Les étoiles, la lune. Le ciel était totalement lumineux ce soir et je n'avais plus autant de mal à m'orienter en pleine nuit. Mira était droit devant un plan, je lui indiquais les noms des rues dans lesquelles je passais et elle me disait vers quelle intersection tourner à chaque fois, jusqu'à atteindre la sortie de la ville et ce dépôt où se trouvait l'ancien Baron. Durant tout le trajet, tout en écoutant Mira parler pour ne rien dire, j'avais fait des hypothèses sur l'identité du Baron. Ça m'obnubilait. J'avais une sensation étrange, comme si je connaissais le Baron sans le connaître non plus. Quand nous parlions, toutes nos discussions, enfin le peu qu'il y en avait eue, elles avaient sonné comme familière. Mira me ramener à la réalité en me précisant que je me rapprochais de la cible, quand elle disait cible elle voulait dire le vieux dépôt.
Je n'avais plus le temps de penser au Baron et à son identité, mon seul objectif maintenant était de l'arrêter, je découvrirais son identité quand il serait aux mains de la police. Il avait beau avoir tué des gens, moi je n'étais pas un tueur et il était hors que je l'exécute ou quoi que ce soit, même si ce serait un sort digne des atrocités qu'il avait fait perdurer et qui perdureront si je ne l'arrête pas. Me cachant derrière un buisson, j'observais le lieu. À première vue, personne. C'était totalement vide et calme. Déjà une première déception, je me serais attendu à trouver deux gardes postés devant l'endroit avec des fusils dans les mains. Apparemment non. Mira n'arrêtait pas de me dire de rentrer à l'intérieur mais j'avais déjà perdu espoir de trouver quoi que ce soit. Malgré tout, j'écoutais mon ami.
Je contournais le bâtiment, essayant d'être le plus discret possible même s'il n'y avait à première vue personne. Ça me faisait tout de même flipper d'être là, en pleine nuit, seul. J'avais beau avoir été doté d'une force supérieure à la moyenne, je restais un humain. Du moins, c'était ce que j'espérais le plus. Ce sérum n'était pas naturel et si j'avais l'occasion de m'en débarrasser, je le ferais sans hésiter. Je trouverais un moyen, un jour ou l'autre, même si c'était dans mon sang. Derrière l'entrepôt, plusieurs plaques de métal étaient cassées, me laissant donc une ouverture. J'entrais avec précaution, essayant de ne pas trop bouger les plaques pour ne pas faire de bruit. Je restais persuadé qu'il y avait quelque chose, malgré tout. Mon grand-père m'avait aidé et je lui faisais confiance. Mon idée que le Baron s'inspirait de celui de 1945 était la bonne, il n'y avait pas d'autres explications possibles, il ne pouvait pas avoir inventé un monstre de toutes pièces, portant le même nom et quasiment le même costume que celui de l'époque.
L'endroit était vide, mes pas résonnait. La structure était endommagée, il manquait des parties de toits, laissant donc filtrer les rayons de la lune et la lumière du ciel. Il y avait bien des machines ressemblant effectivement à des trieurs de marchandises ou quelque chose comme ça. Il y avait des vieux cartons, des vieilles boîtes, toutes sortes de choses assez inutiles en regardant de plus près.
—Bon bah, c'est un entrepôt tout ce qu'il y a de plus banal, lançais-je à l'intention de Mira.
—Sûr de toi ? Si l'ancien Baron se cachait ici il devait forcément y avoir plus.
J'avançais à l'aveuglette, ouvrant les portes des pièces qu'il y avait. Seulement quelques-unes et toutes plus inutiles les unes que les autres, ça ressemblait surtout à des bureaux. Me laissant glisser contre un mur pour finir assis par terre, je poussais un soupir. En plus de ça j'avais chaud et mon masque me faisait transpirer comme pas possible, c'était incroyablement désagréable.
—Ok, ça sert à rien. On trouvera jamais quoi que ce soit. C'était stupide de penser qu'il y aurait une base ici.
—T'es vraiment chiant comme gars, déclara Mira durement. On a à peine cherchée vingt minutes et tu baisses déjà les bras.
Je lâchais encore un soupir, plus fort pour que Mira l'entende.
—Et puis c'est quoi cette espèce d'ultra son bizarre ?
Je fronçais légèrement les sourcils, me relevant immédiatement.
—Un ultra son ? Il n'y a pas d'ultra son, lui dis-je après avoir essayé d'entendre un son quelques secondes.
—Il y avait un bruit, persista Mira.
—Quand j'étais assis par terre ?
—Quoi ? T'étais assis par terre ? J'ai jamais vu un héros aussi flemmard !
Je levais les yeux au ciel sans qu'elle puisse me voir avant de me rassoir.
—Là, je l'entends encore ! C'est super faible.
Je collais mon oreille contre le mur mais celui-ci menait vers l'extérieur alors qu'il n'y avait presque aucune chance pour qu'il soit relié à quelque chose. Mais effectivement, il y avait quelque chose d'étrange. Des sortes de vibrations. Collant désormais mon oreille sur le sol, c'était plus que perceptible. Je me relevais, les yeux écarquillaient.
—Mira ce que tu entendais c'était des vibrations !
—Non ça ressemblait à un son !
—Sauf qu'il y a des vibrations derrière le sol alors je ne vois que ça.
—M'ouais.
Avançant de quelques pas pour essayer de trouver quelque chose, regardant dans chaque recoin de la pièce, j'en tirais une conclusion.
—Mira on est stupides !
—Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?
Touchant le sol avec mes mains, ressentant à nouveau les vibrations, l'explication me paraissait logique.
—Un homme qui se cache derrière un masque ne va pas mettre sa base en pleine usine, il va la cacher, tout comme mon père ou moi. La base est sous l'usine !
Cherchait le moindre levier qui pouvait se trouver là, je courus en voyant que les tapis roulants en avaient. Trois longs tapis roulants. Je tirais chaque levier jusqu'à arriver au dernier qui fit un bruit plus étrange que les autres. Une seconde après, dans un bruit métallique affreux et beaucoup trop fort pour paraître discret, un des tapis se décala pour laisser apparaître un escalier plongeant vers le sol.
—Mira, j'ai trouvé.
—Quoi ?!
Une lumière verdâtre en jaillissait. Sans fournir plus d'explications à ma partenaire, je descendais vers l'étage inférieur, beaucoup trop apeuré pour être excité et intrigué pour parler. Arrivé en bas de l'escalier, d'autres lumières accrochées au plafond s'activèrent pour me laisser voir la totalité de l'endroit. Un peu plus petit que la base qu'avait mon père, mais disposant de plusieurs pièces à première vue, j'étais bien dans le repaire du Baron. En face de moi se trouvait un ordinateur semblable à celui de mon père, permettant probablement de surveiller toute la ville. Sur les murs, des plans, avec chaque endroit qu'il avait attaqué entouré au feutre rouge. En m'approchant des deux tables se trouvant sur ma gauche, je pouvais remarquer tout l'arsenal du Baron. Son armure également. Quant à l'arsenal c'était beaucoup trop flippant à détailler. Des grenades, des lames en tous genres, des armes à feu aussi, bref, tout pour anéantir la ville s'il le fallait.
—Brian ?! Je te parle ! Qu'est-ce qui se passe ?! Brian ?!
Mira n'arrêtait pas de me hurler dans les oreilles.
—Mira je suis dans la base du Baron, répondis-je en chuchotant.
—Quoi ?! La base du Baron ?! Attends attend ! C'est impossible, enfin je veux dire si mais...
Sans écouter plus Mira, je remarquais que sur les murs étaient placardés des affiches d'Union. Elles dataient de 1945 ou même de nos jours. Mais ce qui me créa un bond au coeur, ce fut ma photo, entouré en rouge. Tout à coup, le tournis, j'eus du mal à avaler ma salive. J'étais bel et bien sa cible. Mais je n'étais pas le seul visage placardé sur ce mur. Une dizaine de visages barrés d'une croix avec écrit en gros "échec" juste en dessous. À de ma photo à moi était écrit "réussite finale". Me retenant à une petite table à côté sur lesquels se trouver de très nombreuses feuilles, j'essayais de me calmer. Voilà pourquoi mon père avait voulu que je ne me lance pas là-dedans. Je n'étais pas prêt, pas pour ça, pas pour être la cible d'un taré. Pourtant voir cette photo rendait les choses plus réelles que lorsque j'avais affronté le Baron. Au début, j'avais pris ça comme un combat de héros normal. Après tout c'était ce que faisaient les héros ? Ils se battaient contre un ennemi puissant et l'éliminer à la fin. J'avais peut-être pris les choses un peu trop à la légère. Là, ma vie était carrément en danger. C'était trop réel. Tournant la tête vers la deuxième pièce, j'avançais. Il fallait que je me ressaisisse !
J'avançais, lentement, les lumières s'allumant automatiquement une nouvelle fois. C'était un laboratoire. Sur les tables, toutes sortes de sérums. Contre les murs, des sortes de frigos, là où garde le genre de sérum que m'avait injecté le Baron. Il y en avait une ribambelle, mais celui qui m'intéressait le plus fut celui avec la même couleur que celui dans la seringue que m'avait plantée le Baron. Elle était au bout de la pièce, dans un tout petit frigo (j'avais décidé d'appeler ça des frigos). En regardant, sans ouvrir, je pouvais remarquer que sur les flacons se trouver une petite étiquette "solution SS, réussite". Il en manquait sur les quatre autres. L'ordinateur à côté n'était pas allumé. Tout ça était dingue.
—Alors, quelque chose ? me demanda Mira depuis l'oreillette.
Réalisant qu'elle était encore là, je secouais légèrement la tête, essayant de reprendre mes esprits.
—Heu, ouais. Un labo avec des trucs bizarres.
—Des trucs bizarres ?
—Des sortes de sérums, en gros.
En regardant de plus près les papiers, je pouvais remarquer que beaucoup d'entre eux étaient des rapports d'expériences, la plupart du temps elles étaient foirées et certains dossiers étaient datés de l'année 1945. En ouvrant, des photos, des atrocités, des échecs surtout. J'avais bien raison, le Baron Blood de notre époque s'était inspiré du Baron de la guerre. Il avait continué ses expériences, je ne savais quelles expériences, pour réussir, là où l'ancien Baron avait échoué. Du moins c'était la seule explication logique. Je n'avais pas envie d'ouvrir les dossiers qui étaient annotés des dates de moins de trois mois. Sauf qu'il le fallait. Soudain, un bruit. Quelque chose de métallique. Le Baron.
—Brian ? Alors ?
Mes yeux fixant les dossiers, il fallait que je les emporte, que je les étudie, que je comprenne ce qui m'était arrivé lors de cette soirée au bowling, ce que m'avait fait le Baron. Cette créature. Mira avait l'air de s'énerver au téléphone alors que je me décidais finalement à ouvrir un rapport récent. Je tournais tout de même la tête derrière moi, il n'y avait personne et aucun bruit. Ce que j'avais entendu était probablement la fermeture automatique de cette base souterraine. La technologie s'y trouvant était tel que ce ne serait pas vraiment s'il y avait une fermeture automatique. De plus, si la Baron était vraiment descendu, il se serait déjà pointé. Il n'y avait pas une centaine de mètres entre les escaliers et le labo. J'avais l'air d'être tranquille.
—Mira je vais lire un truc alors essaye de pas me gêner, ok ?
—T'es sérieux là ?
Je retirais mon oreillette, la posant juste à côté de moi, sur le bureau. En voyant les premières pages écrites du rapport, ce qui me sautait tout de suite aux yeux fut l'écriture. J'étais persuadé de l'avoir déjà vu quelque part. Pas de nombreuses fois comme celle de Joey ou Jim, mais je l'avais quand même déjà vu. Je n'arrivais pas à mon plonger dans la lecture, pas du tout même. C'était beaucoup trop compliqué, il y avait parfois des termes scientifiques. Le Baron, c'était celui que je supposais avoir écrit ça, parlait de ce qu'il avait mis dans le sérum. Des éléments étranges dont je n'avais jamais entendu parler. Et même les mots essentiels, je n'arrivais pas à réfléchir dessus. J'étais trop perturbé, trop apeuré. J'étais dans la base de l'ennemi, il pouvait se pointé n'importe quand et ma vie était en réel danger. Pourtant je lisais, je faisais encore une fois l'inconscient, têtu comme une mule. C'était stupide de ma part. Je fermais les yeux quelques secondes, essayant de penser aux choses essentielles, essayant de me reconcentrer. Je reprenais calmement ma respiration, inspirant puis expirant. Mon rythme cardiaque diminua, le stress aussi, un peu.
Rouvrant les yeux, mon regard fut tout de suite attiré par quelques mots, que j'avais déjà lus auparavant mais qui maintenant prenaient tout leur sens. "Dérivation", "Super Soldat", "Formule inconnue", "Propre sérum", "échecs", "réussite". En fait, non, ça ne faisait aucun sens. Je ne comprenais rien du tout.
—Bonsoir Brian, souffla alors une voix au loin, probablement de l'autre côté de la pièce.
Cette voix ne pouvait appartenir qu'à une personne. Et si cette personne était là, ce n'était pas pour rien. Si cette personne était dans cette base, à ce moment précis c'était parce que cette personne était celle qui se cachait derrière ce masque de métal depuis le début. Cette personne n'était personne d'autre que le Baron, se tenant actuellement derrière moi. J'avais peur, peur de me retourner et de voir ce visage, parce que je ne voulais pas y croire.
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♦Première des trois parties du chapitre final. Oui, vous avez bien lu, trois parties, au lieu de deux j'ai décidé de le séparer en trois tant il était long. Les deux ultimes parties de l'histoire seront normalement publiées ce soir, en même temps.♦