IVY RED

By -QueenSelena-

3M 200K 48.1K

Elle le protège à son insu. Nom de code ? Ivy Red. Daisy Peace est une espionne du gouvernement américain. U... More

IVY RED REDEVIENT GRATUITE
Trailer
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
PARTIE 2- Chapitre 1
PARTIE 2- Chapitre 2
PARTIE 2- Chapitre 3
PARTIE 2- Chapitre 4
PARTIE 2- Chapitre 5
PARTIE 2- Chapitre 6
PARTIE 2- Chapitre 7
PARTIE 2- Chapitre 8.
PARTIE 2- Chapitre 9
PARTIE 2- Chapitre 10
PARTIE 2- Chapitre 11
PARTIE 2- Chapitre 12
PARTIE 2- Chapitre 13
PARTIE 2- Chapitre 14
PARTIE 2- Chapitre 15
PARTIE 2- Chapitre 16
PARTIE 2- Chapitre 17
PARTIE 2- Chapitre 18
PARTIE 2- Chapitre 19
PARTIE 2- Chapitre 20
Épilogue

Chapitre 23

52.1K 4.1K 558
By -QueenSelena-

Dans un premier temps je suis sidérée. Pas par ce qui a pu arriver jusqu'aux oreilles de Liam, mais pour avoir été piégée. Un flot d'injures à l'encontre de ce... — salaud — est sur le point de franchir la barrière de mes lèvres avant que je ne me rappelle du statut qu'il occupe. Il s'agit du président en personne et aussi de l'homme qui m'a engagée.

Les sourcils froncés, je lui lance un regard meurtrier empli d'incompréhension.

— Qu'est-ce qui vous prend ?! Dis-je un peu trop fort sans m'attarder sur lui.

Mon attention se reporte immédiatement sur Liam qui s'est enfui à grandes enjambées et grimpe les escaliers quatre à quatre.

Je suis tellement tentée de lui courir après que mes jambes me démangent. Mais cela reviendrait à contredire ce que j'ai dit plus tôt. Si j'essaye de rattraper Liam, Wilson Heilt sera persuadé de l'existence de mes sentiments pour son fils et ma réputation tombera à l'eau.

Cela signifie qu'il ne me m'a pas crue sur parole.

— Attendez... c'était un test ?

Je ne sais pas pourquoi je pose la question, son sourire satisfait en est la preuve.

Je reste un moment en transe sans pouvoir bouger, comme si je n'avais pas encore entièrement réalisé ce qui vient de se produire.

— Il me semble avoir demandé un verre de whisky. J'attends toujours.

Je souris poliment et réponds :

— Il me semble que vous ayez engagé une gouvernante pour la maison de votre fils. Vous voulez un scoop ? Ce n'est pas moi.

Au départ, je lui aurais servi un verre de whisky avec plaisir. Mais après ce qu'il vient de faire, je préférerais qu'on me décapite un membre plutôt que de le servir.

Je monte à l'étage et m'enferme dans ma chambre. Je me laisse glisser contre la porte.

À partir d'aujourd'hui il faut que je sois au summum de mes capacités et de mes performances. Je dois être exigeante avec moi-même et ne tolérer aucune déconcentration.

Mon objectif principal est le Diamant Noir. Mon unique chance de l'avoir est de mettre la main dessus cette semaine. Après ce délai, ce sera trop tard. D'autres missions m'attendront. Tout reviendra à la normale. Liam n'habitera plus mes pensées pour X raisons. Liam n'est qu'une mission parmi une centaine d'autres. Il n'est qu'un garçon parmi sept milliards d'êtres humains. Il faut que je me le sorte de la tête et que j'arrête de me soucier de savoir pourquoi il avait l'air si dévasté après avoir entendu mes propos.

Je devrais plutôt me préoccuper de ce qu'il a entendu, mais étrangement, cela ne m'inquiète nullement. Le président n'est pas idiot pour griller ma couverture et m'appeler Daisy alors que son fils est à quelques pas de nous.

Liam a entendu ce que son père voulait qu'il entende.

Je fais coulisser mes doigts jusqu'à un métal froid caché sous le matelas pour en extirper une minuscule petite clé. Elle ouvre la salle des caméras de surveillance. W.X me l'a fournie le jour de mon arrivée dans cette ville. Je ne pensais pas réellement en avoir besoin un jour, mais il s'avère que si... et non pas pour les bonnes raisons.

Je m'étale sur les draps en soie rouge cerise fraîchement changés et soupire d'apaisement.

Mes parents ne seraient pas fiers de moi s'ils voyaient ce que je m'apprête à faire. Trahir l'homme qu'ils ont servi durant une grande partie de leur existence. C'est presque comme si je trahissais leur honneur, comme si je salissais le travail de toute une vie. Mais le fait est qu'ils ne sont pas là et qu'ils ne le seront plus jamais.

Une question me taraude : étaient-ils au courant pour le Diamant Noir ? La logique des choses souhaite que la réponse soit affirmative. Ils étaient ses gardes du corps en plus d'être agents secrets. Comment auraient-ils pu ne pas savoir ?

Je n'aurai sans doute jamais la réponse. Ce n'est pas comme si je pouvais directement poser au président une question au sujet d'un objet dont je suis censée ignorer l'existence.

Après mûre réflexion, il semblerait qu'épier les moindres faits et gestes du président en espérant qu'il me mène jusqu'au trésor de cette maison ne soit pas une bonne idée. Il y a certes de très minces chances pour que je me fasse prendre, mais si jamais cela arrivait tout serait fini pour moi. J'ai pris d'innombrables risques au cours de ma vie, mais prendre celui-ci serait vraiment irresponsable et fou de ma part.

S'il existe ne serait-ce qu'un pour cent de chance pour que j'échoue, alors j'échouerai. C'est la loi de Murphy. Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal.

Non, à la place j'ai une bien meilleure idée... Wilson Heilt ne sait pas que je le surveille. Il ne songera même pas à désactiver les caméras de surveillance tant il prend ses aises dans cette villa paradisiaque qui lui est familière.

Le Diamant Noir est ma seule chance d'atteindre Yungolvt. Si j'ai ce qu'il convoite, je l'attirerai jusqu'à moi. Le mafieux le plus recherché depuis des dizaines d'années par l'état américain n'aura d'autre choix que de sortir de sa cachette et de se rendre.

Du moins, espérons-le...

Je me retiens à la rampe pour éviter de faire grincer les marches. Je sais très bien comment faire pour rester silencieuse dans cette maison. En plein milieu de la nuit, tandis que le ciel sombre était seulement éclairé par un rayon de lumière lunaire, je me suis réveillée avec la gorge sèche et assoiffée. C'était insupportable alors j'ai poussé sur le côté la paresse qui se dressait sur mon chemin et je me suis levée.

Par chance, personne ne dort au rez-de-chaussée. Le président s'est installé dans une chambre d'amis au deuxième étage et d'après les grondements qui résonnent dans tout l'habitacle, il dort profondément en ronflant comme un ours.

Dans la cuisine, je me serre un grand verre d'eau fraîche que j'engloutis d'une traite, les yeux rivés à travers la fenêtre sur l'arrière du jardin.

Au temps où j'étais une recrue en plein apprentissage, on nous assoiffait et nous affamait durant plusieurs jours d'affilée afin d'améliorer notre endurance physique et psychique. Ensuite, on devait se battre contre un adversaire qui lui était en pleine forme. C'était injuste, certes, mais sur le terrain les combats ne sont jamais équitables.

Maître Silasse ironisait souvent : "Penses-tu que ton adversaire aura pitié de toi et se dira 'Oh non, ce n'est pas juste, nous sommes quatre contres une. Et on ne tape pas les filles. Arrêtez, stop on arrête tout, ne l'attaquez surtout pas ! C'est une femelle !' ? Erreur Daisy. Les valeurs et les principes qui font ce que nous sommes ne s'appliquent pas sur le terrain. Tu ne dois faire aucune différence entre hommes, femmes et enfants. Une cible est une cible et un obstacle est un obstacle. Choisis bien qui tu dois protéger et qui tu dois neutraliser."

C'était une sorte d'entraînement pour les situations dans lesquelles on aurait été retenu en otage pendant une durée indéterminée dans un lieu bien gardé et qu'on parvienne par miracle à trouver un moyen d'évasion.

Je repose mon verre sur le comptoir et essuie ma bouche avec une manche. Mes yeux se plissent prudemment en constatant un changement de décor à l'extérieur. Il y a quelqu'un sur le hamac. Je ne l'aurais pas remarqué s'il n'avait pas bougé.

Je devrais prendre une arme avec moi juste au cas où, mais mon instinct n'est pas en état d'alerte. Cette maison est mieux protégée qu'un château fort.

Je sors par la porte arrière. Le vent frais chatouille mon épiderme et me fait frissonner. Plus je m'approche et plus ma vision devient nette. Je reconnais le corps bien bâti de Liam, certains petits détails comme la largeur de ses muscles ou encore la forme que prennent ses cheveux décoiffés par une brise hivernale.

J'hésite un moment à continuer ma route vers lui, mais cette conversation sera l'une des dernières que l'on aura et je préfère le quitter en bons termes.

Il a les bras croisés derrière la tête, les yeux clos et il respire profondément. La lumière du réverbère près de la piscine illumine les traits de son visage. À le voir ainsi, on dirait un ange avec une auréole sur la tête, mais je suis bien placée pour savoir qu'en réalité il est tout ce qui se rapporte à un petit démon. Ses joues écarlates prouvent qu'il est ici depuis un bon bout de temps.

Je suis sûre que Liam m'a entendue venir, mais il fait comme s'il ne sentait pas ma présence.

Je m'assois au bord du hamac, le forçant à lever la tête. Il me jette un bref coup d'œil méprisant et retourne à sa sieste.

— Je... Hum, qu'est-ce que tu fais ici ? tenté-je.

Pas très fameux comme première approche.

Il garde le silence plusieurs minutes avant de répondre.

— Je n'arrivais pas à dormir. D'ailleurs comment le pourrais-je avec un gros porc qui me casse les oreilles ? Heureusement que je ne suis pas fonctionnaire à la Maison-Blanche, j'aurais démissionné au bout de deux jours.

Un petit rire nerveux m'échappe. La situation est tendue et la tension palpable.

— Hum... écoute Liam, au sujet de ce que tu as entendu tout à l'heure...

— Je m'en contre-fiche ! Lâche-t-il de but en blanc.

— Pardon ? m'étonné-je.

— J'ai vu la manière dont tu as réagi lorsque tu as découvert que j'étais juste derrière toi. Je sais à quel point mon père peut être manipulateur. Il t'a poussée à bout. Tu ne voulais pas dire ces choses-là devant moi.

— Oh... ça alors tu ne m'en veux pas ? Merci. Je ne pensais pas que tu serais si compréhensible. En tout cas, je veux que tu saches que je ne le pensais pas. C'était sous le coup de la colère... il m'a parlé de toutes ces choses horribles que tu as faites et —

— Si. Tu le pensais.

— Quoi ?

— Tu ne voulais pas le dire devant moi, mais tu le pensais. Admets-le Ivy, commence-t-il en se redressant pour être à ma hauteur et me regarder droit dans les yeux. Je suis un beau salopard, un connard égocentrique et arrogant qui ne pense qu'à lui. Tu fais comme si c'était une horrible chose, mais au fond de toi tu aimes ça, les mauvais garçons.

— Quoi ? Mais ce n'est pas ce que...

Une lueur de défi rayonne dans ses joyaux noirs et me coupe le souffle. Il me défie de le contredire. Il n'a pas besoin de l'exprimer explicitement, c'est là, c'est présent dans l'air tout autour de nous.

Ma respiration s'accélère brusquement.

— Tu as raison. J'aime les mauvais garçons.

Liam sourit.

Mais mais son petit rictus espiègle s'évapore immédiatement lorsque je rajoute :

— Comme Stand, par exemple.

Évoquer le garçon contre qui il s'est battu est très puérile comme attitude, mais cela en reste néanmoins amusant.

Il inspire profondément par le nez.

— Répète un peu pour v —

— Je pars, l'interromps-je, ne voulant pas continuer sur cette voie.

— Quoi ?! J'ai mal entendu je crois.

— Je m'en vais, répété-je.

— Comment ça, "tu t'en vas" ?

— C'est pour cette raison que je voulais te voir. Je tiens à te le dire en personne. Je retourne d'où je viens. Dans le Massachusetts.

Il se décompose littéralement sous mes yeux.

Je ne pensais pas que mon départ lui ferait tant de peine. À vrai dire je n'étais pas obligée de l'en avertir. J'aurais pu me volatiliser dans la nature sans laisser aucune trace comme je l'ai auparavant fait au cours de missions d'infiltration, mais je me sentirais mal de laisser derrière moi Liam sans aucune explication. Il est une exception.

Liam cligne des yeux et bégaye.

— Partir... tu redéménages ? Tu... tu veux dire qu'on ne se reverra plus jamais ? Et puis quoi, tu me lâches un "je m'en vais" juste comme ça ? Tu n'as pas le droit !

Je l'attire dans mes bras et il enroule les siens autour de mes hanches. Je plonge le nez dans son cou et hume son incroyable odeur pour la dernière fois. Je ne peux pas répondre à ses questions.

Nous restons enlacés pendant de très longues minutes, peut-être même des heures... je ne sais pas. Avec lui je perds la notion du temps. C'est fou.

Quand enfin nous nous séparons, je murmure contre son oreille :

— Je suis désolée.

— De quoi, Ivy ?

De t'avoir menti depuis le commencement sur ma véritable identité, de m'être attachée à toi plus que je ne n'aurais jamais dû et de devoir te quitter.

— Rien.

Il prend mon visage en coupe entre ses deux grandes mains et se penche doucement en avant pour déposer un doux baiser sur mon front.

— Liam ? Je recule. Je peux te poser une question ?

— Tout ce que tu veux.

Ça alors...

— Pourquoi as-tu souhaité à ce que je cache cette boîte de photos ? Qu'est-ce que ça ferait si ton père les voyait ?

Il détourne la tête.

— C'est-à-dire que... c'est compliqué.

Il ne semble pas vouloir développer davantage.

— Tu as dit que je pouvais te demander ce que je veux. Ce n'est pas pour que tu me laisses en plan avec une réplique de film toute faite. S'il te plaît Liam, dis-moi.

Il examine mon visage en se demandant s'il peut avoir confiance en moi.

— Promis, je n'en parlerai à personne, dis-je.

De toute façon, je n'ai personne à qui le répéter. Il entrelace nos petits doigts en guise de pacte et je souris, enjouée par son côté enfantin.

— C'est une vieille histoire qui remonte à plusieurs années maintenant, commence-t-il en gardant le regard rivé sur la lune. Il était aux alentours de deux heures du matin quand j'ai été réveillé par des cris d'horreur provenant du rez-de-chaussée. À l'époque, mes parents et moi habitions en Louisiane. J'étais très jeune, mais je m'en rappelle comme si c'était hier. Je n'avais aucune idée de ce qui était en train de se passer quelques étages plus bas. Je suis descendu, pensant que quelqu'un avait laissé la télévision allumée et qu'un combat de catch était en train d'être diffusé. Mais en arrivant dans la cuisine, j'ai vu le spectacle le plus hard et le plus sanglant auquel mes yeux d'innocent petit garçon n'avaient jamais eu droit. L'image de mon père tabassant ma mère à coups de balais dans l'abdomen, lui balançant le micro-ondes en pleine figure, elle qui en pleurant le suppliait corps et âme d'arrêter, car il finirait par me réveiller et pour rien au monde elle ne voulait que j'assiste à ça. À ce massacre.

Liam s'arrête un instant. Il prend une grande inspiration avant de poursuivre :

— Et durant l'année suivante, ça a été le même schéma, la même chose chaque soir. J'aurais voulu être assez grand, assez fort et courageux pour empêcher ce monstre de faire du mal à ma maman. Mais je savais au fond de moi que mes os en déficit de calcium et mes muscles à peine construits ne seraient pas assez forts pour l'arrêter...

Tout individu normalement construit aurait fondu en larmes dès la première phrase. Excepté lui. Liam en parle en sachant se contrôler et rester froid comme un glaçon.

Je pensais que sa mère était morte. Du moins, c'est ce qu'il m'a raconté. Je suppose qu'il ne se sentait pas assez proche de moi pour me dire la vérité.

— Un jour, il a subitement décidé de faire carrière dans la politique. C'était soudain et inattendu. Mais pour ça il devait avoir une image irréprochable et une excellente réputation, choses auxquelles une femme pâtissière et un fils qui étudie en école publique ne contribuent pas. Ma mère et moi ne lui étions soudain plus utiles. Alors il a usé de moyens fermes et radicaux pour se débarrasser de nous. Il a expédié ma mère à l'autre bout du monde et je n'ai aucune idée de là où elle peut bien être. Elle peut se trouver en Alaska comme en Thaïlande, je ne le saurai jamais.

Je prends conscience de l'envers du décor. Mais Liam n'a pas l'air de savoir que malgré tout, son père tient à lui sinon il ne m'aurait pas engagée pour le protéger et assurer sa sécurité.

— C'était donc par choix stratégique qu'il a épousé Louna Heilt la fille du Premier ministre français ?

— Tout à fait. Tu me croirais si je te disais qu'il existe des unités secrètes du gouvernement?

— Comme des agences avec des espions surentraînés? Non, je n'y crois pas.

— Eh bien tu devrais. Sinon la suite de l'histoire te paraîtra irréelle.

Mon visage se déforme comme si je venais d'apercevoir un extraterrestre. Heureusement qu'il a le regard ailleurs, il ne peut pas me voir.

La seule chose qui me surprend, c'est ce qu'il vient de dire. Comment sait-il cela à notre sujet ? Le fils du président est censé ne rien savoir sur les dessous peu glorieux de la nation américaine.

Je suis persuadée que si son père le savait, il n'aurait aucun remords à le faire décapiter.

— Très bien, causé-je en m'appuyant sur un coude, supposons que j'y crois. Et après ?

— Leur technologie est extrêmement développée comparée aux produits mis en vente sur le marché. C'est au-dessus de tout. À côté de ça les objets qu'on vend dans les grandes surfaces ne valent pas un sou. Mon père m'a emmené voir un des neurologues, psychologues et psychiatres de cette organisation secrète. Je me souviens de lui : il avait une légère calvitie et la barbe blanche comme neige. Il m'a dit de m'installer sur un de ces fauteuils qui ressemble goûte pour goûte à ceux qu'on trouve chez les dentistes et il m'a menotté contre mon gré. Ensuite, ce savant fou a placé devant moi un appareil électronique avec au bout, une énorme aiguille en fer d'environ un mètre de long à introduire par les narines afin d'effectuer des modifications sur mon cerveau. Le but était de m'enlever le moindre souvenir de ma mère. Après l'opération, je devais être incapable de la reconnaître si je la revoyais dans la rue.

— Putain. C'est inhumain et... complètement irréel, m'horrifié-je en essayant d'avoir l'air surprise.

La technique qu'il décrit m'est familière. Elle a été fréquemment utilisée sur des individus sous mes yeux. En réalité cette gigantesque aiguille qu'on introduit par les narines comme il le décrit sert à envoyer des décharges électriques sur certaines zones du cerveau. Elle est associée au contrôle mental. Au réveil, la personne qui a été opérée ne se souvient que des souvenirs qu'on a laissés ou crée dans sa mémoire.

— Mais encore une fois, supposons que ça soit vrai, il a dû se passer quelque chose puisque tu te souviens d'elle, non ?

— Fort heureusement, l'opération n'a pas eu lieu. Le neurologue a considéré la demande de mon père comme affreuse et immorale. Il m'a laissé repartir à une seule condition : je devais agir comme si je n'avais jamais connu Marianne. À l'époque il devait vachement avoir foi en moi pour mettre sa vie entre les talents de comédien d'un môme.

Son père a misé sur les grands moyens. Il tenait absolument à ce que Liam oublie définitivement sa mère. Je comprends à présent pourquoi il le hait autant.

— Tu me crois ? Demande Liam en reportant ses perles sur moi.

L'espoir fait briller ses pupilles. Et je ne peux pas m'empêcher de le trouver terriblement craquant comme ça.

Un bruit de sonnerie me tire de ma contemplation.

C'est mon téléphone.

Je grogne en me dégageant des bras de Liam et décroche après avoir sorti mon cellulaire de ma poche.

— Allô ?

J'entends quelque chose d'étrange à l'autre bout du fil, comme quelqu'un en train de suffoquer.

— Allô ? Qui est à l'appareil ?

— Daisy !

Maître Silasse.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? chuchoté-je. Tu vas bien ?

À présent j'en suis certaine. Il est en train de courir.

— Non, non ça ne va pas ! J'ai besoin de toi. Quelque chose de grave vient de se passer au QG...

Continue Reading

You'll Also Like

9.2M 531K 70
Quand Romane arrive dans sa nouvelle école après quelques années passées en Australie, son talent pour le foot ne tarde pas à la faire remarquer. Ain...
10.4M 132K 13
Au sein des réseaux criminels, là où régnent puissance, meurtre et pouvoir, il y avait elles. Les captives. Dangereuses, malignes, et mortelles, ell...
3.2M 279K 45
Après deux ans et demi passée en enfer, luttant contre la maladie et l'anxiété, Ivana reprend le chemin de l'université, là où sa vie a basculé. Alor...