Chapitre vingt-trois

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Le sol se rapproche, je le vois, il est de plus en plus près et au moment où je vais m'éclater dessus, au moment où je vais mourir, je me réveille en sursaut dans les bras d'Harry. Je tremble, je suis en sueur.

"Hey... ça va ?"

Il me demande en caressant ma joue. Sa voix, son odeur, ses bras autour de moi, ses yeux qui me fixent. Je me redresse paniqué. Je regarde tout ce qui m'entoure. Sa chambre en parfait état, pas du tout détruite, les cadres encore accrochés au mur et toutes les photos intactes à l'intérieur, pas déchirées. Connard et Hope sur le tapis. Les étoiles au plafond, les guirlandes allumées, la lumière douce de la pièce qui montre que c'est la nuit. Harry Potter sur son rétroprojecteur. J'ai du mal à retrouver ma respiration, je tremble tellement que même avaler ma salive est difficile. Je le sens bouger derrière moi, il se redresse aussi, il embrasse mon épaule et caresse mon dos.

"Tu as fait un cauchemar ?"

Cauchemar. Tout cela n'était qu'un cauchemar, tout cet enfer n'a jamais existé ? Tout m'a semblé si réel... je suis tellement en détresse, j'ai tellement de mal à revenir à moi, que je fonds en larmes. Totalement. "Hey, hey, hey viens là..." Harry me retourne pour me prendre dans ses bras, je me blottis contre lui, fort, aussi fort que je peux. J'inspire son odeur. "Tout va bien, c'est fini." Je m'étouffe dans mes propres larmes, j'essaie de parler mais je n'y arrive pas. Il me garde contre lui, il me berce pour m'apaiser. Je mets du temps à me calmer, je réalise petit à petit qu'il est bien là, bien vivant. Je sens son cœur battre dans sa poitrine. Il n'est pas mort. Il n'est pas mort. Il n'est pas mort.

"Tu étais mort."

Je murmure d'une voix tremblante et à peine audible. Je recule ma tête pour mieux le regarder, pour qu'il réalise, pour que je réalise, quoi, je ne sais pas, mais j'ai besoin de réaliser. "Tu étais mort." Je répète encore. Je vois de la peine passer dans ses yeux et de la culpabilité. Je n'ai pas besoin de lui dire que dans mon cauchemar il s'est suicidé, il le comprend tout seul. Il pose un doigt sous mon menton et me force doucement à relever mon visage vers lui. "Ça n'arrivera pas, d'accord ?" Il embrasse mes lèvres. "Ça n'arrivera pas." Je suis tellement confus et perdu que tout sort seul et avec détresse.

"C'était tellement réel, t'étais mort, t'avais sauté, le cabinet vétérinaire avait pris feu et Carla a eu son fils, Harry et-"

Il me coupe et fronce les sourcils.

"Harry ?

- Oui, le bébé de Carla. Je l'ai tenu dans mes bras, c'était dur, tu n'imag-

- Louis, mon cœur, Carla a accouché la semaine dernière, d'une petite fille, Emma. Tu te souviens ?

- Emma ?"

Je répète fébrile.

"Oui, Emma.

- Une petite fille ?"

Il hoche la tête. "On est allés la voir à l'hôpital il y a trois jours, rappelle-toi." Je me rappelle, je me rappelle. Je respire. "Et le cabinet vétérinaire ?" Il caresse mon visage.

"Il n'a pas brûlé. Des idiots ont incendié les poubelles du parking et tagué les façades de tous les commerces autour, la semaine dernière.

- Les animaux sont pas morts ?"

Il secoue lentement la tête.

"Personne n'a été blessé.

- Mais... Carla, c'est elle qui m'a appelé, c'est elle qui m'a prévenu. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas pu tous les sauver, elle me l'a dit."

DEGRADATION Tome IIIWhere stories live. Discover now