YOURS. // Tome 2

Por MelanieRomaneYOURS

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// FORMAT PAPIER DISPONIBLE ! \\ Tandis qu'Ava se ressource dans sa ville natale, Louis est en proie à un que... Más

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Épilogue
Remerciements

Chapitre 10

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Por MelanieRomaneYOURS

♫ « Heal Tomorrow » - Naive New Beaters ft. Izia ♫


△▲△
Louis
_

- Bordel, c'est quoi ce parking de merde ?

Depuis plus de dix minutes, je tourne en rond autour de ce maudit hôpital pour trouver une place où me garer. Et de préférence, près de l'entrée pour éviter à Harry des efforts inutiles et une surexposition face aux médias, qui -je ne sais comment- on su qu'il quittait St. Mary aujourd'hui.

- Gare-toi en double file et laisse moi les clés. Finit par me dire Niall qui m'accompagne et qui lui aussi commence à prendre patience.

Sur les conseils de mon ami, je me mets alors au plus près de la porte de service, par laquelle on nous a conseillé de passer pour éviter les photographes. Avant de sortir, j'examine ma tête dans le rétroviseur pour voir si j'ai suffisamment caché mes bleus encore visibles de mon altercation avec Alex la semaine dernière. Mes lunettes de soleil ne cachent que très peu mon nez encore tuméfié, mais au moins, mes yeux encadrés d'hématomes sont bien dissimilés.

- Je fais vite.

Niall sort du véhicule et je lui tends les clés. J'ai choisi de venir avec le Range Rover de Harry, qui est de loin le plus spacieux et le plus confortable pour le ramener chez lui. Ce que j'ai omis de lui dire en revanche, c'est que j'utilise sa caisse depuis maintenant plusieurs semaines et que j'y ai un peu pris mes marques. Mais le connaissant, il ne devrait pas trop m'en tenir rigueur.

Je monte les marches deux à deux pour arriver à son étage, où Anne et Robin se trouvent déjà, certainement pour régler toute la paperasse qui clôture le séjour de leur fils. Je les salue en passant et rejoins mon ami dans cette chambre livide qui ne sera bientôt qu'un lointain souvenir pour lui et pour nous tous.

Harry se tient assis dans un fauteuil roulant à un coin de la chambre lorsque j'entre. Un médecin se charge visiblement de lui donner ses derniers conseils avant son départ et j'arrive juste au moment où il termine son discours.

- Et bien, je pense avoir fait le tour. Lui dit-il, avant de ne lui tendre la main pour la lui serrer. Je vous souhaite un bon rétablissement auprès de vos proches.

- Je ne manquerai pas de vous donner de mes nouvelles. Lui répond Harry.

- Et n'oubliez pas de dresser une bonne pub de notre établissement. Ajoute le médecin, dans un rire forcé.

Chose à laquelle mon ami ne répond rien, mais se contente de sourire. J'ignore quel est son état d'esprit actuellement, mais j'imagine que tout doit être encore assez confus. L'homme en blouse blanche passe devant moi et me salue d'un signe de tête, puis sort de la pièce.

- Plutôt culotté de te demander une bonne pub. Qu'ils commencent déjà par agrandir leur parking...

- C'est un principe de réciprocité. Me dit Harry en regardant une dernière fois par la fenêtre, un paysage qu'il espère sûrement ne jamais revoir. Je leur dois bien ça.

Je ne sais pas si je me sentirais redevable de quoi que ce soit, étant donné que leur métier repose sur le maintient de chaque vie qui passe les portes de cet endroit. Mais comme je l'ai dit, je suis incapable de me mettre à sa place. Il sait certainement mieux que moi comment il doit réagir.

- Niall nous attend en bas. Un enfer pour trouver une fichue place où stationner.

Harry attrape un sac au sol près du fauteuil pour le porter à ses genoux, puis progresse jusqu'à la porte que je lui ouvre.

- Vous vous êtes donné du mal pour rien. Me dit-il en arrivant dans le couloir. Ça aurait été bien plus simple qu'un taxi me ramène.

L'idée de venir le chercher venait de Niall et moi. Nous voulions à tout prix lui éviter d'avoir à sortir d'ici à bord d'un véhicule estampillé aux couleurs de l'hôpital. C'était impensable de l'imaginer faire la route jusqu'à chez lui, poursuivi par des paparazzis pointant sur lui leurs appareils dans le but d'avoir en leur possession la première image depuis son accident. Sans parler du fait que cela nous tenait à cœur de servir à quelque chose aujourd'hui.

- Tout est réglé. Nous dit Anne lorsque nous la rejoignons quelques mètres plus loin. Allez, sortons d'ici avant qu'ils ne décident de te garder.

- Ça va aller pour monter dans la voiture ? Nous interroge Robin, aussi bien pour savoir si Harry s'en sent capable, que pour savoir si moi je saurai comment l'aider.

- On va se débrouiller. Répond-t-il. Vous pouvez toujours y aller, on se rejoint chez moi.

Je sais que Harry tient à garder sa fierté en faisant un maximum de choses lui-même, comme le prouvent ses efforts à vouloir pousser son fauteuil sans que quelqu'un ne le fasse à sa place. Il se considère déjà suffisamment être un poids, alors tout ce qui peut lui donner un semblant d'indépendance est bon à prendre.

Nous arrivons en bas et sortons par la même porte dérobée qui nous a tant de fois sorti de la panade face aux médias qui campent devant les grilles. St. Mary va enfin retrouver un semblant de tranquillité suite à notre départ. Niall est toujours posté près de la voiture et n'a pas eu besoin de lui changer de place. Il accourt vers nous et serre Harry dans ses bras.

- Enfin, tu es libre ! Lui dit-il avec un énorme sourire.

Harry ne répond pas et l'examine de haut en bas, avant de ne lancer un regard dans ma direction. Oh non, il va encore lui faire le coup. Paniqué, Niall me regarde à son tour.

- Il a toujours des trous de mémoire ? Me demande-t-il.

- Aucune idée, mais apparemment, il ne te remet pas Nialler.

Immédiatement, notre ami s'accroupit pour se retrouver bien en face de lui qui, je le sais, joue encore de son accident pour le faire flipper.

- Tu ne te souviens pas ? L'interroge-t-il.

- J'ai bien peur que non... Répond Harry. C'est quoi ton prénom déjà ?

Et il tombe encore une fois dans le panneau.

- Euh, c'est Niall... tu sais le blond, l'irlandais... « Act My Age » tout ça...

Mais c'est au moment où Harry lui demande d'exécuter quelques pas de danse de chez lui qu'il s'aperçoit de la supercherie.

- Très drôle.

Maintenant, il boude les bras croisés sur le torse, tandis que nous rions face à son manque de jugeote.

- Tu te fais avoir à chaque fois ! Lui dit Harry en essuyant les larmes aux coins de ses yeux. C'est trop tentant, désolé.

Il pousse son fauteuil le long de la rampe d'accès pour arriver jusqu'à sa voiture. Je lui ouvre la porte arrière et attends d'avoir ses directives s'il souhaite que je l'aide à se lever. Mais après une grande inspiration, il parvient à se verticaliser en se tenant fermement à la portière. Il m'impressionne. Niall rejoint alors la place passager pour le guider de l'intérieur si besoin. Je reste juste derrière au cas où il faiblirait. Figé sur ses jambes, il marque une longue pause avant de se décider à se tourner pour s'installer dans le véhicule. J'ignore s'il s'agit d'une difficulté pour lui et m'apprête à aller chercher un membre du personnel de l'hôpital pour l'aider.

- Ça ne va pas ? Tu veux que j'aille chercher quelqu'un ?

Il secoue la tête et finit par m'éclairer sur ce qui semble le déranger.

- Euh, ce n'est pas ma voiture ça... Me dit-il en pointant son Range Rover du doigt.

J'entends Niall rire depuis l'habitacle.

- Bien sûr que si, c'est ta caisse !

- Non. Renchérit-il, toujours pas décidé à y entrer. Je t'assure que je ne la reconnais pas.

Visiblement, il se permet de se payer ma tête à moi aussi en faisant allusion à mon manque de soin et refuse de grimper tant qu'il y aura des détritus à ses pieds. J'attrape alors rapidement les emballages vides qui traînent à l'arrière et lui fais signe d'arrêter son sketch.

- Bon sang, monte !

- Tu es certain de n'avoir emprunté ma voiture qu'une ou deux fois ? Ajoute-t-il, en capitulant.

Je grogne littéralement et Niall qui est explosé à l'avant a le don de m'agacer encore plus.

- Je te la nettoie dès que l'on rentre. Content ?

Harry est du genre ultra soigneux avec tout ce qui lui appartient, et voir son véhicule dans cet état n'était peut-être pas le meilleur accueil à lui faire le jour de sa sortie. Mais j'ai tellement pour habitude de le faire que je ne me suis pas rendu compte de ce détail avant de venir. Une chose est sûre, il n'a rien perdu de son sarcasme légendaire. Une fois bien installé, je referme la porte sur lui et prends place à l'avant. Et c'est seulement maintenant que je réalise que je vais être le premier à lui faire reprendre la route après sa collision. Avant d'allumer le contact, je lui lance un furtif regard pour m'assurer qu'il va bien et m'aperçois qu'il gère la situation bien mieux que moi. J'espère juste ne pas être confronté à des scènes capables de me faire perdre mon sang froid au volant. Mais c'est plus fort que moi, je me mets à pester contre un taxi dès notre sortie du parking. Il bouche complètement la sortie, laissant le temps aux paparazzis de se frayer un chemin jusqu'à la voiture et de commencer à nous mitrailler. Je klaxonne pour qu'ils s'écartent.

- Oh ! Bouge de là ou je sors te le dire en face !

- Excellente idée, je pense qu'ils n'attendent que ça ! Me lance Niall en pointant les vautours du doigt.

- Taisez-vous, ça ne sert à rien de s'énerver. Nous dit Harry, toujours d'un calme olympien.

Il est tellement imperturbable que c'en est perturbant. Je prends sur moi, aveuglé par la pluie de flashs qui s'abat sur nous et attends patiemment que le taxi s'en aille pour enfin rejoindre la chaussée. Je roule alors avec une prudence excessive comparée à d'habitude, et Niall ne manque pas de me le faire savoir.

- Merde, tu sais conduire en fait !

Harry glousse dans mon dos.

- Je vous emmerde.

- Liam s'excuse de ne pas avoir pu venir avec nous. Lui dit Niall.

- Ils avaient un rendez-vous avec Sophia pour choisir un menu chez un traiteur, une connerie dans le genre.

- Encore heureux. Nous répond Harry. Je préfère qu'il pense à son mariage.

Le silence retombe dans l'habitacle.

- C'est juste un trajet de dix minutes les gars. Ajoute-t-il depuis l'arrière pour apaiser l'ambiance. Ne vous mettez pas la pression pour si peu.

Et encore une fois, c'est lui qui parvient à détendre l'atmosphère. C'est vraiment le monde à l'envers.

- Joy sera chez toi ? L'interroge une nouvelle fois Niall.

- Je lui ai dit de penser à se reposer pour une fois. Donc j'espère qu'elle m'aura écouté et qu'elle attendra l'après-midi pour venir.

- Joy ? Tu veux parler de l'énergumène qui était déjà debout aux aurores quand j'ai déposé Ava chez elle ce matin ?

- Ok... Souffle-t-il. C'est peine perdue de se faire entendre si j'ai bien compris.

Personne ne s'attendait à le voir rentrer aussi rapidement. Et je pense que ça a mis un petit coup de stress à tous ceux qui le côtoient quotidiennement, à commencer par elle. Joy doit certainement se sentir encore plus impliquée que nous tous dans son rôle à l'épauler.

La fin du trajet se passe sans encombres, jusqu'à ce que nous tournions à l'angle de Spaniards road.

- Le comité d'accueil est déjà sur place. Nous fait savoir Niall.

Des paparazzis se tiennent de l'autre côté de son portail automatique, qui s'ouvre dès notre approche sous les directives de Lauren. Les flashs nous tombent dessus de nouveau, mais fort heureusement, Harry est bien dissimulé grâce aux vitres teintées. Ses parents viennent visiblement d'arriver eux aussi. Je me gare au plus près de la porte d'entrée et sors en premier.

- J'en ai déjà fait partir au moins quinze depuis ce matin. Me dit Lauren en me saluant. C'est terrible comme ils sont coriaces.

La portière arrière s'ouvre avant même que Niall n'ait le temps de s'en charger. Je m'occupe de sortir le fauteuil du coffre.

- Comment il se sent ? Me demande son assistante, manifestement un peu perdue face au retour à domicile de son ami.

Je hausse les épaules en guise de réponse.

- C'est Harry.

Je me dépatouille comme je peux pour déplier le siège avec lequel je ne suis pas encore très expert, et l'approche rapidement de lui qui est déjà presque sorti.

- Doucement, ne brûle pas les étapes, mon chéri. Lui fait savoir Anne, qui se rend aussi compte qu'il force un peu trop sur ses capacités.

Et alors qu'il se tourne pour se mettre dans son siège, Harry manque de déraper en ayant des difficultés à décroiser les jambes. Tout le monde a alors ce réflexe de vouloir s'approcher pour lui éviter de tomber et un souffle de panique nous échappe. Mais finalement, il s'en sort encore une fois sans l'aide de personne.

- Ça va, ne vous inquiétez pas. Nous dit-il en nous voyant tous inquiets. Il va falloir vous y habituer, ça risque d'arriver plus d'une fois.

- On veut que tout se passe au mieux. Lui dit sa mère. Il faut t'éviter au maximum d'avoir trop de difficultés.

- Elles font partie de mon quotidien maintenant. Répond-t-il simplement, en s'engageant vers l'entrée de sa maison.

Nous restons tous à nous regarder un moment avec inquisition. Harry veut en faire beaucoup trop et chacun ici réalise que ça risque de le plonger dans un état dépressif si jamais ses efforts ne payent pas assez vite à son goût. Les jours à venir vont être déterminant s'il n'accepte pas qu'il doit laisser du temps à son corps pour se remettre d'un tel choc. Et la personne la plus à même à l'y aider arrive justement à point nommé.

- Merde, il se passe quoi les gars ? Nous demande Joy, surprise de tous nous voir figés dans la cours.

- Rien. Il est à l'intérieur.

Elle passe devant nous avec des yeux arrondis et rejoint Harry qui a progressé jusqu'à sa nouvelle chambre. Nos regards braqués sur eux ne les aident pas à se montrer proches l'un envers l'autre, encore trop peu habitués aux effusions en public. Mais leurs sourires complices ne nécessitent pas démonstrations supplémentaires.

- Il te faudra quelques jours avant de vraiment prendre tes marques, mais tout y est. Lui dit Lauren, en évoquant la nouvelle configuration de sa pièce de vie.

- Oui, c'est... comme sur les photos. Dit-il simplement.

Il ne regarde que très brièvement les aménagements et son visage est totalement dépourvu de la moindre émotion. Il est tellement inexpressif que l'état de malaise ambiant ne fait que s'amplifier. Niall me donne un coup de coude qui signifie que notre présence est peut-être maintenant de trop.

- On va vous laisser.

- Nous aussi, tu as sûrement besoin de repos. Ajoute sa mère, attrapant au passage cette perche qu'on lui tend pour trouver une excuse pour s'éclipser elle aussi.

Harry ne dit toujours rien et la seule personne avec laquelle il échange en silence par des regards en sa direction, reste Joy.

- Je les raccompagne. Lui dit cette dernière pour nous suivre jusqu'à la sortie.

- Merci pour la course les gars. Nous lance-t-il avant que nous ne disparaissions.

- Pas de quoi. Tu connais notre numéro, si tu as besoin de quoi que ce soit.

Il acquiesce d'un signe de tête et nous regarde nous en aller. Joy garde la tête haute et affiche un large sourire pour nous dire au revoir. Elle veut paraître forte, mais ses traits tirés la trahissent.

- Ça ira ? Lui demande Anne, coupable de se sentir impuissante.

- Oui, ne vous en faites pas. Nous répond-t-elle. Dans quelques jours, il devrait avoir digéré tout ça.

Je ne la sens pas aussi sûre que ses mots.

- Prend bien soin de lui. Lui glisse Anne en la serrant dans ses bras. Je crains qu'il ne commence à faire un déni de son état.

- Je serai attentive à ce que tout se passe au mieux. Conclut-elle, pour rassurer l'ensemble du groupe. On se tient au courant.

Joy parvient à nous faire repartir l'esprit léger, mais il ne faudrait pas que tout repose sur ses épaules. La culpabilité qu'elle ressent depuis l'accident est palpable. Elle n'en a peut-être pas pris conscience elle-même, mais le fait que Harry ait été percuté par cette bagnole en partant de chez elle, fait qu'au fond, elle se sent responsable de ce qui s'est produit. Alors qu'il s'agit juste d'un piteux concours de circonstances. Les signes d'épuisement que son corps commence à manifester sont la preuve que son inconscient l'incite à lâcher prise. Mais elle n'entendra pas cette alerte tant que quelqu'un d'entre nous ne l'y aura pas aidée.

_____

Le reste de la journée, j'ai tenté de délaisser mes pensées dans un coin de ma tête pour ne pas être parasité par mes inquiétudes concernant mon ami. Étrangement, je ne pensais pas que le sachant maintenant loin de l'hôpital, je commencerais à appréhender tout un tas de problèmes potentiels qui pourraient lui tomber dessus. Lâcher prise n'est pas une expression que je compte parmi mes devises. Je préfère savoir une situation réglée plutôt qu'incertaine. Mais dans le cas présent, il faut encore savoir faire preuve de patience et de bonne volonté.

Heureusement, la présence de ma sœur Lottie dans la capitale aujourd'hui m'a permis de passer le temps. Mon visage amoché n'a pas manqué de lui faire soulever l'évidence que ma nouvelle copine doit probablement compter énormément à mes yeux pour que j'aille jusqu'à risquer de me faire passer pour une brute. Il est vraiment plus que temps que je pense à leur présenter Ava de façon officielle. Elle m'a aussi fait prendre conscience que mon inactivité avait assez durée. Et ça fait chier de se faire quelque peu sermoner par sa petite sœur. Alors qu'il y a deux mois, j'étais en pleine démarche pour retrouver une occupation digne de ce nom sur le plan professionnel, j'ai totalement mis entre parenthèses cette idée. Je n'avais plus la tête à ça. Notre départ non-prémédité de Modest Management n'a en tout cas pas entaché la relation privilégiée que j'entretiens toujours avec Simon Cowell. Il n'a d'ailleurs pas cherché à me pousser à continuer, avec les événements qui nous sont tombés dessus. Mais si je ne m'y remets pas sous peu, j'ai bien peur que ce projet ne rejoigne le rang de tous les autres qui sont restés inachevés.

En fin de journée, je rejoins l'appartement des filles, car avec Ava nous avons décidé d'y passer le week-end, étant donné que Joy sera chez Harry. Preston doit être déjà en route pour la récupérer à son boulot. En attendant, et parce que je n'ai rien de mieux à faire, j'envoie un message à Simon pour lui faire part de mon intention. Sinon je risque encore de repousser la chose.

Moi, 18:17 : « J'ai assez perdu de temps. Je compte reprendre les démarches pour de bon. Et promis, cette fois, je suis décidé. On se cale un rendez-vous bientôt pour en parler ? »

Ava devrait être là dans environ une demi-heure et en attendant je décide de nettoyer un peu ce qui est resté traîner dans la cuisine. Je sais que je ne l'aurais pas fait chez moi, mais étant ici un invité, je leur dois bien ça. Oups, en parlant de nettoyage, j'ai pas zappé un truc d'ailleurs ? Merde. La voiture de Harry. Je vais encore en entendre parler longtemps.

Et Ava arrive finalement très rapidement, alors que je suis assis dans le canapé. Je me retourne pour apprécier son ressenti de sa journée. Selon l'expression sur son visage, je suis capable de savoir en quelques secondes s'il s'agit d'une fin de semaine atroce, ou appréciable. Et vue sa mine réjouie, je pense que la seconde option est la plus plausible. Je lui laisse le temps de se débarrasser de ses affaires et attends qu'elle me rejoigne. Je tends les bras en arrière pour accueillir l'étreinte qui lui est essentielle après le boulot. Dos à moi, Ava plonge contre mon torse et se réfugie dans mes bras. Je prends alors d'assaut son cou livré à ma merci et le couvre de subtiles baisers qui lui déclenchent la chair de poule.

- Alors, ça a été le retour de Harry ? Me demande-t-elle immédiatement, comme si elle aussi y avait pensé toute la journée.

J'agrippe son corps pour la faire basculer avec moi sur le canapé.

- Je crois que oui. On les a vite laissés seuls Joy et lui. Ils en avaient besoin.

Ses yeux se plissent à cette pensée d'imaginer enfin nos amis dans un cadre plus intime.

- Vic ne t'a pas trop emmerdé ?

- Elle s'écrase ces temps-ci. Je ne sais pas trop quoi en penser.

- De toute façon, je te l'ai dit, elle te fait chier, tu m'appelles.

- C'est vrai que la bagarre, ça te connaît.

Garce, tu vas le regretter ce soir. Ava m'assigne une légère pression sur le dessus du nez, sans vouloir réellement me faire mal en le faisant, mais cela suffit à déclencher une douleur insupportable. Se rendant compte de son geste, elle se confond en excuses, prétextant avoir oublié que c'était encore si récent.

- Moi qui ai fait des éloges à ma sœur te concernant tout l'après-midi, si j'avais su...

- Laquelle de tes sœurs ? Me demande-t-elle, faisant semblant de réfléchir. Celle que je n'ai jamais vue, ou... les autres que je n'ai jamais vues non plus ?

- Ne fait pas trop la maligne, ça pourrait arriver bien plus vite que tu ne le penses.

Elle me lance alors un sourire radieux, contente que l'idée m'ait enfin effleurée l'esprit, puis m'embrasse avant de ne sursauter lorsque mon téléphone se met à vibrer contre elle. Simon a visiblement eu mon message.

- Je te laisse, je vais regarder mes mails. Me dit-elle en se détachant de moi pour me laisser répondre.

Elle se lève, me laissant juste le temps d'admirer son joli fessier, puis s'éloigne en direction de sa chambre.

- Simon !

- Louis ! Me répond-t-il, avec une voix pleine d'entrain. Ça me fait plaisir d'avoir de tes nouvelles.

- Désolé d'avoir tout laissé en plan.

- Ne t'excuse pas. Il y avait des choses plus importantes. Comment va-t-il ?

C'est au moins la quatrième personne qui me pose cette question aujourd'hui.

- Il est rentré chez lui ce matin. On va lui laisser un peu d'espace, et ça devrait aller.

- Le pire est derrière lui, ça ne peut qu'aller mieux. Confirme-t-il, en s'éclaircissant la voix. Bon, tu vois les choses comment pour la suite ?

- Rien de différent de la dernière fois, mais dis-moi quand tu es libre la semaine prochaine, je passe chez toi et on fera un petit point.

- Pas de problème, je te reconfirme ça bientôt.

Je m'apprête à mettre fin à notre appel, les choses sont toujours réglées très rapidement avec Simon, mais il reprend la parole.

- Au fait ? Nous n'avons pas pris le temps de poser les choses clairement concernant le retour de Zayn chez Modest.

- Et ?

- Et je veux que tu saches qu'en aucun cas j'approuve son attitude depuis qu'il a résigné ici.

- Je me doute que tout ça n'était pas un coup monté. Zayn est assez machiavélique pour avoir eu cette idée tout seul.

- Bref, je voulais juste que les choses soient claires. Conclut-il.

- Elles le sont, ne t'en fais pas pour ça.

Simon semble satisfait de ma réponse.

- À plus tard Louis.

Je me surprends à sourire tout seul en raccrochant. Ça peut paraître stupide à mon âge d'avoir encore besoin d'un mentor pour m'épauler. Mais je n'ai pas envie de faire fausse route dans ce projet. Je me presse de rejoindre Ava dans sa chambre. Elle est allongée sur son lit, les yeux rivés sur son écran d'ordinateur.

- Encore en train de bosser, ma chérie ?

Je la rejoins sur le lit et vois d'un peu plus près ce qu'elle fait. Mais elle referme son ordinateur lorsque j'arrive à son niveau.

- Non, je flâne, c'est tout.

J'ai juste eu le temps d'apercevoir qu'elle consultait des annonces sur un site de voitures d'occasion. Ce n'est pas la première fois que je la surprends à le faire. J'ai le sentiment qu'elle ne souhaite pas m'en parler, sûrement par envie de se débrouiller toute seule. Je garde alors mon inquisition dans un coin de ma tête pour ne pas la brusquer sur ce sujet.

- Tu as faim ? Me demande-t-elle finalement.

- Je suis affamé.

Mais uniquement de toi.


▽▼▽

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