Change My Life | Terminé ✓

By Laenynn

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Madison est une jeune femme qui rêve de vivre dans la plus grande métropole des États Unis : New York. Vivant... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Épilogue
Bonus 1
Une Dernière Chance
Instinct de Survie
Nominée au Wattys2018
Préselectionnée au Wattys2018
Réécriture
The Last Return : nouveau livre

Chapitre 6

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By Laenynn

"Je vais à Paris, je vais à Londres, je vais à Rome, et je dis toujours : « il n'y a pas d'autre endroit comme New York ». C'est la ville la plus excitante au monde aujourd'hui. C'est comme ça. C'est tout. " Robert De Niro.

PDV Madison :

Est-ce que vous êtes déjà allé à New York ? Est-ce que vous avez déjà vu cette magnifique ville ? Est-ce que vous avez vu tous ces paysages extraordinaires qui regorgent cette ville ? Est-ce que vous avez vu cette superbe ville pendant la nuit ?

Depuis mon arrivée dans cette grande ville, je ne l'avais jamais vraiment vu de nuit. Pour l'instant, le seul endroit que j'ai vu quand le soleil ne faisait plus son apparition est ma rue jusqu'au bar mais depuis que j'ai embarquée dans cette voiture avec le jeune mannequin, nous traversons tous les recoins du quartier à la recherche de notre destination. Chaque panorama qui passe devant mes yeux est de plus en plus impressionnant, splendide, unique. Plus on avance dans la soirée, plus mes yeux sortent de leurs orbites dès que nous tournons à chaque recoin de rue. Les immeubles qui essayent de toucher le ciel, comme s'ils faisaient perpétuellement en concours de taille entre eux. Les taxis jaunes qui se promènent à côté de nous alors que nous traversons un pont où l'on peut voir une magnifique vue sur l'eau. Les routes grouillent encore plus de monde, comme si la lune réveillait les gens pour faire la fête. Les lampadaires, les insignes de marques et les fars des voitures illuminent la ville qui est normalement éteint sous la nuit.

J'aime vraiment la nuit, je trouve que c'est le seul moment de la journée où nous pouvons être tranquilles. C'est le meilleur instant pour se poser à sa fenêtre avec une petite tisane et réfléchir aux accomplissements de la journée. Pendant la nuit, nous pensons à ce qu'on veut, nous faisons ce que nos envies nous dictent de faire puis on dort aussi ce qui est sans doute l'activité préférée des humains. La nuit est un moment magique qui nous permet de voir la vie autrement, les étoiles qui sont éparpillées dans le ciel alors que la lune change de forme chaque nuit. Cette grosse boule blanche est quelquefois ronde, quelquefois en forme de croissant, quelquefois en demi-sphère. Une métamorphose qui fait rêver tous les adeptes de l'astrologie.

Ça fait plus d'une heure que Jaden se promène dans les rues de New York, je pourrais presque croire que nous sommes perdues. Nous n'avons pas parlé, le silence règne dans la voiture alors que je colle mon visage à la vitre pour pouvoir observer toute la magie de cette ville en soirée. Ce silence n'est pas pesant, au contraire, il est très tranquille et est loin d'être synonyme de colère ou de malveillance. Je tourne la tête vers le conducteur et j'observe son visage. Sa peau est tendue à force de froncer les sourcils ce qui montre qu'il est parfaitement concentré sur la route. A vrai dire, il vaut mieux être attentif à chaque mouvement quand on conduit dans une ville aussi mouvementée. Ses cheveux bruns tombent sur son front, sachant qu'il n'aime pas ça, je tends mon bras et remets sa mèche en arrière. Il fronce les sourcils et tourne quelques secondes la tête vers moi avant que ses yeux retrouvent leurs places en face de lui.

–Pourquoi tu fais ça ? Demande-t-il.

–J'ai remarqué qu'à chaque fois que ta mèche tombe sur ton front, tu passes ta main dans tes cheveux pour remettre ta mèche en arrière, j'essaye de me justifier en rougissant légèrement.

C'est peut être débile mais je regarde beaucoup les petites mimiques de chaque personne. Je trouve que chaque toc forme la personnalité de quelqu'un. Personnellement, quand je stresse, je joue avec mes doigts et je baisse la tête, des gestes malencontreux qui se font inconsciemment. Le corps parle plus qu'on ne le croit. Toutes les personnes de ce monde entier à des mimiques. Toutefois, grâce à mes observations j'ai pu profiter de ce contact et sans paraître pour une grosse psychopathe, ses cheveux sont doux et soyeux, on dirait de la soie. Si je pouvais me permettre d'y toucher une nouvelle fois, je le ferais sans hésiter.

–Tu m'emmènes où finalement ? Parce que à part me promener dans ta belle voiture je ne vois pas grand-chose, je demande en tournant mon regard vers la fenêtre pour éviter de croiser le jugement dans son regard.

–Surprise, susurre-t-il avec un faible sourire aux lèvres que j'arrive à apercevoir à travers le rétroviseur.

Je souris simplement. C'est la première fois que quelqu'un me fait une surprise, je n'avais pas d'amis pendant mon enfance qui pouvait me faire de tel preuve d'amour. Et de toute façon, ma mère disait que ça ne servait à rien. Je souffle désespérée, elle est toujours en train d'envahir mes pensées même quand je suis à des milliers de kilomètres d'elle. Sans réfléchir, je me mets une bonne claque assez forte sur la joue, rêvant que ce petit coup la fera partir de mon esprit un tant soit peu. Juste le temps de cette soirée, pour que je puisse profiter de ce moment unique qui n'arrive que très peu de fois dans une vie. Je me frotte la joue sous le regard interrogateur de mon acolyte. J'essaye de trouver une explication en bafouillant mais je me rends compte que mentir n'est pas la meilleure façon de commencer une relation.

–T'inquiète pas je ne suis pas folle, c'est juste que je m'étais dit que si je pensais et parlais de ma mère encore une fois pendant mon voyage, je me frapperais. C'est comme une punition, je n'ai trouvé que ça pour la faire définitivement sortir de ma tête.

Il me regarde quelques secondes avant de rire légèrement, comme pour se moquer gentiment de moi. Pour ne pas paraître rabat-joie, je ne dis rien et garde mon énervement pour moi. Je suis tellement bête de dire ça, il va me prendre encore plus pour une folle.

–Tu es beaucoup trop bizarre pour moi, arrive-t-il à dire entre des gloussements répétitifs.

Je le suis dans sa rigolade mais une part d'amertume se coince dans ma gorge, j'aurais aimé qu'il me pose des questions sur ma réaction ou sur ma vie. C'est vrai que beaucoup de personnes s'associent à la bizarrerie. Mes pensées sont quelquefois loufoques mais je ne pense pas être bizarre. Une fois, j'ai eu cette étrange idée de faire un test social. J'avais remarqué que chaque fille avait le même style vestimentaire, alors j'avais décidé étrangement de venir à l'école pendant une journée en robe de chambre et en chausson. Tout le monde m'avait regardé bizarrement et on m'avait appelé pendant plus d'un mois "la grand-mère".

Megan me trouvait beaucoup trop énergique et joyeuse au collège ce qui l'énervait quelques fois. Elle était le contraire de moi sur tous les points, blonde aux yeux marrons, elle a un corps parfait et se sent parfaitement bien dans son corps. Elle est calme et se consacre principalement aux maquillages et aux vêtements, ce qui pour moi, est au contraire quelque chose d'une infime importance. Je pourrais aller en pyjama au travail, ça ne me gênerait pas tant que ça alors que pour ma meilleure amie d'enfance, cela est inconcevable, c'est même un crime. Mais à force d'être manipulée par ses remarques répétées, j'ai appris à rester discrète et à me transformer peu à peu en seconde Megan et elle devenait peu à peu celle que tout le monde rêvait comme amie.

Pourtant, avec Megan, on avait une amitié très complice lorsqu'on était très jeune, j'étais le feu, elle était la glace. J'étais le soleil, elle était la pluie. Megan aimait être au-dessus de tout le monde et être la perfection incarnée. Elle rabaissait souvent les personnes qu'elle n'aimait pas ou qui croisait son chemin, elle était aussi très narcissique et les personnes disaient que Megan était une personne plutôt froide. Je me suis toujours dit que derrière sa carapace toute faite, un certain manque de confiance en elle se cachait.

Je sors de mes pensées quand je sens la main de Jaden sur mon épaule qui me secoue énergiquement pour me réveiller.

–Désolée, j'étais dans la lune, je m'excuse en jouant avec mes doigts.

D'un hochement de tête rapide, il me montre que je n'ai pas à m'excuser. Après quelques minutes dans un silence qui était devenu soudainement pesant, nous tournons enfin à gauche puis Jaden se gare dans un parking assez sombre et effrayant. La lumière vacillante des lampadaires éclairait très peu, il n'y avait personne, seule la voiture de Jaden et nos corps étaient installés au centre de ce grand terrain de béton. Nous devons être reculés du centre-ville car nous sommes au milieu d'un trou pommé. En face de nous se trouvait juste un bâtiment assez vieux, c'est le parfait endroit pour tuer une personne ou dealer sans se faire prendre la main dans le sac.

Bizarrement, juste après cette pensée assez sinistre, un frisson désagréable traverse mes pointes de pieds jusqu'à mon cou en passant par ma colonne vertébrale. C'est vrai que je ne connais même pas Jaden, il pourrait décider de m'ôter la vie à tout moment s'il voulait. Je lui ai fait confiance juste car il avait une beauté imprenable et qu'il m'avait l'air sympa. Peut-être qu'il est un psychopathe tueur en série qui veut me torturer puis me voir mourir sous ses propres yeux pervers.

–Ça va ? Tu as l'air toute tendue, me susurre Jaden visiblement inquiet.

–Pourquoi tu m'as emmené ici ? C'est pour me tuer sans que personne ne puisse m'entendre hurler, je rétorque en rigolant même si une part de sincérité se cache derrière ma voix tremblante.

Il me regarde avec un sourcil relevé, comme s'il me demandait si j'étais sérieuse puis sourit d'amusement avant de me prendre le menton pour que mon regard se pose sur ses iris verts intenses.

–Tu me fais bien rire toi. Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais fait depuis longtemps, mais je t'emmène juste manger dans un de mes endroits préférés, me rassure-t-il en caressant mes cheveux.

Le jeune mannequin sort de la voiture et m'ouvre la porte en me faisant la sérénade. Son geste gentleman me ramène à la réalité du moment et je dois arrêter de me faire constamment des films.

–Après vous mademoiselle, dit-il avec une voix hautaine.

Je rigole avant de descendre de la voiture et faire la révérence, voulant rentrer dans son jeu. Je le suis de près, ne voulant pas me perdre dans cet endroit lugubre. Ce quartier est tellement sinistre que même un meurtrier aurait peur d'être ici. Jaden rentre dans le bâtiment et m'ouvre gentiment la porte pour que je puisse passer. Quand je pose un pied dans la salle, surprise, un grand restaurant se trouve devant moi. Les tables en bois sont disposées tout autour d'un bar avec dans le font, la cuisine apparente. Tout est très contemporain, les murs sont remplis de photos, d'objets, d'outils. Des grandes poutres habillent le plafond ce qui rajoute un côté chaleureux à soulever. Une odeur agréable émerveille mes narines et mes papilles.

Jaden m'attrape vivement la main et m'emmène à une table au fond de la salle. Quand nous sommes face à face sur une magnifique table en bois de chêne, un serveur qui doit sûrement être le cuisinier vu sa tenue, arrive à notre table puis hurle des paroles italiennes avant de prendre la tête de mon accompagnateur entre ses mains pour lui embrasser le crâne.

–Mio bambino ! Ça fait trop longtemps que tu n'es pas venu me voir, annonce l'homme en frappant gentiment la joue de Jaden.

Jaden rougit un peu d'embarras puis me regarde avant de reprendre ses esprits. C'est hilarant de voir ce dernier dans une toute petite position face à cet homme qui, j'avoue, est imposant vu sa carrure très perturbante. Le cuisinier remarque ma présence et un sourire illumine ses lèvres. D'après la réaction de ce vieux monsieur, je pense que c'est une bonne connaissance de mon visiteur.

–Bel bambino, tu nous emmènes une magnifique signorina. Buongiorno jolie femme, me salut-il en baisant ma main.

Je rougis à mon tour légèrement et je lui retourne ses salutations. Nous commandons nos repas et le cuisinier repart de notre table en sautillant jusqu'à sa cuisine. Même si ses larges épaules pourraient nous faire croire que c'est un gars de la mafia italienne, sa joie de vivre renverse l'image qu'il laisse montrer aux premiers abords.

–C'est mon oncle, il est italien, m'apprend Jaden.

–Toi aussi tu as des origines italiennes ?

Il hoche la tête de haut en bas. Ses traits de visage n'ont rien d'atypique de ce pays, pourtant, je l'imagine bien parler italien et manger des pâtes à longueur de journée. J'observe l'endroit et je remarque qu'il n'y a presque personne dans cette grande pièce qui a assez de chaises pour accueillir une cinquantaine de personnes.

–Pourquoi il n'y a personne dans ce restaurant ? C'est tellement convivial qu'on pourrait faire de belle soirée ici. Je le questionne, ne pouvant pas contrôler ma curiosité.

–C'est un restaurant réservé pour les particuliers, surtout pour les personnes qui travaillent dans les entreprises autours, me réponds-t-il voyant qu'il ne veut pas aborder le sujet.

Plusieurs photos de familles sont disposées sur le mur à côté de nous. Je touche les images en polaroid en noir et blanc du bout des doigts. Ça serait peut-être le moment pour moi d'investir dans un appareil photo de qualité, j'ai toujours aimé prendre le moment en photo en vidéo, pour toujours graver l'instant en mémoire.

–Ici, c'est moi, me susurre Jaden et montrant avec l'index un petit garçon.

Ce jeune bonhomme tire la langue et louche. Ses cheveux étaient beaucoup plus bouclés que maintenant et ses joues étaient bien gonflées. J'ai envie de pincer ses deux petites pommettes, comme les grands-mères qui ont de vieux réflexes dès qu'un jeune enfant vient se présenter à eux. Je comprends alors que toutes les photos qui se trouvent accrochées aux murs sont des photos de famille. J'aime l'idée de voir que ce lieu rassemble tellement de souvenirs que seules les personnes qui sont sur ces photographies le comprennent.

–Tu étais plutôt mignon, je le complimente en reposant mon regard sur lui.

–Plutôt mignon ? Tu rigoles, j'étais grave beau, rigole-t-il en faisant semblant d'être choqué par ma réponse.

–Bien sûr, tu étais un vrai belo bombina, j'essaye de dire ayant compris que ça voulait dire "beau gosse".

Il rigole et secoue sa tête de gauche à droite. J'aime le voir rire, surtout si c'est grâce à moi. Quand ses lèvres s'étirent vers le haut, des fossettes se forment dans le creux de ses joues et je peux admirer ses dents blanches qui n'ont aucun défaut. Son visage prend un éclat dès qu'un sourire vient prendre jour et je ne peux rester qu'émerveiller face à cet envoûtement.

–Bel bambino, me reprend-t-il avec un sourire magnifique, ça se dit bel bambino et non belo bombina.

Pendant plus de dix minutes, Jaden essaye de m'apprendre quelques mots en italien alors que je fixe sa beauté inhumaine. J'avoue que je n'écoute pas trop ce qu'il dit. Son magnifique visage m'éblouit presque. Ses lèvres pulpeuses bougent laissant ses dents parfaitement alignées se faire voir à chaque mot qu'il prononce. Le vert se ses yeux pétillent à chaque fois qu'il regarde le restaurant qui a constitué son enfance. Ses cheveux ne sont pas très bien coiffés ce qui le rend plus mignon que d'habitude.

–Et ensuite j'ai cassé toutes les assiettes qu'il y avait sur la table, j'ai eu la pire punition de ma vie, dit-il en passant sa main dans ses cheveux.

Je n'ai rien entendu, trop obnubilé par sa beauté hors-norme ce qui me met dans une position assez délicate, mais à vrai dire, si je pouvais l'observer pendant des heures sans que personne ne puisse m'arrêter, je serais bien heureuse. Je décide de répondre comme si j'avais écouté.

–Tu as dû bien t'amuser, je ne réponds pas très sûre de moi, crispant légèrement mes mains entre elles espérant que ma réponse concorde parfaitement avec son histoire.

–Tu m'écoutes pas du tout, j'étais en train de te dire n'importe quoi et tu hochais de la tête comme si c'était normal, tu étais fascinée par quoi pour être aussi distraite ?

Je ne vais pas lui dire que je l'admirais comme une œuvre d'art, il faut juste improviser dans ces moments-là, détourner l'attention. Ce n'est pas comme si je n'avais pas moyen de trouver quelque chose dans cet hôtel de souvenirs. Je commence à jouer avec mes doigts et je me mords la lèvre inférieure très fortement en espérant qu'une idée me vient rapidement à l'esprit. Mon regard farfouille les murs d'un indice jusqu'à ce qu'une photo derrière Jaden m'interpelle soudainement.

–La photo derrière toi, c'est qui les personnes dessus ?

L'image dont je parlais me captive vraiment. La photographie est en noir et blanc, comme toutes les autres, mais celle-ci dégage quelque chose de plus. Un sentiment d'amour et de gaieté ressort de cette image. Je reconnais attentivement les cheveux bouclés du jeune italien, mais les deux autres adultes ne se répètent sur aucune autre photographie. Pourtant, le petit groupe de trois se ressemble comme trois gouttes d'eau.

–Ce sont mes parents quand ils étaient encore de ce monde, ils sont morts quelques années après, me répond-t-il, restant quelques secondes les yeux attendris par cette image qui doit lui rappeler des tonnes de souvenirs.

Pourquoi j'arrive toujours, par n'importe quel moyen, à m'enfoncer encore plus dans mes bêtises ? En voulant me sortir d'un moment de gêne, j'ai réussi à aborder un sujet sensible qu'il ne voulait sûrement pas aborder aussi tôt avec moi. La maladresse est un de mes pires défauts, je dois apprendre à réfléchir pour éviter ce style de bourde.

–Je suis désolée, je ne voulais pas ressasser des mauvais moments de ton enfance, je m'excuse en rejouant avec mes doigts.

–Ne t'inquiète pas, ça ne me fait presque plus rien. Enfin si, il y aura toujours une part de moi qui vivra avec un vide, mais j'espère juste qu'ils sont fiers de moi, m'assure-t-il en souriant.

Je hoche la tête et lui souris avant que le serveur vienne nous donner notre repas. Nous avons commandé la spécialité du chef : une bonne assiette de spaghetti bolognaise. Je mourais de faim, même si j'avais mangé un sandwich avant de venir voir Jaden au club, cette longue balade en voiture m'avait creusé l'appétit. Nous mangeons notre repas en parlant de notre vie. J'essaye le plus possible d'éviter mon enfance assez chaotique et le sujet de ma mère qui n'est pas une discussion que j'aimerais aborder avec lui.

Même si j'aurais aimé qu'il me pose des questions sur elle dans la voiture, après réflexion, ce n'est pas l'idéal de dire qu'on a vécu avec une mère tyrannique pendant toute son enfance dès le premier rencard. Enfin, rencard, est-ce que nous sommes réellement dans un premier rendez-vous ? Du premier abord, tout ce que l'on fait pourrait faire croire que c'est le premier rendez-vous parfait pour deux jeunes de notre âge qui veulent apprendre à se connaître. Mais on n'a pas réellement mis de mot sur cette soirée, je ne veux pas m'avancer pour ensuite être déçu. Nous discutons de son enfance en Italie, à 14 ans, il a déménagé en Amérique. Son père est un riche homme d'affaires alors que sa mère est une simple commerçante de robe de mariée.

–J'ai vécu en Espagne les quatre premières années de ma vie avant de partir vivre en Angleterre pendant un an, puis on a déménagé en Amérique à Pasadena. J'ai aucun souvenir des premières années de ma vie donc ça ne compte pas beaucoup pour moi, je lui raconte en buvant mon verre d'eau.

–Donc j'ai une espagnole en face de moi ? Demande-t-il en souriant.

–Pas exactement, ma mère est d'origine française, elle a déménagé pendant sa grossesse en Espagne puis nous avons déménagé par la suite à cause de son travail. Être avocate n'est pas un travail facile et ma mère avait beaucoup de voyages d'affaires et était rarement à la maison. Quand nous déménagions, c'était à cause de ses mutations, je lui explique.

Le serveur arrive avec nos desserts, j'ai pris une part de tarte à la fraise alors que Jaden a pris une tarte aux fruits. Mon péché mignon, je raffole des tartes et je pourrais en manger des dizaines à la suite si mon corps ne s'amusait pas à réagir à chaque fois que quelque chose de trop sucré rentre dans mon estomac.

–Tu parles combien de langues alors ? Demande-t-il.

–Je parle couramment l'anglais et un peu le français, j'ai voulu étudier cette langue à l'école pour me recoller à mes origines, mais je n'étais pas très douée, je lui réponds.

–Dit moi un truc en français.

Je réfléchis et essaye de trouver quelque chose qui pourrait me faire marrer un petit coup. Je souris en ayant une phrase drôle en tête et cherche les mots dans le fond de ma mémoire, ne voulant pas faire de faute de grammaire.

Tu étais moche quand tu étais petit, je lui dis en rigolant.

–J'aime ton accent français même si je n'ai pas compris un traître mot de ce que tu as dit, rigole-t-il, mais tu n'as pas parlé de ton père.

Je me racle la gorge et bois une gorgée de café que Jaden m'a acheté pour le désert. Le sujet des parents que je ne voulais pas aborder est arrivé, il a été mis sur la table si rapidement que je ne me suis pas préparée mentalement à quelque chose auquel je pourrais répondre sans paraître pour une fille mal-aimée de sa famille. C'était toutefois inévitable mais j'espérais au fond de moi qu'il ne m'en parle pas.

–C'est un connard qui a quitté ma mère quand il a appris que celle-ci était enceinte de moi, je réponds un peu sèchement.

Le jeune mannequin en face de moi s'excuse de m'avoir parlé de mon géniteur puis il se lève pour aller payer l'addition, même si on se bat pendant plusieurs minutes pour savoir qui sort la carte bancaire de son sac. Je ne suis pas le style de fille qui aime se faire payer tout et n'importe quoi, je veux être indépendante de mon propre argent. Quand nous arrivons dans sa voiture, il démarre celle-ci pour m'emmener dans un autre endroit.

–Tu m'emmènes où cette fois-ci ? Je demande en m'installant confortablement dans le siège passager.

–Dans les endroits les plus magiques de New York.

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