Bonjour les gens
Vous allez lire un texte que la chère Ore_Scribble nous avait écrit il y a quelques temps et qu'on poste ici car il est cool
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Rain repoussa derrière son dos son sac à bandoulière dans un geste vif et efficace, lissé par l'habitude. Elle se faufila dans une faille entre les deux maisons devant elle, et une fois enfoncée de quelques mètres dans la bâtisse, commença son ascension dans le boyau qui menait à l'air libre. Elle s'accrochait à des briques saillantes, faisait contre-poids pour s'aider à grimper. Elle fut en haut en quelques minutes, suivant un itinéraire maintes fois emprunté.
Une fois sur les toits, elle marcha avec précaution mais sans lenteur, posant le pied sur cette tuile mais pas l'autre, évitant celle-ci qui glisse et celle-là qui bouge. Après avoir fait le tour de quelques cours intérieures, elle arriva enfin près de celle qu'elle cherche. Elle s'accrocha à un rebord de fenêtre, à une gouttière, parfois à même le mur, glissant le long du bâtiment puis autour de la poutre de la pergola, et descendit rapidement.
Une fois le pied délicatement posé sur le plancher de la terrasse, elle s'avança silencieusement vers quatre filles regroupées dans un coin. Flamby, la plus vieille des quatre, face à elle, était en plein récit animé, pendant que les trois autres, qui lui tournent le dos, l'écoutaient avec intérêt.
- Et c'est comme ça que le président, pour remercier les cinq filles de leur courage dans la guerre contre les trolls, décida de leur offrir le Manoir de leurs rêves, où elles vécurent heureuses, sans manquer de rien, pour toujours !
Rain s'éclaircit la voix. Les trois petites filles se retournèrent, et coururent vers elle. Flamby souriait. Elle arrivait toujours à finir l'histoire au moment de l'arrivée de son amie, leur permettant d'attendre le repas.
Après avoir câliné Rain, Nono, Eden et Nonore s'asseyèrent en cercle, visiblement en attente du dîner. Flamby s'assit à côté de Nono, et Rain posa son sac à ses pieds, puis se laissa tomber sur un coussin entre Flamby et Eden. Elle ouvrit le sac, et sortit plusieurs bouts de pain. Les invendus de la boulangerie où elle travaillait, qui acceptaient de lui donner les restes, vu que le pain devenait sec le lendemain. Elle le coupa, le distribua, provoquant des exclamations de joie. Elle gardait pour elle le plus petit bout, comme à son habitude. Elle distribua trois châtaignes chacune.
- Je les ai ramassé en revenant.
Sa phrase fut accueillie par un concert d'exclamation joyeuses. Les petites mangeaient en chahutant, Flamby rigolait avec elles, tandis que Rain observait la scène, pensive.
- Flamby ?
Celle-ci, souriante, se retourna vers la blonde. Les sourcils de cette dernière étaient froncés. Comme d'habitude. Le sourire de Flamby s'estompa.
- Oui ?
- Est-ce que les petites ont pu se laver ? Il faut pas que la maîtresse se doute de quelque chose.
Eden posa sa main sur celle de Rain, comme pour la rassurer.
- Oui, ne t'inquiète pas, on est toutes propres !
- On a fini de savon par contre, ajouta Flamby, avec une demi grimace.
- Je devrais avoir assez d'argent pour en acheter demain.
- Non, ne t'inquiète pas, je trouverais un moyen de m'en procurer.
Rain secoua la tête, pour signifier son désaccord. Puis elle tapa dans ses mains. Tout le monde avait fini le repas, et Nonore et Eden commençait à chahuter.
- Vous avez vu l'heure ? Aller, au lit les filles, on se lève tôt pour aller à l'école demain matin !
Les trois petites filles gonflèrent les joues.
- Je veux regarder les étoiles un peu, moi, la contredit Nono. J'aime beaucoup les étoiles...
- Et on veut faire comme Flamby ! On veut pas aller à l'école ! s'écria Nonore, un air de rébellion brillant sur son visage enfantin.
Rain souffla. Lentement. Flamby, les yeux écarquillés, commença à reculer. Un regard de Rain suffit à la figer sur place. Les petites sentirent immédiatement le changement d'atmosphère, et coururent se déshabiller pour se mettre au lit. Flamby resta figée, et Rain suivit ses petites protégées dans la cabane collée au mur gris.
À droite, une bouilloire étaient connectée à des fils qui sortaient du mur de l'immeuble. Le toit était doublé de plastique épais, permettant un abri efficace en cas de pluie. À gauche trônait un matelas à même le sol. Dans le lit double, en pyjama, Nonore, Eden et Nono s'agitaient.
Dès que Rain pénétra dans la pièce, elles se calmèrent. La plus grande leur embrassa le front tour à tour, puis leur souhaita bonne nuit. Elle sortit sur la pointe des pieds, un sourire aux lèvres, pendant que trois respirations régulières emplirent la cabane.
Sourire qui s'effaça bien vite lorsqu'elle aperçut Flamby, toujours figée exactement au même endroit, n'osant pas bouger pour éviter de s'attirer les foudres de Rain encore plus que ce qu'il y avait déjà.
La blonde marcha d'un pas rapide vers son amie, lui attrapa l'oreille, et la traîna plus loin. Elles descendirent de la pergola, et traversèrent la cour pavée. Une fois assez loin pour ne pas réveiller les plus petites, Rain attaqua :
- À quoi tu joues, Flamby ? Tu sèches les cours ? Tu te rends compte d'à quel point c'est inconscient et égoïste ?
- Je...
- Il faut que tu aies ton bac, je sais que c'est pas des conditions faciles pour étudier, mais tu dois réussir. C'est beaucoup trop juste financièrement depuis que Nonore nous a rejoint, il faut vraiment que l'année prochaine tu puisses étudier et travailler un peu, pour m'aider.
- Mais...
- Tu te rends compte que sinon, l'une d'entre vous devra abandonner ses études et aller bosser à la mine ? Il est hors de question que vous alliez là-bas ! Travaille bien à l'école, bon sang, c'est tout ce que je te demande. Je m'occupe de toutes vous faire vivre, je rechigne pas, tu pourrais au moins faire ça pour me remercier ! C'est notre seule chance de nous en sortir ! C'est pas en volant des babioles à droite et à gauche que tu vas l'avoir, ton fameux manoir dont tu nous rabâche tant les oreilles !
Rain avait haussé la voix. Flamby, les bras croisé, la regardait froidement, avec un air buté. Puis elle annonça :
- Rain, franchement, j'irais moi à la mine. Ça me dérange pas.
- C'est pas une vie, ça, la mine. En plus en tant que femme tu gagnes une misère pour trier le charbon.
- M'en fous, je me déguise comme un garçon, c'est plus dangereux de descendre mais ça rapporte plus. Ça marchera, promis.
Wain soupira, agacée.
- C'est pour le rouquin qui bosse là-bas que tu veux faire ça ? Tu es pathétique. Essaye de te trouver autre chose, c'est pas en étant mineur que tu vas avoir ton manoir.
De rage, Flamby ferma le poing, et sans un mot, elle courut vers la pergola. Peu après, Rain aperçu sa silhouette s'envoler sur les toits.
Une fois Flamby totalement disparue de son champ de vision, elle se laissa tomber par terre, lasse. Adossée au mur gris et brut, elle ferma les yeux un instant, lasse.
Elle était fatiguée, par ses responsabilités, son travail à la boulangerie qui commençait à 4h du matin, et finissant à 8h du soir, ses cours saucissonnés dans ses journées de travail. Fatiguée par la peur de revenir un soir les mains vides, sans rien à manger. De devoir affronter les regards affamés de ses protégée. Fatiguée d'avoir peur qu'un jour, son subterfuge pour scolariser ses protégées de marche plus, qu'elles se retrouvent seules, ou dans l'orphelinat de la ville, froid, austère, mortel : les plus jeunes ne survivaient pas l'hiver, obligés à travailler à la mine, dans les rues, le froid. Elle faisait attention à chaque détail pour qu'aux yeux du monde, les jeunes filles viennent d'un foyer, certes pauvre, mais aimant et responsable, une famille unie. Et pas un groupe d'enfants des rues, soudés par la peur, la faim, et l'amour qu'ils se témoignent.
Rain entrouvrit les yeux, et s'appuya à la vasque en pierre pour se relever. Leur baignoire. Son regard se promena autour d'elle, elle sourit tristement en regardant la grisaille des murs, et des pavés. Seule touche de couleur, la pergola, surélevée, en bois. Des tapis élimés mais colorés jonchaient le parquet. Deux hamacs étaient suspendus à la structure en bois, qui était surplombée par une immense vigne. Gilbert, comme l'avait surnommé affectueusement Nono, leur avait rendu de fiers services, leur procurant de l'ombre en été, du raisin en automne, une structure en hiver, et de l'espoir au printemps.
Rain se leva, puis marcha lentement vers leur lieu de vie. Elle passa sa tête dans l'encadrure de la porte de la cabane, et vit que ses trois protégées dormaient profondément, avec des airs angéliques.
- Quelle bande petits monstres, elle ne put pas s'empêcher de soupirer.
Une fois rassurée, elle marcha lentement vers son hamac, sans faire craquer le plancher, se débarrassa de ses chaussures et quelques habits, puis grimpa dedans.
Elle commençait tôt le lendemain. Comme tous les jours. Il fallait qu'elle dorme, mais elle ne pourrait pas tant que Flamby ne serait pas revenue. Elle veillait sur ses amies. Elles étaient comme elle, des enfants des rues, enfants abandonnés, enfants pauvres. Des enfants sans noms. Elles s'en sont créés, des noms, des identités, elle ont trouvé l'espoir ensemble. Elles avaient une chance de s'en sortir. Ou plutôt, de survivre. Parce que la vie était dure.
Plusieurs heures plus tard, un bruit vint interrompre Rain, qui révisait ses cours dans sa tête. Elle avait pas de cahier, préférant les laisser aux petites pour l'apprentissage de l'écriture. Aussi faisait elle tout de mémoire.
Le bruit était celui d'une masse qui tombait sur les planches. Des pas se firent entendre, puis une Flamby, l'air exténuée, grimpa dans son hamac.
Elle avait de la suie sur le visage, et dans les cheveux. Saloperie de rouquin qui la détournait du droit chemin, soupira Rain.
Flamby s'endormit d'un coup, et dès que sa respiration fut régulière, Wainou, qui était enfin sûre que tout son petit monde dormait, et allait bien, se laissa elle aussi étreindre par le sommeil.
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Voilà, allez la féliciter (dans le jardin de Gilbert, elle a un droit de camping Kappa)
D'ailleurs, on termine la mise en page de la FAQ, elle sera bientôt postée
Mais on l'a fait sur GDocs, donc c'est un tantinet bordélique
<3