêmes que partout, formant... More

Préface
Chapitre 1 : Dakota
Chapitre 2 : Liv
Chapitre 3 : Ava
Chapitre 4 : Will
Chapitre 5 : Tim
Chapitre 6 : Théo
Chapitre 7 : Liv
Chapitre 8 : Dakota
Chapitre 9 : Ava
Chapitre 10 : Will
Chapitre 11 : Tim
Chapitre 12 : Théo
Chapitre 13 : Liv
Chapitre 14 : Dakota
Chapitre 15 : Will
Chapitre 16 : Ava
Chapitre 17 : Tim
Chapitre 18 : Théo
Chapitre 19 : Dakota
Chapitre 20 : Liv
Chapitre 21 : Tim
Chapitre 22 : Will
Chapitre 23 : Ava
Chapitre 24 : Théo
Chapitre 25 : Tim
Chapitre 27 : Liv
une petite annonce de fin

Chapitre 26 : Dakota

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By imaginairemenx



            Dakota passait un réveillon de noël médiocre, pour ne pas dire déprimant. Elle le fêtait chez elle, seule avec sa mère. Habituellement, elles se rendaient chez sa grand-mère à Paris, et elles passaient noël en famille. Seulement, le dernier séjour de sa grand-mère chez elles ne s'était pas exactement très bien terminé, et elle les avait quittées en claquant la porte. Depuis, elle n'avait pas donné de nouvelles, et ne les avait certainement pas invitées pour les fêtes.

Dakota et sa mère se retrouvaient donc toutes les deux, ni l'une ni l'autres vraiment dans l'ambiance de noël – elles n'avaient même pas de sapin, ni aucunes autres décorations. Sa mère avait bien essayé de faire une dinde, mais le plat avait fini par brûler purement et simplement, ne laissant que les restes carbonisés de ce qui avait autrefois été une volaille. Elle avait donc commandé des pizzas, qui ne se décidaient pas à arriver, car les livreurs étaient étrangement débordés ce soir. Leur dinde n'était sûrement pas la seule à avoir finie à la poubelle.

En attendant, elles étaient devant la télé, à végéter devant Harry Potter et la Chambre des Secrets, tout en grignotant des chips aux crevettes. Dakota discutait avec Will par messages interposés, mais il dû vite l'abandonner : il fêtait noël chez ses grands-parents, qui semblaient avoir une politique anti-écran des plus strictes.

Sa mère s'éclipsa alors dans la cuisine, avant de revenir avec de verres dépareillés et une bouteille.

-       J'avais oublié : j'ai acheté du champagne ! Enfin, du mousseux, mais on ne va pas chipoter.

Dakota se mit à sourire. D'abord parce qu'à l'écran, Neville Londubat se faisait accrocher à un lustre par des lutins de Cornouailles, mais surtout pour la boisson. Sa mère les servit aussitôt, et elles trinquèrent avec entrain.

-       Joyeux noël Dakota !

-       Joyeux noël maman.

La sonnette de la porte d'entrée retentit alors, et la jeune fille se leva.

-       Ça doit être les pizzas, j'y vais.

Elle traversa à la hâte le salon, encombré par les esquisses du nouveau projet de sa mère, avant d'arriver dans l'entrée et d'ouvrir la porte en grand. C'était effectivement les pizzas. En revanche, jamais elle ne se serait attendue à tomber sur un visage connu, derrière le casque de moto domino's. C'était un garçon qui était dans sa classe en cinquième. Un garçon qui l'avait allègrement harcelée, avec l'aide de sa petite bande. Elle se figea, sans savoir comment réagir.

-        Oh, s'étonna le livreur, de toute évidence aussi surpris qu'elle. On était ensemble au collège non ? Dakota, c'est bien ça ?

La jeune fille eut l'impression que son cœur se détachait de sa poitrine et tombait en chute libre. Ainsi donc, il ne se souvenait qu'à peine d'elle. Alors qu'elle, il lui arrivait, encore aujourd'hui, de faire des cauchemars de lui et ses amis. De toute sa vie, elle n'avait jamais été très populaire à l'école, mais c'était au collège que le phénomène avait dégénéré, devenant vite incontrôlable, et ruinant sa vie par la même occasion. Et son tortionnaire ne gardait qu'un vague souvenir d'elle ?

-       Ouais, Dakota. Et toi, Malo le harceleur, c'est ça ? C'est bien toi qui avait jeté toutes mes affaires aux toilettes, avant de me plonger la tête dedans ? Entre autres horreurs, évidemment.

Les yeux de l'accusé s'écarquillèrent soudainement. Bien sûr qu'il se souvenait de ce qu'il avait commis, de tout ce qu'il lui avait fait subir. Il avait juste eu besoin d'une petite piqure de rappel.

-       Oh merde, jura-t-il.

-       Comme tu dis, merde.

-       Je euh... Je suis désolé. J'étais jeune et stupide à l'époque, je regrette.

-       T'as l'air tellement sincère, ça fait peur ! Figure-toi que moi aussi j'étais jeune, et pourtant, je n'ai jamais essayé de pousser quelqu'un au suicide. Bizarre non ?

-       Écoute, euh... Je sais que ça n'excusera rien, mais je t'offre les pizzas. En geste de réconciliation ?

Dakota attrapa les deux boites qu'il lui tendait, avant de le fixer avec dégoût.

-       Va te faire foutre.

Elle lui claqua la porte au nez, alors qu'il balbutiait un pitoyable « joyeux noël ? ». Ses mains étaient tremblantes, et ses jambes vidées de toutes leurs forces, mais elle savourait néanmoins l'air profondément désemparé de l'importun. Cette rencontre avait remué des sentiments qu'elle croyait profondément enfouis en elle, mais cela l'avait aussi soulagée d'une certaine façon. Elle avait tenu tête au connard du collège. Des années après, certes, mais elle l'avait fait.

-       Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ? lui cria Jia depuis le canapé.

-       Un fantôme du passé à chasser pour de bon, murmura sa fille en se réinstallant à ses côtés.

-       Comment ça ? On va peut-être devoir arrêter Harry Potter, si tu commences à voir des fantômes, se moqua sa mère.

L'adolescente soupira, avant d'attaquer sa quatre fromages. Sa mère ne pouvait pas comprendre. Après tout, Dakota ne lui en avait jamais vraiment parlé. Elle n'avait aucune idée de ce qu'avait traversé sa fille, ni de ce qu'elle vivait encore à présent d'ailleurs. Elle avait largement assez de problèmes comme ça, Dakota ne voulait pas en plus lui infliger ses tourments triviaux d'adolescente. De toute façon, elle ne pourrait rien y faire...

Son téléphone se mit alors à sonner, et la jeune fille fronça ses sourcils en l'extirpant de sa poche. Personne ne l'appelait jamais, tout le monde envoyait des sms d'habitude... Sa perplexité augmenta quand elle lut le nom qui s'affichait à l'écran : Tim. Il devait être à la conférence de son père avec Théo, pourquoi diable l'appelait-il ?

Elle décrocha sans plus tergiverser, avant de se lever et de monter dans sa chambre, pour être tranquille.

-       Oui allo ?

-       Dakota ? C'est Tim.

Sa perplexité s'accrut encore un peu plus. La voix du garçon était étrange, on aurait presque dit qu'il pleurait.

-       Tout va bien ? Pourquoi tu m'appelles ?

-       J'ai appelé Liv mais elle ne pouvait pas me parler, renifla-t-il à l'autre bout du fil.

-       Qu'est-ce qu'il se passe ? répéta la jeune fille, désormais inquiète.

-       Je... C'est Théo, il était bourré et... Et il a...

-       Quoi ? Je ne comprends rien ! s'exclama Dakota, en collant un peu plus l'appareil à son oreille.

-       À cause de Théo, mes... mes parents ont découvert que j'étais gay, et...

-       Ils n'étaient pas au courant ? s'étonna Dakota.

-       Quoi ? Non, bien sûr que non ! T'as bien vu comment était mon père !

La jeune fille regretta sa question idiote. Évidemment, au lycée, ce n'était un secret pour personne, vu toutes les rumeurs qui couraient sur son compte. Mais dans sa famille, les choses étaient forcément différentes. Dakota se souvint de sa seule entrevue avec le père du garçon, après cette funeste soirée en début d'année. Elle en gardait le souvenir d'un homme indifférent et froid, qui lui avait semblé des plus antipathique. Avec un père pareil, elle non plus n'en aurait jamais parlé. Un père inexistant comme le sien valait mieux. Remarque, même avec sa mère – un ange à côté de cet homme – elle n'évoquait pas non plus sa propre orientation sexuelle.

-       Ils n'ont pas bien pris la nouvelle, n'est-ce pas ? reprit-elle d'une voix douce.

-       On peut dire ça comme ça, ria jaune le garçon. En temps normal, ça aurait déjà été un désastre, alors imagine ça devant une foule de riches entrepreneurs, avec Théo bourré qui vomit à leurs pieds juste après. En plus, la presse était présente, et quelqu'un m'a pris en photo.

-       Oh non Tim, je suis désolée pour toi ! Tu es où là, dans ta chambre d'hôtel ?

-       Non, Théo m'avait suivi là-bas, et il fallait absolument que je m'éloigne. J'ai pris quelques affaires, j'ai retiré le plus d'argent que je pouvais sans que cela soit suspect dans un distributeur, et j'ai juste marché le plus loin possible. Je suis dans le métro là, je vais à Montparnasse.

-       Tu rentres en train ?

-       Oui, je vais essayer de prendre le dernier TGV, il est à minuit moins le quart. Je n'aurai pas de billet par contre, j'espère que je ne me ferai pas contrôler...

-       Au pire, ils enverront l'amende chez toi non ? Vois ça comme une petite vengeance contre tes parents !

Cela eut au moins le mérite de le faire un peu rire, ce que Dakota considérait comme une petite victoire.

-       Sois prudent, ok ? s'enquit-elle ensuite.

-       Je crois qu'il ne pourra rien m'arriver de pire ce soir, tu sais...

-       Je viendrai te chercher à la gare quand tu arriveras, ok ? proposa spontanément la jeune fille. Tu pourras rester chez nous. Le temps qu'il faudra...

-       Merci Dakota. Du fond du cœur.

Tim raccrocha, et un goût amer persistât sur la langue de Dakota. Elle n'arrivait pas à croire que Tim se retrouvait à la rue. On était en 2017, presque 2018, et pourtant, des parents rejetaient encore leurs enfants à cause de leur orientation sexuelle. Cela lui donnait envie de vomir.

Elle descendit les escaliers d'un pas lourd. Décidément, l'ambiance de noël s'était belle et bien absentée cette année...

Sa mère l'interpella :

-       C'était qui ? Un petit copain ?

Sa fille eut un rire désabusé. Si seulement ce n'était que ça, les choses auraient été tellement plus simples...

-       Non. Juste un ami, Tim. Il... hésita-t-elle.

-       Il quoi ?

-       Il n'a nulle part où dormir cette nuit, expliqua-t-elle. Il est à Paris, il va prendre un train, et j'irai le chercher à la gare quand il sera là.

-       Qu'est-ce qu'il fait tout seul, le soir de noël ? s'étonna sa mère, sans remettre en cause son projet de l'héberger.

-       Il...

Dakota s'arrêta, confuse. Elle ne savait pas si elle pouvait en parler à sa mère. En même temps, elle n'avait pas vraiment le choix : il fallait bien qu'elle lui explique la situation.

-       Il ?

-       Il est gay. Ses parents l'ont découvert ce soir, et... disons qu'ils l'ont mal pris.

-       Ce genre de monstres existe encore ? s'indigna sa mère, au plus grand soulagement de sa fille. Cela me dépassera toujours... Dis-lui qu'il peut rester autant qu'il veut. On sera peut-être un peu à l'étroit, mais hors de question de le laisser tout seul dehors. Surtout en plein hiver !

-       Merci maman. Je savais que tu comprendrais, souffla Dakota.

Elles continuèrent ensuite à regarder leur film, mais ni l'une ni l'autre n'étaient très concentrées après ces évènements. Dakota pensa à Théo : Tim avait laissé entendre que c'était sa faute. Mais comment avait-il pu faire ça à son propre jumeau ?

Quelques heures plus tard, alors que sa mère s'était lamentablement endormie sur le canapé, Dakota reçu un message de Tim : « j'arrive bientôt à la gare ». Elle se leva aussitôt et se prépara. Elle songea à réveiller sa mère, mais elle se ravisa : elle n'avait pas besoin d'elle pour marcher jusqu'à la gare, ce n'était l'affaire que de quelques minutes. Autant la laisser se reposer, elle en avait besoin.

Une fois dehors, la jeune fille frissonna, et s'alluma une cigarette pour se réchauffer un peu – en vain. Elle accéléra le pas, peu désireuse de rester longtemps dans les rues sombres et glaciales de la ville. Il n'y avait personne dehors, en cette veillée de noël : les gens avaient la présence d'esprit de rester chez eux, bien au chaud, entourés de leur famille. En passant devant une immense maison, elle ne put s'empêcher de s'arrêter. À travers les fenêtres, elle pouvait distinguer une petite fille, qui déballait ses cadeaux au pied d'un énorme sapin, sous les regards attendris du reste de sa famille. L'adolescente se sentit étrangement mélancolique face à ce spectacle. Elle regrettait le temps bienheureux de l'enfance, où sa seule préoccupation était de négocier pour se coucher le plus tard possible. Elle soupira : tout était tellement plus simple à cette époque !

Quelqu'un à l'intérieur la remarqua alors, et tira aussitôt les rideaux, l'air courroucé. Dakota tira une taffe en levant les yeux au ciel, avant de se remettre en marche. La vie craignait décidément beaucoup plus quand on grandissait.

Une fois à la gare, elle s'installa sur un banc, et observa son environnement avec curiosité. De nuit, le bâtiment était complètement différent. Les vifs néons artificiels éclairaient sans pitié les coins qui se trouvaient habituellement dans l'ombre, et mettaient ainsi en lumière leur saleté repoussante. Dakota cru même apercevoir un rat se faufiler derrière une poubelle. Elle en frissonna de dégoût.

Un grand fracas retentit soudainement dans le silence pesant de la nuit, et un train s'arrêta dans un bruit strident. Dakota se leva à la hâte et courut sur le quai. Tim fut l'unique passager à descendre, et il resta un moment seul, la tête baissée, avant d'apercevoir son amie. La jeune fille aurait presque pu ne pas le reconnaitre, tant il semblait abattu et misérable, dans son smoking encore trempé. Elle se précipita vers lui.

-       Tim ! Ça va ?

Elle se mordit la langue à ces mots. Quelle question idiote, évidemment que cela n'allait pas ! L'adolescente reste un instant face à lui, sans savoir quoi faire. Sa raison lui dictait de le prendre dans ses bras, mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Finalement, elle posa simplement son bras sur ses épaules, et tenta un sourire qui exprimait sa compassion. Elle avait décidément encore beaucoup de progrès à faire, au niveau des relations humaines.

-       Ça va aller, reprit-elle doucement. Tu peux rester à la maison autant de temps qu'il le faudra.

Il murmura un remerciement, et ils se mirent en route, bras dessus bras dessous. Ensemble dans l'adversité.

Quand ils arrivèrent chez Dakota, un silence presque surnaturel régnait. Sa mère dormait toujours, et la télévision, au son désormais coupé, émettait une faible lueur bleutée, seule source de lumière dans l'obscurité ambiante. La jeune se sentit soudainement honteuse. Elle vivait dans une petite maison, vieille et encombrée, sa mère ronflait doucement sur le canapé, des cartons de pizzas vides trainaient sur la table... Rien de très glorieux, comparé à l'immense et luxueuse demeure des Auzenne.

-       Ce n'est pas très grand, murmura-t-elle à l'adresse de Tim. On n'a pas de chambres d'amis, mais j'imagine qu'on pourra mettre un matelas gonflable dans ma chambre. Désolée pour le désordre aussi...

-       C'est parfait, je n'aurai pas pu rêver mieux, souffla le garçon afin de balayer ses appréhensions.

Jia se réveilla alors, un peu confuse de tomber sur un adolescent inconnu dans son salon, au beau milieu de la nuit. Dès qu'elle se souvint de la situation, elle le prit spontanément dans ses bras, et s'indigna quand elle réalisa qu'il était trempé.

-       Mais tu vas attraper la mort, à rester comme ça, dans des habits mouillés !

-       J'ai juste un peu froid, mais ça va, je vous assure.

-       Inutile de me vouvoyer, appelle-moi Jia voyons ! Dakota, va lui chercher des vêtements secs !

Elle se recula et l'examina un peu plus en détails.

-       Hm oui, vous faites à peu près la même taille, il devrait passer dans tes vêtements... Heureusement que tu n'es pas très grand !

Dakota grimpa les escaliers quatre à quatre, et attrapa un pyjama noir dans sa penderie. Ce n'était pas l'idéal, mais c'était largement mieux qu'un costume imbibé d'eau. Elle se souvint du t-shirt Star Wars qu'il lui avait prêté, lorsqu'elle avait dormi chez lui en septembre, et elle esquissa un triste sourire. Les choses avaient pris une drôle de tournure depuis.

Dès qu'elle lui apporta, Tim alla se changer dans leur minuscule salle de bains. Il y resta un certain temps, et Dakota cru l'entendre pleurer. Elle s'éloigna aussitôt : les murs avaient beau être fins, ce n'était pas une raison pour se montrer indiscrète de la sorte. Si elle s'était retrouvée dans cette situation, elle aussi aurait apprécié avoir un peu de solitude.

Elle et sa mère installèrent un lit de fortune dans sa chambre, le casant avec difficulté entre son propre lit, son armoire et son bureau. Après cette opération, il ne restait quasiment plus le moindre espace libre dans la pièce.

-       Ça ira bien pour cette nuit, soupira Jia, de toute évidence désolée de n'avoir rien de mieux à proposer à leur invité.

-       On pourra peut-être lui donner le canapé demain ? proposa sa fille. Ce n'est pas hyper confortable, mais il serait moins à l'étroit...

-       Les deux m'iront très bien, les rassura Tim, debout dans le couloir, les yeux un peu rouges, mais souriant néanmoins avec gratitude.

Tous les trois se couchèrent peu après, et à la plus grande surprise de Dakota, le garçon s'endormit presque aussitôt. Elle-même savait qu'elle aurait été incapable de dormir après de tels évènement. Sa fuite avait dû l'épuiser.

Dakota, elle, fut incapable de fermer l'œil. Elle observa son ami, profondément endormi, et elle sentit son propre cœur se briser. Personne ne méritait de subir cela. Tim encore moins.

Elle songea alors à sa propre situation : ne devrait-elle pas en parler ? Après tout, sa mère avait bien pris les choses ce soir. Il n'y avait pas de raison qu'elle réagisse mal à l'asexualité de sa fille, n'est-ce pas ? Dakota soupira. C'était peut-être elle, qui n'était pas prête à le dire... Après tout, le placard où elle se trouvait semblait mille fois plus confortable que la vie de Tim en ce moment. Elle se débattait déjà pour survivre, elle se voyait mal se rajouter une difficulté en plus...

Dakota jeta un coup d'œil à son portable, et étouffa une exclamation quand elle constata qu'il était déjà cinq heures et quart. La date du jour la frappa alors comme un fouet : il était le vingt-cinq décembre. Il lui restait à peine plus de deux mois avant son anniversaire, le vingt-huit février. Deux mois pour faire son choix : vivre ou mourir. Son cœur se serra quand elle réalisa qu'elle n'en savait strictement rien. Et cette incertitude, qui la bloquait dans cette demi-vie, la terrifiait jusqu'aux tréfonds de son âme.

//

note : dakota considère peut-être ses problèmes comme triviaux, mais ils ne le sont pas, loin de là. elle n'en a pas vraiment conscience, mais la dépression est bien plus qu'un simple coup de déprime. c'est une maladie grave, qui se soigne. ne restez pas seuls, pas comme elle, si vous êtes dans cette situation (OhMyLonelyMonster en parle mieux que moi dans son livre Lavage de Cerveau d'ailleurs)

sinon, malgré le contexte tragique, j'adore cette "collocation" entre dakota et tim haha

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