DEGRADATION Tome III

By Angels_Larry

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Après tout ce temps, voici enfin le dernier tome de l'histoire. J'espère que vous l'aimerez autant que j'ai a... More

Samantha & Harry
Chapitre un
Journal d'Harry
Chapitre deux
Chapitre trois - première partie
Journal d'Harry
Chapitre trois - deuxième partie
Chapitre quatre
Samantha & Harry
Chapitre cinq
L'erreur
Chapitre six
Chapitre sept
Chapitre neuf
Journal d'Harry
Chapitre dix
Chapitre onze
Parce qu'il est ce qu'il a de plus précieux
Chapitre douze
Chapitre treize
Chapitre quatorze
Chapitre quinze
Chapitre seize
Chapitre dix-sept
Chapitre dix-huit
Chapitre dix-neuf
Chapitre vingt
Chapitre vingt-et-un
Chapitre vingt-deux
Chapitre vingt-trois
Chapitre vingt-quatre
HARRY
Épilogue
Mot de fin

Chapitre huit

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By Angels_Larry

« ... » - Harry

Je n'ai pas dormi de la nuit, j'en étais incapable tellement j'angoissais. J'angoisse toujours. Je sais que j'ai dit au médecin qu'il y aurait une amélioration, car j'ai confiance en Harry mais... je ne sais pas. J'ai passé ma nuit à tenter de m'en convaincre, mais en réalité ce n'est pas vrai, je n'ai pas confiance en lui, il a voulu mourir. Comment je pourrais avoir confiance en lui après ça ? Il a tenté de se suicider, pas pour de faux. Pour de vrai. Il a pris un scalpel et il s'est tranché les veines. Il l'a fait, il l'a réellement fait... alors comment je peux croire ou même ne serait-ce que penser qu'il y aura une amélioration. J'ai une boule qui me broie l'estomac tellement fort qu'elle me fait mal.

Je regarde ma montre. 9h45. Je devrais être avec lui depuis quinze minutes déjà, mais je suis toujours dans ma voiture, incapable de bouger tellement j'ai peur. J'ai peur de le voir, j'ai peur de l'état dans lequel je vais le trouver, j'ai peur qu'il ne veuille pas de ma visite, j'ai peur qu'il me rejette. J'ai peur de tout mais je ne peux pas ne pas y aller, c'est la seule chance que m'a donnée le médecin, je me suis battu pour l'avoir et je ne veux pas la gâcher. Je me répète les mots du coach dans ma tête pour me donner du courage : Harry mérite qu'on se batte pour lui. Je vérifie pour la trentième fois depuis que je suis parti de chez lui que j'ai bien le petit carnet noir que j'ai acheté hier dans la poche de ma veste. Il y est.

Il est presque 10h quand je me présente à l'accueil. Pour la première fois elle ne me dit pas non, après tout ce temps c'est comme une délivrance. Elle me donne un badge visiteur.

"Il est dans la chambre 317, au troisième étage."

317. Je connais enfin le numéro de sa chambre, ce n'est qu'un détail, mais avant aujourd'hui je ne le savais pas. Je passais toutes mes journées ici sans même savoir où il se trouvait exactement. Je me dirige vers les doubles-portes vitrées, de sa place elle les ouvre en actionnant le bouton qui est sous son bureau. Je m'apprête à m'y engouffrer, quand elle me dit dans un sourire d'encouragement : "Ça va bien se passer." Je la remercie d'un hochement de tête avant de disparaître de sa vue. J'aimerais en être aussi convaincu qu'elle. Contrairement à la veille, cette fois je prends l'ascenseur et j'ai le reflex stupide de me recoiffer dans le miroir pendant qu'il monte. Je veux être beau pour lui. Arrivé au troisième étage, je cherche sa chambre quand je la trouve je souffle longuement pour me donner du courage en murmurant pour moi-même : "Ça va bien se passer, tu as confiance en lui." Parce que malgré tout ce que j'ai pu dire ou penser, au fond de moi j'ai confiance en lui, je crois en lui.

Je frappe à la porte. Aucune réponse. J'attends, mais rien ne vient, je n'entends pas même un mouvement à l'intérieur. J'ouvre doucement, je rentre avant de refermer derrière moi. Il est allongé sur le lit, le visage tourné vers la fenêtre.

"Hey..."

Il ne bouge pas, il ne me répond pas. J'ai mal au ventre. Je regarde la chambre qui m'entoure, elle est grande, blanche, aseptisée. Je ne sais pas réellement à quoi je m'attendais, mais elle ressemble à une chambre d'hôpital classique, pas à une chambre d'un hôpital psychiatrique, à la différence près qu'il y a des barreaux aux fenêtres. Mais sinon il y a tout ce qu'il y a dans une chambre normale, un lit, un fauteuil, une chaise, une armoire, une table, une table roulante, une porte qui donne sûrement accès  à une salle de bain. Il y a même une télévision accrochée au mur, je remarque qu'elle est débranchée. Je reporte mon attention sur lui, je ne vois que son profil. Je regarde tous les fils auxquels il est branché, je remonte jusqu'au moniteur et à la perfusion qui s'écoule lentement, je me demande si c'est avec ça qu'ils le nourrissent... J'ai essayé d'ignorer les bandages qui entourent ses poignets mais c'est impossible. Ils sont là et ils sont douloureux à voir, ils remontent jusqu'à ses coudes. Je contourne le lit, je m'assois sur le bord au niveau de ses cuisses et je répète une nouvelle fois :

"Hey..."

Toujours pas de réponse. Je l'observe, mon cœur se serre à m'en faire mal. Il est blanc, vraiment blanc, il a des cernes sous les yeux, ils sont creux, autant que ses joues. Il a perdu du poids, mais le pire c'est son regard, il est vide. Totalement et complètement vide. Il est absent, son corps est là mais lui est ailleurs. Je sens mes yeux se voiler, je dois me mordre les lèvres pour ne pas pleurer. C'est encore pire, quand je prends sa main et que je vois ses ongles coupés. Il ne les a jamais eu longs car il les ronge, mais là ils ont été coupés à la pince, à tel point que la peau autour est rouge. Ça doit lui faire mal... Pourquoi ils lui ont fait ça ? Pour ne pas qu'il se griffe ou qu'il griffe les personnes qui s'occupent de lui ? Je ne sais pas. C'est tellement dur de le voir comme ça, j'ai l'impression de me briser encore plus que je ne le suis déjà. Je porte sa main à mes lèvres, je l'embrasse doucement comme si ça pouvait effacer sa douleur. Il n'a aucune réaction, il ne bouge pas, il reste immobile à regarder par la fenêtre. Je ne suis même pas certain qu'il regarde réellement quelque chose, ou qu'il réalise ma présence. Je remarque son journal posé sur la table de chevet, son père a réussi à lui transmettre ou alors il lui a donné lui-même. Je n'en sais rien.

"Tu as ton journal..."

Toujours rien, le vide. Je reste silencieux à mon tour, je garde sa main dans les miennes. Je ne le quitte pas des yeux, j'en suis incapable. Depuis ce soir-là, je n'arrête pas de revoir dans ma tête son corps étendu au sol, cette image me hante. Tout le temps. "Tu es vivant." C'est sorti tout seul, ma voix s'est complètement brisée, je n'ai pas réussi à la contrôler. Je ne sais pas s'il m'entend mais j'ai besoin de lui dire.

"J'ai tellement eu peur de te perdre..."

Il ne réagit toujours pas. Je porte encore une fois sa main à mes lèvres et je me tais à nouveau. J'ignore combien de temps passe, je crois que je me perds dans mes pensées. Je réalise réellement la chance que j'ai qu'il soit encore en vie. Même s'il est complètement absent, même si c'est dur de le voir comme ça, son cœur bat toujours. La machine à laquelle il est relié affiche chacun de ses battements. Il est vivant, il est encore vivant, il est toujours là. Les bandages qui entourent ses poignets me montrent que j'aurais réellement pu le perdre. Pour de vrai. Je réalise la chance que j'ai d'être dans cette chambre à lui tenir la main et non pas dEthant une tombe dans un cimetière. J'ai tellement mal à l'intérieur que je suis incapable de parler, pourtant j'ai tellement de choses à lui dire. J'ai tellement de choses en moi qui ont besoin de sortir, mais qui restent coincées et c'est douloureux. Son regard est tellement vide... je ne sais pas si ce sont les médicaments qu'ils lui donnent qui font ça. Je donnerais tout pour rentrer dans sa tête et soigner tous ses maux.

"Harry..."

La porte s'ouvre à ce moment-là sur une infirmière. "Il va falloir y aller." J'écarquille les yeux, quoi déjà ? Je regarde ma montre, il est 11h. Ça fait déjà une heure que je suis ici, je n'ai pas vu le temps passer. J'ai l'impression qu'une seule seconde s'est écoulée et à la fois l'éternité. "Juste cinq minutes de plus s'il vous plaît." Je la regarde suppliant, elle hoche la tête et referme la porte. Je reporte mon attention sur lui, en serrant un peu plus fort sa main que je n'ai pas lâchée un seul instant.

"Je ne sais pas si tu m'entends, mais si tu m'entends..."

Je ferme les yeux, c'est difficile de parler tellement ma gorge est serrée. J'aimerais le supplier d'aller mieux, le supplier de revenir à lui, de revenir à moi, mais je n'y arrive pas. Je sens mes larmes monter, je lutte pour ne pas qu'elles coulent. Sa main dans les miennes, je n'arrête pas d'embrasser sa paume, je ne le contrôle pas, je crois qu'inconsciemment je me raccroche à ce seul contact que j'ai avec lui. "Si tu ne vas pas mieux les médecins ne me laisseront pas revenir." Je lui murmure presque comme une supplication. "J'ai besoin de toi... s'il te plaît Harry..." Mais j'ai beau attendre, prier intérieurement, il ne se passe rien. Il ne réagit pas. La porte s'ouvre à nouveau derrière mon dos, je ne me retourne pas. Je le regarde lui, en espérant une dernière réaction mais rien, il n'est pas là. Je sors le petit carnet noir de la poche de ma veste.

"Je... je t'ai envoyé un mail tous les jours, mais comme tu ne peux pas les lire je t'ai écrit ceux que tu as manqués. Tous. Il y en a treize. J'en ai pas oublié un seul c'est promis.

- Monsieur ? La visite est terminée."

Je pose le carnet sur la table de nuit, avant de me pencher pour embrasser son front et murmurer une dernière fois :

"Reviens s'il te plaît, j'ai besoin de toi..."

Je me relève et je quitte la chambre sans un regard pour l'infirmière. Je traverse le hall de l'hôpital tête baissée, sans regarder personne. Il faut que je sorte d'ici. Je monte dans ma voiture, referme la portière et je craque. Littéralement. Mes deux mains posées sur le volant, je me mets à pleurer. Je pleure sans pouvoir m'arrêter, tellement c'est dur et tellement j'ai le sentiment d'avoir échoué. J'ai eu envie de pleurer, dès la seconde où je l'ai vu. J'extériorise maintenant. Je savais que cette première visite n'allait pas être facile, mais je n'aurais jamais pu imaginer qu'elle serait si dure. Le voir comme ça, dans cet état, c'était horrible. J'avais peur qu'il me rejette, je crois que j'aurais préféré ça à cette absence. Ce vide dans ses yeux... j'ai complètement échoué.

J'ai dû rester au moins trente minutes à pleurer dans ma voiture dEthant l'hôpital avant de réussir à me calmer et me remettre en route. Je suis rentré, j'ai passé ma journée à dormir blotti contre Connard. À me sentir vide, aussi vide que les yeux d'Harry. Je sais que je ne pourrai jamais oublier cette image, elle a remplacé celle de son corps inerte au sol que j'avais tout le temps dans ma tête. Maintenant c'est ça que je vois : ce vide dans son regard. Ses yeux... j'ai toujours aimé ses yeux verts, j'ai toujours aimé me perdre dedans. Que ce soit de la tristesse, de la joie, du bonheur ou de l'amour, que ce soit des émotions positives ou négatives, ses yeux ont toujours exprimé quelque chose. Un jour, j'ai lu un truc qui disait que les yeux étaient le reflet de l'âme, je ne sais pas si c'est vrai, mais pour Harry c'est le cas. Tout passe par son regard et de l'avoir vu vide comme ça... je sens ma vue se brouiller. Mon esprit dérive sur ses bandages aux poignets. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer les coupures qu'il y a dessous, je revois tout le sang qu'il y avait ce soir-là, elles doivent être profondes. Je me pince l'arête du nez pour chasser toutes ces images de ma tête avant de me remettre à pleurer.

Je suis toujours allongé dans son lit, je n'ai pas bougé depuis que je suis rentré et je n'ai toujours pas envie de bouger, mais si je ne vais pas aux toilettes tout de suite, il va il y avoir un accident. Je remue Connard qui est allongé sur mes jambes et me relève avant de disparaître dans la salle de bain. Quand j'en ressors, je remarque que ma veste est par terre au milieu de la chambre, mon ventre se serre. Si Harry était là, elle serait rangée depuis longtemps, il ne supporte pas que quelque chose traîne. Mais il n'est pas là. Je contourne les taches sur le tapis, je les ai recouvertes d'une serviette pour ne pas les voir, mais je n'arrive pas à marcher dessus. Je les déteste. Je ramasse ma veste et le badge visiteur qu'elle m'a donné à l'accueil ce matin tombe de la poche. Je m'accroupis pour le ramasser, je suis parti tellement vite que je n'ai pas pensé une seule seconde à le rendre. Je réalise que je ne le veux pas, je ne veux pas le rendre, je veux revoir Harry. Je me fous que le médecin m'ait donné qu'une seule chance, c'est eux qui l'ont mis dans cet état en l'enfermant là-bas. C'est de leur faute, ils ont tout aggravé. C'est pas en une heure que je vais réussir à l'aider à aller mieux et qu'il y aura une amélioration, j'ai besoin de plus de temps, et ils vont m'en donner. Clairement.

9h du matin, je roule vers l'hôpital plus déterminé que jamais. Je vais revoir Harry, je vais l'aider à aller mieux, je vais... je ne sais pas, mais il faut qu'il aille mieux. Il ne peut pas rester comme ça, c'est pas possible et moi non plus je ne peux pas rester comme ça.

[...]

"Allez vous faire foutre !"

Je balance mon badge au sol avant de me casser. Je tremble de tout mon corps, je tremble de nerfs. En arrivant je suis passé discrètement dEthant l'accueil, un médecin sortait à ce moment-là des portes vitrées, je lui ai montré mon badge, il m'a laissé passer. Je pensais que c'était gagné, mais au moment où j'arrivais presque à la porte d'Harry un autre médecin m'a arrêté, son médecin, celui qui m'avait laissé le voir. J'ai bataillé avec lui mais ce connard n'a rien voulu entendre. Rien du tout. Et j'en suis là maintenant, à quitter une nouvelle fois l'hôpital rapidement sans regarder personne, mais pas parce que j'ai envie de pleurer contrairement à hier. Parce que je suis tellement en colère et j'ai tellement la haine que je serais capable de frapper quelqu'un ou détruire tout ce qui m'entoure.

Je roule jusqu'à la fac, ma colère ne passe pas, mes nerfs ne passent pas. Je claque ma portière quand je me gare et je me dirige immédiatement vers le stade. J'ai besoin de me calmer, taper dans un ballon, dans n'importe quoi, mais me défouler. Je rentre dans les vestiaires, en général il n'y a pas grand monde le matin. Je me dirige dans la réserve et récupère un ballon.

"Tiens, t'es là toi ? T'es pas mort ?"

S'il y a une personne qu'il ne fallait surtout pas que je croise maintenant, c'est bien lui. Je me retourne vers Josh le regard noir. Il est en jogging et torse nu, il sort de la douche. "Ta gueule." Il lâche un rire ironique. "Ben je sais pas, on pourrait se poser la question depuis que ton mec à joué les suicidaires." À ces mots mon sang ne fait qu'un tour, la haine monte en moi d'un seul coup et je me jette sur lui.

[...]

"Louis ! Louis, lâche-le ! Arrête !"

Je frappe encore. "LOUIS ! Arrête !" La voix d'Ethan me ramène à moi. Je sens enfin ses bras qui essaient de me retenir, il me tire brusquement en arrière. Josh est étendu sur le sol la gueule en sang, mes poings sont en sang eux aussi. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, j'ai un black-out total. Je ne me rappelle de rien sauf de ma haine, elle est encore présente et tellement vive que je me jette encore une fois sur lui. Plusieurs bras m'en empêchent et c'est là que je réalise que plusieurs gars sont présents. Le coach aussi, il se précipite vers Josh en me gueulant dessus.

"TU SORS, TOMLINSON! DEHORS !"

Je pousse un cri de rage en me libérant des bras qui me tiennent et je frappe avec violence du poing dans l'un des casiers avant de sortir.

Le trou noir. J'ai beau essayer de me souvenir de ce qu'il s'est passé avec Josh ce matin mais rien, que dalle. Rien ne me revient, je ne me souviens de rien. Je me rappelle juste de ses mots et de la haine que j'ai ressentie, je me revois me jeter sur lui puis plus rien. Je passe directement au moment où Ethan m'a arrêté -enfin je crois que c'était lui- car même ça, ça reste flou. Je n'ai aucun souvenir de ce que j'ai fait, je n'ai aucun souvenir de l'avoir frappé. C'est la première fois que ça m'arrive, je crois que ma colère était tellement forte qu'elle m'a fait dérailler.

Je revois Harry se battre contre ces mecs dans le sous-sol du centre-ville, je le revois aussi dans la boîte de nuit frapper ce gars, Zayn, ou encore la fois où il a étranglé Josh. Est-ce que c'était pareil pour moi ? Est-ce que j'ai eu une perte totale de contrôle ? À ce point-là ? Je revois le visage de Josh, il était complètement en sang, je n'y suis pas allé de main morte, mes phalanges sont gonflées et violettes. Je n'ai aucun regret, depuis le temps que je rêvais de lui casser sa gueule de con, maintenant c'est fait. Je ne suis pas un mec violent en général, je ne tape jamais le premier et il faut vraiment me provoquer pour que j'explose. Josh est allé trop loin. Depuis le sale coup qu'il a fait à Liam en couchant avec Danielle, ça lui pendait au nez, il fallait s'y attendre, seulement je pensais que ce serait Liam qui lui réglerait son compte, pas moi. Il m'a carrément fait péter les plombs et si on ne m'avait pas arrêté, je ne sais pas jusqu'où j'aurais pu aller. Putain mais comment on peut rire d'une chose aussi grave qu'une tentative de suicide ? J'aurais dû le frapper encore plus fort cet enfoiré, lui exploser sa putain de gueule, jusqu'à ce que sa cervelle lui sorte par le nez.

Ça fait deux semaines que je vis chez Harry. Je ne quitte que rarement sa chambre sauf pour nourrir Connard dans la cuisine. Deux semaines que je porte ses vêtements, les miens, tout commence à être sale et je ne veux pas embêter Manuel avec ça. Je vais aller les laver à la fac, on a une laverie dans le sous-sol spécialement pour les étudiants. Je prends un sac et je mets tout dedans. Arrivé sur le campus je passe par ma chambre pour récupérer les fringues sales que j'ai ici aussi. J'ai laissé la porte ouverte, j'entends l'agitation dans le couloir pendant que je trie sur mon lit ce qui est propre et ce qui ne l'est pas.

"Tu quittes le campus ?"

Je sursaute légèrement à la voix de Liam dans mon dos mais je ne me retourne pas. "Je vais laver mon linge." J'ignore pourquoi je lui réponds aussi froidement, il ne m'a rien fait. Je me rends compte que je suis sur les nerfs depuis hier, depuis que j'ai quitté l'hôpital. Je l'entends rentrer dans la pièce et s'arrêter derrière moi. "Josh a le nez cassé." Je ne peux pas m'empêcher de lâcher un souffle ironique en fermant mon sac.

"Tant mieux.

- Je ne dis pas le contraire."

Je mets le sac sur mon épaule et me retourne vers lui. "J'ai pas le temps alors si tu veux bien." Je lui indique la porte mais au lieu de sortir il pose ses mains sur mes épaules.

"Hey, je ne suis pas ton ennemi je te rappelle, je suis de ton côté.

- Ouais c'est ça."

Je ne sais vraiment pas pourquoi je suis autant désagréable avec lui. Je n'arrive pas à le contrôler. Je crois que je serais désagréable avec tout le monde, mais je ne vois personne donc c'est lui qui prend pour les autres. Pour la terre entière. Je me dégage de ses mains. "Arrête Louis, t'es injuste là." Je lâche un autre souffle mauvais.

"Ouais c'est ça, c'est moi qui suis injuste. Si tu veux bien sortir maintenant, j'ai pas le temps ni l'envie d'entendre tes conneries.

"Mes con.."

Il est tellement interloqué qu'il doit s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à terminer sa phrase.

"Mes... mes conneries ? Tu te fous de ma gueule ? C'est toi qui défonce un mec et... putain mais Louis merde ! Réalise !"

Cette fois c'est moi qui explose. "Réalise ?!" Je lâche le sac par terre. "Réalise ?!? Tu crois que je ne réalise pas c'est ça ?!?" J'ai gueulé. En réalité on a gueulé tous les deux et il y a un temps d'arrêt où l'on se regarde dans les yeux. En plus de 20 ans c'est la première fois qu'on se crie dessus, ce n'est jamais arrivé avant et je crois que ça me surprend tellement que ça me calme. Je soupire longuement en me laissant tomber sur le bord de mon lit, je prends ma tête entre mes mains.

"Je suis désolé."

Je fixe le sol, je l'entends soupirer à son tour avant de s'asseoir à côté de moi. "Je sais que c'est dur pour toi depuis qu'il..." Il s'arrête et cherche ses mots. "Depuis qu'il a fait ça..." Il s'arrête encore avant de reprendre.

"Tu traverses quelque chose de difficile en ce moment et je n'ose pas imaginer ce que tu peux ressentir mais je suis là pour toi ok ? Je le serai toujours.

- Ils m'ont laissé le voir."

C'est sorti tout seul. Je relève les yeux vers lui, il est surpris mais à mon regard il comprend rapidement que ce n'est pas une bonne nouvelle. Ses sourcils se froncent. "Et ?..." Il demande prudemment, sans le réaliser réellement je me mets à parler.

« Tu penses qu'il me rend malheureux, c'est ça ?

- Non, je pense que je ne t'ai jamais vu aussi épanoui et heureux qu'avec lui. »

J'ai raconté à Liam comment s'est passée ma première visite à Harry. Je crois que lui avoir racontée m'a fait du bien, parler m'a fait du bien.

"Tu penses qu'il me rend malheureux, c'est ça ?"

En lui posant cette question, j'ai réalisé qu'inconsciemment dans un coin de ma tête je me la posais à moi-même. Avant Harry, je n'avais aucun problème dans ma vie, je sortais, je souriais, je rigolais tout le temps. Le seul truc qui me tracassait vraiment -et encore j'essayais de ne pas y penser- c'était mon père et les études qu'il me forçait à faire. Je n'avais aucun souci, rien de sérieux. Je ne pleurais jamais avant, je n'étais jamais en colère. Je n'aurais jamais tabassé un mec avant.

"Non, je pense que je ne t'ai jamais vu aussi épanoui et heureux qu'avec lui."

La réponse de Liam tourne dans ma tête. J'y pense encore et encore en mettant mon linge dans une des machines. La laverie est vide à cette heure-ci de la journée, le matin il y a rarement du monde, les gens sont en cours, ils viennent plutôt le soir ou la nuit.

'Je ne t'ai jamais vu aussi épanoui et heureux qu'avec lui.'

Il a raison, avant Harry je ne pleurais pas, je n'étais pas en colère ou je ne tabassais pas des connards c'est vrai, mais avant lui je ne vivais pas vraiment. Enfin si, je vivais, mais ma vie était superficielle, elle n'avait pas d'intérêt, elle était dénuée de sens. Je vivais juste pour vivre et même si c'était sympa c'était vide. Il n'y avait rien derrière, il n'y avait pas de buts, rien qui me donnait envie de vivre vraiment. J'ai presque 22 ans maintenant et avant Harry je n'avais jamais réellement pensé à mon avenir. Un vrai avenir je veux dire, pas celui que mon père m'impose, un avenir autre que ma voie professionnelle, un avenir qui me donne envie de grandir et d'avancer. Sans le savoir Harry m'a donné ça, il a donné un but à ma vie et maintenant que j'y réfléchis vraiment il y a tellement de choses que j'ai envie de faire, tellement de choses que j'ai envie de découvrir avec lui, de vivre avec lui, que j'ai l'impression qu'une seule vie ne serait pas suffisante. Avant lui, je voyais mon futur comme le présent actuel de mon père : Faire des études de droit, devenir avocat, reprendre son cabinet, me marier sûrement avec l'une des filles que m'aurait trouvé ma mère, lui faire des gosses. Réaliser à 35 ans que je ne suis pas heureux. Grâce à Harry, j'ai pris conscience que ce n'était pas ce que je voulais et grâce à lui je sais que ma vie ne sera pas comme ça. Il a donné un sens à mon existence et ça c'est plus important que les larmes que je peux verser. Ces larmes font partie des épreuves qu'on traverse et dans la vie, dans une vraie vie, il y a des épreuves à traverser. Grâce à lui je ne me réveillerai pas un matin, proche de la quarantaine à réaliser que j'ai tout foiré. Je ne regretterai jamais d'être tombé amoureux de lui. Jamais.

"Louis ?"

Je me retourne et quand je vois mon père à l'entrée de la pièce, je reste bloqué par la surprise, comme si j'avais vu un fantôme. À croire que j'ai pensé trop fort à lui et que ça l'a rendu réel. Je mets plusieurs secondes avant de réussir à me reprendre.

"Qu'est-ce que tu fais là ? Il est arrivé quelque chose à maman ?

- Ta mère va bien."

Je soupire intérieurement de soulagement. "Je suis venu te parler." Mon visage se ferme. Je le regarde de haut en bas, dans son costume noir parfait sous son long manteau encore plus noir, avant de lui tourner le dos. "Alors tu peux partir." Je ne veux pas lui parler. Je recommence à mettre les vêtements de mon sac dans la machine. Je sens son regard sur moi dans mon dos, mais je l'ignore.

"Ta mère m'a appris pour ton ami.

- Petit ami."

Je le reprends froidement. Je l'entends souffler. "Je suis venu m'expliquer avec toi." Je fais une grimace de dégoût. Je ne lui réponds toujours pas, mais sans pouvoir le contrôler j'enfonce les vêtements un peu plus brusquement dans la machine. Je sais que ça a dû lui demander un effort surhumain pour venir ici, mais j'en ai rien à foutre, qu'il ne compte pas sur moi pour lui faciliter la tâche. Un long silence s'installe, je me penche pour prendre la bouteille de lessive et en verser toujours sans douceur. J'ai beau essayer de jouer les durs, à l'intérieur de moi mon ventre est tellement serré qu'il me fait mal. Je veux juste qu'il me dise ce qu'il a à me dire et qu'il s'en aille. Je sais que s'il est là c'est pour s'excuser, je l'ai vu dans son regard. Il a beau ne pas avoir été un père vraiment présent je le connais quand même, et je sais que s'il reste silencieux c'est parce qu'il cherche les bons mots. Il ne s'est jamais excusé de sa vie et je pourrais presque en pleurer tellement j'ai rêvé qu'il le fasse, tellement j'ai espéré qu'il revienne vers moi. Mais maintenant qu'il est là, il y a quelque chose qui me bloque, je n'arrive pas à passer au-dessus de ce qu'il a fait et comme pour me rappeler son geste, ma joue me brûle. Le silence qui s'éternise me rend dingue et c'est moi qui finis par le briser. "Qu'est-ce que tu veux Papa ? Pourquoi t'es là ?" Il met du temps à répondre, mais il finit par le faire. "Parler avec toi." Sa phrase me met tellement en colère que je claque le capot de la machine avant de me retourner brusquement vers lui.

"Parler avec moi ? Quand j'ai voulu te parler, tu m'as rejeté !

- Louis, écoute moi.

- Non, c'est toi qui vas m'écouter. Maman t'a dit pour Harry, alors tu as eu un élan de conscience c'est ça ? Tu t'es rappelé que tu avais un fils ? Il a fallu que la personne que j'aime tente de suicider pour que tu te souviennes que j'existe ? C'est trop facile putain, ça marche pas comme ça ! Alors quoi ? Si Harry n'avait pas fait ça, tu ne serais pas là, tu serais toujours en train de m'ignorer c'est ça ?"

Je vise tellement juste que son visage se durcit. Je continue. "Est-ce que tu peux ne serait-ce qu'imaginer ce que j'ai ressenti quand j'ai trouvé son corps inerte sur le sol ?!?" Mes yeux se remplissent de larmes, mais elles ne coulent pas, ce sont des larmes de colère. "Non tu ne peux pas. Tu ne peux pas parce que tu n'étais pas là ! C'est le père d'Harry qui m'a soutenu, pas toi !" Le père d'Harry a plus été là pour moi que mon propre père et le réaliser me fait tellement mal que j'arrête de crier. Je lui tourne carrément le dos en m'appuyant sur la machine.

"C'est trop tard pour parler maintenant. Va-t'en."

Ma voix n'a pas faibli, elle est restée dure, mais intérieurement c'est loin d'être le cas. J'ai l'impression de m'effondrer et de ne pas l'entendre bouger derrière moi, c'est encore pire. Je ferme les yeux comme si ça pouvait effacer sa présence. Je veux qu'il s'en aille. Maintenant. Je veux qu'il parte. Il finit par le faire, au bout de presque une minute qui me semble durer une éternité. J'entends enfin ses pas s'éloigner, comme ça, sans un mot de plus, il n'a pas cherché à protester, il n'a pas cherché à se défendre. Une fois de plus il ne s'est pas battu pour moi.

Trois jours depuis ma visite à Harry, deux depuis la visite surprise de mon père. Il n'est pas loin de 21h, je suis allongé dans son lit avec Connard à moitié sur moi en train de m'écraser. Je caresse distraitement sa tête qui est posée sur mon ventre en regardant un film à la con que je n'ai même pas suivi quand mon portable se met à vibrer au milieu des draps. Je le cherche et je fronce les sourcils en voyant un numéro inconnu. Je n'aime pas ça, surtout le soir, mais je décroche quand même.

"Allô ?

- Monsieur Tomlinson ?

- Oui ?

- C'est le docteur Stephen, de l'hôpital. Je vous appelle au sujet d'Harry Styles."

Je me redresse brusquement, mais je n'ai pas le temps de paniquer qu'il rajoute rapidement comme s'il l'avait senti : "Il va bien, c'est justement pour ça que je vous appelle. Il a parlé pour la première fois depuis son arrivée." Mon cœur s'emballe, il se met à battre à toute vitesse. "Il a demandé à vous voir. Mon collègue lui a dit qu'il le pourrait s'il acceptait au moins de boire et il l'a fait." C'est l'explosion en moi, une explosion de bonheur et de joie à tel point que je suis incapable de lui répondre. Je tremble de partout.

"Monsieur Tomlinson, vous êtes toujours là ?

- Je suis là ! Oui, oui, pardon je suis là. Je vais avoir le droit de le revoir alors ?

- Demain matin à 9h30, mais ne vous faites pas trop d'espoir non plus quant à son comportement avec vous demain. Ce n'est qu'un petit pas qu'il a fait tout à l'heure.

- Je sais. Merci beaucoup de votre appel, à demain.

- Bonne soirée Monsieur Tomlinson."

On raccroche. Je me laisse tomber en arrière sur les oreillers un bras en travers de mon visage, je respire fort tellement mon cœur bat vite. Connard doit sentir mon excitation, car il me pousse en glapissant, je passe mes mains dans ses poils pour le caresser dans tous les sens. "Il est revenu Connard ! Je vais le revoir demain matin, ton père sera bientôt à la maison !" Parce que j'y crois. Malgré la recommandation du médecin, je sais qu'il va aller mieux et qu'il sera bientôt de nouveau avec nous. Ce n'était peut-être qu'un petit pas comme il dit mais c'était le premier. Le plus important. Il y a enfin eu cette foutue amélioration, cette amélioration qui me redonne espoir.

Je vais le revoir.

« Reviens... » - Harry

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