La belle et la bête

By mademoizellenemo

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Hanna est l'étudiante détestable du pensionnat. Elle est froide, autoritaire et semble vivre à des années lum... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 25
Chapitre 26

Chapitre 24

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By mademoizellenemo

Avertissement : J'avais prévenue aux âmes sensibles de s'abstenir de lire cette histoire. Il est encore temps de faire marche arrière à l'entrée de ce chapitre qui n'est pas pour les personnes sensibles. Je ne veux aucun commentaire me disant que j'ai abusé, car j'ai déjà recommandé ce livre pour un public d'au moins 13 ans et +. Pour les autres, bonne lecture !

* * *


Connaissez-vous ce sentiment de bien-être que l'on ressent quelque fois dans la vie ? Celui où tu es juste dans une journée casuelle, mais que tu souris béatement. Comme si ton sourire pouvait confronter le monde entier. Je me sentais ainsi, allongée confortablement dans les bras de Caleb. Mais le moment de bonheur n'est qu'éphémère. Car mon illusion se brisa lorsque des grands bruits sur la porte se firent entendre et je me relevais en sursaut, frappant de ma tête le menton de Caleb. Ce dernier lâcha un juron, posant calmement sa main sur ma tête pour me stabiliser.

- Putain il est 3 heures du matin, grogna-t-il d'une voix endormie en allumant sa lampe

Je frottais mes yeux, m'habituant à la lumière tandis que les coups reprenaient de plus belle. Caleb cette fois ne cacha pas son mécontentement et se leva pour ouvrir la porte avec colère, tombant nez à nez avec tous les membres de son gang.

- C'est mieux d'être une bonne raison, leur lança-t-il

- On a reçu un appel, Caleb. Je ne sais pas comment ils ont eu notre numéro, mais tu dois absolument écouter ça, dit Jacob le rouge aux joues et les yeux humides comme s'il avait pleuré

Leur chef fronça les sourcils avant d'ouvrir la porte, les faisant tous entrer dans la chambre. Je lâchais un cri de surprise et me cacha sous la couverture. Mais ils semblaient tous nier complètement mon existence, même Caleb m'avait oublié. Célestin pesa sur un bouton de son portable et un message vocal se fit bientôt entendre.

« Salut les petits idiots de Watermerde , je suppose que c'est l'heure du dodo pour vous alors je vous laisse ce message pour que vous fassiez des merveilleux cauchemars. Mais si jamais vous voulez me visiter , venez dans 25 minutes dans nos quartiers , on va accueillir les PD comme vous avec gentillesse.  Je voulais juste vous dire de faire très attention à vous. Jacob, ta copine Maria elle était très bonne. Je me la suis faite hier quand j'ai appris qu'elle habitait dans le coin. Elle s'est débattue quand je la pénétrais alors j'ai dû la gifler pour la calmer. Célestin, tes parents habite sur la 13ème avenue n'est-ce pas ? Depuis ma nouvelle alliance avec la mafia, je connais pleins de choses sur vous. C'est passionnant. Et Caleb ... on m'a dit que la blondinette c'est ta copine ? C'est dommage parce que le chef il la veut ... »

- Fermez-moi ça, menaça Caleb

« Il veut la baiser fort, l'utiliser jusqu'à ce qu'elle soit soumise comme la chienne qu'elle est. Il a dit qu'il va d'abord la battre pour qu'elle ne puisse pas bouger quand il va la pénétrer et ensuite répandre sa semence en elle jusqu'à ... »

Je mis une main sur mes oreilles, mon cœur battant rapidement. Caleb prit le portable et le lança avec un cri de rage sur le mur, le faisant éclater en mille morceaux. Je me relevai du lit, les jambes tremblotantes et les garçons finirent par me voir.

- Hanna ?..., murmura Célestin

J'avais peur, ces paroles crues me rappelaient Logan. Même si c'était la voix de Tristan que j'avais entendu, c'était l'image de Logan qui me venait en tête. Je pris une grande respiration et relevais les yeux vers Jacob. Ce n'était pas moi qu'il fallait consoler, il fallait que je sois forte car ce jeune homme était beaucoup plus blessé que moi. Caleb ne voyait rien, il était maintenant complètement réveillé et hors de lui. Je m'approchais de Jacob et posais une main sur son épaule.

- Ne t'en fais pas. Si ce que ce violeur a dit est vrai, nous allons contacter la police. Maria doit déposer une plainte et justice sera faite. Ne laissa pas la rage t'envahir, tu dois être forte pour elle, lui dis-je d'une voix réconfortante

Mais la tristesse avait laissé place à une colère immense. Il lança un regard à Caleb qui s'était rapidement habillé d'un T-shirt et qui glissait maintenant un fusil dans son pantalon. J'écarquillais les yeux en voyant le visage déterminé des autres membres et compris ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Je m'approchais de Caleb et mis une main sur son bras tremblant. Il leva les yeux vers moi et jamais je ne l'avais vu autant en colère.

- Ne fais pas ça, le suppliais-je

Il prit gentiment ma main et la remit le long de mon corps avant de se tourner vers son gang.

- Allez vous habiller et chercher vos armes. On va leur montrer comment on accueille les fils de pute comme eux, leur dit-il

Je fronçais les sourcils et courus avec rage devant la porte, empêchant tout le monde de mettre les pieds à l'extérieur.

- Écoutez, je sais que la classe TC ne connait pas le terme patience, mais n'écoutez pas votre chef. Il agit avec rage, avec ses émotions et il va vous conduire tout droit dans une scène de guerre, leur dis-je

- On est déjà en guerre, gueulèrent-ils presque à l'unisson

Caleb fronça les sourcils et s'approcha pour me prendre par le bras tandis que je résistais autant que je pus en m'accrochant à la poignée. Il lâcha un soupir avant de finalement abandonner lorsque ma main devient rouge par son étreinte.

- À quoi tu joues ? , dit-il d'une voix froide

- Réfléchissez un peu bande d'idiots. Il vous appel à 3 heures du matin, vous donne rendez-vous, vous lance quelques menaces jusqu'à ce que vous mordez à l'hameçon. Il sait qu'avec ces paroles vous allez aller à son rendez-vous et là il a surement un plan. Croyez-le, il va vous faire du mal. Il a tout prévu et vous vous êtes là comme des zombies endormies et vous allez y aller comme si vous pouvez conquérir le monde ! Il va vous écraser comme du pâté chinois ! , criais-je

Les garçons se regardèrent entre eux sauf Caleb qui me lançait des éclairs. Il se tourna vers son groupe.

- C'est moi qui décide, pas petite Hanna. Vous savez très bien que la réplique est importante avec ces salops !

- Et si elle a raison ? , dit finalement Kyle. Je veux dire, sa théorie n'est pas idiote.

- J'aurais jamais cru te le dire Kyle, mais c'est ton grand pas vers l'intelligence, dis-je avec soulagement

- C'est ça, bougonna-t-il en me lançant un regard noir

Caleb accorda le même regard à Kyle qu'à moi.

- J'ai dit on y va, peu importe ce qu'elle dit. Et toi arrête de me faire chier avec tes discours de petite prêtresse, me menaça-t-il en avançant vers la sortie

Ses yeux étaient cette fois fulminant de rage et un battement au cœur me lança des avertissements. Le hors la loi n'aimait décidément pas que j'intervienne dans ses plans, chaque fois que je l'avais fait, il s'était transformé en une bête acharnée. Mais cette fois il avait atteint le paroxysme. Il tenta à nouveau de sortir, mais je me plaquais davantage sur la porte en fermant les yeux. J'avais un mauvais pressentiment et contrairement au passé, j'allais maintenant écouter mon cœur. Je ne referais jamais la même erreur une deuxième fois.

Flashback, 3 ans auparavant

- Tu n'iras pas ! , gueula Hanna à sa sœur en lui lançant un regard noir

- Je vais y aller seule, Hanna. Je reviendrais, répliqua cette dernière en s'apprêtant à sortir dans la froide nuit

Hanna se plaqua aussitôt sur la porte de la chambre de Sofia. Sa sœur jumelle était complètement cinglée de vouloir affronter un homme de 20 ans à elle seule. Et puis il était tard, n'avait-elle pas peur ? Parce que elle, elle mourrait de trouille à l'idée de mettre un pied dehors à 1 heure du matin.

- Il a dit que si je ne venais pas, il allait publier la vidéo. Je dois te protéger, Hanna. Je l'ai promis à papa et à moi-même, dit la jeune blonde

Sa sœur baissa les yeux, elle refusait de la laisser partir. C'était une question de vie et de mort. La pluie dehors faisait rage et des tonnerres se faisaient entendre, rajoutant de l'angoisse aux jumelles.

- Il a dit que si je venais, ça serait terminé Hanna. On aura enfin notre liberté, tu comprends ? Je le fais pour nous, pour moi et toi. Je veux en finir, je veux jouer avec les autres filles dans la cour sans avoir à penser si je vais être punie à cause des échanges de drogue, je veux que tu souris sans avoir à te cacher de peur que Logan voit que tu es heureuse, je veux commencer une vie sans peur. Je veux vivre la vie d'une fille de 13 ans libre de ses mouvements, murmura Sofia

Ses paroles avaient heurtés sa sœur de plein fouet. Oh, comme elle le voulait aussi. La liberté. Seul ce mot lui donnait des frissons dans tout le corps. Alors elle fit un pas de côté, libérant la porte. Après ce soir, tout serait terminé. Mais elle allait également suivre sa Sofia, elles avaient commencé ensemble, elles allaient se libérer de leurs chaines ensemble.

Fin du flashback

- Ca suffit ! , gueula le chef des hors la loi

Mais son ton froid et méchant qui fit frémir tout son groupe n'eut aucun effet sur moi.

- J'ai peur, murmurais-je lorsque le silence se fit encombrant

- Peur de quoi, Hanna, putain de merde ? Pourquoi agis-tu comme ca ! , cria-t-il.

Je frémis de rage, cet idiot ne comprenait pas. Les membres de son groupe finirent par se rallier à lui et je lâchais un soupir en m'emparant du canif qu'avait laissé échapper Jacob en rentrant. Les sourcils de Caleb se froncèrent avant qu'il ne lâche un ricanement, n'arrivant décidément pas à y croire.

- Que comptes-tu faire avec ça mon cœur ? , soupira-t-il

- Recule, dis-je en portant le couteau à mon cou.

Il écarquilla les yeux de surprise et ses poings se replièrent sur eux.

- Vraiment, Hanna ? , ragea-t-il. Tu veux vraiment me mettre hors de moi, hein ?

Célestin tenta de s'approcher vers moi, mais je serais le couteau sur ma peau et Caleb le ramena à l'arrière d'une poussée tout en me lançant un regard noir.

- Personne ne sort ce soir. Reculez tous ou je me coupe la gorge et vous serez surement accusé de meurtre et passerez le restant de vos jours en prison. Toi, Caleb, tu auras des années de plus puisque c'est ta chambre.

Caleb me lança un regard noir avant d'applaudir ironiquement.

- Bravo, chérie. Vraiment ton scénario est extra. Maintenant enlève cette chose de tes mains, tu ne sais même pas le tenir, dit mon copain

- Elle est vraiment psychopathe, dit Simon en s'asseyant sur le plancher suivit de ses amis.

Mes battements irréguliers se calmèrent et je les regardais un à un finir pas s'asseoir. Alfred posa un bras autour de Jacob et celui-ci finit par pleurer. Caleb lança un regard inquiet vers son ami, son regard revint par la suite vers moi et je lui lançais un regard de défi lorsqu'il s'apprêta à avancer. Il lâcha un soupir avant de s'asseoir sur le lit.

- Tu dois encore être sous l'effet de l'alcool. T'es complètement cinglée. Et enlève ca de ton cou maintenant avant que je viens vraiment te chercher et te punir pour tous les ennuis que tu me cause, bougonna-t-il

Je baissais mon arme, mais restais à le tenir. C'est vrai que j'avais encore mal à la tête à cause de l'alcool, mais je refusais de baisser ma garde. Nous restâmes ainsi face à face, les heures découlèrent et les garçons finirent par s'endormir tour à tour. Il était presque l'aube et seul Caleb les yeux rouges de fatigue restait à me lancer des éclairs. J'avais espéré qu'il se calme avec le temps, mais peine perdue. Mes jambes tremblèrent à force d'être debout et je me laissais glisser le long de la porte pour m'asseoir. Mes yeux brûlaient d'envie de se fermer, mais j'étais si inquiète à l'idée que Caleb n'en profite pour s'enfuir que je restais éveillée du mieux que je pus. Le jeune homme lâcha un soupir lorsque mes yeux se refermèrent finalement, je n'en pouvais plus. Il s'approcha de moi et repoussa le canif de son pied. Je m'accrochais aussitôt à ses jambes.

- Hanna ..., gronda-t-il en se recroquevillant devant moi

Je ne relâchais pas prise et rouvrais mes yeux avec fatigue.

- Si je te lâche, tu vas partir, le réprimandais-je

- Pourquoi tu ne veux pas que j'aille venger mon ami et ma copine ? Je ne laisserais personne parler comme ça sur toi, je ne laisserais pas ses fils de pute te blesser. Et j'ai besoin de m'en assurer, tu comprends ? , me dit-il

- C'est un piège, j'en suis sûre. Je connais cette tactique, Caleb. Et je ne laisserais personne te blesser. Moi aussi je veux te protéger. Je me suis promis d'être ton ange gardienne, murmurais-je

Il lâcha un court rire pour la première fois, sa main me caressa les cheveux avec amour.

- Tu es plutôt une petite diablesse, ricana-t-il en s'asseyant près de moi

Il posa ma tête sur ses cuisses, mais je ne relâchais pas ma main de sa jambe, de crainte qu'il ne parte. Je l'entendis à nouveau grogner de frustration, mais rien ne me fis lâcher prise. La fatigue l'emporta bientôt.

                                     *                                         *                                          *

Boum boum boum ! La porte était à nouveau vandalisée, ce qui fit lâcher un grognement de frustration à Caleb. Il me secoua doucement pour que je me relève de ses jambes sur lesquelles j'avais dormi. La porte s'ouvrit à cet instant et mon cœur lâcha un battement violent tandis que mon regard éberlué fixait le visage en feu de mon père. Il était là, debout en chair et en os, pendant que j'étais dans une chambre entourée de tous les membres de la classe TC. Il ne me lâchait pas du regard, son expression était sombre et meurtrière. Il me lorgnait comme si j'étais la chose la plus répugnante qui soit.

- Père..., chuchotais-je, mon visage se modelant en effroi

Il ne dit rien, sa mine sévère analysant la pièce du regard d'un air dégoûté. Il mit un pied dans la chambre, mais Caleb se placa aussitôt devant la porte.

- Encore vous ..., siffla-t-il en lançant un regard noir à Caleb. Hors de mon chemin, sale voyou !

Le chef des hors la loi lâcha un ricanement avant que ses yeux ne deviennent rouge de fureur à son tour. Mais à mon plus grand étonnement, un sourire mauvais qui n'augurait rien de bon fit place à sa mine renfrognée.

- Il ne serait pas prudent de votre part monsieur, de parler comme ça à des voyous. Vous ne savez jamais ce qu'ils peuvent vous faire, dit-il d'une voix calme derrière laquelle une menace pouvait être perçue.

Mon père fronça les sourcils et ses yeux se posèrent sur les miens.

- Dehors. Tout de suite jeune fille, m'ordonna-t-il

Je blêmis d'horreur, sous les yeux étonnés des hors la loi. Caleb se tourna vers moi, mais j'évitais son regard et passais sous son bras pour sortir de la chambre. Encore une fois, mieux valait se soumettre et faire face à des conséquences moins désastreuses. Mon père me prit d'un geste froid mon bras, ses ongles pénétrant ma peau. Mais je me contentais de lâcher une plainte, mieux valait ne pas éveiller les soupçons de Caleb.

- N'approchez plus jamais Hanna. Je ne rapporterais rien au directeur pour ne pas que cela ne ternisse sa réputation, mais ne profitez plus jamais de sa stupidité, dit-il d'un ton froid et hautain à mon copain

Caleb, énervé, s'apprêta à répliquer, mais je l'arrêtais aussitôt d'un stop de la main.

- Cessez cela. Je vais suivre mon père comme il me l'a ordonné, dis-je d'une voix rassurée

Il lâcha un ricanement, n'arrivant pas à y croire. J'espérais qu'il comprenne, s'il poursuivait ainsi, mon père n'allait pas l'épargner.

- Tu oses me vouvoyer. Encore, hein ? , se moqua-t-il

Je baissais les yeux, fis une légère révérence et me laissa entrainer par mon père dans une salle de cours. Il referma la porte d'un calme qui me fit frémir. Mais ce n'était pas à lui que je pensais, il n'était plus ma priorité. 

- Quand je ne t'ai pas trouvé à la rencontre des filles modèles, je n'avais jamais imaginé avoir à te chercher jusqu'ici, commença-t-il. Tu veux me détruire, n'est-ce pas ? Comme tu l'as fait avec ta sœur, tu vas utiliser le monstre en toi pour me briser moi aussi. Ce n'est pas ce que je t'ai enseigné le mois après la mort de ta sœur. Non... je ne t'ai pas montré comment être une catin, couché avec autant de garçons en même temps. Vous appelez ca une pute, vous les jeunes. Tu as vraiment l'audace. C'est ta sœur que tu veux détruire alors ? Depuis le début, c'était ton seul but...

Je lâchais un soupir, il y a longtemps que les paroles de mon père ne me blessait plus. Il m'avait dit des choses beaucoup plus cru et violentes que j'étais dorénavant un iceberg. Je ne fondais plus lorsque l'on me frappait, j'encaissais avec facilité. Pourtant... il était mon dernier parent. Je voulais que ça change, je voulais qu'il arrête de me voir comme une bête tordue de mauvais coups.

- Papa... pourquoi ? Pourquoi dois-tu toujours penser du mal de moi ? , demandais-je finalement. Je veux dire, ne t'est-il pas venu à l'idée de me demander ce qui s'était passé avant de me juger ?

Je déglutis difficilement, comment avais-je osée le remettre en question ? J'avais changé, je n'étais plus la fille passive qu'il m'avait enseigné à être. Et à peine cet élan, cette première phrase dites que j'eu envie d'en dire davantage. Mon père me regarda d'un œil glacial, n'appréciant décidément pas que je lui prenne tête. Et sans que je m'y attende, il m'envoya une volée lourde qui me propulsa à genoux. Je mis une main tremblotante sur ma joue, mon regard le fixant avec effroi.

- Je n'aurais jamais dû te mettre au monde. Tu as toujours été ma plus grande erreur. Même quand ta sœur est morte, j'ai espéré, j'ai cru que tu pouvais encore être utile pour réparer ne serait-ce qu'un peu les tords que tu as fait. Mais encore une fois je me suis trompée. Je te vois comme une bête parce que tout ce que tu as fait dans ta vie m'a couté ceux que j'aimais le plus au monde, grinça-t-il d'une voix tremblante

Je me relevais à mon tour, l'adrénaline me poussant pour la première fois de ma vie à confronter celui qui m'avait mis au monde. Il lâcha un petit rire avant de s'approcher de moi, m'enveloppant de sa grande taille.

- Et toi, papa ? Tu... tu m'as toujours fait douter de moi. La façon avec laquelle tu m'as regardé toute ta vie, ce regard sévère et dégoûté. Tu ne m'as jamais acheté un seul cadeau d'anniversaire, ne m'a jamais dit une seule parole d'amour, ne m'a jamais amené dans des sorties. Tout ça c'est de ta faute ! C'est toi qui as fait de moi un monstre ! C'est toi papa ! , criais-je

Une autre gifle partit, me faisant tomber avec force sur le plancher. Ma joue était rouge et douloureuse, mais mon regard revint tout de même vers lui. Après toutes ces années, la vérité sortait finalement de ma bouche. L'écho de ma voix, de mes sentiments longtemps enfouies faisaient rage en moi. Il détacha sa ceinture avec une colère insondable. Je lâchais un grand cri d'horreur. J'en avais assez.

- ASSEZ ! Je ne veux plus ! Je ne veux plus que tu me frappes ! Ça fait mal, tu sais ? Sais-tu à quel point ça fait mal ?! , hurlais-je, le cœur battant

- Tu m'as tout enlevé, ragea-t-il. Rends-moi ta sœur !

Je lâchais un rire, tout ça était beaucoup trop. Et j'en avais réellement assez. Il avait pensé qu'avec la violence il pouvait me soumettre, mais il aurait dû prévoir qu'un jour le chaton dompté se retournerait contre lui. Mon rire se fit plus violent, lui faisant douter de ma santé mentale.

- Toi... toi, rends-moi mon enfance d'abord ! , gueulais-je en serrant les poings.

Le coup de ceinture s'abattit sur ma main, me faisant ouvrir les poings à la plus grande satisfaction de mon père. Et il me frappa à nouveau, je fermais cette fois les yeux, me souvenant du passé. Lorsqu'il m'enfermait dans ma chambre pour me lacérer le dos après que je lui aie ramené une mauvaise note, lorsqu'il me giflait si je cassais un verre. Les images du passé défilèrent sous mes yeux, toujours aussi douloureuses. Une larme coula sur ma joue lorsque le nouveau coup partit, mais je ne criais pas. J'étais habituée à ne pas hurler, je ne criais pas par habitude. Peu importe ce que je faisais, j'étais toujours soumise. La porte claquant avec un bruit fort mit un terme à mes souffrances. Je me relevais en trébuchant, comme un chiot pris au piège en même temps que mon père pour voir qui osait l'interrompre dans ce moment disciplinaire avec sa fille. Toute la classe TC étaient debout devant nous, Caleb en tête avec une mine qui ferait fuir le plus vieux des enfants. Son regard passa à la main armée de la ceinture de mon père pour ensuite se poser sur moi.

- Encore vous...Dis-leur de sortir, Hanna. Dis à ces voyous de sortir ! , cria mon père avec rage

Mais je restais silencieuse. Je ne pouvais pas prononcer un seul mot. Parce que le regard de Caleb m'en empêchait, parce que ses yeux furieux me donnaient le courage de ne pas le faire.

- Simon, ferme la porte, dit-il d'une voix sans émotion.

Celui-ci s'exécuta avec un sourire grand les lèvres.

- Caleb, tu as besoin d'aide ? , demanda Kyle

- Non, je m'en occupe. D'ailleurs...Je vous offre un spectacle gratuit les gars, profitez-en, dit-il d'un ton sadique en retroussant ses manches.

Son regard se riva à nouveau vers mon père.

- Je vous avais pourtant averti de ne pas provoquer les voyous, murmura-t-il en poussant violemment une chaise sur son passage

Mon père serra son emprise sur la ceinture et me regarda d'un regard paniqué.

- J'appelle la police si vous faites quoi que ce soit, jeune homme, le prévint-il

Jamais je n'avais vu mon père perdre autant de son estime. Il semblait déstabilisé et à chaque pas que mon copain faisait vers lui, il reculait.

- Il faut vraiment avoir des couilles pour s'en prendre à ce qui m'appartient ... Où sont-elles maintenant, hein ? , demanda-t-il d'une voix froide

Mon père frappa son dos sur le mur et déglutit difficilement. Il avait peur de Caleb.

- Vous semblez aimer battre les filles. Ça tombe bien, parce que moi j'aime battre ceux qui battent leurs filles, chuchota Caleb dans son oreille, en plaquant doucement sa main près de lui

Mon père essaya de le frapper avec la ceinture, mais Caleb lui attrapa le bras qu'il tordit sans difficulté jusqu'à ce que la ceinture tombe en un grand bruit métallique sur le sol. Son visage reprit sa dureté lorsqu'il jeta par inadvertance un coup d'œil vers moi qui ne faisait rien. J'étais là assise à regarder la scène. Le jeune hors la loi dégageait une aura si puissante que je déglutis difficilement.

- Combien de fois ? Combien de fois avez-vous posé vos pattes sur elle ? , demanda-t-il alors d'une mine sévère

Et sans attendre sa réponse, il lui donna un grand coup de poing qui le fit atterrir à terre. J'essayais d'intervenir, mais Caleb le comprit et fit aussitôt signe à ses amis. Kyle me prit alors par la main et me jeta nonchalamment dans les bras de Simon qui me garda prisonnière. Célestin se plaça devant moi, m'empêchant toute tentative d'évasion.

- Tu ne devrais pas intervenir, me souffla-t-il. La bête qui sommeille en lui s'est maintenant réveillé, personne sauf lui-même ne pourra l'arrêter.

- Combien de fois ?! , gueula cette fois mon copain en perdant patience

Il le releva et le jeta avec force sur le mur, sans que celui-ci ne puisse rien faire pour se défendre.

- Ça fait mal, n'est-ce pas ? Vous l'avez brisé... vous avez brisé une fille qui mérite beaucoup mieux qu'un bâtard comme vous comme père. Peu importe le temps que ça va me prendre, je reconstruirais son cœur. Mais avant, pour mon propre plaisir, je vais vous donner une leçon pour que vous ne posiez plus jamais vos pattes sur elle !

Il le ramassa par le col et lui envoya un nouveau coup qui fit lâcher un cri à mon père. Il semblait souffrir, mais rien n'arrêtais mon copain. Je me débattis, mais Alfred mit sa main sur mon épaule et Simon resserra son emprise. Mais au fond de moi, cette partie égoïste de mon cœur se réjouissait de la situation de mon père. Cette partie demandait davantage, elle voulait qu'il soit détruit. Un nouveau coup de poing partit et cette fois, le dos de Mr. Layton frappa un bureau.

- Je vous en supplie... Ne me frappez pas. Arrêtez, pleurnicha mon père

Caleb lâcha un grand rire qui me fit frissonner dans tout le corps.

- Quand elle vous a supplié ainsi vous avez arrêté ?, se moqua-t-il

Mon père lâcha un grognement de douleur lorsque le hors la loi lui donna un nouveau coup. Il se releva en boitant, son visage en sang et ses yeux glacés se tournant vers moi. Son regard ne fit aucun doute, tout était terminé.

- C'est fini, Sofia. Je n'ai plus besoin de toi, dit-il d'une voix glacée

Je palis comme un fantôme et les sourcils de Caleb se froncèrent.  Je me retournais alors rapidement, m'apprêtant à courir aussi vite que mes jambes me le permettaient, mais Simon empoigna mon bras avec fermeté et me tint sur place. Caleb se tourna avec rage vers mon père.

- Comment l'avez-vous appelé ? , aboya-t-il à l'encontre de ce dernier

Il y eut un long silence avant que mon père ne me regarde à nouveau avec une haine insondable.

- Sofia. Tu m'as entendu, jeune fille. C'est terminé, répéta-t-il d'une voix froide

Je sentis mon pouls devenir rapide et ma tête commença à tourner. Game over, Sofia.

Flashback, 3 ans auparavant

- Je suis désolé, monsieur. Elle n'a pas survécu et le bébé est mort prématurément. Accoucher d'un enfant à cet âge était dangereux. Toutes mes condoléances, dit le docteur à Mr. Layton

La jeune fille blonde près de lui échappa une douloureuse plainte avant de tomber à genoux sur le plancher froid de l'hôpital. Sa gorge lui brûlait et un immense sentiment de tristesse l'envahit. C'était beaucoup trop encombrant, beaucoup trop lourd à supporter. Elle sentait des mains lui tordre le cœur, une lourde plainte lui échappa lorsqu'elle constata que ses joues brûlantes étaient les prémisses de ses larmes. Sa sœur était morte. Hanna Layton, celle avec qui elle avait tout partagé, celle qu'elle avait aimée plus que tout au monde venait de la quitter. Elle lui avait dit de rester, elle lui avait dit de survivre pour qu'elles fuient ensemble quand tout serait fini. Avant même que le docteur ne prononce ces paroles, elle l'avait sentie, elle avait eu l'impression que quelque chose lui manquait, qu'une partie de son âme s'était envolé. Mais elle avait gardé un dernier espoir qui venait maintenant s'échouer.

- Espèce de petit monstre ..., chuchota alors d'une voix stridente son père. ESPÈCE DE MONSTRE, SALE BÊTE QUE TU ES !

Il criait maintenant à en perdre haleine, des larmes lui brouillant la vue. Il s'approcha de la jeune adolescente et la releva par les cheveux avec une rage insondable.

- TU L'AS TUÉ ! TU L'AS TUÉ ! , gueula-t-il

Sofia continua de pleurer, laissant son père la secouer et l'étouffer de ses poings en se contentant d'émettre des petits gémissements. Hanna avait toujours été la chouchoute de son père, Hanna avait été sa petite princesse, celle qu'il aimait plus que Sofia. Alors malgré sa douleur, la jeune fille laissa son père déverser sa rage sur elle.

- Combien de personne vas-tu encore m'enlever espèce de monstre ! Depuis le début tu es une erreur, la malédiction de notre famille ! Hanna ne sera jamais morte tu m'entends ! Si quelqu'un doit mourir c'est toi ! À partir d'aujourd'hui Sofia sera enterrée à jamais, elle doit laisser place à sa sœur. Il n'y aura plus de monstre dans cette famille. Tu vas donner à ta sœur, par ton corps et tes actions, ce que tu lui as enlevé : sa vie et sa réputation.


* * *

MOUAHAHAHAHH , j'ai attendu ce moment avec impatience. Alors mes cocos , qu'est-ce que vous en pensez de ma carte surprise ? Je vous invite à relire tous les anciens flashback , à observer dans le passé qui se faisait battre , à regarder le caractère des deux sœurs et a finalement vous remettre en question. Je vous laisse sur ce brin de mystère et à la prochaine ! :D <3

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