DEGRADATION Tome III

By Angels_Larry

486K 26.9K 21.3K

Après tout ce temps, voici enfin le dernier tome de l'histoire. J'espère que vous l'aimerez autant que j'ai a... More

Samantha & Harry
Chapitre un
Journal d'Harry
Chapitre deux
Journal d'Harry
Chapitre trois - deuxième partie
Chapitre quatre
Samantha & Harry
Chapitre cinq
L'erreur
Chapitre six
Chapitre sept
Chapitre huit
Chapitre neuf
Journal d'Harry
Chapitre dix
Chapitre onze
Parce qu'il est ce qu'il a de plus précieux
Chapitre douze
Chapitre treize
Chapitre quatorze
Chapitre quinze
Chapitre seize
Chapitre dix-sept
Chapitre dix-huit
Chapitre dix-neuf
Chapitre vingt
Chapitre vingt-et-un
Chapitre vingt-deux
Chapitre vingt-trois
Chapitre vingt-quatre
HARRY
Épilogue
Mot de fin

Chapitre trois - première partie

15.7K 779 951
By Angels_Larry

« J'avais confiance en elle. J'avais confiance en elle putain. Comment elle a pu me faire ça. Elle n'avait pas le droit. Elle n'avait pas le droit de faire ça. Elle n'avait pas le droit. » - Harry

- AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH !!!!!

Je pousse un cri en remontant rapidement la couette sur moi. Une femme est debout au pied du lit, totalement immobile un sourire aux lèvres. C'est quoi ce bordel ?! Évidemment mon cri réveille Harry et je n'ai pas le temps de réagir qu'il se jette littéralement dans ses bras.

- Maman !'

Maman ?! Maman ???!!! Genre Maman pour de vrai ? Sa mère ? Wow. Il est carrément blotti contre elle, elle le serre dans ses bras. Elle a un grand sourire aux lèvres en me regardant par-dessus son épaule. Moi, je me raccroche à la couverture parce que c'est pas que je suis presque à poil, mais si je suis presque à poil. J'ai les yeux écarquillés un peu sous le choc en fait. C'est vraiment pas comme ça que j'avais imaginé ma rencontre avec elle. Harry a tellement d'amour et d'admiration pour elle que je voulais la rencontrer correctement, peut-être même en costard, je ne sais pas, mais pas en boxer, les cheveux en bordel au réveil. Je voulais faire bonne impression, je voulais que ce soit parfait.

"Je suis la maman d'Harry, Julia."

Elle se présente toujours en souriant, je l'avais compris, mais vu la tête que je dois tirer ce serait justifié qu'elle me prenne pour un attardé. Elle me tend la main et quand je la serre, j'essaie de ne pas penser à tout ce que j'ai fait à son fils avec la mienne. "Je suis..." Tout nu, surpris, mal réveillé, sur le cul, un peu déstabilisé. J'ai encore plein d'autres trucs du même genre qui me viennent en tête mais heureusement Harry revient à lui avant que je ne sorte une connerie. Il se détache de sa mère pour me regarder. Je ne l'ai jamais vu sourire autant.

"Maman je te présente Louis, mon petit ami.

- Je sais."

Elle répond avec un petit sourire malicieux. «Tu m'as tellement parlé de lui, que je ne risque pas de l'oublier» elle dit pour le taquiner, il se met à rire en rougissant. Il est beau au réveil, il est magnifique même avec la trace du drap sur la joue et ses cheveux en bazar, mais il l'est encore plus quand il rougit et quand il rit comme ça. À tel point que j'en perds un peu le nord.

"Préparez-vous, je vous emmène déjeuner en ville, comme ça nous pourrons faire connaissance Louis. Je suis vraiment enchantée d'enfin te rencontrer."

Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit, pas même que je suis enchanté de la rencontrer moi aussi, qu'elle quitte la chambre. Je me tourne vers Harry un peu -pour ne pas dire complétement- perdu, il a un sourire tellement grand, que ses fossettes n'ont jamais été aussi marquées et profondes. "C'est ma mère." Il y a tellement d'excitation et de bonheur dans sa voix qu'il a du mal à tenir en place. Il embrasse mes lèvres cinq, six, sept fois avant de se lever du lit. "C'est Maman, elle est revenue." On dirait un enfant le jour de Noël. Il tourne en rond dans la chambre, il cherche je ne sais pas quoi autour de lui. Le voir aussi heureux et excité comme ça me fait chaud au cœur. "La salle de bain est toujours au même endroit." Je lui indique en riant. Il s'y engouffre à toute vitesse, mais il en ressort deux secondes après. "J'ai oublié de prendre des vêtements." Je me mets à rire encore plus en le regardant foncer dans son dressing. Je me relève à mon tour et j'attends qu'il ait terminé avant d'aller moi aussi me doucher.

Sa mère conduit, Harry est assis à l'avant à côté d'elle et moi à l'arrière. Ils parlent pendant tout le trajet, ou plutôt Harry parle pendant tout le trajet. Il n'arrête pas de lui poser des questions à toute vitesse, il n'attend même pas la réponse ? qu'il en pose déjà une nouvelle. Sa mère se met à rire. "Calme-toi ou tu vas faire une crise d'asthme." Je fronce les sourcils, curieux.

"Tu fais de l'asthme ?

- J'en faisais quand j'étais petit et il m'arrive encore d'en faire quand je fais trop d'efforts."

Il me répond en tournant la tête vers moi avec un sourire. "Mais rassure-toi, c'est rare et j'ai toujours de la Ventoline avec moi." Je lui rends son sourire, rassuré. J'ignorais qu'il était asthmatique même si c'est pas beaucoup. J'aime ça, apprendre de nouvelles choses sur lui, tout le temps, même si ça commence à faire un moment qu'on est ensemble, j'ai toujours autant envie de tout savoir de lui.

On est maintenant installés dans un petit restaurant/brunch que sa mère a choisi, elle nous a dit que c'était l'un de ses endroits préférés à Londres. Il y a un buffet à volonté où l'on doit se servir soi-même. Rien que d'imaginer ma mère dans un tel restaurant me fait rire, être obligée de se servir elle-même sa propre nourriture....... ce serait la crise assurée. Je reviens à la table avec deux énormes assiettes remplies à ras bord d'œufs brouillés, d'omelette au fromage, de bacon grillé, de mini viennoiseries en tout genre et en plus de ça, une grande tasse de chocolat chaud. Okay, ça fait goinfre mais j'en suis un, alors je m'en fous. J'ai l'impression d'être au paradis. La mère d'Harry se met à rire en me voyant revenir.

"Tu vas manger tout ça ?

- Oui !"

Je réponds avec enthousiasme, elle ne connaît pas la grandeur de mon estomac. Évidemment je mange plus dans l'assiette d'Harry que dans les miennes, parce que c'est toujours meilleur quand c'est à lui, comme les pizzas.

On est assis l'un à côté de l'autre, sa mère est en face de nous. Elle nous parle de son travail, en ce moment, elle est en Inde sur un énorme chantier. Elle nous raconte qu'elle et une centaine d'autres restaurateurs d'œuvres d'art travaillent sur des tableaux dans un ancien temple indou. Maintenant je comprends mieux l'admiration qu'Harry a pour elle. Elle est fascinante, son travail est fascinant et quand elle parle, on a envie de l'écouter pendant des heures.

Ça a été une vraie torture de devoir les abandonner à midi pour aller en cours. Je ne pouvais pas sécher l'après-midi aussi, j'ai déjà manqué la matinée et en ce moment mes notes sont en chute libre, si je continue comme ça, je n'aurai jamais mon année. Harry lui, a séché toute la journée.

Ça fait maintenant quatre jours que la mère d'Harry est revenue, quatre jours qu'Harry n'est pas venu une seule fois à la fac. Ça m'inquiète un peu, mais ce n'est pas la première fois qu'il rate autant de cours et puis il a tellement d'avance sur ses notes qu'il peut se le permettre. Mais le plus important, c'est que cette fois s'il ne vient pas en cours, c'est parce qu'il est heureux et il n'y a rien de plus fort que de voir la personne qui nous rend heureux, heureuse. Alors ça m'est égal qu'il ne vienne pas, même s'il me manque quand je suis sur le campus.

En sortant de l'entraînement à 18h je me suis directement rendu chez lui, comme tous les soirs pratiquement. Douché, tout propre, plus aucune odeur de transpiration ou d'herbe dans les cheveux je suis allongé dans ses bras, dans son lit. On discute de tout et de rien mais surtout de sa mère. Il l'a emmenée au cabinet vétérinaire aujourd'hui, elle a tenu à faire un don, je n'ai pas osé demander le montant du chèque, mais j'imagine qu'il devait avoir au minimum quatre zéros. "Et toi, comment s'est passée ta journée ?" Je hausse les épaules. "Oh tu sais, une fille à midi dans les toilettes, une autre à 16h à la pause et une dernière dans les vestiaires pour bien terminer." Il roule sur moi entre mes jambes, ses coudes de chaque côté de mon visage, je remonte mes genoux pour le maintenir. Il a un sourire amusé aux lèvres. "Oh vraiment ?" Je prends un air sérieux. "Vraiment." Il m'embrasse dans le cou et descend le long de ma gorge en murmurant entre chaque baiser. "J'imagine que tu es trop fatigué pour moi maintenant..." Je ne peux pas m'empêcher de rire et frissonner en même temps, mes mains se perdent sous son t-shirt dans son dos. "Je devrais pouvoir faire un petit effort... juste pour toi." Je le sens sourire contre ma peau et il répète mes mots comme s'ils avaient une importance particulière pour lui, avant de m'embrasser tendrement. "Juste pour moi."

[...]

Harry est sous la douche, il n'est pas tard, seulement 20h. On vient de faire l'amour. Il en a tout le temps envie en ce moment et c'est très loin de me déplaire. Je le sens différent depuis le retour de sa mère, en bien, bien sûr. Il est plus épanoui, plus heureux et ça non plus c'est vraiment trèèèèès loin de me déplaire, bien au contraire. Il est encore plus câlin qu'avant, toujours en demande, j'aime vraiment le voir comme ça.

Pendant qu'il se lave, j'enfile un t-shirt, un jogging et j'en profite pour descendre à la cuisine car je crève la dalle, ça me donne toujours faim de faire l'amour. Connard me suit, il traverse la maison avec moi, il passe entre mes jambes en remuant la queue. Je lui caresse la tête en rigolant même si je manque de me ramasser une bonne trentaine de fois.

"Vous comptez m'ignorer encore longtemps ?"

Je m'arrête dans l'entrée en fronçant les sourcils quand je reconnais la voix de Julia. Je m'approche doucement de la cuisine. Je la vois, elle est accoudée au bar inox, je me plaque contre le mur sans faire de bruit avant qu'elle ait pu me repérer. Je n'ai pas vu la personne à qui elle s'adressait.

"Je ne vous ignore pas."

Manuel... en même temps dans la cuisine ça ne pouvait être que lui.

"Si, vous m'ignorez délibérément, je vous rappelle que vous travaillez pour moi.

- Permettez-moi de vous corriger, je ne travaille plus pour vous depuis des années, depuis le jour où vous êtes partie. Je travaille pour votre mari et votre fils."

Il insiste bien sur les derniers mots, la mère d'Harry soupire longuement.

"Écoutez Manuel, je sais que vous m'en voulez mais j'avais mes raisons.

- Rien ne peut justifier ça."

Je fronce encore plus les sourcils. Je ne comprends pas. Mais enfin de quoi ils parlent ? Je comprends rien, cet échange est vraiment bizarre, étrange. Manuel n'est peut-être pas la personne la plus souriante du monde, mais il est loin d'être quelqu'un de froid et là c'est pire que glacial. On dirait presque qu'il y a de la colère dans sa voix.

"Maintenant si vous voulez bien m'excuser."

Je l'entends qui pose quelque chose, sûrement des ustensiles et qui se rapproche. Merde, merde, merde. Je commence à paniquer et vouloir partir, mais Connard choisit pile ce moment-là pour foncer dans mes jambes et me pousser en avant. Je me heurte de plein fouet à Manuel au moment où il sort de la pièce.

"Monsieur Tomlinson."

J'essaie de récupérer mon équilibre avant de le perdre entièrement. Je me passe une main dans les cheveux complétement mal à l'aise et je parle à toute vitesse.

"Pardon, je vous ai pas vu, j'avais faim, je...

- Louis !"

La mère d'Harry sort de la cuisine à son tour avec un grand sourire sur le visage. Ils échangent un regard froid avec Manuel avant qu'il ne me fasse un signe de tête et s'éloigne. La façon dont il m'a regardé était aussi étrange que leur échange, comme s'il avait compris que j'avais tout entendu. Je le regarde partir encore plus perturbé, mais Julia ne me laisse pas le temps de me poser plus de questions qu'elle m'attrape par le bras et m'entraîne à sa suite dans le salon.

"Alors tu as faim ?"

Elle sort un DVD de son sac, je crois qu'elle ne connaît pas le streaming ou les téléchargements et ça me fait rire.

"Pizzas, bières et film d'horreur ce soir, ça te va ?

- Génial !"

Le génial, c'est pour me la jouer mec dur, pas faire ma fillette à cause du film d'horreur même si je dois me faire violence pour ne pas lui proposer Dumbo à la place de Hostel.

"Va prévenir Harry, je passe la commande."

Je hoche la tête et remonte à l'étage. Harry est sorti de la douche, il est en jogging dans sa chambre, devant son bureau. Il tape quelque chose sur son ordinateur et de son autre main il est en train de s'essuyer les cheveux avec une serviette. "Pizzas / film d'horreur ce soir, ordre de ta mère." Il tourne la tête vers moi et hausse les sourcils, je sais ce qu'il va dire alors je le devance. "Me regarde pas comme ça, je suis un mec viril et fort maintenant. Je suis capable de regarder un film d'horreur sans flipper."

.............. Sans flipper ? T'as gagné ouais. J'ai passé pratiquement tout le film les yeux cachés par les mains d'Harry. Assis dans le canapé, dans notre position à nous, j'ai sursauté presque toutes les cinq minutes. Hostel est un film de sauvage, comment on peut torturer des gens comme ça ??? Les scénaristes sont des malades, tout le monde est malade. La mère d'Harry n'arrêtait pas de rire, elle se moquait gentiment de moi et elle avait de quoi, mais ce qui m'a le plus plu, c'est qu'Harry et moi on ne s'est pas cachés. On était dans les bras l'un de l'autre devant elle, alors que devant son père on n'aurait jamais osé. Malgré le film -complètementpourriettraumatisant- on a vraiment passé une bonne soirée. Plus je découvre sa mère et plus je l'apprécie.

Une semaine maintenant que la mère d'Harry est revenue. Harry n'a fait que trois apparitions en cours, mais il est de plus en plus heureux et je crois que ça compte bien plus. Sa mère lui offre le monde, cadeaux sur cadeaux, sorties sur sorties, restaurants sur restaurants, elle a même réussi à l'emmener au cinéma alors qu'il a horreur de ça. J'ai essayé de m'effacer un peu, de ne pas être là tout le temps pour les laisser seuls. Je voulais qu'ils puissent passer du temps rien que tous les deux mais Harry a refusé, il m'a dit que je faisais partie de sa vie et qu'il voulait partager tout ça avec moi. Ça représentait tellement pour moi, que j'ai été incapable de refuser, quand il m'a demandé de dîner avec eux ce soir.

Une semaine que ma mère à moi me prend la tête, elle m'appelle tous les jours. Elle me harcèle car demain, c'est censé être le brunch mensuel sous la véranda sauf que je ne veux pas y aller. Je ne veux pas voir mon père. Elle a réussi. Je ne sais pas comment elle a fait, mais ce matin, elle a réussi à me convaincre, j'ai fini par accepter. On vient tout juste de rentrer du restaurant et de se mettre au lit. Il est un peu plus de 22h, mon téléphone sonne pour la millième fois de la soirée. "Tu devrais répondre" me murmure Harry, alors qu'on se fait un câlin et qu'on est en train de s'endormir. Je soupire parce que j'en ai pas envie, je ne comprends pas pourquoi elle m'appelle encore, elle sait déjà que je viens, mais vu l'heure, je me dis qu'il y a peut-être un problème, on sait jamais. Je roule sur le dos et j'attrape mon portable sur la table de chevet avant de décrocher et le coller à mon oreille.

"C'est bon Maman, je t'ai dit que j'allais venir. J'ai le droit de dormir maintenant ?

- Tu ne peux pas venir...

- Quoi ? Pourquoi ?

- Ton père ne veut pas te voir, je suis vraiment désolée chéri..."

Et là, c'est la douche froide, tellement glacée que je raccroche comme un robot sans rien répondre, les yeux vides. J'étais persuadé qu'ils en avaient parlé ensemble et qu'il était d'accord.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Mon père ne veut pas me voir."

Je réponds d'une voix tellement blanche et tellement lointaine que je ne la reconnais pas. "Je suis désolé..." Celle d'Harry reflète la peine. Il me prend dans ses bras et caresse doucement mes cheveux. On reste un long moment silencieux, j'ai besoin d'encaisser. Je pensais que petit à petit ça irait mieux entre mon père et moi, qu'on pourrait passer au-dessus de tout ça... mais je réalise que j'avais tort et ça fait mal. "Tu devrais aller le voir." Je secoue la tête, j'ai pas envie de le voir, j'ai même plus envie d'entendre parler de lui. Je ne veux plus y penser. Je ne veux plus avoir mal comme ça à cause de lui.

"Tu sais que je suis là, je t'accompagnerai si tu as besoin.

- Pour que tu lui mettes ton poing dans la gueule ?

- Pourquoi pas."

Je ne peux pas m'empêcher de lâcher un petit rire quand je le sens sourire dans mes cheveux. "J'ai plus envie d'en parler." Je marmonne dans son cou. "Alors on n'en parle plus." Il me serre un peu plus fort contre lui et je finis par m'endormir en y pensant encore, c'est plus fort que moi. Ça me tord le ventre.

Deux semaines que la mère d'Harry est là, deux semaines que chaque jour je découvre un nouveau Harry. Un Harry heureux, joyeux, épanoui et je ne pourrai jamais assez la remercier pour ça. Elle m'a demandé un million de fois de l'appeler Julia et non Madame Davis, j'y arrive doucement et je crois que ça lui fait plaisir. Quand je la regarde, je pense à ma mère, j'aimerais tellement qu'elle soit comme elle. J'aimerais que ma mère apprécie Harry autant qu'elle m'apprécie, j'aimerais que ma mère aussi demande à Harry de l'appeler par son prénom. Mais faut pas rêver, déjà qu'elle ne m'a pas renié comme mon père l'a fait est un exploit, alors il ne faut pas trop lui en demander non plus.

Il est 21h30, on revient du Tate Modern Museum. Je n'aurais jamais imaginé que visiter une galerie d'art pouvait être aussi intéressant. C'est grâce à Julia ça, dès qu'elle parle d'art elle rend tout passionnant. Je suis sûr que même un caillou pourrait devenir merveilleux si c'est elle qui en parle. Harry est sous la douche et moi je tourne en rond dans sa chambre. Je joue avec Connard, je regarde pour la millième fois tous ses vinyles, je re(x un million)regarde toutes nos photos accrochées dans le cadre. Il y en a beaucoup maintenant, il est bien rempli. Je m'ennuie, il est trop loin de moi. Bon OK, il est juste dans la pièce d'à côté, mais comme je me fais chier, j'ai décidé qu'il me manquait un peu trop pour l'attendre sagement.

Je frappe à la porte de la salle de bain, il ne répond pas, je pense qu'il n'entend pas à cause du bruit de l'eau. Je rentre doucement. Il y a de la vapeur partout et les vitres sont recouvertes de buée. J'adore sa douche, elle est toute en verre et il y a des dizaines de jets différents qui nous massent en même temps qu'on se lave. Il fait chaud, je me déshabille et je frappe timidement à la vitre pour qu'il m'entende.

"Je peux venir avec toi ?..."

On ne s'est jamais douchés ensemble, il n'y arrive pas. Il ne supporte pas que je voie son corps. Quand on fait l'amour, on a toujours au minimum un drap sur nous, je ne l'ai jamais vu se lever du lit entièrement nu pour attraper quelque chose par exemple. Je ne sais pas si c'est à cause de ses cicatrices ou de sa pudeur qu'il est comme ça, je crois que c'est un peu à cause des deux. Il met tellement de temps à répondre que je pense qu'il n'a pas entendu, je m'apprête à répéter pile au moment où sa voix me parvient enfin. Je peux sentir qu'il n'est pas rassuré.

"D'accord mais tu ne regardes pas s'il te plaît..."

Je ne peux pas m'empêcher de sourire parce que, même si d'un côté ça me fait de la peine qu'il déteste son corps à ce point, de l'autre je le trouve attendrissant d'être réservé comme ça. "Promis." J'ouvre la porte de la cabine, me faufile à l'intérieur et la referme derrière moi. Je ne regarde que ses yeux. Il est beau comme ça, avec l'eau qui coule sur lui et sur ses cheveux, devenus bien plus longs maintenant qu'à l'époque où je l'ai connu, qui collent à son visage. Je le rejoins sous les jets, l'eau est brûlante, c'est agréable. Il enroule ses bras autour de ma taille pour me rapprocher de lui. Je sens qu'il est un peu angoissé, mais quand il réalise que je ne regarderai pas ailleurs que son visage il se détend, son corps contre le mien se décrispe et ça me rassure.

"Tu me manquais."

Il me sourit et -putain- heureusement que je ne suis pas cardiaque, parce que ça a beau faire un moment maintenant, je ne me suis toujours pas habitué à sa beauté. Alors là, son sourire, sa fossette, ses cheveux qui tombent devant ses yeux, l'eau qui dégouline sur lui... "T'es tout dur." J'explose de rire et je n'ai pas besoin de regarder pour savoir qu'il a raison, je le sens parfaitement. "Oops." Ma réponse le fait rire lui aussi. "Tourne-toi." Il murmure à mon oreille, je ne sais pas ce qu'il compte faire mais rien qu'à ses mots, je frissonne. Je me retourne. Il prend du gel douche et il commence à me laver doucement, d'abord les épaules, le dos puis le torse, le ventre et il descend encore. Quand je comprends son intention, je ne peux pas retenir le petit gémissement qui s'échappe de ma bouche et il me "lave" là. Je me laisse aller contre lui, ma tête rejetée en arrière sur son épaule, il enfouit la sienne dans mon cou. Il me caresse tendrement en embrassant ma peau, ça sent la vanille tout autour de nous. Je me sens tellement détendu, tellement bien que je me mets à parler. Pourquoi maintenant, je n'en sais rien mais je le fais. Mes mains sont posées sur ses bras et mes pouces caressent ses poignets.

"Pourquoi tu ne vas jamais voir ta mère dans les pays où elle se trouve pendant les vacances ?..."

Je n'ai pas osé parlé trop fort, autant parce que j'ai peur de le braquer, autant parce qu'à cause de ses caresses sur moi et ses baisers sur ma peau, ma voix est faible. Il ne se braque pas, il me répond dans un murmure lui aussi.

"Parce que je n'en suis pas capable.

- Pas capable de quoi ?

- De partir loin de chez moi. Voyager me fait peur, être loin de ma maison et de ma chambre... c'est quelque chose que je ne suis pas capable de faire."

Oh... Je comprends, il a peur de partir loin de ses repères. Il m'en avait parlé une fois, il m'avait dit qu'il ne se sentait en sécurité que chez lui, mais je n'avais pas pensé que c'était au point qu'il ne pouvait pas partir en vacances. Je tourne la tête vers lui, j'embrasse son menton et je reste là, le visage enfoui dans son cou alors que ma respiration s'accélère. Je murmure :

"Un jour je t'emmènerai à Paris.

- J'ai toujours rêvé d'aller à Paris."

Et sur ces mots je me mets à gémir autant par l'espoir qu'il y avait dans sa voix que ses mains sur moi. Lentement je me laisse emporter et mon corps se met à trembler entre ses bras.

Ce matin j'ai envoyé le comptage du jour à Anonyme. 173.

Il y a 173 jours, il était prêt à se donner la mort en sautant d'un pont, aujourd'hui on vient de prendre notre première douche ensemble. Mais surtout, je viens de lui faire une nouvelle promesse, l'emmener à Paris. J'adore la France et maintenant, je m'imagine là-bas avec lui. Je m'imagine lui tenir la main sous la Tour Eiffel, marcher sur les Champs-Élysées, visiter le Louvre, manger des croissants et du fromage. Je porterai même un béret s'il le faut, mais je tiendrai cette promesse. Il y a tellement d'endroits magnifiques à voir dans le monde, que je me promets à moi-même qu'il les verra tous, qu'on les verra tous ensemble. Je veux devenir le repère le plus important dans sa vie. Le repère qu'il aura partout avec lui, tout le temps. Je veux devenir son unique repère, je sais que c'est égoïste, mais lui, il l'est devenu depuis longtemps, mon seul et unique repère.

On est dimanche après-midi, ça fait presque deux heures qu'on est dans le sous-sol avec Harry à faire de la boxe. Enfin, ça fait presque deux heures qu'il me met K.O et que je réclame un câlin à chaque fois que je tombe au sol. Il est censé m'apprendre, mais on n'est pas vraiment concentrés, on s'amuse plutôt qu'autre chose. Ça n'empêche pas qu'on est quand même en sueur et qu'on se dépense. J'aime le sport, j'aime sentir mes muscles chauffer et transpirer sous l'effort, ça me détend et la bonne fatigue qui nous tombe dessus après, est toujours reposante. Je crois que c'est pour ça que j'aime autant le foot, parce que j'ai tellement d'énergie en moi, que ça m'aide à la dépenser et à me canaliser. Je viens de réussir à mettre Harry K.O pour la première fois. Fierté intense.

On n'avait plus d'eau fraîche, donc je suis monté en chercher. Je referme le frigo avec les bouteilles dans les mains, je m'apprête à redescendre en bas -parce qu'on ne peut pas monter en haut- mais j'entends des voix qui proviennent du fond du couloir. Du bureau de son père. Je fronce les sourcils parce que la maison était censée être vide aujourd'hui. Je m'approche doucement, j'ai l'impression de passer mon temps à espionner involontairement en ce moment. La porte est entrouverte, son père et sa mère sont en train de s'engueuler méchamment. Ils gueulent tellement que je ne comprends pas ce qu'ils disent. D'ailleurs en voyant Barthelomé, je réalise que c'est la première fois que je le vois ici en deux semaines et demie. C'est vrai que d'habitude je ne le vois pas énormément non plus car il travaille beaucoup, mais là c'était carrément pas du tout. Je me demande si c'est à cause du retour de Julia qu'il a disparu comme ça. Vu comment ça a l'air tendu entre eux, je pense que oui.

"Signe ce papier.

- Hors de question.

- Julia s'il te plaît, signe ce papier."

J'ai l'impression qu'il perd patience, comme si la conversation tournait en rond depuis un long moment déjà.

"Pourquoi ? Pour que tu puisses avoir encore plus de contrôle sur sa vie que tu n'en as déjà ?

- Tu sais très bien que ça n'a rien à voir.

- Mais bon sang Barth, ce n'est plus un enfant !

- Il est malade !

- Et alors ? Parce qu'il est malade, tu dois lui retirer tous ses droits ?!

- Je ne lui retire pas tous ses droits, tu n'as même pas pris la peine de lire les clauses."

Si je ne comprenais rien à la conversation entre Manuel et Julia, là c'est encore pire. Pourtant même sans comprendre, ça me retourne complétement les tripes. De quel papier ils parlent ? Retirer les droits d'Harry ? Quels droits ? Parce qu'il est malade ?

"Je ne signerai pas.

- Oh que si, tu vas signer.

- Sinon quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Lui dire la vérité."

Il y un long silence, vraiment très long. J'entends des bruits de frottements, je crois qu'elle est en train de signer. C'est quoi cette histoire de vérité ?

"Tu es vraiment une ordure Barthelomé."

Il lâche un rire froid qui me fait frissonner.

"C'est moi l'ordure ? Tu ne connais rien de lui et c'est moi l'ordure ?

- Je connais mon fils.

- Vraiment ? Tu connais sa couleur favorite ? Ce qu'il aime manger ? Qu'est-ce qu'il étudie à l'Université ? Ses allergies ? À quel point il a souffert quand il a perdu Samantha ? La douleur qu'il a ressentie quand tu es partie ?

- Arrête.

- Tu lui as dit ?

- Pas encore.

- Tu le mets au courant et tu t'en vas, je ne veux plus te voir ici."

Je n'ai jamais entendu la voix du père d'Harry aussi dure et ferme, j'en aurais presque des sueurs froides. Quand j'entends du bruit je m'éloigne rapidement. Je rejoins le sous-sol complétement retourné, j'ai mal au ventre. Leur conversation tourne dans ma tête. "Ça va ?" La voix d'Harry me ramène à moi, il saute du ring pour me rejoindre dans son marcel et son short remplis de sueur. J'hésite à lui parler de tout ce que j'ai entendu, mais quand je vois le grand sourire qu'il a sur le visage j'en suis incapable. Je hoche simplement la tête.

"Tu es sûr ? Tu as l'air contrarié.

- Non, non."

Je lui fais un sourire moi aussi.

"Je suis juste fatigué.

- D'accord."

Il embrasse mes lèvres avant de prendre l'une des bouteilles d'eau et de boire. Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce foutu papier et cette foutue histoire de droits et de vérité. "Ce soir je mange avec Maman au restaurant, rien que tous les deux, elle a quelque chose à m'annoncer." Ses yeux brillent tellement d'excitation que ça m'angoisse encore plus.

Continue Reading

You'll Also Like

123K 9.2K 82
Si proche et en même temps si loin de lui, c'est ça le vrai paradoxe, l'ombre et la lumière de son esprit, le plaisir et la douleur. Djilsime fluff (...
82.6K 1.8K 73
Depuis 1 mois mes rêve sont hanter par ce garçon..et depuis 1 mois à la tomber de la nuit je le retrouve à le regarder toute la nuit. Mais qui est-ce...
180K 9.4K 13
- Salut je viens pour la coloc' ! - Ew. Où Harry ne s'attend pas à tomber sur son crush en ouvrant la porte.
304K 24K 112
Il est insupportable. Il ne veux pas lui parler parce que sa mère sort avec son père. Pourtant il y a quelque chose de brisé en lui. Et il veut l'aid...