Le roman de Kelly

By EpriseDeMots

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Cette dernière année au lycée Leclerc est sans aucun doute celle qui marquera à jamais la vie de Kelly... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26

Chapitre 20

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By EpriseDeMots

Je suis assise sur le canapé en face de la télé et je déguste le reste des frites qui accompagnaient mon burger. Jordan lui, assis parterre à côté de moi, vient de terminer ses fameux raviolis. Il est maintenant concentré sur le film qui passe à l'écran. Une bande d'ami.es essaye de survivre à une attaque de cannibales dans un camp de vacances. À une certaine distance de là, alors qu'ils cherchent désespérément à sortir de la forêt, l'une des filles s'éloigne du groupe pour faire pipi, en refermant sa culotte elle entend un bruit dans le feuillage et s'avance avec hésitation vers l'endroit.

— Mais elle va où ? s'écrie Jordan. Elle est bête ?

— Ça se voit qu'elle n'a pas regardé beaucoup de films d'horreur dans sa vie.

Un cannibale surgit du buisson et lui transperce le ventre à l'aide d'un pieux en bois. Je commente :

— Voilà. Elle l'a bien cherché.

Jordan s'est couvert les yeux pour ne pas voir la scène. Ça me fait marrer.

— Ne me dis pas que tu es sensible à ça.

— Je supporte pas beaucoup les scènes sanglantes.

— C'est ce que je dis... Tu es une chochotte.

— Pas du tout, s'insurge-t-il alors que je n'arrête plus de me moquer.

— Ok. Voyons voir si tu es cap de regarder la suite sans te couvrir la vue.

Il accepte le défi et le relève vaillamment, jusqu'à ce qu'advienne un passage de décapitation. Cette fois avec une hache, le monstre s'en prend à tous les membres du corps d'un jeune homme. Jordan hurle de stupeur et s'agrippe à mes jambes dans lesquelles il fourre également sa figure.

— Shh ! fais-je en riant doucement. Ton frère va s'énerver.

Il ne se détache pas de mes jambes pendant un moment. Je me sens subitement très à l'étroit. Mes pensées vont dans tous les sens : contrôle ta respiration, Kelly, il peut la sentir. Ne bouge surtout pas, en gesticulant tu ne feras que prouver que la situation ne te laisse pas indifférente. Mais comment rester indifférente ? Ou du moins, comment feindre l'indifférence dans ce cas ? Que dire ? Que faire ?

Heureusement, le garçon ne tarde pas à reprendre sa position précédente et nous continuons le film dans un silence de cimetière.

Puis vient le moment auquel j'ai sciemment évité de songer depuis le début de la soirée : le coucher.

— Tu peux dormir dans ma chambre, je prendrai le canapé.

— Mais non !

— Si si, t'inquiète.

— Non. Il est assez confortable pour moi aussi (en bondissant sur le long fauteuil comme pour le tester), en plus ta chambre est crade.

Il esquisse une grimace d'indignation.

— Détrompe toi : Je l'ai nettoyée quand j'ai su que tu débarquais.

— Comment ça alors que tu n'arrêtais pas de dire que tu ne me crois pas ?

— On ne sait jamais.

Il m'adresse un sourire entendu. Je roule des yeux, l'air blasé.

— Il ne s'est même pas écoulé vingt minutes entre le moment où je t'ai dit que j'étais en route et mon arrivée. J'aimerais bien voir ce que tu prétends avoir nettoyé.

— Fais-toi plaisir, accorde-t-il en me désignant des deux mains la direction de sa chambre.

J'ouvre la porte et à ma grande surprise, l'endroit semble bien clean, à l'exception du lit qui est dressé un peu maladroitement. Je guette Jordan dont l'expression fière est devenue intarissable devant mon ébahissement.

— Laisse-moi vérifier ça de plus près, dis-je en pénétrant complètement dans la pièce, suivie de mon acolyte.

Je m'approche de son bureau et inspecte minutieusement celui-ci. En ouvrant les tiroirs je constate sur un ton ironique :

— Pas d'ordures dans les tiroirs... (j'ouvre le placard) Pas de vêtements sales entassés là-dedans... (puis je me courbe pour regarder sous le lit) Aucun papier qui traîne... Bravo ! Comment tu as pu faire tout ça en un quart d'heure ?

Le garçon se grate la nuque en souriant, un brin gêné.

— En vrai de vrai, se lance-t-il, ça fait quelque temps que je ne laisse plus ma chambre dans l'état où tu l'avais vue. Comment dire... Euh... Disons que j'avais pris ton "sermon" plus au sérieux que je ne le faisais croire. Et même si je ne suis toujours pas un adepte du rangement, je fais l'effort de mettre de l'ordre de temps en temps et de ne pas foutre le total bordel après. Voilà, maintenant tu peux te vanter d'être à l'origine du nouveau moi.

Toutes mes dents sont visibles, sans savoir si c'est son aveux qui me contente ou si c'est son air dépité de l'avoir révélé qui m'amuse.

— Viens, que je te montre comment faire correctement le lit.

Il ne discute pas et s'exécute. Il se place de l'autre côté du lit et m'aide à tirer puis enfiler les draps en prenant bien le soin de copier mes gestes. Lorsqu'on termine, je me redresse en plaçant les mains sur mes hanches :

— Impec ! Je veux bien dormir là, maintenant.

Jordan sourit et me glisse un « bonne nuit » avant de s'en aller.

Après m'être brossé les dents, je mets mon pyjama et me couche aussitôt. Ne trouvant pas le sommeil, je prends le roman que j'ai ramené et débute la lecture. Au bout de trois chapitres, je me rends compte que je ne suis plus concentrée. Je tourne machinalement les pages mais finis par réaliser que j'ai perdu le fil depuis quelques minutes, et je rembobine. Je m'efforce, essaye en vain de me persuader que je n'ai pas envie de lui. Je bataille contre toute pensée obscène, oblige mon cerveau à se concentrer sur autre chose. Peine perdue. Je n'y arrive pas.

Je me lève et me dirige vers le salon. Je m'arrête à la limite du couloir et m'appuie sur un côté de l'encadrement. J'observe Jordan couché sous une couverture, indistinctement, car les lumières de la pièce sont éteintes, rien que celles provenant des bornes lumineuses du jardin l'éclairent vaguement. Puis j'aperçois un mouvement sur le canapé, et sa voix, plus grave que d'habitude demande :

— T'arrives pas à dormir, toi non plus ?

Je ne réponds rien. Je reste plantée là, sans m'attendre à grand chose, sinon qu'il ressente la même chose que moi. J'espère consciemment que je n'aurai pas besoin de parler pour qu'il comprenne que cette fois, mon insomnie n'a pour autre cause que lui.
C'est alors qu'il se lève, et en silence vient se planter devant moi. Mes sens s'affolent. Mon cœur cavale dans ma poitrine et ma température monte d'un cran. Il prend ma main et m'entraîne dans la chambre.

Nous nous allongeons sur le lit. Moi sur le dos et lui sur le côté, face à moi. Je sens son regard sur moi comme un feu ardent, et mon corps se met à bouillonner. J'ai l'impression d'être dans l'incapacité d'effectuer un quelconque mouvement.

— Si tu étais un animal, lequel ce serait ?

Sa question me surprend. Je réponds quand même, sans trop réfléchir :

— Une tortue géante des Seychelles.

Jordan pouffe.

— Ne me dis pas que c'est à cause de ce que je crois.

— Si si, c'est bien ça.

Il rigole de plus belle. Je suis étonnée qu'il comprenne où je veux en venir. Le petit a de la culture !

— Et toi ?

— Moi... bah je suis déjà un homme.

Je ne peux m'empêcher de glousser. Je ne m'habituerai jamais à ses vannes pourries. Je commente :

— Rien que ça...

Et puis silence. Très long silence.
J'éteins la veilleuse qui me permettait de lire tout à l'heure et je lâche un « bonne nuit » teinté de frustration. Jordan ne répond pas.
La gorge un peu nouée, je lui tourne le dos et ferme les yeux.

Un doigt sur mon cou, descend, dessine le contour de mon épaule, poursuit sa route le long de mon bras. Se retire. Chaleur intense.
J'ignore totalement comment je suis censée réagir. Peut-être a-t-il juste besoin de mon approbation ?

Je me retourne. Malgré l'obscurité j'arrive à voir très nettement son visage. Je lui souris. Je crois qu'il est rassuré.
Il m'embrasse. Le front, la joue, la bouche, le cou, l'épaule. Le tissu léger de mon ensemble pyjama est loin de constituer une barrière suffisamment robuste pour l'empêcher de rapidement étendre ses baisers sur d'autres parties de mon corps, auxquelles je découvre alors une sensibilité singulière. Ses mains ne tardent pas non plus à partir en exploration et, il faut le dire, elles sont d'une habileté déstabilisante.

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