Au bord du vide

By judyy38

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Maura, une jeune femme tourmentée par ses démons intérieurs et dépendante de la drogue, mène une existence ch... More

prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46

Chapitre 36

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By judyy38

Marco fixait la jeune femme avec une expression mêlant surprise et irritation, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu'il tentait de comprendre la raison de sa présence impromptue.

- Gina, ma chère nièce, que fais-tu ici ? Ton frère était censé venir à ta place, demanda-t-il, révélant ainsi une certaine confusion quant à l'ordre des événements prévus.

La fameuse Gina laissa échapper un soupir d'agacement, ses traits se crispant sous l'effet de la contrariété alors qu'elle répondait avec fermeté :

- Justement, cher oncle, je suis Gina Marconi, l'héritière de cette famille. C'est à moi que tu dois t'informer lorsque tu prends une décision, pas à mon petit frère de douze ans. Je sais que tu agis ainsi seulement parce que je suis une femme et que tu ne veux pas que je commande, déclara-t-elle avec une pointe d'exaspération dans la voix.

La chaleur de la bouche de Clive frôla mon oreille tandis qu'il chuchotait d'une voix chargée de sous-entendus :

- Voilà ma cousine, la seule femme que je connaisse capable de diriger un trafic à la perfection, déclara-t-il.

La simple énonciation de ces mots révéla une réalité complexe et troublante. 

Gina incarnait une exception dans un monde façonné par les hommes, un monde où le pouvoir et la direction étaient leur prérogative. Elle avait grandi dans un environnement où les femmes étaient souvent reléguées aux rôles traditionnels, cantonnées à des positions subalternes, loin des décisions importantes. Mais Gina défiait les conventions avec une assurance qui déstabilisait ceux qui la connaissaient à peine. 

Malgré son jeune âge et sa stature apparemment frêle, il était difficile de croire que Gina avait atteint la majorité légale. Sa taille modeste et sa jeunesse apparente ne faisaient que masquer le feu intérieur qui animait son tempérament. En dépit de son genre, Gina semblait posséder une détermination farouche, une résolution qui ne reculait devant rien. Il n'était guère surprenant qu'elle soit capable de diriger sa famille d'une poigne de fer.

Marco, en revanche, semblait être prisonnier d'une mentalité ancienne, imprégnée de traditions et de préjugés séculaires. Il peinait à accepter que Gina puisse prétendre à une place aussi prépondérante que la sienne. Ses actions, préférant même contacter le jeune frère de Gina, âgé de seulement 12 ans, témoignaient de sa réticence à admettre l'égalité des genres et des compétences au sein de la famille.

C'était un conflit de générations, une lutte entre les anciennes croyances et les nouvelles réalités.

Clive se glissa entre les deux protagonistes, une détermination manifeste dans ses gestes, prêt à mettre un terme à cette querelle familiale qui menaçait de diviser davantage. 

Son regard, aussi tranchant que le vent d'hiver, se posa avec une autorité calme sur son oncle, lui intimant silencieusement de prendre congé.

Dans ce geste, Clive révélait bien plus qu'un simple désir de calmer les esprits. Il trahissait une divergence profonde dans les valeurs familiales, une rupture entre les générations qui peinaient à se comprendre. Clive, par sa présence affirmée, affirmait sa loyauté envers des principes différents, des idéaux modernes où l'égalité et le respect étaient primordiaux.

Pendant ce temps, Marco, le patriarche figé dans ses convictions d'un autre temps, détourna son regard, laissant planer un silence chargé de tensions dans son sillage. 

Il rejoignit les autres convives, mais son départ ne faisait que souligner l'écart grandissant entre lui et les aspirations de sa propre famille.

Les épaules de Gina se relâchèrent enfin, libérant un soupir empreint de soulagement et de fatigue. Les larmes, reflets de ses émotions tourmentées, menaçaient de rouler sur ses joues alors qu'elle se tournait vers nous, ses mots lourds de douleur et de frustration.

- Il ne me traitera jamais à ma juste valeur. , confessa-t-elle, son timbre chargé d'une détresse profonde, un mélange poignant de tristesse et de colère.

Livio avança d'un pas déterminé vers sa cousine, sa présence empreinte d'une compassion sincère. Sa main se posa délicatement sur l'épaule de Gina, transmettant un message de soutien et d'encouragement au travers de ce simple geste.

- Ça fait seulement 9 mois que tu as repris les rênes, et crois-moi, tu gères mieux que personne, commença-t-il d'une voix empreinte de conviction. Regarde simplement comment ton chiffre d'affaires a explosé. Tu surpasses même ce que ton père a accompli. Et tu n'as nul besoin de la reconnaissance de vieux croûtons. Tu l'as déjà de ma part, de celle de Rino, et de celle de Clive, renforça-t-il, son regard cherchant celui de ses cousins pour appuyer ses paroles.

Dans ces mots résonnaient bien plus que de simples compliments. 

Livio, avec toute la force de son assurance, offrait à Gina une validation de ses talents, une reconnaissance de ses efforts. Il mettait en lumière son courage, sa perspicacité, des qualités qui transcendaient les conventions et les attentes rigides.

Le regard fier de Livio exprimait la fierté qu'il éprouvait pour sa cousine, une fierté qui n'avait rien à envier à celle qu'il ressentait pour tout autre membre de la famille. Il incarnait ainsi l'espoir d'un avenir où le mérite primerait sur les préjugés, où le talent serait reconnu indépendamment des stéréotypes de genre ou d'âge.

Le silence qui suivit ses paroles était chargé de significations, un moment où l'approbation tacite de Rino et de Clive se mêlait à la détermination de Livio. Ensemble, ils formaient un front uni, prêts à défendre Gina contre les jugements et les discriminations, à soutenir sa quête de reconnaissance et de respect.

Gina tourna doucement la tête vers moi, esquissant un léger sourire empreint de chaleur, puis elle lança d'une voix douce :

- Désolée, je ne me suis pas présentée. Je suis Gina.

Je lui rendis son sourire avec sincérité, me sentant immédiatement à l'aise en sa présence.

- Enchantée, moi c'est Mauraa, répondis-je d'une voix chaleureuse.

Elle me scruta de la tête aux pieds, son regard calculateur semblant peser chaque parcelle de mon être, avant de se tourner gracieusement vers Clive, son cousin. Un sourire presque imperceptible étira les coins de ses lèvres.

- Ta fiancée est très magnifique, tu as toujours eu du goût, cousin, lâcha-t-elle d'une voix douce, mais chargée d'une ironie subtile qui ne pouvait échapper à un œil averti.

Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Clive, un sourire qui ne parvint pas à dissimuler entièrement l'éclat de satisfaction dans ses yeux. 

Il s'approcha de moi avec une aisance feinte, sa main se posant fermement sur le creux de ma taille, une démonstration de possession déguisée en geste protecteur.

- Elle aussi a du goût en me choisissant, moi, un homme doux, attentionné, répliqua-t-il avec une assurance mesurée, ses paroles résonnant comme une douce moquerie, reprenant habilement les mots que j'avais prononcés.

Un sourire poli étira mes propres lèvres alors que je me laissais docilement guider par le jeu. Je me blottis légèrement contre son épaule, jouant mon rôle à la perfection, laissant transparaître une image de couple idéal aux yeux du monde extérieur.

La voix profonde de Rino vibra dans l'air, un son captivant qui nous enveloppa instantanément.

- Mais regardez qui vient d'arriver, annonça-t-il avec une intensité contenue, son regard rivé sur l'entrée du restaurant.

Je me retournai pour faire face à l'arrivant, mes yeux s'arrêtant sur un homme qui nous observait, ou plus précisément, qui semblait fixer Gina d'un regard insistant. 

Il était impressionnant, sa stature imposante révélant une puissance musculaire sous-jacente. Des mèches de cheveux noirs descendaient en cascade jusqu'à ses épaules, encadrant un visage ciselé aux contours virils. Ses yeux d'un bleu glacial semblaient traverser l'espace, laissant une empreinte hypnotique dans leur sillage. Il dégageait une aura à la fois sauvage et séduisante, captivant notre attention collective.

Je sentis Gina se crisper à mes côtés, le frémissement de son corps trahissant une tension grandissante. Un juron étouffé s'échappa de ses lèvres au moment où l'homme se mit en marche vers nous. 

Dans un mouvement aussi soudain que déterminé, Gina se tourna vers moi et lança à Clive d'une voix pressante :

-Je te t'emprunte ta fiancée, articula-t-elle rapidement, sa voix trahissant une urgence palpable.

Sans attendre de réponse, elle m'arracha des bras de Clive, et nous nous frayâmes un chemin à travers la foule, son emprise déterminée me guidant à travers les vagues de passants comme si elle cherchait à échapper à quelque chose d'invisible, mais palpable. 

Je tentai de la suivre du mieux que je pus, ma démarche devenant un jeu d'équilibre entre mes talons et le rythme effréné de ses pas.

Enfin, nous émergeâmes sur une terrasse, laissant derrière nous l'agitation de la soirée pour nous retrouver face à la grandeur de New York, ses lumières étincelantes peignant un tableau captivant de la ville qui ne dort jamais. 

Gina relâcha ma main, s'approchant de la rambarde qui surplombait le vide. Je la rejoignis, absorbée par la vue époustouflante qui s'offrait à nous.

Le silence s'installa, seulement troublé par le murmure lointain de la ville en contrebas. Gina demeura silencieuse, ses yeux captivés par le spectacle étoilé qui se déployait au-dessus de nous.

Je posai ma question avec un mélange de curiosité et d'appréhension : 

- Qui était cet homme qui te fixait ?

Gina se tourna vers moi, son visage éclairé par un sourire énigmatique qui laissait entrevoir un monde de mystères. 

Sa voix, calme mais chargée de sous-entendus, résonna dans l'atmosphère chargée de la nuit :

- Il s'appelle Yakim. C'est le chef de la Bratva.

La Bratva ? 

La simple mention de ce nom évoquait une multitude d'images sombres et de récits macabres. La mafia russe, avec son influence tentaculaire et ses méthodes impitoyables

Je pressai Gina de questions, mon inquiétude se reflétant dans ma voix : 

- Pourquoi te regardait-il ainsi ? As-tu des problèmes avec lui ?

 Mes yeux cherchaient des réponses dans les siens, espérant décrypter le mystère qui entourait le regard intense de cet homme.

Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Gina, comme si elle s'apprêtait à partager un pan crucial de son histoire. Elle prit une profonde inspiration avant de révéler les contours de son passé : 

- Avant le décès de mon père, Yakim travaillait en étroite collaboration avec lui, comme tu le sais probablement. Ma famille est impliquée dans le trafic d'armes, et Yakim était l'un de nos principaux partenaires. Je le connais depuis mes dix ans, une présence régulière dans l'enceinte de la demeure de mon père. Cependant, à l'âge de mes seize ans, une autre facette de notre relation a commencé à se dessiner : je suis tombée amoureuse de lui. Nous avons eu une liaison. Mais mon père a découvert la vérité, mettant fin à tous nos contrats avec Yakim et lui interdisant l'accès à notre domaine."


Mes sourcils se froncèrent légèrement tandis que je cherchais à comprendre les tourments de Gina. 

- Pourquoi ne lui as-tu pas dit à ton père que tu l'aimais ?, demandai-je, sentant que derrière cette question se cachait une histoire complexe et douloureuse.

Une lueur de tristesse passa dans les yeux de Gina, éclairant brièvement les ombres qui se profilaient dans son regard.

- Le problème, tu vois, c'est que lorsque j'ai couché avec Yakim, il avait 27 ans. Mon père n'a jamais accepté cette relation, surtout étant donné qu'il était l'un de ses associés, commença-t-elle, sa voix empreinte d'une résonance émotionnelle profonde.

Son soupir emplissait l'air, porteur du poids des dilemmes qui pesaient sur ses épaules. 

- Et maintenant j'ai 19 ans, et lui 30 ans. Je pourrais me mettre avec lui maintenant que mon père n'est plus un obstacle, mais le problème, c'est que ça fait seulement 7 mois que je dirige le trafic d'armes. Si je me mets avec Yakim, mes hommes le prendront mal. Ils penseront qu'il essaie de me voler mon business. Et puis, il est russe et moi italienne, confia-t-elle, ses mots empreints d'une résignation teintée de peine.

-Les paroles de Gina résonnaient dans l'atmosphère nocturne, révélant la complexité des enjeux qui régissaient sa vie. 

Elle semblait aimer Yakim de tout son cœur, mais les responsabilités qui pesaient sur elle transformaient chaque décision, même les plus intimes, en un lourd fardeau. Privée de son amour pendant toute sa jeunesse, elle se retrouvait désormais à la croisée des chemins, confrontée à des choix difficiles qui façonnaient le cours de sa destinée.

Son récit me touchait au plus profond de mon être, me rappelant la fragilité de nos désirs face aux exigences implacables de la réalité. Gina était encore si jeune, si pleine de vie, et pourtant elle portait sur ses épaules le poids du monde, jonglant avec les responsabilités et les désirs qui s'entremêlaient dans un ballet complexe et cruel.

Je pose ma main sur le bras de Gina, cherchant à lui transmettre un peu de réconfort à travers le contact physique. Mes doigts se posent doucement sur sa peau, comme une caresse silencieuse chargée d'empathie. 

Dans le silence qui règne entre nous, je lui adresse des mots empreints à la fois de douceur et de détermination : 

- Tu devrais vivre la vie que tu souhaites vivre. Les règles, les coutumes, et toutes ces conventions, elles n'ont qu'à aller se faire voir. Si tu aimes cet homme, alors sois avec lui, peu importe votre différence d'âge, peu importe son origine.

Ma voix résonne dans l'air nocturne, teintée d'une conviction profonde. 

Je veux que Gina comprenne que ses désirs, ses émotions, ont une valeur inestimable, et qu'elle mérite de poursuivre le bonheur qui résonne au plus profond d'elle-même. Mes mots sont une invitation à briser les chaînes de l'oppression, à suivre le chemin de l'amour et de l'authenticité, peu importe les obstacles qui se dressent sur sa route.

Un soupir s'échappe de ses lèvres, témoignant du poids des décisions qu'elle devait prendre.

- Tu as raison, dit-elle finalement, acquiesçant à la sagesse de mes paroles. Puis, elle change de sujet avec une curiosité voilée : Et toi, avec mon cousin, comment ça se passe ?

Je prends une inspiration, levant les yeux vers le ciel étoilé, cherchant les mots justes dans l'obscurité du firmament. 

La vérité sur Clive, sur notre relation, sur les nuances sombres qui se cachent derrière les apparences, reste dissimulée sous un voile de mensonges et de faux-semblants. Je dois protéger cette illusion, préserver les apparences, même si mon cœur me crie de révéler la vérité.

- Clive est spécial, réponds-je en choisissant mes mots avec précaution, masquant habilement les cicatrices invisibles qui marquent notre relation. Il a un tempérament dominant, mais au fond, c'est un homme bien.

Les mots glissent de mes lèvres avec une douceur feinte, dissimulant les doutes et les tourments qui tourbillonnent en moi.

Les paroles de Gina, chargées d'une gravité inattendue, pénètrent l'air autour de nous comme des ombres fugaces, annonciatrices d'un avenir sombre et incertain. 

- Je n'en doute pas, mon cousin. Ce soir, ta vie va prendre un nouveau tournant. Tu vas devenir la chef du trafic d'êtres humains, déclare-t-elle avec une fermeté teintée d'une sombre prémonition. 

Son regard, empreint d'une solennité troublante, soulève des questions auxquelles je n'étais pas préparée à répondre.

L'idée de devenir le leader du trafic d'êtres humains me frappe comme un coup brutal. 

C'est un fardeau que je n'ai jamais envisagé de porter, une responsabilité pour laquelle je ne me suis jamais préparée. La notion même de diriger un tel réseau, de manipuler les vies humaines comme des pions sur un échiquier macabre, me glace jusqu'au plus profond de mon âme.

- Des hommes vont sûrement vouloir contester ta place, mais bon, tu auras Clive à tes côtés. Il t'épaulera, juste. Il faut que tu sois forte et que tu montres que tu mérites ta place, poursuit-elle, ses mots résonnant comme un avertissement lugubre dans le silence nocturne.

Mériter sa place.

Les mots résonnent dans l'obscurité, perçant la façade de ma résignation. 

Un sourire nerveux se dessine sur mes lèvres, mais il est teinté d'amertume. 

Mériter ma place ? Sérieusement ? Je n'ai jamais souhaité cette position, cette responsabilité. Clive m'a forcée dans ce rôle, m'a imposé un fardeau que je n'ai jamais voulu porter.

Le poids de l'avenir s'abat sur mes épaules, écrasant mes rêves et mes désirs sous le joug de la destinée que d'autres ont tracée pour moi. La notion de mériter ma place résonne comme une ironie cruelle, un rappel constant de la servitude dans laquelle je suis enlisée.

Des bruits de pas surgirent derrière nous, nous faisant sursauter. Nous nous retournâmes et découvrîmes Aace qui s'approchait de nous d'un pas décidé. 

Il agita sa montre devant nous avant de lancer d'une voix pressante : 

- C'est l'heure, ça va commencer.

Gina m'attrapa par le bras avec détermination et m'entraîna avec elle, glissant à mon oreille : 

- Allez, on y va.

Nous regagnâmes la pièce principale, accompagnés de Aace, tandis que les convives commençaient à prendre place à leurs tables respectives. 

Gina relâcha doucement mon bras pour rejoindre une table, tandis que Aace me poussait légèrement en posant sa main au milieu de mon dos, m'incitant à avancer. 

Mes yeux balayèrent la salle et se posèrent sur Clive, Yuri et Mya, déjà installés à une table qui semblait nous être destinée. Sans hésitation, je m'avançai vers eux et pris place à côté de Clive.

La pièce était vaste, presque étouffante par son atmosphère chargée d'anticipation et de tension. 

Chaque table était occupée, les invités se regroupant selon des affiliations qui m'échappaient encore. C'était comme si l'air lui-même vibrait des alliances et des rivalités qui régnaient entre ces clans et ces gangs. 

Je remarquai que Gina était entourée exclusivement de personnes liées à son commerce illicite, tandis que Yakim trônait à une table où seuls les membres de la Bratva étaient admis.

La lumière tamisée ajoutait une aura mystérieuse à l'ensemble, faisant danser les ombres sur les visages des convives, révélant à la fois leur détermination et leur méfiance. C'était un ballet silencieux de regards échangés, de conversations à voix basse, d'alliances tacites et de tensions latentes.

Lorsqu'un homme pénétra dans la pièce, une onde de silence se répandit instantanément, étouffant les murmures et les chuchotements qui avaient empli l'atmosphère. 

Sa présence imposante captura l'attention de tous. Avec une assurance tranquille, il se fraya un chemin à travers les tables, ne s'arrêtant pour saluer ni personne ni rien, comme s'il était au-dessus des formalités d'usage.

C'était un homme d'un âge avancé, mais son port altier et son regard perçant trahissaient une force intérieure indéniable. Chacun de ses pas semblait résonner dans l'air, marquant son autorité silencieuse. 

Il avança vers le centre de la pièce, où une petite estrade l'attendait, un promontoire symbolique qui soulignait encore davantage son importance.

Alors qu'il se tenait là, dominant l'assemblée de sa stature imposante, son regard balaya la pièce, évaluant chaque personne présente avec une précision déconcertante. L'intensité de son regard était telle que chacun se sentait scruté jusqu'au plus profond de son être. Quand ses yeux se posèrent sur moi, une fraction de seconde s'étira comme un éternel instant. Je sentis le poids de son regard, lourd de significations inconnues, avant qu'il ne poursuive son exploration visuelle.

Son visage était un livre ouvert marqué par le temps et l'expérience. Les rides qui sillonnaient son front et encadraient ses yeux reflétaient les nombreux défis qu'il avait affrontés, les batailles livrées, les victoires et les défaites. Mais derrière cette façade résolue se cachait un mystère, un savoir-faire acquis au fil des ans, une sagesse profonde qui transcendait les mots.

L'homme se leva, sa stature imposante dominant l'assemblée, sa voix résonnant comme un commandement dans la pièce feutrée.

- Mesdames et messieurs, commença-t-il, chaque mot empreint d'une autorité incontestable, vous comprenez tous la raison de notre réunion ce soir. Nous sommes ici pour aborder un sujet crucial : le trafic d'êtres humains des États-Unis. Un commerce qui, pendant des décennies, a été entre les mains de la famille Maestriani.

Un silence solennel s'abattit sur l'assemblée, chaque convive suspendant son souffle alors que les paroles de l'homme imprégnaient l'atmosphère de leur gravité.

- Malheureusement, poursuivit-il d'un ton empreint de regret, nous avons été confrontés à une tragédie récente. Francesco Maestriani, le patriarche de la famille, nous a quittés. Selon les règles qui régissent notre monde, ses deux fils, Roy Maestriani et Livio Maestriani, sont les héritiers désignés de cet empire sombre.

Des regards scrutateurs se posèrent sur Livio, mais celui-ci demeura imperturbable, son expression insaisissable, presque déroutante. 

Il tenait sa tête haute, un éclat de détermination dans ses yeux, comme s'il avait déjà anticipé chaque mouvement, chaque regard, chaque parole.

L'homme au regard sévère reprit la parole, sa voix emplissant la pièce de son autorité incontestable, chaque syllabe résonnant comme un décret irrévocable.

- Étant donné que Roy maestriani est l'ainé de la famille, il devrait logiquement reprendre les rênes de ce trafic. Cependant, il a été porté à ma connaissance que celui-ci s'est éclipsé des radars depuis un certain temps. Par conséquent, Livio Maestriani héritera du trafic d'êtres humains.

Des murmures étouffés s'élevèrent dans la salle, les regards s'échangeant des interrogations muettes. Mon regard se posa instinctivement sur Clive, dont l'expression impénétrable ne laissait transparaître aucune émotion.

Une onde de perplexité me traversa lorsque mes sourcils se froncèrent.

Un grincement de chaise interrompit le silence, attirant l'attention de l'assemblée. 

Mes yeux se tournèrent vers Livio, dont la silhouette se dressait maintenant, imposante et déterminée. Une aura de résolution émanait de lui alors qu'il inspirait profondément, ses paroles résonnant avec une clarté saisissante.

- Moi, Livio Maestriani, membre de la commission, fils de Francesco Maestriani et de Maria Maestriani, je refuse d'hériter du trafic d'êtres humains.

L'homme sur l'estrade, dont le visage exprimait une sévérité imposante, arqua un sourcil scrutateur tandis qu'il déclarait d'une voix grave et solennelle :

- Es-tu pleinement conscient des conséquences de cet acte ? En faisant ce choix, tu renonces à tous tes droits. Tu ne toucheras pas l'héritage de tes parents. Tu seras exclu de la commission, privé de toute autorité et de tout pouvoir. Tes comptes bancaires seront vidés.

Chacun des mots prononcés résonnait dans l'air chargé d'une gravité palpable, amplifiant l'impact de la décision de Livio. Les regards se fixaient sur lui, l'attente suspendue dans l'atmosphère comme un souffle retenu.

Livio détourna brièvement la tête, ses yeux se posant sur Clive, un échange silencieux entre eux qui semblait porter le poids de multiples significations. 

Je suivis son regard, et là, je vis Clive acquiescer imperceptiblement, un geste subtil mais porteur d'une profonde complicité.

Dans ce simple échange de regards, une alliance semblait se cristalliser, un pacte tacite scellé entre Livio et Clive. 

Les ramifications de cette entente demeuraient obscures, mais dans cette atmosphère électrique, il était évident que les alliances se forgeaient et se brisaient dans l'ombre des luttes de pouvoir familiales.

Livio inclina légèrement la tête en signe d'acceptation des conséquences inéluctables de ses choix. 

L'homme à l'estrade, imposant dans son rôle de maître des cérémonies, prit une inspiration profonde avant de poursuivre, éclairant la salle d'une voix qui portait toute l'autorité de la tradition et du pouvoir.

- Très bien, Livio Maestriani, ton destin est désormais scellé. Avant de t'éclipser de notre commission, il te revient de désigner la personne qui prendra la relève.

Le regard de Livio, empreint de résolution, se posa brièvement sur Clive, établissant un échange tacite de compréhension entre deux individus dont les destins étaient inextricablement liés. Puis, d'une voix ferme mais respectueuse, Livio fit son choix, révélant les fils d'une intrigue complexe.

- Je souhaite que Clive Wilkerson prenne la charge du trafic d'êtres humains. Toutefois, je suis conscient des règles qui régissent notre monde. Wilkerson est déjà aux commandes d'un trafic, et il est impossible de diriger deux empires simultanément. C'est pourquoi sa compagne, Mauraa Davis, sera celle qui assumera le contrôle du trafic, conformément à nos traditions. Mauraa Davis, issue d'un autre milieu que le nôtre, est donc légitime pour devenir l'héritière.

Mon nom, prononcé au milieu du tumulte, agit comme un détonateur dans la salle chargée d'émotions et de tensions. 

Les regards convergent vers moi, certains empreints de curiosité, d'autres chargés de méfiance ou de désapprobation. Les murmures naissent, crescendo, se transformant rapidement en cris de contestation qui résonnent dans la pièce comme un écho discordant.

Le brouhaha s'empare de l'atmosphère, éclatant comme un orage soudain. Des voix s'élèvent, impétueuses et indignées, exprimant ouvertement le mécontentement et le désaccord. Des gestes agités accompagnent les paroles acerbes, soulignant l'intensité de l'opposition à ma désignation comme héritière du trafic d'êtres humains.

Dans ce tourbillon de chaos, je ressens le contact rassurant de la main de Clive sur ma cuisse, un geste qui semble vouloir apaiser les tensions palpables qui flottent dans l'air. Son toucher, à la fois réconfortant et empreint d'une certaine anxiété, reflète la complexité du moment, où les alliances se nouent et se défont dans l'ombre des machinations familiales.

Mon cœur, battant à tout rompre, semble suspendu dans un silence assourdissant au milieu du vacarme ambiant. Les regards scrutateurs, les reproches tacites, tout cela pèse lourdement sur mes épaules, faisant naître en moi un mélange tourmenté d'appréhension et de détermination.

Une voix familière, celle de l'oncle de Clive, Marco Di Carlos, se détache du tumulte ambiant, portant des mots qui semblent résonner comme des éclairs de tempête.

- Il est hors de question qu'une femme hérite d'un trafic d'une telle envergure. Cela nous mènera à notre perte, proclame-t-il d'une voix empreinte d'autorité.

Son opinion trouve écho parmi plusieurs, des murmures d'accord s'élevant et se mêlant au brouhaha grandissant. 

Cependant, une réponse forte et définitive surgit de Yakim, représentant la Bratva et les organisations russes, rompant avec les traditions rigides.

- La Bratva, ainsi que toutes les organisations russes, acceptent que Clive Wilkerson et Madame Davis prennent le contrôle du trafic d'êtres humains, déclare-t-il avec une assurance qui fait taire les protestations naissantes.

Clive incline la tête en signe de reconnaissance envers Yakim, un échange de regards empreint de compréhension mutuelle se jouant entre eux. 

Gina Marconi, d'une stature imposante se lève à son tour et déclare d'une voix puissante : 

- Moi, Gina Marconi, apporte mon soutien à Mauraa Davis et suis d'accord pour son ascension en tant que chef de la traite humaine

un sourire sincère s'épanouit sur mes lèvres.

La déclaration de Gina ouvre la voie à une série de gestes similaires de la part d'autres représentants de familles respectées. Un à un, ils se lèvent pour exprimer leur soutien à Clive et à moi-même

Les mots de l'homme sur l'estrade résonnaient dans la pièce, emplissant l'atmosphère de leur poids inévitable. Chacune de ses conditions était comme une chaîne forgée dans l'acier, liant mon destin à celui de la commission et à celui des miens.

- Nous respectons la décision qui fait désormais l'unanimité. Mauraa Davis, vous êtes maintenant la dirigeante du trafic d'êtres humains. Vous êtes dorénavant un membre à part entière de la commission. Promettez-nous que jamais tu ne nous trahiras, que jamais tu ne tueras l'un des nôtres, que tu protégeras les tiens quitte à mourir, que si un jour tu es kidnappée, tu ne révéleras rien quitte à mourir.

Chacune de ces exigences résonnait dans mon esprit, posant un défi à ma conscience et à ma loyauté. La pression était palpable, pesant lourdement sur mes épaules, mais je réalisais que j'étais arrivée à un point de non-retour. Les enjeux étaient trop grands, les attentes trop lourdes pour que je puisse reculer maintenant.

Dans cet instant où chaque mot comptait, je sentais le poids des responsabilités qui reposaient sur moi. Mes pensées tournoyaient dans un maelström d'incertitude et de détermination. 

Étais-je prête à faire ces promesses, à m'engager sur cette voie sans retour ?

Mais au fond de moi, je savais que le temps des hésitations était révolu. Les dés étaient jetés, et je devais assumer les conséquences de mes choix. Il n'y avait plus de chemin arrière, seulement celui qui se déroulait devant moi, chargé d'obligations et de sacrifices.

Dans un souffle, j'adressais ma réponse, consciente de l'engagement qu'elle représentait : 

- Oui, je le promet.

L'homme descendit de l'estrade avec une démarche assurée, sa présence emplissant la pièce d'une aura indéniable d'autorité. 

Lentement, il s'approcha de moi, porteur d'un objet mystérieux dissimulé dans sa paume. Mon cœur battait avec une intensité croissante alors que j'attendais, intriguée, la révélation de ce qu'il avait à m'offrir.

Quand ses doigts se détendirent et que l'objet froid se posa sur ma main, une onde de sensation glaciale traversa ma peau. 

Mes yeux s'écarquillèrent alors que je découvrais ce qu'il m'avait confié : 

une chevalière. 

Une pièce d'or étincelante, ornée du sinistre symbole de la faucheuse.

Le souffle me manqua l'espace d'un instant. Devant moi se trouvait le même emblème que portaient les hommes impitoyables qui avaient détruit ma famille

- Bienvenue dans la commission

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