Break Me Free [feat. J.D.B.]

By woundedworld

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Découvrez la folle histoire de la famille Redmont, composée au premier abord de deux frères, d'un père et d'u... More

PROLOGUE - AVANT-GOÛT
CHAPITRE 1 : FIRST CLUE
CHAPITRE 2 : MEETING
CHAPITRE 3 : FACE ME
CHAPITRE 4 : LET THE FIGHT BEGIN
CHAPITRE 5 : FIRST HIT
CHAPITRE 6 : THE SON
CHAPITRE 7 : PASSION
CHAPITRE 8 : A CRY FOR HELP
CHAPITRE 9 : ICE BREAKING
CHAPITRE 10 : REVELATION
CHAPITRE 11 : LET IT GO
CHAPITRE 12 : INVESTIGATION
CHAPITRE 13 : BIRTH
CHAPITRE 14 : NIGHTY NIGHT
CHAPITRE 15 : BLURRY MEMORIES
CHAPITRE 16 : COUNTDOWN
CHAPITRE 17 : GETAWAY
CHAPITRE 18 : LONGING FOR YOU
CHAPITRE 19 : THROWBACK
CHAPITRE 20 : DOWN THE ROAD
CHAPITRE 21 : BY YOUR SIDE
CHAPITRE 22 : CRY, BABY CRY
CHAPITRE 23 : RIGHT BALANCE
CHAPITRE 24 : MATTER OF TRUST
CHAPITRE 25 (PARTIE 1) : CHANGE OF PLANS
CHAPITRE 25 PARTIE 2 : FAMILY REUNION
PROLOGUE TOME II
CHAPITRE 1, TOME II : EMOTIONAL BLACKOUT
CHAPITRE 2, TOME II : BRAVERY
CHAPITRE 3, TOME II : ALL THE WAY BACK
CHAPITRE 4, TOME 2 : BAD NEWS
CHAPITRE CINQ, TOME II : SIBLINGS
CHAPITRE SIX, TOME II : BLOOD
CHAPITRE 8, TOME II : MISTAKEN
CHAPITRE 9, TOME II : WEDDING DAY
CHAPITRE 10 : ÉPILOGUE

CHAPITRE 7, TOME II : RÉVÉLATION

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By woundedworld

SUMMER 1998


Le coeur de Johanna était serré depuis que Justin et Anastasia avaient quitté la maison. Son ventre était noué et elle était prête à sombrer dans une crise de panique. Elle savait pourtant très bien qu'elle était totalement inapte à s'occuper d'un enfant, surtout aussi jeune. Elle n'avait jamais rêvé d'une vie de maman au foyer et cela n'intéressait pas plus désormais pourtant, ce qui lui semblait être un instinct endormi, venait de se réveiller et lui criait de rejoindre les siens. Cela en devenait vital pour sa santé psychologique.


- Tiens, bois-ça.


Johanna le remercia et attrapa le verre d'alcool fort qu'il lui tendait. L'homme qui l'accompagnait n'était autre que son petit-ami, Sam, un guitariste un peu paumé mais qui la laissait vivre chez lui, à San Francisco. Tous les deux savaient très bien qu'ils n'étaient pas ensemble pour l'éternité loin de là. Johanna se trouvait dans la pure impossibilité d'aimer un seul homme comme elle avait pu aimer Richard. L'idée qu'il l'imaginait morte depuis quatre ans la rendait véritablement malade.


- Tu sais que si tu en voulais la garde, tu pourrais la demander, dit Sam en s'installant à ses côtés, sur le canapé.


- Il vaut mieux pour la santé du petit que je ne la demande pas, répondit Johanna avant de boire une gorgée.


- Tu ne serais pas une si mauvaise mère que ça j'en suis certain.


- Il a déjà une mère, Sam.


- Chaque enfant a besoin de sa mère.


Johanna ne répondit pas et sentit cette douleur abdominale revenir. Comme si son propre corps se vengeait des décisions qu'elle avait pu prendre dans le passé. Trois prénoms lui revenaient en tête et elle ne parvenait pas à les sortir, malgré l'alcool. Sam finit par quitter la maison, pour rejoindre des amis et Johanna se retrouva seule, devant une toile vierge, ses pinceaux et palettes de peinture étalées sur le sol. Il était plus d'une heure du matin, elle était totalement saoule, vêtue d'un vieux t-shirt troué et assise en tailleurs sur le parquet. Ses yeux fixaient le blanc de la toile ne sachant quoi en faire. Elle voulait peindre pour oublier mais à chaque fois qu'elle saisissait un pinceau, son geste n'avait qu'une seule signification. Celle d'une mère en souffrance.


Johanna finit par abandonner la lutte et laissa ses mains faire le travail. Son tableau était sombre et douloureux, certains n'y verraient que la douleur d'un artiste incompris mais elle savait très bien qui étaient les trois muses de son art. Elle y passa toute la nuit et lorsqu'elle eut fini, elle n'avait qu'une idée en tête, un seul objectif. Elle attrapa une note et y inscrivit une adresse, demandant à Sam de bien vouloir lui l'ouvre expédier lorsqu'elle serait sèche. Elle n'avait pas besoin d'y écrire une quelconque explication, elle savait bien qu'il comprendrait. Un sac de voyage à moitié ville et les baskets non lacées, elle attrapa un taxi alors que le jour se levait à peine sur la ville. Il lui restait assez d'argent pour rejoindre le centre-ville et acheter ce dont elle avait besoin. Une fois à l'aéroport, elle alla directement acheter un billet d'avion pour un vol qui aurait lieu trois heures plus tard.


Lorsqu'une hôtesse lui demanda si elle était bien majeure, Johanna rit et cela la détendit. Elle avait toujours eu l'air bien plus jeune et son look d'adolescente ne l'aidait vraiment pas. Tout au long du vol, elle dessina sur un carnet qu'elle avait emporté avec elle. Ces petits gribouillages seraient bientôt transformés en marques indélébiles sur sa peau. L'avion toucha le sol en fin d'après-midi et Johanna sauta dans un taxi. Son ventre était noué, sa gorge serrée mais son coeur plein. Elle savait que son plan ne fonctionnerait pas sur le long terme, mais elle devait essayer. Pour eux.


- Vous êtes arrivée, fit le chauffeur en arrêtant la voiture.


Johanna le régla avec tout l'argent qui lui restait, elle était désormais à sec. Pourtant, elle n'était pas inquiète et quitta la voiture avec une certaine légèreté. Elle resserra l'emprise sur son sac en poussant les portes de l'entrée et s'avança vers l'accueil.


- Bonjour, puis-je vous aider ? Demanda une jeune femme brune.


- Oui, je voulais savoir si le papa de mes enfants était venu les récupérer ?


- Il faut me donner leurs noms madame.


- Jess et Eva Valentino, répondit-elle fièrement.


A défaut de pouvoir être la maman de Justin, elle serait au moins la leur, l'espace de quelques années.


BACK TO 2015


- Justin ! Arrête-toi !
 
C'était vain, il ne m'écoutait plus. La phrase que je venais de prononcer eut l'effet de déclencher ce qui ressemble à un total burn-out. La goutte d'eau qui fit déborder le vase de stress et de nervosité accumulés ces dernières semaines. Je me mis à la poursuite de Justin, qui s'élançait droit vers la maison de Jess, qui n'était donc en réalité, que celle de Johanna. Je serrai les poings en voyant Justin remonter l'allée qui menait à la porte d'entrée de la maison et accélérai. Il allait regretter ses propos, voire ses gestes, il n'agissait pas avec sa conscience mais avec son instinct.
 
- Justin, fais pas ça ! M'écriai-je.
 
Il était dans une bulle et ne m'entendait pas. Alors que j'atteignais l'allée, Justin ouvrit la porte qui n'était malheureusement pas verrouillée et s'engouffra à l'intérieur. Mon sang ne fit qu'un tour, je lâchai mon sac à main qui me pesait sur le goudron avant de me mettre à courir pour le rejoindre. 
   
- Tu croyais pouvoir me mentir combien de temps comme ça ? Cria la voix de Justin.
  
Je débarquai dans ce qui ressemblait à un salon et découvris Justin, les poings serrés et les yeux noirs, mitraillant du regard un Jess assis sur son canapé. Je vis la table basse de la pièce totalement renversée, et même s'il était évident que c'était Justin qui l'avait renversée, j'espérais le contraire. Je ne l'avais jamais vu aussi violent.
 
- Qu'est-ce que...


- Me raconte pas de connerie, le coupa Justin, sec. Un mensonge de plus et c'est mon poing que tu te mangeras.
 
Jess semblait si apeuré que je crus quelques secondes qu'il était totalement innocent et inoffensif mais lorsque mon regard tomba sur des peintures accrochées aux murs de la pièce, oeuvres ressemblant particulièrement au style de celle de Johanna, je sus qu'il valait mieux que Justin lui fasse cracher la vérité, et vite.
 
- Je...


- Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Fit une voix féminine. Jess, c'est qui ces gens ?
 
Je tournai la tête et découvris une jeune femme brune, matte de peau, vêtue d'un simple t-shirt couvrant à peine ses cuisses et qui tenait un enfant dans ses bras. Je vis le regard de Justin changer brutalement en découvrant le bébé d'à peine un an dans les bras de la jeune femme. Cette dernière s'immobilisa quelques secondes pour observer Justin qui menaçait clairement Jess, sans m'accorder le moindre regard.
 
- T'as encore magouillé, c'est ça ? Tu lui dois de l'argent ? Demanda-t-elle, amer. T'avais promis d'arrêter tes merdes, c'est pas possible ça ! Comment tu veux élever ta fille dans un tel environnement ?  


- Luna, c'est pas- Tenta Jess. 


- Quoi, c'est pas ce que je crois ? Je vais mettre les choses au clair. Elle se tourna vers Justin. On a pas d'argent donc si c'est ça que t'es venu chercher, tu peux repartir. Maintenant, j'aimerai qu'on nous laisse tranquille car j'ai un putain de bébé à faire dormir.
 
Le bébé en question se mit à pleurer et ladite Luna fit demi-tour pour aller s'enfermer dans une pièce annexe. Jess était muet, tout comme moi. Justin fut plus rapide et se rapprocha de lui.
 
- Je vais pas faire de scandale devant ton gamin ni devant ta copine puisque j'ai un minimum de principe. Je vais revenir, plus tôt que tu ne le penses. On va discuter calmement, j'ai quelques questions et je ne tolèrerai aucun mensonge. Compris ?
  
Il me semblait n'avoir jamais vu un tel calme chez Justin, un calme aussi effrayant. Il se tourna vers moi, mais sans me voir, avant de se diriger vers la sortie. Je lançai un dernier regard à Jess, qui se rongeait déjà les ongles, avant de rejoindre Justin à l'extérieur. Je récupérai mon sac à main, miraculeusement encore présent et rattrapai Justin, qui s'était arrêté sur le trottoir, le regard vide. Il faisait un froid glacial et il n'y avait plus grand monde dans la rue.
 
- Regarde le nom sur la boite aux lettres s'il te plaît, dit-il en brisant le silence.


- Je ne suis pas sûre que ce-


- Maureen, s'il te plaît.
 
Il me demandait de lui planter un énième couteau dans l'estomac. Nous savions tous les deux quel nom se trouvait sur cette boite mais il ne voulait pas le voir lui-même. Je devais être celle qui lui apporterait une telle information. Je m'exécutai mais ce fut difficile à lire à haute-voix, car je savais que mes propos allaient lui faire mal.
 
- Maureen.


- Jess.


- Jess comment ? Demanda-t-il calmement.


- Jess Valentino.
 
Le nom de Johanna. Justin ferma les yeux pendant de longues secondes, me faisant regretter de lui avoir obéi. J'attrapai sa main et fus soulagée en sentant qu'il serrait la mienne en retour. Je m'approchai au plus près de lui, cherchant absolument à lui apporter le réconfort dont il avait besoin, collant mon front au sien mais tout en sachant très bien que la seule chose dont il avait besoin maintenant n'était simplement pas là. C'était un enfant qui avait besoin de sa mère, mais il en avait deux et il était probablement incapable de dire quelle était celle capable de l'apaiser.
 
- Je suis désolé, murmura-t-il. Tu l'avais vu que ce mec était un escroc et j'étais trop aveuglé par cette envie de connaitre la vérité pour t'écouter.


- T'as rien à te reprocher, quelqu'un s'acharne sur toi et cette histoire, ce Jess n'est pas tout seul dans cette affaire, c'est certain. On va découvrir ce qu'il se passe et tu l'auras, ta vérité.


- Je ne sais pas si je vais parvenir à encaisser autant.


- N'abandonne pas.


En réalité, j'avais envie de lui dire de ne pas m'abandonner moi car je sentais une fissure se créer à mesure qu'il prenait des coups, à chaque révélation. Mon coeur se serrait à cette idée et pour être honnête, j'avais peur de ce que l'avenir nous réservait. Au fond de moi, je le savais très bien mais il était trop douloureux de se l'admettre.Justin finit par regagner la voiture, prit le volant et nous conduisit jusqu'à l'hôtel dans un silence nerveux. Une fois sur le parking, Justin lâcha un juron en voyant plusieurs photographes, appareils braqués sur nous. Ils nous avaient retrouvés.


- Mets ta capuche et ignore-les, on se urge à l'intérieur, lui dis-je.


Il fit oui de la tête, avant de quitter la voiture. Il passa devant moi et se fit prendre en photo plus d'une dizaine de fois, alors que certains osèrent même lancer des questions.


- Pourquoi cette visite à Atlanta, Justin ?


- Ça te fait pas bizarre d'être avec l'ex-fiancée de ton frère décédé ?


- T'as pas plutôt envie de rester tranquille à New-York après ta sortie de prison ? Ça nous coute cher de devoir te suivre.


Quel culot. Je les détestais tous et leur en voulais de pourrir l'humeur déjà morose de Justin. Désormais, en plus d'être absolument vidé, désorienté et amer, il allait être irritable. Une fois dans le hall, un employé de l'hôtel vint à notre rencontre et s'excusa pour le dérangement, la police était appelée selon lui.


- Faites-les partir, merci, fit Justin sans s'arrêter.


On s'engouffra alors dans l'ascenseur et un silence pesant nous enveloppa. J'avais l'impression que notre relation ne tenait plus qu'à un fil, tout comme la santé mentale de Justin. Il bouillonnait intérieurement et j'avais très peur de ce qu'il pouvait faire, ou dire. Je n'avais qu'une envie, lui dire d'appeler Anastasia, celle qui était probablement capable d'expliquer tout cela, mais je savais que si je prononçais son prénom devant Justin, c'en était fini de nous.Les portes s'ouvrirent et nous gagnions notre chambre, sans un mot. Justin déverrouilla la porte et me laissa entrer. Il retira son manteau, qu'il jeta sur le lit avant de se tourner vers moi.


- Je vais faire quelque chose, mais j'ai besoin que tu ne poses pas de question.


J'arquai un sourcil, totalement perplexe. Que répondre à cela ? Son regard posé sur moi était loin d'être chaleureux, il n'avait aucune vie dans ses yeux et ça en devenait apeurant. Il tenait notre couple entre ses mains et j'avais comme l'impression qu'il s'apprêtait à l'écraser.


- Y'a eu assez de victimes avec tout ce merdier alors je veux te mettre à l'abris de cela. Tu peux me promettre de rester ici et me faire confiance ?


- Pourquoi, tu vas où ? Fis-je, plus perdue que jamais.


- J'ai dit pas de question, Maureen. Il faut absolument que je règle ça. Merci de m'avoir aidé, personne n'a jamais fait autant pour moi auparavant.


- M... Mais j'ai besoin de toi, articulai-je en sentant ma gorge se serrer.


Je n'eus droit qu'à un regard désolé, attristé et complètement étranger avant qu'il ne quitte la pièce, sa dernière phrase résonnant dans mon esprit, imageant parfaitement l'idée qu'il venait de réduire à néant le petit fil endommagé qui nous reliait jusqu'alors.


Justin Redmont


Je tapais trois fois contre la porte, avec suffisamment de violence pour réveiller les endormis. N'ayant aucune idée de l'heure qu'il était, il fallait bien cela, et puis ça me défoulait. J'avais une obsession en tête et je ne pouvais pas dormir avant de l'atteindre. Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche, affichant un appel provenant d'Alfeo. J'hésitais quelques secondes avant de le rejeter. Il fallait absolument que je mette cela au clair avant de penser à quoique ce soit d'autre.


J'attendis dix secondes avant de recommencer. J'avais envie d'écraser mon poing contre le visage de Jess mais je devais me contenter de cette porte d'hôtel en bois. Je me préparais à frapper de nouveau quand la poignée s'abaissa.


- Mais qu'est-ce que... Justin ! Qu'est-ce que tu fais là ? Il est minuit passé !


- Faut qu'on parle.


Ses yeux fatigués eurent du mal à s'habituer à la lumière du couloir, je n'eus aucune pitié et entrai sans me faire prier. La pièce était plongée dans le noir, seule une lampe de chevet était allumée, le lit défait montrait que je l'avais réveillée.


- Non mais t'es malade d'entrer comme ça ? Je t'ai dit que j'aimais les filles.


Dans d'autres circonstances j'aurai ri mais étant donné la gravité de la situation, je ne pouvais même pas esquisser un sourire.


- Eva Johnes est un nom d'emprunt, n'est-ce pas ?


Eva, habillée d'un maillot de basket, était bien différente de la Eva que j'avais connu à l'aéroport. Sans ses artifices de femmes d'affaires, la vérité était criante. Les mêmes yeux. La même posture, le même accent.


- Qu'est-ce que tu racontes ?


- Johnes c'est pas ton vrai nom. C'est Valentino. Tu viens d'ici, Atlanta.


- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Demanda-t-elle, commençant à s'énerver.


- Bordel mais c'est quoi toute cette histoire ? Qui en a après moi comme ça ? T'es impliquée aussi, depuis le début !


Je devenais fou et l'air perdu d'Eva m'énervait encore plus. Pourquoi continuait-elle de nier alors que j'avais tout découvert ?


- Ton putain de frère a pas été suffisamment discret et j'ai fini par me rendre compte que c'était qu'une supercherie tout ça, je sais pas ce que vous me voulez mais je veux que vous me laissiez tranquille, une bonne fois pour toute.


- Tu connais Jess ? Fit-elle, les yeux écarquillés.


- Mais arrête de nier bordel ! M'écriai-je en m'approchant d'elle.


- T'es complètement dingue, je n'ai rien à voir avec toutes les embrouilles de mon frère ! Je ne lui parle plus depuis cinq ans, je ne l'ai pas vu depuis 2010, je ne sais pas ce que tu me veux, mais si t'as des soucis avec lui, va les régler car je n'ai rien à faire avec ce petit con, pourquoi crois-tu que je suis à l'hôtel et pas chez lui alors que je suis dans ma ville d'origine ?!


Et soudain, le silence. Le moment de réflexion puis le ridicule de la situation. Je lui avais hurlé dessus et elle avait crié encore plus fort, elle me fusillait du regard et semblait véritablement ne pas comprendre la raison de ma présence. J'avais encore merdé. Le hasard en avait après moi.


- C'est euh... Laisse tomber. Désolé pour le dérangement.


Ses yeux s'écarquillèrent et je m'empressai de rejoindre la porte pour quitter au plus vite cette ambiance anxiogène, mais elle fut plus rapide et me fit barrage en collant son dos contre celle-ci, bras croisés.


- Tu ne comptes tout de même pas partir comme si de rien n'était ?


- Laisse tomber, j'ai dit.


- Tu ne sortiras pas d'ici tant que tu ne m'auras pas expliqué la raison de ta venue.


J'étais coincé. Il était temps de faire éclater cette putain de vérité. Je plongeai mes yeux dans ceux d'Eva, des yeux de la même couleur de ceux de Jess. Celle-ci ne me fuyait pas et semblait très remontée. J'étais capable d'abattre toute colère en une seule phrase mais il m'était impossible de la prononcer. Je compris que le rendez-vous avec Jess ne pouvait plus attendre.


- J'ai besoin que tu appelles ton frère et que tu lui dises de venir. Maintenant.


- T'es sourd ou quoi ? Je t'ai dit que je ne lui avais plus parlé depuis 2010.


- Très bien alors habille-toi et on va chez lui.


- T'es complètement malade.


- Tu veux des explications ? Alors tu me suis.


Eva souffla mais alla s'enfermer dans la salle de bain. J'observais ses affaires disposées un peu partout dans la chambre, comme si je m'attendais à voir son certificat de naissance posé quelque part. Je devenais fou et j'avais besoin d'explications. C'était ma seule obsession.


- Je suis prête.


Eva, désormais habillée de jeans et d'un gros pull, me suivit à l'extérieur. Bien évidemment, les photographes m'attendaient toujours à l'extérieur et s'empressèrent de me mitrailler de flash aux côtés d'Eva en criant leurs questions provocatrices. Je m'empressai de rejoindre la voiture et démarrai en trombe dès que la portière passager claqua.


- Comment tu connais mon frère ? Me demanda Eva, toujours aussi méfiante.


- Tu devrais plutôt lui poser cette question.


- Je ne comprends rien du tout.


- Pour être honnête, moi non plus.


J'accélérais pour rejoindre le quartier de Jess. J'espérais sérieusement que sa copine et son gamin étaient endormis car je ne voulais pas les impliquer, visiblement, même sa petite-amie n'était pas au courant de ce qu'il faisait.


- C'est ton jumeau Jess ? Demandai-je.


- Oui. Ça se voit pas mais pourtant on l'est.


- Vos parents, vous les voyez ?


- J'en parlerai pas.


Eva s'était brusquement fermée. Sujet sensible. Je devinais que Jess allait être contraint de m'en parler, alors je préférais ne pas continuer. Elle était aussi innocente que moi dans cette affaire, Jess était le seul et unique responsable et je comptais bien découvrir pourquoi il avait fait cela.


Je finis par arrêter la voiture lorsque nous arrivions devant la maison de Jess. Je le reconnus directement, assis sur les marches de son porche, dans la pénombre, fumant une cigarette. Une lanterne extérieure éclairait suffisamment pour y voir quelque chose.


- Je sais que c'est pas facile sachant que vous êtes en froid mais crois-moi, t'as autant besoin de cette vérité que moi, fis-je en regardant Eva.


Elle hocha la tête et me fit confiance en quittant la voiture. Je remontai l'allée jusqu'à Jess qui me reconnut directement, sans voir Eva tout de suite. J'étais calmé et bien moins énervé que plus tôt, je n'avais pas envier d'hurler ou de frapper, simplement car Eva était encore totalement innocente de cette vérité et je savais au fond de moi qu'il valait mieux y aller doucement.


- Faut qu'on discute, ça peut plus attendre.


- Je le sais bien, dit-il en se relevant et écrasant sa cigarette. Ma copine s'est barrée chez sa mère avec la petite donc on peut rester à l'intérieur et-


Il s'arrêta de parler lorsque Eva atteignit ma hauteur et lui fit face. Les deux échangèrent un long regard, m'oubliant complètement et j'eus l'impression d'avoir vécu cela de nombreuses fois. Ils avaient une relation aussi compliquée que la mienne avec Julian et plus anciennement, Jake. C'était déchirant.


- Eva... Souffla-t-il.


- Je ne sais pas dans quelle affaire suspecte tu t'es encore immiscé, mais impliquer Justin c'est pas cool. Il croyait que j'étais liée au bordel que tu fabriques et c'est loin d'être le cas.


Elle croisa les bras sur sa poitrine et il baissa les yeux. Ce mec n'était pas mauvais de nature, comme sa soeur. Etait-ce biologique ? J'eus envie de rire, malheureusement. Jess nous fit entrer dans son salon et j'eus l'impression qu'Eva s'y sentait particulièrement mal à l'aise. Ils avaient grandi dans cette maison, j'imaginais que cela devait être plein de souvenirs pour eux.


- Asseyez-vous, fit Jess en désignant son canapé.


J'obéis et Eva me suivit. Jess attrapa un tabouret et s'assit face à nous, frottant ses mains, nerveux. La situation était irréelle.


- Justin, je suppose que tu as compris la vérité derrière nos identités.


- On peut dire ça, soufflai-je.


- Quelqu'un m'explique ?


Jess et moi échangions un regard. J'avais déjà pris la décision de ne rien révéler à Eva simplement car ça n'était pas mon rôle. Jess avait provoqué toute cette situation, alors il devait assumer ses actes jusqu'au bout. Malgré le froid et la tension qui régnaient entre eux, il allait devoir tout lui révéler.


- Justin a la même mère biologique que nous. C'est notre demi-frère.


Bien évidemment que je m'en étais douté. Le dossier sur Johanna. L'adresse. Le nom de famille. Les apparences. L'entendre était encore un autre coup à encaisser. Mon identité entière était remise en question, je ne savais plus qui j'étais, à qui j'appartenais, à qui je devais faire confiance ou bien de qui je devais me méfier. Rien n'avait de sens.


- Pardon ? Fit Eva, perplexe.


- Votre mère, enfin... La nôtre. Johanna Valentino était la petite amie de mon père au lycée, ils se sont quittés quand mon père a rencontré Anastasia mais ils ont continué de se voir plus tard. Elle est tombée enceinte de lui et m'a eu en 1992. Anastasia a tout contrôlé, je ne sais pas si elle était d'accord mais Johanna a faussé sa mort auprès de mon père et j'ai été élevé comme le fils biologique d'Anastasia toute ma vie. J'ai appris la vérité à seize ans et j'ai décidé d'en apprendre plus en venant à Atlanta.


- Et il est remonté jusqu'à nous, ajouta Jess.


- C'est plutôt toi qui est venu à moi, corrigeai-je.


- C'est vrai.


Je comptais bien lui demander comment et pourquoi mais pour le moment, j'étais concentré sur Eva qui avait encore du mal à encaisser. J'avais une certaine sympathie envers elle, je devenais peut-être complètement fou mais un certain instinct de protection me poussait à aller doucement avec elle.


- Je... Maman n'a pas eu que nous alors.


Ses yeux étaient brutalement humides, me donnant presque la nausée. Ma place n'était pas chez les Redmont car je n'étais pas le fils de Richard et Anastasia, ma place n'était pas ici puisque je n'avais pas le même père qu'Eva et Jess et ma place n'était pas non plus chez Tia puisque je n'avais aucun lien biologique avec Alfeo ou Gloria. Bordel.


- Ça explique son tatouage.


- Quel tatouage ? Demandai-je.


- Une sorte de note de musique derrière l'oreille. Petite, je trouvais que cela ressemblait plus dit une lettre "J" qu'une note de musique mais elle a toujours nié.


Elle avait un léger sourire aux lèvres malgré ses yeux plein de larmes. Jess se releva et vint prendre sa soeur dans ses bras, celle-ci ne le repoussa pas, au contraire. Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle ces deux là étaient entrés en froid mais visiblement, je les avais réunis. Comme quoi cette histoire n'avait pas fait que du négatif.


- Je suis désolé. J'ai fait plein de conneries dans ma vie, j'ai jamais été très sérieux mais je pense pas que d'amener Justin dans nos vies soit une connerie.


J'étais touché par ses propos. Je savais très bien que je ne saurais jamais proches d'eux, ils avaient déjà tellement vécu ensemble, je n'étais qu'une pièce rattachée, mais il essayait de prétendre le contraire, ce qui était appréciable.


- Vous avez des preuves de tout ce que vous dites ? Demanda Eva en s'essuyant les joues.


- Pas qu'une, assura Jess.


Il reprit place sur son tabouret et porta son regard sur moi. Il était temps d'en savoir plus.


- Je sais pas tellement si je vais t'en vouloir, avoir envie de te péter la gueule ou bien juste regretter mes frères mais... J'ai besoin que tu me dises sur la vérité. Comment tu as fait tout ça et pourquoi ?


- On m'a contacté pour m'alerter de ta venue. On voulait que je te surveille, que je contrôle chaque personne que tu rencontres et que je m'assure que tu n'ailles pas trop loin dans tes fouilles. Tout en restant discret.


C'était raté, puisque j'avais bien évidemment découvert.


- Mais pourquoi ça ? Demanda Eva.


- Écoute, depuis que j'ai arrêté mes petits... business, je n'ai aucune rentrée d'argent, Luna ne travaille pas, faut nourrir la petite, t'as pas idée de ce que ça coute un bébé. J'ai pas de diplôme, pas de formation... Quand on m'a proposé de l'argent juste pour te surveiller... J'ai pas pu refuser.


- Je t'aurai prêté l'argent, je gagne bien ma vie tu le sais, répondit sa soeur, agacée.


- Eva, tu sais bien que c'est pas mon genre.


- Tu savais qu'on était... lié ? Demandai-je.


- Pas au départ, j'ignorais totalement le passé de ma... Notre mère. On m'a mis au courant et bien que ça m'a choqué, j'ai accepté.


Il avait donc fait ça pour de l'argent. Je jetai un rapide coup d'oeil autour de moi, même en oubliant le quartier totalement pourri dans lequel il vivait, la maison n'était pas luxueuse loin de là. Les murs avaient besoin d'être rafraichis, les meubles semblaient de récupération et j'étais persuadé que l'électroménager de la cuisine était le même depuis qu'il vivait ici. Ayant rejoint la famille de Tia, Alfeo et Gloria dans une maison à peu près similaire, je ne pus m'empêcher d'éprouver de la compassion. J'avais bien évidemment financé des travaux et de nouveaux meubles pour eux, dès mon arrivée ce qui me semblait être la moindre des choses. Jess, sa copine Luna et leur bébé devaient être dans une situation encore plus critique.


- Je sais que c'est pas correct, Justin et pour ça, je te présente mes excuses. Je ne me suis pas rendu compte à quel point ça pouvait blesser.


- Je comprends ta démarche. Je vais avoir besoin de temps pour l'excuser par contre, finis-je par répondre.


- C'est normal.


- En revanche, j'aimerai bien savoir qui t'a mis en charge de tout ça. Julian ?


Jess hésita quelques secondes avant de se frotter les tempes. Qui en avait après moi ? Qui cela pouvait-il bien intéresser ?


- Pas Julian, répondit-il. C'est Anastasia.


Ma bouche s'ouvrit à cette surprise. C'était plus une incompréhension qu'un véritable choc, rien de surprenant à ce qu'elle me surveille mais pourquoi aller si loin ?


- Quel intérêt ? Demandai-je.


- Je ne crois pas que je puisse te le dire moi-même.


- Oh Jess, je te ferai un chèque c'est bon, intervint Eva. Peu importe la réponse, tu dois lui dire, il a passé toute sa vie dans des secrets, si on a un peu de vérité à lui partager, on le fera.


Je remerciais Eva du regard pour le soutien. Jess avait l'air extrêmement nerveux à l'idée de me révéler la vérité, il disait adieu à plusieurs milliers de dollars promis par Anastasia.


- Son but était que tu reviennes sans rien d'ici. Sans vraiment en savoir plus sur notre mère et que concrètement, je fasse foirer chacune de tes recherches.


- Mais c'est elle qui m'a conseillé de venir ici, fis-je, totalement perdu.


- Elle m'avait prévenu déjà plusieurs semaines avant. C'était préparé, il me semble.


- Je n'en suis même pas étonné... Soufflai-je. Que cherchait-elle à cacher loin de moi ? Votre existence ?


- En quelque sorte, répondit Jess. Enfin, plutôt celle de notre mère.


- Jess... Commença Eva.


Les deux échangèrent un regard très nerveux et Eva tripota la bague qu'elle avait sur l'annulaire droit. Il y avait quelque chose de pas net. Je sentais que ça allait faire mal.


- Justin, notre mère s'est suicidée il y a dix ans. Cette fois, c'était pas une fausse mort. Anastasia voulait te protéger de ça, elle disait que l'idée que tu ne puisses jamais la rencontrer te détruirait de l'intérieur, elle préférait que cela reste un mystère à tes yeux, elle dit que l'ignorance est moins douloureuse que la vérité. Je suis désolé, j'aurai jamais dû faire ça.


...

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