"Le faible ne peut pardonner. Pardonner appartient aux forts." Gandhi.
PDV Madison :
Quand nous ne sommes encore que des mômes assoiffés d'expériences exceptionnelles qui pourraient booster notre besoin d'aventure, nous sommes obligés de côtoyer des personnes de notre âge. Ils deviennent nos amis alors qu'au départ, votre rencontre n'était qu'un hasard parmi tant d'autres. Mais vous serez plus proche d'un des enfants, il deviendra rapidement votre meilleur ami et vous serez comme des jumeaux. Puis vous grandissez et devenez des adolescents. Vous avez évolué avec cette personne qui a forgé votre enfance et vous la connaissez mieux que quiconque.
Votre première bêtise, votre première amourette, votre première fête, votre première cuite, vous avez vécu toutes ces premières fois ensemble. Chaque jour passé à ses côtés ne sera jamais une journée de perdu, bien au contraire. Puis vous grandissez encore. Vous vous dites que cette amitié est inséparable, vous vous faites encore et encore la même promesse : personne ne se mettra en travers de votre magnifique amitié. Mais comme le dirait si bien ma mère, il faut bien un petit point noir sur cette belle page blanche. Aucune amitié ne peut avoir de faille, surtout lors de l'adolescence. C'est normal, nous sommes devenus plus matures et l'évolution de notre corps et de notre cerveau a fait que vous avez changé.
Vous ne ressemblez plus du tout à cette personne qui était dans le passé votre moitié. Puis un jour, cette personne vous trahit, à un point qui est impardonnable, ça serait tellement absurde d'être indulgent avec elle après toute la souffrance qu'elle vient de te donner gratuitement, sans aucune raison valable. Même si depuis quelque temps, vous n'étiez plus si proche qu'avant, vous ne saviez pas que votre si belle union pouvait prendre une tournure aussi négative que celle-ci. Et c'est là que le dilemme le plus dur de ta vie se présente à toi alors que tu n'avais jamais rien demandé à personne. Soit vous lui pardonnez cette erreur, car même si elle vous a vraiment fait du mal, c'est votre amie et elle sera toujours là pour toi. Puis vous avez vécu tout votre courte début de vie ensemble, tout ce que vous avez fait est inoubliable. Soit vous faites la personne rancunière et vous l'enlevez de votre vie une bonne fois pour toute afin de ne plus jamais souffrir à cause de cette personne.
Elle vous a bien trahi une fois, pourquoi pas une deuxième fois ?
Nos parents nous disent toujours d'oublier les personnes qui ne sont pas bonnes pour notre bonheur. Mais comment oublier une personne qui a été si importante dans votre vie ? Chacun instant de ta vie a été rythmé par elle et du jour au lendemain, tu devrais l'expulser pour ne plus jamais la revoir. Voilà le choix que j'ai dû faire il y a quelques mois quand j'ai appris que ma meilleure amie entretenait une relation amoureuse avec mon petit-copain. Je n'ai jamais vraiment discuté avec Megan de notre dispute, j'ai directement coupé tout contact avec elle car je ne voulais plus jamais parler avec cette fille qui était pourtant mon âme sœur à mes yeux.
Mais elle se retrouve aujourd'hui devant ma porte, légèrement embarrassée, avec mon ex petit copain à côté d'elle, fou de rage. Il faut quand même avoir du culot pour venir qu'ils viennent devant chez moi alors que c'est eux qui ont commis la faute. J'hésite entre les laisser rentrer chez moi et avoir une discussion d'adulte responsable avec ces deux personnes immatures. Ou je ferme la porte comme une personne pas du tout civilisée et je retourne sur mon balcon pour réfléchir sur ma vie inintéressante.
Même si mon envie frappante de fermer cette porte persiste dans mes pensées, j'ouvre un peu plus l'ouverture et regarde leur deux corps rentrer dans ma maison. Je vois mon ex petit ami rentrer dans ma cuisine et chercher dans les placards de l'alcool, je me précipite directement sur lui pour l'arrêter. Ce sont mes affaires, mon argent pas touché. Quand je me retrouve face à lui, j'essaye de le bloquer dans sa démarche car je sais pourquoi il cherche ce liquide si précieux. Un sourire narquois se place sur ses lèvres. Cet homme est la réplique du diable sur la Terre.
–Alors Madison, comment va ta vie à New York ? Demande Ryan en s'affalant sur un tabouret du bar.
Megan reste au milieu du salon et elle est déstabilisée. Moi qui croyais que son visage si angélique allait enfin disparaître de ma vie, voilà qu'elle se retrouve chez moi sans même ouvrir une fois la bouche.
–Comme-si ça t'intéressait vraiment, je rétorque sèchement.
Premier regard noir de la part de Ryan, je sais comment le mettre à bout et je ne vais pas me priver de le voir en colère. Je me demande pourquoi Megan se trouve dans mon salon. Après notre rupture, Ryan a essayé tant bien que mal de reprendre contact avec moi, mais mon ex meilleure amie ne m'a jamais envoyé un message pour expliquer sa trahison. Je pense que j'aurais été capable de la pardonner si elle avait pris un temps pour s'excuser. Maintenant que j'ai lancé un regard plus approfondie à la jeune femme qui faisait partie de ma vie, je ne retrouve pas la fille forte qui est dans mes souvenirs. Son visage est pâle, son sourire a disparu et son maquillage qui la rendait resplendissante n'existe plus. Sa manucure qui était parfaite tous les jours laisse place à des ongles rongés.
C'est étrange de la voir aussi vulnérable alors qu'avant, elle ne pouvait sortir de sa maison avant d'être exemplaire de la tête aux pieds. Je dis ça mais je ne l'ai pas vu depuis des mois, elle a peut-être enfin compris qu'il fallait s'accepter comme on est et non comme la société veut nous voir. Ses yeux ne me lancent plus des magnifiques regards de déesse qui faisaient perdre la tête à tous les garçons qui la croisent. On peut maintenant lire de la détresse et de la tristesse. La main de Ryan qui se pose sans permission sur ma cuisse me réveille de ma transe. Sans réfléchir, je lance ma main en direction de sa joue mais il m'arrête de justesse.
Il n'a plus le droit de me toucher, pas après tout ce qui s'est passé. Son petit sourire malicieux revient sur ses lèvres. Il attrape fermement ma main et la colle à son nez. Il hume ma paume et rigole machiavéliquement avant de lancer lâchement mon membre contre moi.
–Tu as raison, je m'en fou royalement. Mais l'odeur qui se dégage de ta main m'en dit beaucoup sur ce que tu étais en train de faire avant que nous venions. Tu penses que ta mère serait heureuse de savoir que l'alcool refait partie de ta vie ?
La colère commence à monter en moi, mais de quoi il se mêle celui-là ? Ryan ne fait plus partie de ma vie et n'a donc plus le droit de me dire ce que je dois faire ou non. Et ma mère n'a aucun droit sur moi puisque dans quelques jours, je serais majeure et je pourrais faire ce que bon me semble.
–Qu'est-ce que vous faites ici, je n'ai pas été assez claire quand je vous ai dit de ne plus jamais me reparler, je hurle en faisant plein de gestes.
Je pense que les deux personnes qui me regardent pourraient me comparer à une pieuvre de dessin animé avec mes bras qui gesticulent dans tous les sens et ma tête rouge de colère. Mon ancienne amie baisse la tête, désemparée et je crois voir quelques larmes couler de ses yeux. Je pourrais presque croire qu'elle n'est pas enchantée d'être ici et qu'elle a été forcée. Ça ne m'étonnerait pas, il est difficile de dire non à un manipulateur aussi expérimenté que ce monstre. Ryan m'observe en souriant comme un débile.
–Nous sommes ici car ta mère veut absolument que tu reviennes à la maison pour préparer ta rentrée dans une école prestigieuse. Comme la première fois que je suis venu seul et que je suis rentré seul à Pasadena car madame veut devenir une grande fille dépendante, cette fois-ci je suis revenu avec Megan, s'explique-t-il.
Un léger rire s'échappe de ma bouche ce qui trahit ma nervosité. Comme si Megan allait me faire changer d'avis. Ce n'est pas parce qu'elle me connaît mieux que personne et qu'elle a été ma meilleure amie depuis ma petite enfance qu'elle sait me dissuader quand j'ai une idée précise en tête. Au contraire, j'ai toujours été têtue quand il s'agissait d'une conviction qui n'était propre qu'à moi-même. Je pourrais utiliser les quelques prises de boxe que j'ai appris pendant mes années à la salle de sport mais j'ai trop peur de me prendre un poing dans la figure, ou c'est peut-être car je suis une grosse poule mouillée.
Qu'elle est la différence, je n'aurais jamais le courage d'affronter avec les mains mon ex petit ami. De toute façon, je vais bientôt devoir rentrer chez moi à cause de Jaden. New York est une ville très grande et j'ai très peu de chance de le voir par hasard mais même si par malchance je le croiserais par mégarde, je ne serais comment réagir face à cet homme. Mais jamais je vais satisfaire Ryan en lui disant que je compte rentrer dans peu de temps car je n'ai pas eu le culot de faire face à l'homme que j'aime. Ça serait le laisser gagner la bataille qui existe entre nous depuis des mois et avec l'égo surdimensionné que j'ai, jamais mais au grand jamais je lui liguerais cette victoire aussi lâchement.
Je décide de jouer la carte du mensonge même si je sais au fond de moi que ça ne va pas marcher, mais je peux toujours espérer que l'impossible puisse un jour devenir possible.
-Écoutes, je ne changerais pas d'avis, je reste dans cette ville que tu le veuilles ou non, maintenant, sortez de mon appartement avant que j'appelle les flics, j'ordonne de façon autoritaire.
Ryan glousse comme si je venais de raconter la meilleure blague du monde entier. Pourquoi le seul petit copain que j'ai eu de toute ma vie doit obligatoirement être un psychopathe qui veut juste assouvir son manque de pouvoir sur une personne faible ? Un pervers narcissique dans toute sa splendeur. Il se lève pour me faire face, il me surplombe de toute sa grandeur mais je ne me laisse pas abattre.
–Si tu appelles la police, dès que je sortirais de cet appartement, mon téléphone sera directement relié à celui de ta mère. En plus de ça, elle sera triste d'apprendre que sa petite fille chérie a renvoyé son futur mari à la porte.
Se proclamer lui-même mon futur homme est la pire connerie qu'il puisse dire alors que nous ne sommes même pas au stade où j'arrive à le regarder sans vouloir lui mettre ma main sur sa joue. Ryan aime utiliser le chantage contre une personne, c'est sa manière d'avoir ce qu'il veut, le problème, c'est que son petit manège n'a jamais marché sur moi. De toute manière je ne pense pas qu'il a eu un jour de réel sentiment pour quelqu'un.
–Appelle ma mère, ça m'est égal. Tu lui diras de ma part que si elle veut vraiment que je revienne, qu'elle n'envoie pas les personnes que je hais le plus au monde me chercher mais qu'elle vienne d'elle-même, je rétorque froidement.
Ryan me regarde de haut en bas avec dégoût et ne bouge pas d'un poil. Je pense qu'il a décidé de m'énerver plus qu'autre chose. Sur le coup de l'adrénaline, je l'attrape par la capuche et le traîne jusqu'au paillasson. Je m'apprête à me retourner pour faire la même chose avec Megan mais je vois ses larmes couler à fléau le long de ses joues. Je pense qu'elle n'était pas vraiment contente de venir jusqu'ici. Même si j'ai du mal avec elle en ce moment, ça serait égoïste de ma part de la laisser dans les griffes de ce con. Mon ex a encore dû jouer de son charme et de sa richesse pour avoir en sa faveur ma meilleure amie.
Je referme violemment la porte et le claquement de celle-ci résonne dans tout mon logement, faisant sursauter Megan. Je marche vers la cuisine et je remplis deux verres de jus de pomme. Je sais que c'est la boisson préférée de Megan et dans un moment comme celui-ci, boire quelque chose qu'on aime aide à nous détendre. Enfin, c'est ce que j'ai lu dans un magazine. Je fais un petit geste à Megan vers le salon mais elle me regarde complètement déboussolée. Je m'installe sur mon canapé et frappe machinalement la place à côté de moi pour lui dire explicitement de s'asseoir à côté de moi. Je la vois hésiter quelques minutes avant de finalement me rejoindre en reniflant ses derniers pleurs.
Et pendant plus de dix minutes nous restons toutes les deux la bouche fermée à double tour, ne sachant pas vraiment comment commencer cette conversation. Je pourrais dire que le silence règne mais avec tout le boucan qui persiste derrière ma porte à cause de Ryan, le calme a disparu. Nous restons toutes les deux à fixer la baie vitrée en face de nous. C'est vrai que j'ai une vue imprenable sur New York mais je ne savais pas qu'elle serait plus attrayante que moi. Quand Ryan cesse enfin de hurler, le silence revient de façon très pesante.
Comment commencer une conversation alors que ce n'est même pas moi la fautive dans l'histoire ? Après tout, elle reste la fille qui a été ma seule amie pendant toute mon enfance, je la connais mieux que personne et c'est réciproque. Avant toute cette histoire, jamais je ne me serais posée la question de comment je dois commencer une discussion avec elle. Je n'aurais même pas eu le temps de me la poser de toute façon puisqu'elle aurait déjà commencé à me raconter les derniers potins de l'école, vu comment elle est pipelette. Alors pourquoi aujourd'hui c'est si difficile d'échanger les quelques phrases que nous pensons toutes les deux et que nous rêvons de dire à l'autre ?
Jamais je n'aurais cru avoir un moment comme celui-ci avec Megan, elle est tellement pleine d'énergie et d'assurance. La seule fois que je l'ai vu pleurer à chaudes larmes comme maintenant, c'est quand son lapin, Boulette, est mort. Je n'arrive pas à comprendre ce qui la met dans un état pareil, ça devrait être moi. C'est elle qui a couché avec mon petit ami, et non le contraire. Bon, je comptais le quitter dans pas longtemps mais ce n'est pas une excuse. En fait, la chose qui me fait le plus mal ce n'est pas qu'elle a eu une quelconque relation avec mon copain, mais c'est le fait qu'elle m'a trahie alors que j'avais une confiance aveugle pour elle. Alors oui, je lui en veux, j'ai eu beaucoup de mal à accepter ce qu'elle m'a fait. De plus, je suis une fille très rancunière.
Mais elle reste avant tout ma meilleure amie et même si c'est dur pour moi de mettre toute la haine que j'éprouve en ce moment contre elle de côté, je le fais car elle va vraiment mal. J'avoue que je me demande encore comment j'ai pu me retenir pendant tout ce temps de ne pas lui avoir mis une baffe sur sa joue, je suis tellement violente habituellement. Normalement, si j'avais fait comme d'habitude, je l'aurais sûrement frappé violemment avant de faire une réflexion avec moi-même. J'agis toujours avant de réfléchir et c'est notamment mon plus gros défaut.
Mais quand il s'agit des personnes qui comptent un minimum à mes yeux, j'essaye de retenir mes poings le long de mon corps et d'écouter les excuses minables qu'ils ont réussi d'inventer pour m'amadouer une nouvelle fois. Et comme je suis naïve, j'y crois et je tombe dans leur piège encore et encore jusqu'à ce que je me dise qu'ils se foutent un peu de moi. Mais je ne peux pas dire ça de Megan, c'est la première fois que nous avons une dispute aussi imposante dans toute notre amitié.
Non, les engueulades à cause de vêtements ne comptent pas, ceux pour la nourriture non plus. Comme toujours j'ai même réussi à éviter les problèmes. Jusqu'à aujourd'hui. Ce silence devient beaucoup trop pesant pour que j'arrive à supporter une seconde de plus dans ce moment très inconfortable. Alors je réfléchis à ce que je pourrais bien dire, même si c'est débile, je veux juste commencer la conversation.
–Il y a un peu de nuage pour un mois de juillet, tu ne trouves pas ? Je demande, perplexe.
D'accord, j'aurais pu faire mieux comme entrer en matière, mais je n'ai jamais d'idée quand je dois dire quelque chose de spontané. Ce style de moment m'arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. Par exemple, quand une personne me dit quelque chose de blessante et que je dois rétorquer, sur le moment, c'est le trou noir, le néant et j'ai l'air débile. J'ai l'impression d'être une fille qui n'arrive même pas à se défendre. Mais quand arrive le soir et que je me retrouve seule dans mon lit à réfléchir, c'est à ce moment précis que j'ai la réponse parfaite. Bien sûr, il est trop tard.
Le regard de mon amie dévie vers moi avec un petit sourire moqueur. Ce sourire, c'est celui qui fait rêver plus d'un homme mais ils n'arrivent jamais à l'avoir. Je comprends pourquoi j'étais jalouse d'elle quand nous étions adolescentes, Megan est une magnifique femme, pleine d'assurance et d'énergie. Enfin, par aujourd'hui mais habituellement, elle n'est pas comme ça. La blonde s'amuse à tourner son verre dans sa main en fixant le liquide tourner, le paysage ne doit plus lui plaire.
J'ai l'impression qu'elle a envie de me dire quelque chose, une chose très importante, mais que ça reste bloqué dans sa gorge. Impossible pour elle d'ouvrir sa bouche pour me dire ce secret.
–Il faut qu'on parle Mady, chuchote-t-elle.
Je réponds positivement d'un hochement de tête. Je ne sais même pas si c'est à moi de parler ou si je dois attendre qu'elle trouve le courage de tout me dire. Sans réfléchir, je prends son verre et le pose sur ta table basse pour ensuite prendre les bras de ma voisine pour l'obliger à s'allonger sur mes cuisses. Mon vieux réflexe du passé me rattrape et je dépose mes mains dans ses cheveux, caresse son cuir chevelu délicatement, comme quand nous étions plus jeunes et qu'elle voulait me parler de ses problèmes amoureux. Je la sens se détendre contre moi. Je fixe ma meilleure amie, que dis-je, ma sœur. Car même si elle m'a lâchement trahi, elle reste avant tout la personne qui est restée à mes côtés quand j'allais mal. Dans un dernier souffle, elle ouvre plusieurs fois sa bouche, cherchant les mots pour me révéler ce mystère qui se trame autour de nous.
–Mady, le soir où j'ai couché avec Ryan et que tu nous as surpris en plein ébat, commence-t-elle peu certaine.
Je ne lui laisse même pas le temps de finir sa phrase que je la coupe dans son élan. Mon regard se porte à nouveau sur le panorama.
–Pas besoin de me rappeler, je m'en souviens très bien, je rétorque sèchement.
Je descends mon regard sur elle quand je la sens renifler contre moi, ses pleurs reviennent rapidement alors que mon esprit commence à émettre des hypothèses plus farfelues les unes que les autres. Elle essaye à nouveau de se révéler à moi mais difficile de dire quelque chose quand la tristesse et les larmes nous bloquent dans notre élan. Pour l'aider à faire cracher le morceau, j'attrape son visage en coupe et l'oblige à me regarder.
–Megan, tu peux me faire confiance, je serai toujours là pour toi, peu importe ce que tu as pu me faire dans le passé, je serai toujours là comme tu l'as toujours été pour moi.
Megan me sourit une nouvelle fois alors qu'avec mes deux mains j'essuie le chagrin qui coule sur ses joues. Mon cœur se sert en voyant son visage déformé par la tristesse, je déteste voir les gens que j'aime mal.
–Ce soir-là, je n'étais pas vraiment moi-même Madison, murmure-t-elle doucement alors qu'elle colle sa joue contre mon sweat.
Elle renifle à nouveau, et explose en larme contre moi. Je la prends dans mes bras pour essayer de lui donner du courage qu'elle a besoin pour me révéler cette chose secrète afin que je puisse l'aider.
–Prends tout ton temps, calme-toi et dis-moi qu'est ce qui ne va pas.
Ses yeux se mettent à fixer les miens avant de poser sa main contre ma joue d'un air mélancolique. Je pourrais trouver ça mignon si ma meilleure amie ne serait pas en train de pleurer contre moi comme une madeleine.
–Ce soir là quand j'étais dans la chambre avec Ryan et qu'on a fait ce qu'on a fait, prononce-t-elle avec la voix toute tremblante.
Elle marque une pause alors que je hoche la tête en continu pour lui certifier que toute mon attention est sur elle. Avant même qu'elle me parle, je sens la révélation de ses mots peser contre mes épaules et la haine s'immiscer dans mes tripes quand je comprends tout.
–Je...je n'étais ma consentante Mady, s'exclame-t-elle avant de s'effondrer sur moi tout en laissant couler toute sa colère et son amertume contre mon haut.