La pierre des mers

By MiladyCoulter

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Je m'appelle Théophile Gironnant et j'ai toujours eu une vie qui sortait de l'ordinaire. Déjà je fais de la... More

Couverture
Chapitre I : Celui où je fais connaissance avec une nouvelle ...
Chapitre I - ... pour laquelle je suis tout à fait à son goût, au sens propre.
Chapitre II : Celui où je fais exploser ...
Chapitre II - ... une suite
Chapitre III : Celui où je fais connaissance...
Chapitre III ... avec une fée
Chapitre IV : Celui où je rencontre des personnes ...
Chapitre V : Celui où je découvre le secret de mon amie ...
Chapitre v ... qui n'en est pas vraiment un
Chapitre VI - Celui où mon oncle s'emporte sur ...
Chapitre VI ... sur d'autres que ma sœur ou moi.
Chapitre VII - Celui où mes excès ...
Chapitre VII - ... manquent de m'envoyer en prison
Chapitre VIII - Celui où je suis confronté...
Chapitre VIII - ... aux fantômes de mon passé
Chapitre IX : Celui où je recherche...
Chapitre IX : ... un objet invisible
Chapitre X - Celui où je passe deux nuits avec une fille ...
Chapitre X - ... complètement folle et malheureusement pas de moi
Chapitre XI - Celui où je perds ...
Chapitre XI - ... ce qui compte le plus ...
Chapitre XI : ... pour moi
Chapitre XII - Celui où j'apprends que ...
Chapitre XII - ... j'ai des ancêtres célèbres
Chapitre XIII - Celui où j'apprends des choses grâce à un caillou, ...
Chapitre XIII - ... certes un peu brillant, mais un caillou quand même
Chapitre XIV - Celui où je pars ...
Chapitre XIV - ... à l'étranger
Chapitre XV - Celui où je découvre ...
Chapitre XV - ... les joies de la prison
Chapitre XVI - Celui où je découvre le masque, ...
Chapitre XVI - ... derrière le masque, derrière le masque.
Chapitre XVII - Celui où j'ai une réunion de famille ...
Chapitre XVII - ... offerte par l'ennemi.
Chapitre XVIII - Celui où j'ai le choix...
Chapitre XVIII ... entre Charybde et Scylla
Chapitre XIX - Celui où j'affronte mon ennemi ...
Chapitre XIX - ... qui est pourtant absent.
Chapitre XX - Celui où tout se termine, ...
Chapitre XX - ... enfin presque.
Remerciement

Chapitre IV : ... que je pensais morte et enterrées depuis longtemps

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By MiladyCoulter


On aurait dû s'y attendre.

Pourtant, Camille et moi, nous ne pûmes que rester bouche bée. Mes deux amis semblaient eux-mêmes très surpris. Je ne sais pas vraiment comment définir les sentiments que j'ai alors éprouvés. Je venais d'apprendre que ma grand-mère était plus jeune que moi. C'est impossible normalement. Mais sur le coup, je n'ai pas vraiment pensé à cela. Je cherchais juste quoi dire. Surtout que notre grand-mère ne nous ouvrit pas ses bras, comme le faisait Rosalie, la grand-mère de Nicolas, à chaque fois qu'elle passait le voir. Non. La nôtre nous examina du regard un long moment, froidement. Puis, elle détourna les yeux, pour se plonger dans sa fiole. Notre présence semblait lui être indifférente. Ma gorge se serrait. J'aurais espéré un peu plus d'affection. Mais après tous, c'était la mère de Xavier, il fallait bien que mon oncle tienne sa froideur de quelqu'un.

- Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? Demanda Kaïa à ma grand-mère.

- Ma tante et mon père ont travaillé ensemble sur une potion pour rendre immortel, nous raconta Bruno avec un grand sourire.

Il parlait rapidement, mais de manière à ce qu'on voit à quel point, ce travail était de « la plus haute importance ».

- Il y a dix ans à peu près, ils ont enfin réussi. Ma tante, qui a été la première à y goûter, s'est retrouvée dans cet état. Du coup mon père y a fait quelques modifications avant de la prendre à son tour. Et depuis, il repasse en boucle par tous les stades de la vie : de l'enfance à la vieillesse. J'ai réussi à freiner le mécanisme. Avant il mettait deux minutes pour passer de nourrisson à vieillard. Maintenant il lui faut plusieurs heures.

La chose en elle-même était assez surprenante, même pour nous magiciens.

Je me tournai vers Jérôme et l'examinai. C'est vrai qu'il semblait plus vieux qu'à notre entrée. Mais le plus effarant, c'était que Bruno semblait trouver cela absolument fascinant. Il serait sans doute capable de nous découper, juste pour faire une expérience bizarre.

Kamélia eut un petit mouvement agacé.

- On n'est pas là pour cela ! Jeanne, j'aimerais en savoir un peu plus sur le père de tes petits enfants.

Quand je vis la tête que firent les trois scientifiques, je crus que la fée avait dit une grossièreté.

Bruno tentait de se faire tout petit. Malgré qu'il ait fait un mouvement tellement brusque qu'il a manqué de faire tomber une table en la percutant. Son père avait grimacé, en faisant de nouveaux tomber sa canne, puis échangé un regard gêné avec son fils. Quant à ma grand-mère, son visage fermé avait rougi de colère. Elle leva vers nous des yeux flamboyants de haine.

- Pourquoi ? Je ne veux pas parler de ce vaurien. Depuis sa mort, je me suis jurée de ne plus JAMAIS entendre parler de lui ! nous agressa-t-elle.

- Théophile a des pouvoirs plutôt incontrôlables. Et on aurait aimé savoir d'où cela vient.

- Son père disait en avoir aussi ! explique-t-elle avec dédain. Il évitait d'utiliser la magie pour cela. Cela ne m'étonne pas de lui, de nous léguer uniquement ses problèmes ! C'est tout lui !

Elle semblait avoir une piètre opinion de mon père. Comme Xavier. Cela ne me choqua donc pas outre mesure. Par contre, son agressivité me déconcertait.

J'échangeai un regard avec ma sœur. On était déçus. Pour une fois, j'avais cru, vraiment, pouvoir trouver une famille normale et je tombais sur une femme froide et agressive. Certes, je ne m'attendais pas non plus à ce qu'elle nous gave de sucrerie et de gâteaux fait maison, délicieux, comme la grand-mère paternelle de mon meilleur ami. Mais j'espérais au moins que comme « Mamie Rosalie », elle nous raconterait des anecdotes à mourir de rire, ou qu'elle se plaindrait de la modernité.

- J'aimerais en savoir plus sur ses origines, poursuivit calmement Kamélia. Cela pourrait nous aider à mieux comprendre le problème.

Son calme olympien contrastait fortement avec l'agressivité de ma grand-mère, la nervosité de Jérôme et l'air gêné de Bruno et de mes amis.

- Je ne sais rien sur lui ! lâcha ma grand-mère. Et Charlotte aussi, j'en suis sure ! Mais jamais elle ne l'aurait avoué ! Il faut reconnaître qu'elle avait au moins cela ! Si elle n'avait pas eu ce petit orgueil, j'aurais pu penser que ce n'était pas ma fille ! Oh oui ! C'est comme son frère ! Il ne peut pas être MON fils !

J'étais justement en train de me rendre compte, que Xavier n'avait pas seulement la froideur en commun avec sa mère, mais aussi le goût des tirades et ce mauvais caractère. J'en souris. Il valait mieux que je trouve quelque chose de positif dans cette-histoire. Je me tournai vers Nicolas pour lui en faire part. Mais Jérôme coupa ma grand-mère en nous demandant :

- Qu'est-ce que vous voulez faire plus tard les enfants ?

Il avait un ton qui faisait plus grand-père. Sa question aussi. Cela nous surprit après toute cette agressivité. Ma sœur répondit la première :

- Je veux être actrice ! déclara-t-elle fièrement.

Tellement, que j'eus pitié d'elle quand notre grand-mère la démolit.

- Encore pire que son père ! Au moins écrire demande une certaine intelligence. Mais actrice !

Elle paraissait sidérée. Cela me fit sourire. Je venais de voir la copie conforme de mon oncle.

- Tu es encore pire que ta mère ! Elle voulait faire fleuriste. Fleuriste ! Ma fille ! Elle qui était si intelligente ! Et puis quoi encore ? On est une famille de scientifique ! On reste dans les sciences ! Avec des parents comme cela, la vie ne vous a pas gâté ! Moi je vous le dis ! Et vous avez été élevé par Xavier ! C'est un miracle que vous sachiez mettre un pied devant l'autre ! Vous devez être des causes perdues. Et toi, qu'est-ce que tu veux faire ? m'apostropha-t-elle.

- Je....Je ne sais pas. Bafouillais-je.

Je pensais encore à ce moment-là à Xavier et la dernière fois qu'il se plaignait de nous. Sa question m'avait donc pris au dépourvu. Sa réponse encore plus.

- Vu comme tu parles, tu ne risques pas de faire grand-chose !

Camille et Nicolas pouffèrent. Kaïa, elle, fixa ma grand-mère de son regard de tueur, qui vous glaçait jusqu'au sang.

- Je ne comprends pas, dit-elle calmement.

- Je vois qu'en plus tu as des amis stupides ! Décidément c'est mal partie pour toi ! Me dit ma grand-mère. Tu ne comprends pas quoi petite ?

- Eh bien, vous venez de retrouver vos seuls petits enfants. Que vous n'avez sans doute pas vus depuis longtemps.

- C'est exact, confirma ma grand-mère.

- Et pourtant, vous êtes, avec eux, aussi sèche que le désert. Vous ne parlez que pour leur faire des reproches et d'un ton des plus agressifs.

Kamélia était, de toute évidence, mal à l'aise. Elle semblait vouloir intervenir. Ma grand-mère allait répondre également, mais mon amie reprit la parole avant :

- Vous avez déjà perdu votre fille. On aurait pu croire que cela aurait pu vous servir de leçon. Que vous aviez enfin compris que vous ne montriez pas la bonne attitude envers elle et que vous regrettiez votre comportement. J'aurais pu penser, que vous voudriez rattraper vos erreurs, avec ses enfants. Mais visiblement non. Alors de nous deux, je pense que la plus stupide, c'est vous. Soit parce que vous n'avez pas encore réalisé vos erreurs, soit parce que vous ne faites rien pour changer les choses.

Les paroles de mon amie me réchauffèrent le cœur. Elle me paraissait encore plus belle, plus admirable. Elle avait pris ma défense, devant des adultes, insultant une femme pourtant très agressive. Et tout cela pour nous. Nicolas la regardait avec fierté, Jérôme avec surprise, Bruno avec gêne, Kamélia avec admiration, et Camille avec reconnaissance. Moi-même je ressentais un peu de tout cela. Je lui étais reconnaissant de me défendre et de soulager ma sœur ainsi. J'étais gêné de son discours, mais j'admirais son audace d'avoir osé. Et comme Nicolas, j'étais fier d'être l'ami d'une personne si admirable.

Ma grand-mère, elle, la regardait comme si elle était un insecte particulièrement gênant.

- Je crains, ma petite, qu'on t'a trop habituée à recevoir du respect non mérité, pour que tu te permettes de m'en manquer ! Alors écoute-moi bien ! Peu m'importe qui est ton père ou ta tante, pour moi tu n'es personne ! Et ton père pourra toujours venir me voir, me faire des reproches, cela ne me fera rien ! L'aristocratie je la méprise, même la Grande Reine Hélène pourrait venir que cela ne me toucherait pas ! Tous ces nobliaux, je les méprise encore plus que le plus pauvre des mendiants ! Lui il ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas ! Il reste à la place qui est la sienne ! Tu veux que je te parle de ma fille et de son compagnon ? Très bien. Cette fille était une ingrate ! Une gamine irresponsable qui n'avait pas un sou de jugeote ! Elle a préféré être pourrie gâtée par cet auteur à la fortune suspecte, plutôt que d'écouter mes conseils ou travailler ! Elle est tombée enceinte au bout de trois mois ! Et elle a préféré garder l'enfant qu'elle a fait avec un inconnu ! Et cet homme, il n'a jamais voulu épouser ma fille ! Il ne voulait même pas en entendre parler ! Ils ont voulu couper les ponts avec moi, parce que je n'approuvais pas leur vie ! Et résultat : Mathieu le Terrible a tué cet homme et s'est certainement amusé avec l'esprit de ma fille ! Crois-moi, j'en ai presque été soulagé ! Et je l'ai été également que ce soit mon fils qui ait hérité des deux enfants de mon ignoble fille et de son artiste !

Je ne pensais pas que cette femme, dont je ne soupçonnais pas l'existence il y a de cela une heure, puisse me causer tant de souffrance.

Et pourtant, je souffrais.

Je souffrais de son rejet, alors qu'elle ne nous connaissait pas. Je souffrais du portrait qu'elle faisait de ma mère, qu'on m'avait toujours présenté comme une femme exceptionnelle. Je souffrais de ce qu'elle disait sur le couple qu'avait été mes parents, me faisant douter d'avoir été heureux avec eux. Et je tentais de le cacher.

Je savais que ma sœur, plus sensible, exploserait bientôt. Je la sentais, plus que je ne la voyais, trembler comme une feuille.

Je voulais la consoler, mais je ne pouvais plus bouger, plus parler. Tant de haine m'avait figé sur place. Pourtant elle eut la réaction la plus inattendue :

- Dans ce cas, oubliez-nous ! dit-elle. C'est ce que nous on va faire en tout cas. On s'est passé de vous toutes ses années. Vous ne nous manquerez pas.

Et, la tête haute, elle tourna les talons et sortit avec un port de reine. Nicolas la regardait avec admiration, amusement et fierté.

Elle avait glacé l'ambiance et avait réussi à se faire obéir de son ordre muet, puisque tous on la suivit. Je ne regardai même pas ma « famille ». Seul Kaïa leur jeta une dernière fois son regard de tueuse.

Kamélia dut rentrer à son bureau, où des affaires urgentes l'attendaient. Elle était satisfaite apparemment.

Mon amie vampire décida donc de nous emmener dans sa « petite » suite. Ses parents étaient là à notre arrivée. Sa mère nous fusilla du regard. Mais son père, lui, nous accueillit avec un sourire jovial.

C'était un vampire grand et svelte à la chevelure argentée en désordre et aux yeux vert émeraude qui semblaient vous transpercer. Il avait un style très étudié mais gardait une posture nonchalante. Monsieur Blanktest affichait un sourire aimable et vous paraissait immédiatement sympathique. Il était quelqu'un de bienveillant, poli, intelligent, qui détestait le conformisme. Mais il avait un grand défaut : il était d'une passivité incroyable avec sa fille et sa femme et avait tendance à tout excuser.

- Alors c'est toi le danger public ? me demanda-t-il.

- Il m'avait pourtant juré être gentil ! se plaignit sa femme de la salle de bain qu'elle avait regagnée.

- Ce ne sera pas le dernier serment fait à une femme qu'il ne tiendra pas, affirma-t-il en nous faisant un clin d'œil. Et au moins, notre fille a trouvée quelqu'un de pire qu'elle pour les bêtises.

Il s'esclaffa. Ce qui semblait exaspérait Solveig Blanktest.

- Nils ! Ne les incite pas en plus !

Il leva les yeux au ciel en soupirant. Je sentais qu'il était de mon devoir de m'excuser pour les petits tracas que j'avais dû lui causer à peine arriver.

- Je suis désolé Monsieur et Madame Blanktest ....

- Mais voyons mon garçon ! S'insurgea le père de mon ami.

Je pensais faire une bêtise, bien qu'ignorant laquelle, quand il me dit :

- Tu peux m'appeler Nils !

- Euh.... D'accord.

Il m'avait troublé. Mais je repris contenance et continua :

- Je suis sincèrement désolé. Et je vous remercie sincèrement, pour l'aide que vous m'avez apportée. J'essayerais d'être plus prudent la prochaine fois. Mais, je ne peux vous le promettre, j'ai un gros problème avec la magie.

Nils avait écouté mon discours, les mains dans les poches et il avait éclaté de rire une fois que j'eus fini. Il s'attira un raclement de gorge courroucé de sa femme, ce qui ne fit qu'augmenter son rire.

- Ce n'est rien mon garçon, finit-il par me dire. Tu sais, la majorité des personnalités politiques ont eu des problèmes de magie durant leur enfance. D'ailleurs, la Grande Reine Hélène en a toujours.

Je souris et échangeai un regard avec Nicolas. Nina m'avait souvent dit la même chose.

- Moi aussi quand j'étais jeune j'ai fait quelques catastrophes !

Nils nous raconta alors une anecdote de son enfance. Il voulait entendre une conversation entre sa mère et Roald, le premier conseiller de l'époque, que Nils avait toujours détesté (il avait l'habitude de le prendre en flagrant délit quand Nils faisait une bêtise). Mais la porte entre lui et les deux adultes, était en verre de Tins, un verre à travers lequel on ne peut pas voir. Et bien sûr, un sort, pour empêcher le son de passer, était enfermé à l'intérieur du verre. Alors, le jeune Nils, tenta de faire un tout petit trou dans la porte. Mais au lieu de cela, il la fit exploser. Les gardes à l'extérieur, croyant à une attaque, voulurent mettre tout le monde à l'abri et lancèrent une offensive dans le bureau de sa mère, ce qui le détruisit complètement. Celle-ci se mit à hurler sur les gardes. Tout ce bruit attira le roi Tomas qui renvoya les gardes à leur poste, répara les dégâts et envoya le premier conseiller à l'infirmerie, Roald ayant reçus tous les débris sur lui. Et à cause du sort sur la porte, il était resté sourd et muet pendant une semaine.

Nils riait beaucoup en nous racontant son récit. Nous aussi d'ailleurs. Mais, je me demandai si plus tard, moi aussi je rirais de l'incident que j'avais provoqué et des dégâts que cela avait entraînés.

- Tu vois, personne ne m'en tiens plus rigueur aujourd'hui. Et je suis certain que la majorité de ces gens sont jaloux !

Je le remerciais d'un sourire. Lui ne me disait pas de me contrôler, il me soutenait.

- Bon, lequel d'entre vous est le petit ami de ma fille que je le chasse d'ici avec toute ma puissance magique ?

Nicolas et moi on échangea un regard paniqué en rougissant. Kaïa protesta :

- Papa ! Je viens juste d'arriver ! Et tu sais bien que si j'avais un amoureux tu serais le premier au courant !

Elle lui fit un sourire mielleux auquel son père répondit. Il lui caressa même la joue avec tendresse. J'ignorais encore à ce moment-là que Kaïa manipulait juste son père et qu'il n'a jamais été le premier à savoir qui était son petit ami. Je la pensais vraiment sincère et je jugeais donc bon de me faire bien voir de Nils.

- Je suis sûr que Kaïa sait ce qu'elle fait Nils. Pas besoin de faire peur à tous ces pauvres garçons, protégea madame Blanktest

- Il plaisantait ! m'apprit Kaïa. Mon père est très gentil avec mes petits amis. N'est-ce pas ?

- Bien sûr ma poupette ! Mais tu pourrais ramener des filles chez nous pour changer. Ne me dis pas que tu es la seule de ta classe.

- Il n'y en a pas beaucoup avec nous ! la défendis-je.

C'était vrai en plus. La plupart des filles de familles aisées étaient dans l'autre école onéreuse de la ville, qui coûtait un peu moins cher et était tenue par des nonnes. On était mélangés avec leusr élèves en danse et pour l'équitation, ce qui permettait à la plupart d'entre nous de se mettre en couple. J'avais rencontré ainsi l'une de mes anciennes petites amies : Maïté Baker. Dans leur école, il y avait peu de garçon contrairement à nous, un internat et pas d'érudit à servir. Parfois, je regrettais que Xavier ne nous y ait pas inscrits, ce qui était même étonnant venant de sa part, lui qui était si peu enclin à dépenser son argent.

Nils discutait avec nous de nos professeurs quand madame Blanktest sortit de la salle de bain, vêtue très élégamment d'une petite robe noire et très bien parée, avec des bijoux et du maquillage étincelant. Elle mit un chapeau sur sa tête pendant que son mari la sifflait avec admiration, nous faisant rire et faisant sourire sa femme, qui ne parvint donc pas à lui faire un regard courroucé. Ils se tournèrent vers nous quelques instants. Et elle déclara, en regardant, ou plutôt admirant, ma sœur :

- Je ne l'ai jamais vue celle-là !

- C'est ma petite sœur. Elle s'appelle Camille.

- Tu es ravissante ! s'exclama la mère de notre amie.

- Merci, bafouilla l'intéressée.

- Tu devrais te méfier mon garçon, me conseilla Nils. Moi aussi j'ai une sœur un peu trop jolie. Et les garçons l'aiment beaucoup trop à mon goût. Je me rappelle qu'un jour alors...

- Nils ! On est pressé ! soupira sa femme.

- Qui a passé une heure à se préparer ? protesta-t-il.

Solveig le fusilla du regard et nous avec, comme pour nous prévenir de ne surtout pas rire.

- Dommage ! Ce sera pour une autre fois, me dit-il. Une garden party nous attend ! Kaïa ne fait pas de bêtises ! Et, si tu veux venir prendre un rafraîchissement avec nous chez la cousine de la reine, soit prête à six heures ! conseilla-t-il en partant.

On s'assit dans le salon. Je voulais dire à Kaïa, que j'adorais son père, ou lui demander comment cela se faisait qu'il ait une sœur alors que les vampires avaient rarement plusieurs enfants. Mais sans doute pour nous éviter de penser à la famille, elle se demanda ce que devait faire Kamélia :

- C'est sans doute en lien avec les sans-visages, puisqu'elle a découpé l'article, supposa Nicolas.

- Tu sais qui c'est ? l'interrogeais-je.

Le nom, bien que m'étant vaguement familier, ne signifiait rien pour moi.

- Oui, papa en parle souvent. C'est un groupe de terroriste. Ils sont anarchistes je crois. On les appelle ainsi parce qu'ils ne gardent jamais le même visage.

- C'est un sans-visage qui a tué notre père, affirma Camille.

- D'où tu tiens cela toi ?

- De Simon, lâcha-t-elle en haussant les épaules.

Elle allait commencer un éloge de Simon alors Nicolas intervint :

- Leur chef s'appelle Mathieu le Terrible, je crois. Terrible comme nom.

Ce nom me disait vaguement quelque chose, j'y réfléchissait trop pour me moquer de la tentative d'humour foireuse de mon meilleur ami.

- C'est le nom qu'à donner ta grand-mère pour le meurtrier de ton père ! s'exclama Kaïa. C'est étrange ! Pourquoi leur chef voudrait tuer ton père lui-même ?

- Et puis, comment ils peuvent savoir si c'est lui puisqu'il ne prend jamais le même visage ? Interrogeais-je.

- Il a dû le proclamer, supposa Camille.

- C'est pour cela qu'on pense que c'est lui. Mais il a dû envoyer quelqu'un, conjectura Nicolas. Ou alors, il n'était pas encore le chef.

On se regarda Camille et moi pensivement. Pour quelle raison un terroriste en voulait-il à notre père ?

En rentrant, en compagnie de Kaïa, qui craignait qu'on évoque ma grand-mère (précaution tout à fait inutile selon moi), on trouva, sur le palier de ma porte, un bouquet d'œillet avec une petite carte. J'eus du mal à déchiffrer l'écriture illisible. Mais je parvins à lire :

« Je vous offre des œillets (les fleurs préférées de votre mère), pour m'excuser de l'attitude de ma tante. Elle n'a jamais eu un caractère très facile et passer dix ans dans le corps d'une fillette ne l'a pas arrangé. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez compter sur moi.

Tonton Bruno. »

Je souris sur le « Tonton ». Même Xavier, je ne l'appelais pas comme cela. Camille et moi, fumes ravis. Finalement, voir ma grand-mère ne fut pas une si mauvaise chose. Nous avions trouvé Bruno.

Quand Xavier arriva ce soir-là (deux soirs dans la semaine, c'était un exploit !), son regard tomba tout de suite sur le bouquet. Cela dû lui faire penser à ma mère, parce qu'il paraissait plus las.

Mais il nous avait ramené un assortiment de pâtisseries pour le dessert, dont aucune à l'orange puisque je détestais cela.

Cette petite attention et son expression, me dissuadèrent de l'interroger sur sa mère, dont il nous avait caché l'existence. Mais Camille n'eut pas ces scrupules.

Une fois qu'elle eut fini son beignet, elle posa calmement ses mains sur la table et demanda à mon oncle d'un ton posé :

- Pourquoi ne jamais avoir parlé de notre famille qui vit au palais ?

Mon oncle perdit ses couleurs. Je sus que c'était un sujet sensible juste en le voyant.

- Qui vous en a parlé ? demanda-t-il d'une voix éteinte.

- Kamélia nous les a présentés, expliqua ma sœur.

- Alors tu dois comprendre pourquoi je ne t'ai pas parlé de ma mère.

- Oui mais Bruno et....

- Ah ! C'est lui les œillets ! constata tristement mon oncle.

On se tut, attendant qu'il réagisse. Il semblait chercher les mots justes.

- Les enfants ! Bruno est le portrait craché de mon oncle ! C'est ma mère en plus lisse, en plus sournois !

- Mais... Commençais-je.

- Je vous interdis de le revoir ! J'irais le voir demain, pour être sûre qu'il nous vous approche plus.

Je ne pouvais pas affronter mon oncle. Je savais qu'il n'aimait pas cela et au vu de mes dernières bêtises je devais me tenir à carreau. Mais Camille en décida autrement.

- Il semblait assez proche de maman. Je ne pense pas qu'elle aurait voulu nous interdire de le voir.

- Crois-moi, je sais bien mieux que toi, ce que ta mère aurait pensée de tout cela ! Elle aurait voulu, que vous passiez le moins de temps possible avec lui. Et Charlotte aurait également voulu que ses deux enfants m'obéissent. Alors vous ne le reverrez plus !

Cette fois, le débat était clos. Il n'y avait rien à ajouter.


Et voilà !! On se retrouve pour le prochain chapitre lundi ! N'hésitez pas à me laisser vos impressions en commentaires.

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