YOURS. // Tome 2

By MelanieRomaneYOURS

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// FORMAT PAPIER DISPONIBLE ! \\ Tandis qu'Ava se ressource dans sa ville natale, Louis est en proie à un que... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Épilogue
Remerciements

Chapitre 6

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By MelanieRomaneYOURS

♫ « Shape Of You » - Ed Sheeran ♫


△▲△
Ava
_

Sur le qui-vive tout le long du trajet entre mon boulot et l'appartement, il n'y a qu'une fois définitivement en sécurité derrière la porte d'entrée que je m'autorise à souffler un bon coup. Les yeux au ciel, je finis par les baisser en direction des deux personnes présentes dans le salon, qui me scrutent avec stupeur.

- Tu t'es encore faite emmerdée ? Me demande Louis en se levant du canapé.

Sa manette de jeu en main, il interrompt sa partie par intérêt pour moi, faisant grogner Joy qui ne perd pas une seconde pour lui faire remarquer qu'elle existe toujours.

- Eh ! Je te signale que pour une fois, je gagnais !

Mais Louis ne prête pas attention à sa réplique et progresse vers moi, mettant définitivement fin au jeu.

- Tu as l'air d'avoir couru jusqu'ici. Ajoute-t-il, en me déposant un baiser sur le front.

- J'ai dû semer un groupe de jeunes filles qui essayait de me suivre à la sortie du métro.

Joy continue son numéro, les bras en l'air.

- Ah ben d'accord, ta belle rentre et plus rien n'existe. T'es bien content de trouver un adversaire à ta taille pour jouer à « Call Of » !

- Pas de blague sur ma taille. Rétorque-t-il avec un semblant d'humour.

Ils sont terribles tous les deux. Depuis que Louis vit presque ici, Joy et lui se découvrent une complicité étonnante, à coup de blagues bien pensées. C'est souvent à celui qui sera le plus original. Mais sur le coup, ma colocataire ne réplique rien, consciente qu'il endure suffisamment de moqueries sur sa grandeur. Il s'assure par un coup d'œil vers l'extérieur, que personne ne m'ait importuné jusqu'ici.

- À l'avenir, tu accepteras peut-être que Preston te serve de chauffeur pour le boulot... Tente-t-il une énième fois.

Je lui réponds par une grimace et entends Joy ricaner à sa remarque. Il a vraisemblablement raison, mais je persiste à ne pas vouloir dépendre de quelqu'un. Seulement avec le temps, les médias ont fini par mettre un nom sur notre relation. Le surnom de « Louva », combinant nos deux prénoms, a fait son apparition sur les réseaux sociaux pour qualifier notre couple, et désormais mon visage n'a plus de secret pour les fans londoniennes de One Direction. La plupart ne me dérangent pas le moins du monde, elles sont même généralement très sympathiques. Mais il y en a d'autres en revanche qui n'ont rien de très plaisant lorsque vous vous contentez de faire votre petit train train quotidien et qui vous épient en gloussant dans leur coin. Je me débarrasse de mes chaussures à talons qui compriment mes pieds.

- Tu veux enfiler quelque chose de plus décontracté avant que l'on aille voir Harry ? Me demande Louis.

Mon regard se détourne vers Joy par automatisme lorsqu'il prononce le prénom de son meilleur ami. Depuis qu'elle m'a parlé de leur relation secrète, je sais que je suis capable de percer ses moindres émois le concernant. Et là en l'occurrence, je pense que Harry doit aller de mieux en mieux vu le sourire non dissimulé qu'elle arbore, assise en tailleur au coin du canapé. Louis attend toujours ma réponse.

- Euh, pardon. Oui, si ça ne te dérange pas. Je n'en ai pas pour longtemps.

Depuis que Harry est sorti du coma, nous avons un peu espacé nos visites pour lui permettre de ne pas être assailli tous les jours par les mêmes personnes. Je continue cependant de décaler mes horaires de boulot d'une bonne demi-heure pour finir plus tôt le soir et ne pas arriver trop tard à St. Mary. Mon patron s'est montré très compréhensif à ce sujet. Je sais que je n'ai pas besoin d'accompagner Louis à chaque fois, mais il me fait comprendre qu'il a besoin de ma présence.

Je file vers ma chambre et attrape une robe légère à motif floral dans ma penderie. Tandis que je me débarrasse de mon tailleur, je sens la présence de Louis dans mon dos. Je l'aperçois dans le reflet du miroir au coin de la chambre, me regarder avec gourmandise. Sans se rendre compte que je l'observe, il se corrige lui-même, s'obligeant à détourner les yeux. Je finis par pivoter et lui demande de l'aide pour monter la fermeture éclair dans mon dos.

- Tu comptes y aller juste comme ça ? Me demande-t-il, en pointant du doigt l'évidence que cette robe est en effet assez courte.

- Oui pourquoi ? Il fait vraiment très chaud dehors. C'est la taille qui te dérange ?

- Moi ? Ça ne me dérange pas le moins du monde, au contraire. Répond-t-il en s'approchant de moi pour m'enlacer. Mais je te tiendrai entièrement pour responsable si la situation dérape inopinément.

Il dépose un léger baiser sur mes lèvres après avoir prononcé ces mots qui en disent long. Maintenant que les choses vont bien mieux du côté de Harry, je sens plus de légèreté dans notre couple. Le mois qui vient de s'écouler a été chargé en émotions pour nous tous. Nous avons un peu vécu en suspens, au dépend de chaque jour où il luttait pour revenir parmi nous. C'est désormais chose faite. Il est sorti d'affaire. Et chacun reprend le cours de sa vie avec un entrain retrouvé.

Nous rejoignons le salon pour que j'enfile des baskets en toiles qui ne maltraiteront pas mes pieds sur le chemin vers l'hôpital. Joy n'a pas bougé du sofa et pianote sur son téléphone.

- Tu nous accompagnes ?

- Je vous laisse profiter de lui. Me répond-t-elle, avant de se rendre compte que sa phrase prête à confusion. En tout bien tout honneur, bien évidemment !

Louis secoue la tête et passe ce qui l'aide à ne pas être trop épié dans la rue, à savoir une casquette et des lunettes de soleil. L'hôpital est tellement proche de l'appartement que prendre sa voiture relève de l'absurde quand on sait que l'on y accède en plus de quinze minutes, contre trois seulement en marchant. Sans parler de la galère pour se garer ensuite.

- Vous allez voir, il a fait des progrès depuis lundi. Nous indique Joy, avec une certaine fierté dans le regard.

Qui aurait cru que cette jeune londonienne délurée quand je l'ai connue deviendrait si posée et soucieuse de son prochain. Et qui aurait cru les voir finir ensemble un jour. Joy était un électron libre qui ne s'attachait à rien ni personne. Et maintenant, tout son univers gravite autour de l'état de santé de Harry. Elle fait d'ailleurs très marquée depuis un mois. Mais comment lui reprocher de ne plus penser à elle dans de telles circonstances ? Je pense que je serai dans un état similaire au sien si quelque chose arrivait à Louis.

Mon petit ami me tient la porte pour m'attendre. Joy nous fait un signe de main avant notre départ.

- À tout à l'heure. Nous lance-t-elle, en rallumant la console. Ne soyez pas trop long tout de même, il a besoin de repos.

- Ne t'en fais pas. Lui répond Louis. On sera revenus avant que tu n'aies le temps de rattraper tes maladresses de débutante.

- Ne joue pas les malins... Tu sais parfaitement que je suis capable de supprimer tous tes scores en un tour de main.

Louis se retourne vers moi comme pour s'assurer qu'elle ne ferait pas une chose pareille. En soutien pour mon amie, je me contente de hausser les épaules pour le faire mariner. Mais leurs mascarades pouvant aller très loin, je finis par le forcer à avancer en tirant sur son t-shirt.

- Allez, on est partis ! Elle dit ça pour te défier, c'est tout.

Maintenant, c'est moi qui me retrouve à l'attendre, jusqu'à ce qu'il ne se décide enfin à m'emboîter le pas.

_____

Nous ne sommes pas restés plus d'une demi-heure dans la chambre de Harry. Il aurait aimé que notre visite dure plus longtemps, mais on voyait bien qu'il avait de plus en plus de mal à suivre le cours de nos échanges. Même si son éveil est maintenant acquis, il n'en reste pas moins affaibli. En revanche, son évolution est très encourageante. Plus les jours passent et plus on le retrouve. Il vient même de débuter la rééducation aujourd'hui, ce qui expliquait son état de fatigue évident aux vues des efforts qu'il avait fourni à se mettre debout. Il est resté un peu évasif pour le moment sur ce que les médecins lui ont dit concernant la reprise de la marche, mais nous n'avons pas insisté. Ça doit déjà être assez pénible de ne pas savoir réellement de quoi sera fait demain sans que ses proches n'en rajoutent une couche supplémentaire.

Lorsque nous reprenons la direction de l'appartement, il fait une chaleur épouvantable, comme si un orage se préparait. Louis me tient fermement la main tout en progressant dans les rues de Paddington et un délicieux sourire s'étend sur son visage depuis que nous sommes sortis. J'espère secrètement que nous ne dormirons pas chez moi ce soir. Je suis incapable de faire quoique ce soit en sachant Joy dans la pièce à côté et j'avoue que nos moments intimes sont devenus relativement rares ces derniers temps. Voire presque inexistants étant donné la complexité du mois qui vient de passer. Et là, très franchement, ça commence à faire long.

Tandis que je suis perdue dans mes pensées concernant le programme idéal de notre soirée, Louis m'oblige soudainement, le regard toujours aussi affamé, à bifurquer de notre itinéraire habituel. Surprise, mon cœur manque un battement et je pousse un léger cri d'étonnement. Au début, j'ai l'impression qu'il rebrousse chemin en direction de l'hôpital.

- Tu as oublié quelque chose ?

Louis ne retient pas longtemps un gloussement, signifiant que je fais fausse route. Je me retourne en direction de la rue animée, qu'il tente visiblement de fuir, pensant qu'un groupe de jeunes femmes est peut-être à nos trousses. Mais non, rien de tout cela. La tête fière, sa démarche me prouve que quelque chose vient de lui traverser l'esprit, mais qu'il ne veut pas me mettre dans la confidence pour le moment. Sa main me guide à travers une impasse que je ne connais pas, et le fait qu'il presse le pas ne m'aide aucunement à mettre mes idées en place. Mais qu'a-t-il derrière la tête ? Les battements de mon cœur prennent de l'ampleur à mesure que nous avançons dans cette rue presque déserte. Il semble chercher un endroit si j'en juge par son regard qui scrute les moindres recoins de la ruelle.

- Où est-ce que tu nous emmènes ?

Louis détourne son regard un instant de sa route pour m'offrir un sourire des plus déstabilisant.

- Tu le sauras bien assez tôt. Me répond-t-il, à la limite du murmure.

La faim presque insatiable de ces derniers jours prend tout son sens lorsqu'il finit par ouvrir ce qui ressemble à la cour dérobée d'une résidence inoccupée. Il gravit les quelques marches d'un patio, regarde furtivement aux alentours -m'obligeant par méfiance à en faire de même- puis force sur la poignée rouillée de la vieille bâtisse. La porte cède et s'ouvre suite à son effort. Le grincement significatif prouve qu'elle n'a pas dû être ouverte depuis un bon moment. Une cage d'escaliers poussiéreuse se trouve désormais devant nous. Louis m'attire sur le sol carrelé d'un autre âge et referme la porte sur nous, nous plongeant dans une atmosphère tamisée, où perce uniquement un léger faisceau lumineux au travers des carreaux colorés du vitrail de l'entrée.

- Tu connais cet endroit ?

- Pas le moins du monde. Dit-il en passant une main sur le dessus d'un vieux meuble du couloir pour en retirer la poussière accumulée par les années.

Ses intentions me paraissent alors bien plus claires lorsqu'il m'attire vers lui pour m'embrasser avec vigueur. Son baiser nous consume en un instant. Puis, rattrapée par la réalité, je me détache de lui, ma bonne conscience ayant décelé mon envie et l'évidence du risque de cette expérience inattendue.

- On ne peut pas.

J'appose ma paume sur ma bouche, comme pour marquer une barrière et l'empêcher de ne la reprendre d'un assaut qui me serait fatal.

- Laisse-toi aller, trésor. Soupire-t-il, ses mains ne quittant pas mes hanches par peur que je ne lui échappe. Personne ne va nous voir.

Ses lèvres me dévorent à nouveau d'une passion insatiable et une énorme bouffée de chaleur s'empare de mon corps. Je trouve une nouvelle fois la force de le tenir éloigné.

- Louis, je suis sérieuse.

Je parviens à m'écarter un peu pour entrouvrir la porte et apercevoir la rue.

- Quelqu'un peut débarquer de n'importe où, n'importe quand.

Son corps rejoint le mien et sa tête se niche au creux de mon épaule. D'une main, Louis fait descendre lentement la fermeture éclair de ma robe, m'obligeant à refermer l'entrée qui pourrait nous faire remarquer. Sa respiration haletante se perd au détour de la peau nue et sensible de mon dos. Il sait que je suis réceptive à ce genre de caresses. Un frisson ne tarde pas à parcourir ma colonne. Puis sa bouche remonte vers mon cou, m'offrant d'habiles baisers, alternant entre un mordillement indécent et la douceur de sa langue suave et ambitieuse.

- Ose me dire que tu n'en meurs pas d'envie. Ajoute-t-il, en continuant avec supplice son jeu à la limite de me faire flancher dans mes derniers retranchements. Tes mots peuvent mentir, mais pas ton corps.

Ses dernières paroles, à peine murmurées contre ma peau, précipitent mon rythme cardiaque déjà mis à rude épreuve. Louis appose une main au-dessus de ma poitrine qui se soulève à une allure folle, tandis que l'autre parcourt lentement l'intérieur de mes cuisses, que je garde fermement serrées entre elles pour cacher mes ardeurs. Comprenant que je suis dans l'incapacité de lui répondre, il continue ses subtiles supplications qui ne tardent pas à me faire flancher et oublier le risque de la situation. Je finis par me retourner vers lui. Nos yeux se scrutent durant quelques secondes, puis ses fines lèvres frôlent les miennes avec une envie non dissimulée.

- Oublie ce que te dicte ta raison. Susurre-t-il contre ma bouche.

À ce moment-là, je sais qu'aucun retour en arrière n'est possible. Je suis vouée à cette passion dévorante qui nous habite et cède face à son désir. Le cœur au bord des lèvres, je n'attends qu'une chose face à la fougue plus qu'évidente qui s'est emparée de lui. Et Louis ne tarde pas à accomplir ce qu'implore silencieusement le fond de mes pensées les plus enfouies. Il envoie sa casquette valser au sol et nos bouches se rejoignent à l'unisson. Ses mains empoignent le dessous de mes cuisses et me soulèvent jusqu'à sa taille. J'enroule alors mes jambes autour de ses hanches, lui permettant de nous faire progresser jusqu'au meuble d'appoint qu'il a tenté de débarrasser des traces du temps, il y a quelques minutes. Louis me pose en douceur sur le rebord en bois et continue à m'assaillir de baisers. La délicatesse acharnée de nos corps en pleine perdition nous conduit rapidement dans le précipice de cette envie soudaine et impérieuse. Plus aucune crainte ne me traverse l'esprit désormais. Seule l'issue de nos intentions compte à l'instant présent.

- Tu veux toujours que j'arrête ? Me taquine-t-il, alors qu'il me sent très certainement au bord du précipice.

À cours d'arguments, je me contente de descendre encore plus la fermeture de ma robe afin qu'il puisse accéder à ma poitrine, jusqu'ici bien dissimulée sous le tissu.

- Ça vous va comme réponse, Monsieur Tomlinson ?

Sans gêne, ses yeux parcourent mes formes et une de ses mains tire mon soutien-gorge vers le bas pour accéder à ce qu'il désire. Tandis que sa langue m'explore et me propulse à des années lumières, mes mains agrippent le bas de son t-shirt pour l'en débarrasser au plus vite. La teinte flamboyante du reflet des vitraux qui se répercute sur son torse donne un goût d'interdit à ce moment illicite et la sensation de sa barbe de quelques jours contre le bombement de mes seins m'électrise des pieds à la tête.Tout en moi est désormais en feu. L'air de la pièce confinée ne tarde pas à me paraître encore plus étouffant qu'à notre arrivée et nos peaux se couvrent d'un léger film humide au fur et à mesure de notre progression vers le plaisir. Dans le but de lui faire encore plus perdre la raison, je me mets à onduler subtilement des hanches, ayant pleinement conscience de le faire juste en face du renflement évident de son entrejambe. Un grognement sort de sa gorge suite à mes sollicitations et vu son regard sombre et inquisiteur, je sais que l'issue est proche. D'un geste affirmé, je m'active à défaire le nœud qui retient encore son jogging. Puis, tout en douceur, je laisse glisser son vêtement jusqu'à ses chevilles à l'aide de mes pieds, emportant par chance son boxer dans la course. À bout de souffle et sa masculinité enfin libérée, Louis glisse sa main sous la dentelle de ma culotte et ses doigts viennent s'assurer de mon évidente jouissance. Je l'aide à retirer le tissu et le laisse glisser avec une lenteur insoutenable le long de mes jambes. Ses mains rapprochent un peu plus mes fesses au bord du meuble et il laisse sa virilité pénétrer d'une manière inégalée au bord de mon intimité. Prise de cours, je réalise que les sensations ne sont pas les mêmes qu'habituellement. Jusqu'à ce que j'identifie la source de mes interrogations. C'est la première fois que Louis entre en moi dépourvu de la barrière du préservatif. Il semble lui aussi s'apercevoir de cette différence et lève rapidement les yeux vers moi, visiblement prêt à se retirer si je le lui demande.

- Pitié, dis-moi que tu n'as pas oublié ta pilule ce mois-ci. M'implore-t-il, répondant à ma question sur le fait qu'il ait une protection à portée de main.

Pour le rassurer, j'appose mon front au sien et lui réponds avec un sourire moqueur.

- Tu es vraiment en train de me demander à moi, Ava Miller, s'il m'arrive d'avoir des manquements dans ma vie millimétrée ?

- Je ne sais même pas pourquoi je t'ai posé la question. Ajoute-t-il, avant de ne m'offrir un profond et délicieux coup de rein.

Mes paupières se referment pour me délecter de l'afflux de sensations nouvelles qui s'offrent à nous. Mon corps se cambre sous l'agilité de ses mouvements répétitifs et bien placés. Sa bouche toujours collée à la mienne, des mots échappent à son contrôle.

- Putain, qu'est-ce que je t'aime.

Sa confession, jurée entre deux baisers, tourne en boucle dans mon esprit. Louis se rend compte de l'impact de ses mots, prononcés pour la première fois et encadre mon visage de ses mains. Il interrompt un instant ses mouvements de bassin pour plonger dans mon regard. Et la façon dont il me dévisage prouve à elle seule ce que je suis devenue à ses yeux. Je suis précieuse pour lui et c'est ce qu'il essaie de me faire comprendre. Je sais que mes joues ont pris encore plus de couleurs que permis par la chaleur ambiante. Son front en sueur se colle au mien et je repousse d'un revers de main les cheveux en bataille qui lui couvrent les yeux pour le contempler en profondeur. Le bois de la commode craque et claque violemment contre la paroi du mur à la peinture effritée. Je sais que nos gémissement respectifs sont loin d'être des plus discrets, mais à cet instant, je m'en fiche totalement. J'ai juste hâte de franchir les portes du paradis entre ses bras. Je suis à lui. Il est à moi. Et c'est tout ce qui importe.

_____

Assoiffés par la moiteur de l'atmosphère et par nos ébats, nous nous arrêtons prendre une boisson fraîche à emporter dans un Starbucks du coin. Louis ressort du commerce, me tend mon thé glacé et fronce les sourcils en regardant le dessus de ma tête. Sa main s'approche pour identifier ce qu'il n'arrive visiblement pas à discerner.

- Ne bouge pas, tu as quelque chose dans les cheveux. Me dit-il en retirant ce qui ressemble à un amas de poussière mêlé à une toile d'araignée.

Affolée par ce qu'il vient de m'enlever, je m'agite dans tous les sens pour secouer ma chevelure dans l'espoir de ne pas y trouver la bestiole à l'origine de cette horreur. J'ai une répulsion maladive pour cet ignoble insecte à huit pattes. Amusé par la situation, Louis me canalise en m'assurant que je n'ai plus rien à craindre. Je retrouve mon calme après avoir laissé échapper un dernier son signifiant mon dégoût.

- Tu n'avais pas l'air si écœurée dans cette entrée il y a dix minutes... Me fait-il remarquer, ravivant un nouvel excès émotionnel en moi.

Je suis obligée de m'auto-ventiler avec ma main en repensant à l'intensité de la scène qui défile dans ma tête. Je me hisse sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser volé sur la bouche.

- Que dirais-tu que l'on rentre prendre une douche, puis que l'on aille passer la nuit chez toi ce soir ?

Louis plisse les yeux et se passe furtivement la langue sur les lèvres.

- Planning validé. Me dit-il en m'enlaçant fermement.

- Et en plus, j'ai ma journée de libre demain. C'est relativement calme au boulot ces derniers jours, j'ai eu le droit de poser mon jeudi.

- Très bonne nouvelle. Ajoute-t-il. Mais dès demain, on te trouve un curé pour confesser tes pêchers.

J'explose de rire face à sa répartie.

- Mes pêchers ? Ce n'est pas moi qui nous ai conduit dans cet endroit miteux tout à l'heure...

- Oh, mais je ne pensais pas à ce moment-là, mais à tous ceux qui risquent d'arriver d'ici demain.

Il est incorrigible. Nous rentrons chez moi plus rapidement que d'habitude, tous les deux dans l'expectative de se retrouver seul à seul dans son loft de Soho. Et quand nous passons la porte, il y en a une qui ne nous loupe pas.

- Et bien dîtes donc... vous en avez mis du temps... Nous lance Joy, affalée de tout son long avec un ventilateur braqué sur elle.

Elle se lève et parcourt la pièce, telle une enquêtrice à la recherche de preuves. Louis sirote bruyamment sa boisson à la paille et s'amuse de ce nouveau numéro de la part de mon amie. Joy tourne lentement autour de moi, les bras reliés dans son dos. Je cherche quelque chose à répliquer.

- Tu as raison, Harry remonte la pente, ça fait plaisir à voir.

- Ne noyez pas le poisson, jeune fille ! Me dit-elle en sortant son téléphone portable de sa poche arrière. J'ai demandé à Harry quand vous étiez partis et visiblement... il y a un trou dans votre emploi du temps messieurs, dames. Un trou de plus de trente minutes...

- Je n'y suis pour rien moi... Demande à ta copine. Lui répond Louis, se disculpant de ses actes tout en feignant chercher quelque chose au fond du réfrigérateur.

La bouche grande ouverte face à cette attitude de dégonflé, je décide de ne pas m'étendre davantage. Je précise à Joy que l'on ne dors pas ici ce soir et enferme Louis avec moi dans la salle de bains.

_____

Enlacés depuis plus d'une heure, nous discutons de tout et de rien au fond de son lit, à peine recouverts d'un léger drap fin. L'appartement de Louis est climatisé et nous permet d'apprécier enfin un peu de fraîcheur dans la tiédeur de cette mi-juillet. Mes doigts tracent sur ses bras les lignes de ses veines qui ressortent plus que d'ordinaire.

- Et au fait, Alston ? Me demande-t-il, comme s'il se souvenait subitement que nous n'avons jamais reparlé de mon séjour là-bas le mois dernier.

Je relève la tête pour capter son regard et tente de percer la raison qui l'a amenée à se poser cette question.

- Et bien que dire... Mon père aurait aimé te voir. Il ne l'a pas clairement dit, mais avec le temps je sais comment déchiffrer son comportement. Et il t'apprécie beaucoup.

- C'est un bon point. Confirme Louis, en remuant légèrement les jambes pour les étirer. Et c'est tout ?

Je me redresse et prends appui contre la tête de lit.

- Pourquoi ? Tu as l'impression que je te cache des choses ?

Dans un certain sens, c'est effectivement le cas. Jamais je n'ai évoqué avec lui le comportement d'Alex cette semaine-là, car en aucun cas jusqu'ici il ne m'avait témoigné son envie d'en savoir plus.

- Non. Me répond-t-il finalement. Il n'y a peut-être rien à raconter après tout.

Je réfléchis un instant. À quoi bon lui cacher la déclaration de mon ami. Si on souhaite ne plus se retrouver dans la même situation que celle qui m'avait poussée à partir me réfugier dans ma ville d'enfance, il faut que l'on soit honnêtes l'un envers l'autre. Je m'éclaircis la voix et commence à lui raconter le récit qui a maintes et maintes fois tourné dans ma tête.

- Ok... il faut que je te parle de ce qu'il s'est passé avec Alex.

Louis m'interroge du regard avec des yeux inquiets.

- Je n'ai peut-être pas commencé ma phrase de la bonne manière... Il ne s'est évidemment rien passé avec Alex...

Je marque une pause.

- ... mais il m'a avoué qu'il m'aimait.

Voilà, c'est dit. Louis ravale sa salive et reste muet. Voyant qu'il n'est pas prêt de répliquer, j'enchaîne.

- Mais ça signifie tellement peu pour moi que je n'ai pas jugé bon de t'en parler avant.

Louis souffle lourdement.

- Ava, tu ne peux pas dire que ce n'est rien. Ton ami d'enfance t'a avoué qu'il t'aime. Il y a de quoi être un peu perturbée, non ?

- Non, je t'assure que ce n'est pas le cas. Alex est et restera un ami pour moi, et son aveu n'a en aucun cas remis en cause mes sentiments pour toi.

Une petite voix me martèle de ne pas laisser passer cette occasion de lui en dire plus. Allez Ava, fais-toi violence pour une fois et dis-lui ce que tu ressens.

- Au contraire, je crois que ça les a exacerbés.

Alors qu'il avait le regard perdu loin du mien, il relève immédiatement la tête suite à mes mots. Pendu à mes lèvres, je sais qu'il attend que je le lui dise. Tout comme lui a eu le cran de me le dire dans ses messages et par ses mots il y a quelques heures de cela.

- Je t'aime, Louis. Et saches que je ne me force nullement à te le dire pour te rassurer et te faire oublier les révélations sur Alex.

- Chut. Ne prononce pas son nom. Enchaîne-t-il en se redressant face à moi. Le début de ta phrase suffisait amplement.

Sa main vient se nicher derrière ma nuque pour me rapprocher de lui. Louis capture mes lèvres avec ferveur, preuve qu'il a retenu l'essentiel et que ma déclaration avait toute sa place à cet instant.

_____

- On doit prendre quelle ligne pour se rendre là-bas ?

Je tente de déchiffrer le labyrinthe coloré affiché en grand dans la station de métro, mais Joy vient à mon secours en me prenant par le bras pour m'attirer vers le quai en question. J'oublie parfois qu'elle connaît Londres comme sa poche. Cet après-midi, j'ai décidé de passer du temps avec elle, et nous avons choisi de nous rendre à Primrose Hill, dans le district de Camden, afin d'y lézarder tout en papotant dans un cadre agréable. Quitter Louis n'a pas été chose évidente, mais notre soirée chez lui a tout de même rassasiée nos ardeurs.

Le métro nous conduit aux abords du parc en mois d'un quart d'heure, et quelques minutes de marche supplémentaires sont nécessaires pour accéder à la colline verdoyante qui surplombe les différents quartiers et offre une vue panoramique sur la capitale. Visiblement, le temps estival a donné cette idée à bon nombre de londoniens qui comme nous, sont venus trouver le calme dans ce coin de verdure. Nous finissons par poser notre plaid dans un coin inoccupé afin d'enfin nous prélasser au soleil. Joy ne perd pas une minute pour tartiner sa peau claire de crème solaire. Une fois satisfaite d'avoir recouvert la moindre parcelle de peau visible, elle me tend le tube pour m'inciter à en faire de même.

- Tiens, ce serait dommage de te retrouver rouge écrevisse ce soir. M'indique-t-elle en pointant du doigt l'évidence que moi aussi, je manque de pratique en matière d'exposition au soleil.

- Merci.

Elle s'allonge à mes côtés, la tête dissimulée sous son immense capeline en paille. Et quelques secondes à peine après s'être installée, ses pensées migrent déjà vers Harry.

- Je n'ose même pas imaginer la chaleur dans sa pauvre petite chambre d'hôpital...

Joy réouvre un œil pour voir si j'ai relevé sa phrase et mon grand sourire lui suffit pour trouver sa réponse.

- Quoi ? Me demande-t-elle, consciente que je continue de l'épier, même si elle a les yeux fermés.

- Rien, je trouve votre histoire tellement folle et en même temps, tellement touchante.

- Ne t'emporte pas... je te vois déjà d'ici avec tes insinuations à l'eau de rose.

- Et toi, ose me dire que tu ne ressens rien pour lui, je n'en croirai pas un traître mot !

Un moment de silence suit ma déclaration et Joy commence subitement à rire, d'abord très légèrement, puis de plus en plus fort. Je ne peux m'empêcher de la suivre dans son éclat de gaieté, ne sachant pas réellement d'où il vient, mais prise dans la spirale communicative qu'elle me transmet rien qu'en étant subitement si joyeuse.

- Dans quelle merde tu nous as mises, Miller ! Finit-elle par dire en retrouvant un peu ses esprits.

- Si tu fais allusion au fait qu'ils sont entrés dans nos vies par ma faute, je m'en disculpe amplement. Tout est de la faute de Louis.

- C'est sûr que si on avait dû enquêter pour retrouver ton inconnu du taxi ce jour-là, on y serait encore !

En prononçant ces mots, Joy me catapulte des mois en arrière. Qui aurait cru que ce jour aurait été si déterminant dans mon avenir amoureux. Et également dans le sien. C'est étrange comme le destin peut être fait de surprises. Certaines rencontres vous effleurent comme le vent et passent dans vos vies sans que vous ne les reteniez. Et d'autres en revanche vous terrassent avec une puissance sans précédent.

- Ton téléphone ! Me fait soudainement remarquer mon amie, tandis que je suis plongée dans mes souvenirs.

Je le sors de mon sac après deux avertissements de messages consécutifs. La vue de leur destinataire me fige sur place. Alex. Que peut-il bien me vouloir alors que nous n'avons plus rien échangé depuis plus d'un mois ?

Alex, 14h44 : « C'est quoi cette merde ? Tu lui as tout raconté ? »

Alex, 14h44 : « Dis-lui d'arrêter de jouer avec mes nerfs ou ça pourrait mal se finir. »

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel...

Joy se redresse en vitesse et retire son chapeau pour me mieux me faire face.

- C'est Louis ? S'écrit-elle avec inquiétude.

Je réalise la frousse que je lui ai mise en prenant conscience qu'il avait prévu de passer voir Harry dans l'après-midi.

- Non, c'est Alex. Désolé de t'avoir fait peur.

Elle lâche un long soupir et reprend son inquisition avec plus de contenance.

- Qu'est-ce qu'il te veut ?

- Je ne comprends pas... Il me parle de Louis visiblement. Mais comment se fait-il que...

Je ne termine pas ma phrase et un troisième message de sa part me parvient.

Alex, 14h45 : « Parfait. Il veut la jouer au plus malin, on va voir qui est le plus rusé de nous deux. »

Je déglutis péniblement face à cet échange à sens unique et à l'énervement évident qui s'est emparé de lui. Mes doigts se mettent à trembler d'incompréhension, ne sachant quoi lui renvoyer, mais une autre sonnerie me fait sursauter.

Alex, 14h46 : « Je suis à Londres demain matin. »


▽▼▽

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