Journal d'une Confidente - Ca...

By OrielClancy

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Lors d'une soirée pluvieuse, Camila Cabello arrive sur la petite île de Genova. La jeune citadine originaire... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5 - Partie 1
Chapitre 5 - Partie 2
Chapitre 6
Chapitre 7 - Partie 1
Chapitre 7 - Partie 2
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12 - Partie 2
Chapitre 13 - Partie 1
Chapitre 13 - Partie 2
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16

Chapitre 12 - Partie 1

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By OrielClancy


Camila fut réveillée par des bruits sourds. Ce genre de bruits qui nous apparaissent au loin dans notre sommeil et que l'on distingue en se disant que le moment du réveil approche.

Elle ouvrit péniblement les yeux et jeta un œil vers son réveil : il était plus de dix heures du matin. Depuis quand dormait-elle aussi longtemps ? Elle avait certainement raté le petit-déjeuner avec Lauren...

Noël était dans quelques jours et elle était bien décidée à faire de cet événement un moment spécial pour tous, y compris et surtout pour sa patronne. Elle avait donc, tout au long de la semaine, fait ici et là des achats pour chacun.

Elle se leva et sourit à la vue du grelot reposant sur sa table de nuit. Elle se souvint avec nostalgie du moment où Hansen avait apporté le sapin. Elle avait tenu à ce que tous participent à sa décoration et ce fut Lauren qui avait posé la dernière touche, une étoile étincelante au sommet de l'arbre de Noël.

Tandis que tous pensaient avoir terminé, Lauren avait trouvé dans une boîte deux grelots argentés. La plus jeune avait voulu les poser sur le sapin, mais la brune l'en avait empêchée en lui en prenant un. Elle avait prétexté aimer le son qu'il faisait en tintant. Camila avait alors décidé de garder le second.

Et à présent, chaque matin, elle pouvait contempler ce grelot, en sachant que Lauren avait le sien, identique en tout point, dans sa chambre. Cette simple perspective lui gonflait le cœur.

Elle fut tirée de ses rêveries quand on toqua à sa porte.

–  Oui ? répondit-t-elle, la voix encore passablement ensommeillée.

Ashley apparut.

–  T'es debout, marmotte ?

–  C'est quoi ce raffut en bas ?

–  Oh, on fait un coup de ménage pour la venue annuelle, répondit la jeune femme en haussant les épaules comme si cela n'avait pas d'importance.

–  La venue annuelle ? De qui ? demanda une Camila curieuse.

–  Monsieur Bohen.

–  Bohen... Pourquoi ça me dit quelque chose ?

–  C'est l'avocat de la famille...

–  Et donc ? Branle-bas de combat ? s'amusa Camila en s'étirant.

–  Ouais. Il vient « officiellement » une fois par an pour faire un compte-rendu des affaires de la famille.

–  Alors... On va déjeuner avec cet homme ?

–  Il semblerait. Il ne va pas en revenir des changements ici.

–  Comment est-il ? Enfin... Est-ce qu'il était du côté de William ou de Lauren ?

–  Il est du côté de la famille en général. Il a soutenu Lauren lorsque son mari est mort. Il l'a aidée à faire toute la paperasse pour le décès. Ils gardent des rapports cordiaux. Y'a même eu une rumeur comme quoi elle couchait avec, mais il a vite calmé les choses.

–  Bien, allons accueillir notre nouvel hôte !

***

Camila pouvait sentir la tension dans la pièce : Lauren était muette, droite comme un « i ». Jamais elle n'aurait imaginé que quelqu'un puisse avoir un tel effet sur la jeune femme.

Elles étaient assises l'une en face de l'autre à la grande table, mais une place restait désespérément vide. Bohen se faisait attendre. La brunette aurait voulu détendre l'atmosphère, mais n'y parvenait pas, le stress de sa patronne déteignant sur elle.

Lorsque la sonnette de la porte retentit et que Simon accourut pour ouvrir, Lauren se redressa, imitée par Camila. Elle se retourna brièvement pour apercevoir l'invité, mais ne parvint à voir qu'un homme aux cheveux grisonnants, maigre et petit, ayant une canne à la main.

–  Lauren ! lâcha-t-il sur un ton faussement enjoué.

La jeune femme lui répondit par un sourire avant de se lever et de lui serrer la main, puis de se rasseoir.

–  Bohen, vous êtes en retard, le sermonna-t-elle.

–  Pardonnez-moi, la neige... Dites-moi, belle couronne sur votre porte... Et... Que vois-je ? Vous avez décoré votre intérieur, je suis stupéfait.

–  Êtes-vous venu pour discourir de ma décoration intérieure ?

–  Vous avouerez qu'il s'agit là d'un grand changement. Depuis le temps que je viens chaque fin d'année et que je vois l'absence de signe festif... Et aujourd'hui, il semblerait qu'un lutin se soit acharné à dévaliser un magasin pour vous, s'amusa-t-il.

Camila laissa échapper un petit rire qui attira l'attention du vieil homme. Comme s'il ne l'avait pas vue avant, il sursauta avant de mettre sa main sur son cœur.

–  Oh, veuillez m'excuser, je ne vous avais pas vue. Monsieur Bohen, enchanté. Et vous êtes ?

–  Le lutin... plaisanta Camila en lui tendant la main.

–  Excusez-moi ? demanda-t-il sans comprendre l'allusion.

–  Camila Cabello, rectifia-t-elle, voyant que sa blague n'avait que partiellement fonctionné.

–  Et... Vous êtes ?

–  La dame de compagnie de Lauren, expliqua la jeune femme dans un sourire.

–  Oh... Dame de compagnie, vraiment ? dit-il en se tournant vers Lauren, un regard interrogateur sur le visage. Je ne savais pas que vos employés mangeaient avec vous maintenant, fit remarquer l'homme sans plus se soucier de Camila.

Sa remarque passa très mal auprès de cette dernière. Elle se sentit vexée et attendit un mot ou un geste de la part de Lauren. Elle fut profondément déçue quand elle vit cette dernière sourire à son tour avant que le sujet soit clos par l'arrivée de Simon et de l'entrée.

Durant tout le repas, Camila ne retint que la condescendance de Bohen et le changement radical du comportement de sa patronne. Elle était plus que blessée, elle était triste... Jusqu'à en perdre l'appétit.

À la fin du repas, alors que Lauren invitait Bohen à la suivre dans son bureau afin de régler les détails administratifs de l'année, la jeune brune fut totalement ignorée par sa patronne.

Quand Simon revint débarrasser la table, il nota l'air taciturne de celle-ci.

–  Ça ne va pas ?

–  Ça va...

–  Ça a l'air, constata-t-il avec ironie. Vous savez, elle n'est jamais vraiment elle-même avec lui.

La brune lui sourit, le remerciant implicitement de lui remonter le moral.

–  Peut-être... Mais...

–  Miss Camila ? l'encouragea-t-il à poursuivre.

–  Il s'est passé tant de choses depuis mon arrivée, tant de changements... Et il suffit qu'un homme arrive pour qu'elle redevienne cette femme froide et distante. Que se passera-t-il quand elle sera devant du monde ? Est-ce qu'elle va se refermer comme une huître et balayer tous mes efforts ?

–  Vous voulez dire, va-t-elle assumer ses changements ? Miss Camila, soyez indulgente et souvenez-vous d'où elle part. Ces changements, même s'ils sont significatifs entre ces murs, sont certainement très durs à assumer pour elle en dehors de tout cela. Bohen est le premier avec qui se confronte Lauren depuis votre arrivée, c'est en quelque sorte un test pour elle. Elle doit savoir si elle en est capable et, en même temps, doit avoir peur de ce que ses proches pourraient en penser.

–  Et vous pensez que ce Bohen pourrait aller dans mon sens ?

–  Pour être franc ? Je pense qu'il s'en fiche tant que les affaires de la famille sont bien réglées.

Camila lui sourit avant de l'aider à débarrasser. Finalement, elle ne revit pas la maîtresse des lieux de la journée. Ce ne fut qu'en fin d'après-midi que Bohen repartit, libérant la jeune femme.

–  Simon ? interrogea Lauren quand elle croisa ce dernier.

–  Oui Madame ?

–  Où est Miss Cabello ?

–  Certainement dans sa chambre Madame.

Sans un mot de plus, elle monta à l'étage et toqua à la porte de la chambre de cette dernière. Quand Camila ouvrit, Lauren eut la surprise de la voir en peignoir, les cheveux humides.

–  Oui ? interrogea-t-elle en apercevant sa patronne.

–  Je vous dérange peut-être... murmura celle-ci en comprenant que quelque chose clochait.

–  Non, je viens de sortir de ma douche. Ça y est, Bohen est parti ? demanda la brune en s'asseyant sur son lit, laissant l'autorisation à Lauren d'entrer dans la chambre.

La jeune femme s'exécuta et referma la porte derrière elle.

–  Y a-t-il un problème ? lança la maîtresse de maison en voyant Camila légèrement distante.

–  Pourquoi vous dites cela ?

–  Vous êtes silencieuse...

–  Et c'est mauvais signe ?

–  Vous êtes rarement silencieuse, c'est inquiétant, essaya de blaguer Lauren. Mais en voyant que Camila ne semblait pas réceptive, elle perdit son sourire. Alors ?

–  Non, y a rien.

–  Camila, ne me faites pas l'impudence de me mentir. Vous le faites très mal en plus, rétorqua Lauren sans monter le ton.

–  C'est juste que... Je... Pourquoi vous n'avez pas pris ma défense ? Vis-à-vis de Bohen.

–  Je ne vois pas.

–  Il... Les employés ne mangent pas à table.

–  Effectivement.

– Mais moi ?

–  Vous n'êtes pas une employée, lança Lauren de manière si évidente qu'il lui semblait idiot de le préciser.

–  Ah oui ? Je suis quoi alors ? questionna-t-elle en fronçant les sourcils.

Lauren la fixa, incrédule, se trouvant incapable de répondre : qu'était Camila en somme ? Il était évident qu'elle avait franchi la frontière que pouvait instaurer un patron avec son employé.

–  Je... Vous êtes... Celle qui me tient compagnie.

–  En tant que dame de compagnie, je suis une de vos employés, rétorqua Camila avec facilité.

–  Certes... confirma froidement sa patronne.

–  C'est si dur que ça de le dire ? demanda la brunette en l'observant d'un regard doux.

–  De dire quoi ?

–  Ce que vous ressentez pour moi ! argua Camila, perdant le peu de patience qu'elle possédait encore.

–  Je vous demande pardon ? lança Lauren, vacillant légèrement.

–  Non, enfin je veux dire... Vous ne me considérez pas comme une employée, mais vous êtes incapable de définir ce que je suis pour vous. Ou alors, est-ce que vous avez peur de ce que je pourrais être pour vous ? tenta de se reprendre la jeune femme de manière confuse.

–  C'est ridicule !

–  Ah oui ? Alors, dites-le ! Qui je suis Lauren ? Je prends le petit-déjeuner avec vous, je déjeune et dîne avec vous, je passe nonante pour cent de ma journée avec vous à lire, écouter de la musique, m'occuper des fleurs et plantes. Jouer dans la neige...

Camila avait soupiré cette dernière partie comme pour prouver qu'elle avait assez d'arguments convaincants.

–  Une simple employée ne ferait pas cela... Sinon, je serais jalouse d'Ashley, dit-elle dans un sourire triste.

La plus vielle la fixa, incrédule.

Jalouse ?

–  Lauren, j'aime être avec vous et j'aime à croire que ma compagnie n'est pas si désagréable. Nous avons beaucoup partagé, vous m'avez confié votre histoire, j'ai fait de même avec la mienne... Une employée ne fait pas ça, mais une amie, si.

Elle ancra son regard dans le sien.

–  Une... amie ? bafouilla la brune qui n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait.

Camila s'approcha et lui prit les mains.

–  Une amie. Parce que je serais honorée que vous me considériez comme telle, et que j'adorerais vous voir ainsi aussi.

Lauren resta muette un petit moment, avant de prendre conscience des mots que venait de prononcer celle qui avait dépassé le stade de simple dame de compagnie.

–  Amies, soupira-t-elle doucement.

–  Oui, amies. Lauren, vous n'êtes pas obligée d'être une autre avec moi, pas comme vous le faites avec ce Bohen. J'ai été vexée quand je vous ai vue me traiter comme une moins-que-rien auprès de cet inconnu, parce que je sais que je vaux mieux que ça à vos yeux. J'ai pas envie que vous le criiez sur tous les toits, mais simplement que vous reconnaissiez que je compte pour vous.

–  Je... Je ne peux pas... bégaya la brune bouleversée.

–  Mais pourquoi ? osa Camila afin qu'elle s'ouvre sur ses peurs.

–  Parce que tout ce qui m'est cher m'a été enlevé ! lança-t-elle de manière virulente avant de se défaire de l'emprise de la plus jeune et de sortir en trombe.

–  Et merde ! éructa la jeune femme avant de la suivre et de descendre la retrouver penchée au-dessus de la cheminée du petit salon.

–  Hey...

Camila s'approcha et l'invita à se tourner vers elle.

–  Je ne vais nulle part. Je reste avec vous.

–  Ça, vous n'en savez rien, rétorqua Lauren, des larmes se formant au coin de ses yeux.

–  C'est vrai, je ne peux pas prédire l'avenir... Mais à court terme, je peux vous dire que je n'ai pas l'intention de vous quitter, pas après tout ce chemin parcouru. Alors, faisons en sorte de profiter des moments présents avant de s'inquiéter pour l'avenir, okay ?

–  C'est une vision bien enfantine de la chose... soupira la brune en tentant de retrouver le contrôle de ses sentiments.

–  Peut-être, mais elle marche. Avec ce système au moins, on profite du moment présent... Carpe diem, vous connaissez ? Bien voilà : vivre ce qui nous arrive au jour le jour, le vivre pleinement et ne s'inquiéter pour l'avenir que quand ça se présentera. Avoir constamment peur et se murer dans la solitude et le silence pour éviter d'avoir mal, c'est idiot. Combien d'années avez-vous gâchées à penser ainsi ? Mais à présent, je vous promets d'être là et d'être une amie à l'écoute, reprit Camila face au silence de son interlocutrice. Et qui vous battra lors de la prochaine bataille de neige ?!

Lauren ébaucha un mince sourire et son la jeune brune en fut soulagée.

–  Merci... Camila.

Le regard de la plus jeune fut attiré par la chose qui pendait au lustre juste au-dessus d'elles. Elle sourit et s'approcha de Lauren.

–  Du gui... murmura-t-elle doucement en avançant d'un pas.

–  Pardon ? demanda la maîtresse des lieux surprise par le changement de sujet.

–  On est sous du gui, vous connaissez la tradition, non ?

Lauren n'eut pas le temps de répondre que les lèvres de Camila déposèrent un baiser sur sa joue. Elle s'attarda quelques secondes, le temps d'apprécier le doux parfum ambré de la belle brune. Puis elle recula, un sourire aux lèvres.

–  J'ai faim, pas vous ?

Lauren en perdit son vocabulaire tant le geste était spontané et rapide. Camila s'en rendit compte. Elle aurait voulu s'excuser, mais la vérité était qu'elle n'était pas désolée, au contraire. Jamais elle ne s'était sentie si sûre d'elle, et la réaction de Lauren la confortait dans cette idée.

À dire vrai, elle aurait aimé que cette dernière lui avoue qu'elle ne pouvait envisager une amitié parce qu'un sentiment bien plus fort prenait le dessus.

Bien évidemment, Camila garderait cette idée pour elle et continuerait son travail auprès de Lauren, auprès de sa patronne.

Secrètement, elle espérerait qu'un jour, Lauren serait celle qui initierait quelque chose entre elles sous le gui.

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Salam Waleykoum !! Histoire fictive de Neyla... Bonne lecture🤍