Annabelle
Depuis quelques jours, les murs blancs de ma chambre d'hôpital m'accueillent au quotidien., je vais de mieux en mieux... tout du moins physiquement. Mon amnésie est toujours là. Grâce aux journaux et à Lucas qui me rend visite depuis mon entrée à l'hôpital, j'ai appris que nous étions à Lex. Lex était une petite ville tranquille, retirée du reste du monde. Tout allait bien jusqu'en juin 2017.
En effet, depuis le premier juin, des événements étranges se sont produis. Des enfants ont été kidnappés. Ils sont trois en tout d'après ce que j'ai compris. Deux filles de 5 et 10 ans et un garçon de 7 ans. Ce n'est pas tout, alors qu'il devrait faire dans les 25 degrés dehors et y avoir un temps ensoleillé, la température a chuté dans les 10 degrés et un brouillard permanent hante la ville depuis une dizaine de jours. Lucas n'a aucune nouvelle de Natascha et sa famille non plus. Elle n'a pas été retrouvée sur les lieux du carnage et ses parents affirment qu'elle n'était pas de sortie la nuit de sa disparition.
Demain, je vais enfin pouvoir sortir de ma chambre d'hôpital pour aller voire un psychologue. Les médecins ont insisté pour que je me fasse suivre. Ils disent que mon amnésie est due au choc émotionnel que j'ai potentiellement subi durant la fameuse nuit du 13 juin mais je n'y crois pas vraiment, mon intuition me murmure quelque chose de beaucoup plus sombre. Mais je vais y aller, ça ne va pas me faire de mal. Lucas va arriver d'une minute à l'autre. C'est devenu notre tradition. Il vient avec le journal et me donne des nouvelles de la ville et également de sa vie à lui. On fait d'une pierre deux coups, il oublie un instant toute l'horreur qu'il a vécu et je suis moins seule grâce à lui. Il est gentil, je comprends ce qu'il traverse, découvrir ce qu'il a découvert ne ferait de bien à personne.
Nous avons déjà parlé en long et en large de ce qui a pu se passer cette nuit-là mais nous ne trouvons pas d'explication. Les seuls indices que nous avons sont les suivants :
Il y avait un gars mignon qui me parlait. Beaucoup d'adolescent étaient ivres, malheureusement. Ma montre s'est arrêtée sur minuit pile. Je ne me souviens de rien. La police n'a que le témoignage de Lucas car à priori personne n'est reparti vivant des bois. La forme qu'il a vu bouger n'a pas pu être identifiée. Peu de victimes sont reconnaissables. La ville entière est secouée par ce drame et tout le monde rejette la faute sur l'autre. Conclusion, la police n'avance pas dans son enquête. Beaucoup trop de personnes sont décédées. La vie ne sera plus jamais la même pour les habitants du coin et nos investigations avec Lucas ne donnent rien.
Lucas
Depuis cette fameuse nuit, je dors très peu. Les cauchemars me hantent toutes les nuits. Je me fais un sang d'encre pour Natascha. Heureusement, Annabelle me fait garder le cap. Je deviendrais fou si je n'avais personne à qui parler. Ma famille m'accuse d'avoir été présent sur les lieux du drame. Ils ne comprennent pas que Natascha puisse être autant importante à mes yeux.
Aujourd'hui, la police a annoncé que personne ne devait s'inquiéter, qu'ils avaient la situation sous contrôle. Mon œil oui, ils ne veulent juste pas admettre que cette histoire dépasse leurs compétences. Avec Annabelle nous avons presque plus avancé qu'eux sur l'enquête. Un tel carnage ne peut pas être passé sous silence. L'école nous a donnés une semaine de congé pour nous remettre du traumatisme. J'en ai profité pour me balader dans la ville et observer les gens.
C'est fou ce que l'expression corporelle nous révèle sur les personnes. Ainsi, j'ai fait une liste de gens me paraissant suspects. Je n'ai pas parlé de la liste à Annabelle mais je compte le faire ce soir en espérant que ça nous fera avancer dans notre enquête. Qu'importe, dans quelques minutes j'arriverai devant sa chambre.
-Salut !
-Salut, du nouveau dans la ville ?
-Non mais de mon côté j'ai avancé. Le journal est là, tu le lira après, il n'y a pas grand chose d'important dedans. Mais je voulais te parler d'un truc.
- Je t'écoute, dis Annabelle en se redressant dans son lit.
- Voilà, comme tu le sais j'ai profité du congé accordé par l'école pour aller au parc. Mais une fois là-bas, j'ai observé les gens durant 2-3 jours, puis je me suis baladé dans le reste de la ville. J'ai fait une liste de signes distinctifs qu'avaient les gens suspects, suite à mes observations...
Annabelle consulte la liste, son visage s'émerveille.
- As-tu des photos, des noms? Personne ne me chercher d'ailleurs ?
- Non toujours personne... je suis navré. Pour répondre à ta deuxième question, je ne connais rien d'eux, mais plusieurs personnes avaient le même regard dur et des gestes très stressés, oppressants, rien qu'à les regarder on avait froid dans le dos. Ah et ma famille est devenue insupportable... je ne vais plus pouvoir les supporter longtemps.
- D'accord... ce n'est rien je ne m'attendais pas à des miracles... mais qui sait ? Peut-être que j'ai une famille quelque part. Oh... que vas-tu faire avec ta famille ?
- Je pense me prendre un appartement.
- C'est peut-être la meilleure solution. Et comment va la ville ?
- Les gens sont dévastés et le brouillard devient moins épais. Mais le Carnage n'a pas l'air de s'arrêter... les visages sont fermés, anxieux, tout le monde pointe son voisin du doigt. Bref, vivement que tu sois sur pied pour constater tout cela par toi même