DEGRADATION Tome III

Chapitre six

« ... » - Harry

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C'est une odeur de désinfectant et une sensation de bouche pâteuse, qui me tirent lentement du sommeil. Je peine à ouvrir les yeux, mais j'y arrive, j'aperçois ma mère debout à l'entrée de la pièce. "Maman ?" Je marmonne la bouche sèche, je me sens lourd comme après une soirée trop alcoolisée. Je regarde autour de moi, je suis dans une chambre d'hôpital. Quand ma mère voit que je suis réveillé, elle s'approche de moi.

"Mon chéri comment tu te sens ?"

J'ai du mal à retrouver mes esprits, mais au ton compatissant de sa voix, tout me revient d'un seul coup avec violence. Je revois toutes les images dans ma tête comme des flashs. La bouteille de vodka, son corps étendu sur le sol, les pompiers, le sang. Son sang... tout ce sang sur moi. Et je panique. Complétement. Je me redresse brusquement totalement en détresse.

"Harry ? Harry, où est Harry ? Harry ?"

Je tremble, j'ai du mal à respirer, je suis sur le point de pleurer. "Harry. Il faut... Harry." J'essaie d'enlever ma perfusion, le visage de ma mère se décompose. "Louis arrête, mon chéri arrête !" Elle n'a pas le temps de m'en empêcher ou d'essayer de me calmer, qu'un infirmier rentre dans la chambre. Il me prend les mains en me forçant à me rallonger, je veux pas, je tente de résister mais il a plus de force que moi.

"Calme-toi.

- Harry ?! Où est Harry ? Je veux le voir, je veux voir Ha...

- Il va bien, calme-toi. Il va bien.

- Il va bien."

Je répète comme un automate. "Il va bien." Mais rien ne va, rien ne va, il est pas là, rien ne va. Je revois son corps inerte, ses poignets ouverts et le sang partout. Je fonds en larmes, je pleure tellement que j'ai du mal à respirer. Je n'arrête pas de revoir les images dans ma tête, elles tournent en boucle, c'est horrible, ça me fait suffoquer. C'est insupportable, c'est intenable.

"Écoute-moi."

Je relève les yeux vers l'infirmier, je suffoque réellement à cause de mes pleurs. Il pose ses mains sur mes épaules pour tenter de m'apaiser. "Ton ami va bien. Il va bien, d'accord ?" Il parle lentement pour être sûr que je comprenne ce qu'il dit.

"Il a fait une overdose et il a aussi perdu beaucoup de sang, mais tu as prévenu les pompiers à temps. Il va bien."

Je n'arrive pas à me calmer, je parle à toute vitesse, je tremble et je cherche de l'air comme si je manquais d'oxygène.

"Il... il était par terre, il bougeait pas, il était par terre. Je le secouais, il bougeait pas. Il boug...

- Je sais, je sais. Louis c'est ça ?"

Je crois que je hoche la tête.

"Calme-toi, ton ami va bien, il est dans une chambre à côté de la tienne.

- Une chambre à côté de la mienne."

Encore une fois, j'ai répété comme un automate entre deux suffocations, mais cette fois je crois que ses mots atteignent enfin mon cerveau.

"Il est dans une chambre à côté de la mienne.

- C'est ça. Respire maintenant, fais comme moi."

Il prend de grandes inspirations, je l'imite en me répétant en boucle dans ma tête qu'Harry est dans une chambre à côté de la mienne et qu'il va bien. Il va bien, il est juste dans une chambre pas loin de la mienne, il va bien. Il va bien. Il va bien. "Voilà Louis, comme ça, c'est très bien." Je continue de respirer et lentement j'arrête de suffoquer, même si je pleure toujours. "Je veux le voir. Je veux le voir." L'infirmier retire lentement ses mains de mes épaules. Mon regard passe de lui à ma mère, l'expression que je vois sur leurs visages me fait mal au ventre. Je me remets à trembler.