Je m'observais attentivement devant le miroir de ma chambre, scrutant les détails de la transformation opérée par Lux.
La mini-robe en latex noir, choisie pour moi, exposait de manière provocante ma poitrine avec son décolleté plongeant en V.
Mes pas étaient soutenus par une paire de bottines à talons, et Lux avait ajouté une touche légère de maquillage, tandis que mes cheveux arboraient quelques boucles soigneusement disposées.
Mon regard dériva vers Lux, dont la tenue en dentelle noire transparente dévoilait audacieusement sa poitrine nue et le tanga qu'elle portait. Son assurance dans son style contrastait avec ma propre réserve, bien que ma tenue soit conçue pour susciter une réaction.
Malgré l'aspect séduisant de la robe, je me sentais quelque peu mal à l'aise dans ce nouveau look. Cependant, je n'osais pas exprimer mes préoccupations à Lux, préférant concentrer mon attention sur l'image reflétée dans le miroir, tentant de projeter une assurance que je ne ressentais pas réellement.
Je ne me sentais pas vraiment dans mon élément pour cette soirée. Tout ce que je désirais, c'était retirer ces vêtements inconfortables et retourner dans mon lit. Mais Lux m'avait clairement signifié que je n'avais pas vraiment le choix.
Lux se tourna vers moi avec impatience et lança :
- Allez, il est déjà bien passé vingt-trois heures, on y va !
Nous nous dirigeâmes vers la sortie, Lux en tête, perchée sur des talons hauts qui résonnaient sur le sol du chalet.
J'étais peu enthousiaste à l'idée de quitter le confort de ma chambre, mais je la suivis à contrecoeur, me préparant mentalement à affronter ce qui nous attendait à l'extérieur.
Alors que nous traversions les couloirs, prêts à quitter le chalet, le destin nous réserva une rencontre inattendue. Nous tombâmes nez à nez avec Aace, dont le visage se figea en découvrant nos tenues.
Son regard scrutateur s'attarda un instant sur moi, avant de se poser sur Lux, et son expression se durcit davantage. Sans même un bonjour, il lança à Lux d'un ton sec, mêlé de suspicion :
-Je peux savoir où tu vas comme ça, toi ?
Lux, imperturbable, posa ses mains sur ses hanches, défiant Aace du regard, et lui répliqua d'une voix tranchante :
-En quoi ça te regarde ? Je ne t'appartiens pas.
Un silence pesant s'installa dans le corridor, rompu seulement par le son étouffé de nos respirations. Je me sentais comme si j'avais manqué un épisode crucial.
La dynamique entre Lux et Aace semblait tendue, empreinte de sous-entendus et de non-dits. Le regard scrutateur d'Aace trahissait une jalousie palpable
Aace s'avança d'un pas décidé vers Lux, sa présence empreinte d'une aura dominante qui imprégnait l'atmosphère. Son regard, chargé de reproches, transmettait une autorité indiscutable lorsqu'il lança d'un ton impérieux
-Tu ne travailles pas, donc tu n'as rien à faire au club.
Lux, ne se laissant pas intimider, recula légèrement vers moi, mais son sourire ironique demeura inébranlable. Sa réplique, teintée de défiance, résonna dans le hall avec une insolence presque provocante :
-Au contraire, j'y vais pour me bourrer la gueule avec ma copine et me taper des mecs.
Les mots de Lux étaient une déclaration audacieuse, empreinte d'une rébellion sous-jacente. Elle m'attrapa le bras, nous faisant face à la sortie, laissant Aace dans une posture d'incompréhension, son autorité ébranlée par l'assurance de Lux.
Sans lui laisser l'opportunité de répliquer, nous nous éloignâmes rapidement vers le village. Malgré la rapidité de notre marche, je pouvais sentir la tension qui pesait sur Lux, comme si une tempête grondait en elle.
Le silence pesait lourdement sur nous alors que nous avancions dans l'obscurité de la forêt, seuls les éclats intermittents des lampes solaires éclairant notre chemin.
Une tension palpable flottait dans l'air, et je sentais que quelque chose n'allait pas. Avec un mélange d'inquiétude et de curiosité, je décidai de briser cette atmosphère oppressante en posant la question qui me brûlait les lèvres :
- Y a-t-il quelque chose entre toi et Aace?
Lux laissa échapper un soupir morose tandis qu'elle continuait à marcher d'un pas rapide, ses talons résonnant sur le sol forestier.
- Non, c'est juste un gros con. Ça fait quatre ans qu'on se connaît, quatre ans qu'on couche ensemble, et hier il m'a ditqu'il ne voulait plus de cette relation, qu'il voulait qu'on se mette en couple. Putain !
Je fus pris d'une vague de perplexité face à sa révélation brutale.
Elle marqua alors une pause, s'arrêtant brusquement sur le sentier désert, laissant la lueur tamisée des lampes solaires danser autour de nous.
- La dernière fois que j'ai été en couple, c'était il y a six ans. Mon ex m'a vendue à un homme parce qu'il avait une dette d'argent. Pendant deux ans, j'ai été violée par des centaines d'hommes à travers le monde. Clive m'a sauvée en me sortant de ce cauchemar. Le club m'a sauvée en m'apprenant à réaimer mon corps. Je ne me mettrai plus jamais en couple, car je sais que je ne peux pas faire confiance aux hommes.
Mon sang se glaça en réalisant ce qu'elle avait vécu. C'était horrible, et je ne souhaitais à personne de vivre cela.
Je comprenais complètement sa réaction. Cependant, même si cela datait de quatre ans, on ne guérit jamais de ça. Jamais. Un viol laisse des cicatrices indélébiles, des blessures invisibles qui peuvent hanter une personne toute sa vie.
Peut-être que se remettre en couple avec quelqu'un était encore trop tot pour elle, même si je doutais que Aace la ferait souffrir.
Je ressentais une profonde empathie pour Lux. Malgré ce qu'elle avait vécu, je l'avais toujours vue joyeuse, pleine de vie, parfois même excitée. Elle se battait pour moi, pour éviter que je sombre dans la dépression.
Un sentiment de culpabilité m'envahit alors, me faisant réaliser que, tandis que j'étais en proie à mes propres luttes intérieures, Lux avait trouvé la force de se battre.
Son énergie contagieuse et sa détermination à égayer les moments sombres de ma vie étaient une lumière dans l'obscurité, une bouée de sauvetage dans la tempête. C'était comme si elle possédait une réserve infinie de force intérieure, une force qui la poussait à surmonter les pires épreuves, à garder espoir même lorsque tout semblait perdu.
Je me sentais reconnaissant et inspiré par sa présence dans ma vie.
- Je suis désolé pour ce que tu as vécu Lux. Vraiment, je suis tellement désolé. Si tu as besoin d'en parler, je suis là, d'accord ?
Lux esquissa un sourire discret, s'avança vers moi et me prit doucement dans ses bras, me remerciant doucement.
-Allez, viens, je ne vais pas laisser un homme gâcher ma soirée, dit-elle.
J'acquiesçai d'un mouvement de tête, et nous reprîmes notre chemin.
Je repensais à ses mots.
Elle disait que c'était Clive qui l'avait sortie de cet enfer. Mais je me demandais comment cet homme pouvait sauver des femmes de la traite des êtres humains et en même temps m'ordonner de tuer une enfant.
Un profond sentiment de confusion et de trouble s'empara de moi. Les contradictions dans les actions de Clive étaient troublantes, remettant en question tout ce que je pensais savoir sur lui
Je chassai mes pensées de la tête alors que nous approchions du club.
Lux entra avec assurance, et dès que la porte s'ouvrit, un torrent de musique assourdissante frappa mes oreilles. La pulsation des basses résonnait dans tout mon être, créant une atmosphère électrique.
Lux saisit ma main et m'entraîna à l'intérieur. Les lumières vives et chatoyantes du club m'accueillirent, dansant et scintillant en un kaléidoscope de couleurs. Les LED violets jetaient une lueur mystique sur la foule animée.
Alors que nous pénétrions dans la salle principale, mes yeux s'écarquillèrent devant la scène qui se déroulait sous mes yeux.
Un flot continu de personnes peuplait l'espace, remplissant chaque recoin de la pièce. J'avais sous-estimé la capacité de ce club à attirer les foules dans ce petit village en apparence endormi.
Sur la scène principale, des femmes vêtues de sous-vêtements, parfois topless, se contorsionnaient gracieusement autour des poteaux. Leurs mouvements étaient synchronisés au rythme de la musique, hypnotisant ceux qui les regardaient. La sensualité de leur danse captivait l'attention, tandis que les projecteurs les baignaient dans une lumière envoûtante.
Des hommes, leur regard fixé sur les danseuses, se pressaient autour de la scène, lançant des billets ou tendant la main pour tenter de les toucher. Dans des alcôves plus discrètes, des groupes étaient rassemblés, assistant à des danses privées offertes par d'autres danseuses.
Je fus étonnée de voir également des femmes parmi les spectateurs, absorbées par le spectacle avec un mélange d'intérêt et de fascination. Le contraste entre l'atmosphère effervescente du club et la quiétude du village à l'extérieur était frappant, soulignant les multiples facettes de la nature humaine.
Lux me traîna avec elle jusqu'à une alcôve occupée par deux femmes en sous-vêtements, certainement des strip-teaseuses.
Lux s'approcha d'elles chaleureusement et les prit dans ses bras avec une familiarité évidente. Puis, elle se tourna vers moi, criant pour se faire entendre par-dessus la musique assourdissante :
-Je vous présente Mauraa, c'est elle dont je vous ai parlé. Mauraa, voici Pearl et Coco. Elles travaillent avec moi ici, mais elles sont en pause pour l'instant !
Je saluai les deux femmes timidement et m'installai sur le fauteuil à côté d'elles. Une table devant nous était garnie de bouteilles d'alcool, un spectacle familier dans cet environnement nocturne et animé. Je jetai un coup d'œil à Lux ; elle semblait plongée dans un récit animé, partageant probablement les derniers potins du club.
Je me penchai et attrapai une bouteille de vodka, me servant un verre.
Je pris une gorgée de vodka, sentant le liquide brûlant descendre dans ma gorge, ce qui me fit grimacer. Mais je repris une gorgée, terminant mon verre, puis je m'en servis un autre que je bus cul sec. Je sentais la chaleur monter en moi, l'alcool insufflant une énergie nouvelle à mes sens.
Soudain, des exclamations retentirent, attirant mon attention vers la scène principale. La foule hurlait un prénom :
"Anja ! Anja !"
Je tournai le regard vers la scène et vis une femme apparaître sous les projecteurs.
Elle était magnifique, sa peau bronzée scintillant sous les lumières. Vêtue d'un soutien-gorge noir orné de paillettes, elle arborait une poitrine généreuse. Son ensemble de lingerie assorti était complété par un string et un porte-jarretelles, accentuant ses courbes à tous les bons endroits. Ses cheveux bruns ondulaient autour de son visage, ajoutant à son char
Je fus émerveillée par sa beauté saisissante, par la confiance qui émanait d'elle alors qu'elle se mouvait avec grâce et sensualité sur la scène.
Il n'était pas étonnant que Clive soit attiré par elle. Anja était tout simplement incroyable, captivant le regard de tous ceux présents dans le club.me naturel.
Elle s'avança au milieu de la scène, se déhanchant avec une sensualité envoûtante. Par moments, elle s'arrêtait pour se pencher, exhibant ses courbes magnifiques, ramassant les billets jetés à ses pieds et les glissant habilement dans son string.
Puis, elle se positionna près de la barre, commençant à tourner lentement autour d'elle, ses mouvements gracieux captivant l'attention de tous les spectateurs.
Les hommes lui lançaient des billets, témoins de leur admiration pour sa beauté et son talent. Elle prit de l'élan et se mit à glisser autour de la barre avec une aisance incroyable. Ses formes épousaient parfaitement la surface de la barre, ses mouvements empreints de grâce et de fluidité.
Elle exécuta des figures complexes, se contorsionnant avec une agilité impressionnante. Puis, elle réalisa le grand écart, sa tête vers le bas, offrant aux spectateurs une vue suggestive sur son entrejambe. Son audace et sa confiance en elle étaient palpables, captivant l'attention de tous ceux présents dans la salle.
J'étais sans voix.
Je savais que les strip-teaseuses étaient souvent associées à des préjugés, mais devant moi, je ne voyais que des femmes pleines de talent. Anja avait délivré une performance époustouflante, alliant grâce, agilité et une confiance en soi impressionnante.
C'était bien plus qu'une simple exhibition physique, c'était de l'art.
Anja conclut sa prestation sous les exclamations du public et quitta la scène.
La voix de Lux me ramena à la réalité.
-Je reviens, j'accompagne les filles dans leur loge et j'arrive, dit Lux en désignant ses deux amies.
J'acquiesçai silencieusement, encore sous le charme de ce que je venais de voir.
C'était un rappel puissant que derrière les préjugés se trouvaient des individus avec des compétences, des rêves et des aspirations tout aussi valables que n'importe qui d'autre.
Alors que Lux s'éloignait vers les loges, je réalisais que cette soirée ne se passait pas si mal, en fait. Je commençais même à apprécier l'ambiance. Peut-être que l'alcool qui circulait dans mon corps contribuait à ce bien-être soudain.
Alors que je me servais un autre verre, des jambes nues apparurent devant moi.
Je levai les yeux et rencontrai ceux de la fameuse Anja. Silencieusement, je me redressai sur mon siège, portant le verre à mes lèvres, tandis qu'Anja me regardait en silence.
Elle brisa soudain le silence d'une voix douce mais assurée, comme si elle avait déjà envisagé cette conversation depuis longtemps.
-On n'a pas eu l'occasion de se présenter, chérie. Moi, c'est Anja, déclara-t-elle avec une aisance déconcertante, comme si elle était habituée à se mouvoir dans les méandres de la vie nocturne.
Son ton détendu contrastait avec la nervosité qui m'envahissait. Je ne pouvais m'empêcher de me demander quelle histoire se cachait derrière cette femme mystérieuse qui se tenait devant moi.
J'avalai une gorgée de mon verre pour masquer mon malaise grandissant et lui répondis avec un sourire poli mais tendu :
-Je suis Mauraa.
Elle me renvoya un sourire énigmatique, son regard semblant révéler bien plus qu'elle ne disait. Puis, avec une assurance troublante, elle reprit :
-Chérie, je sais qui tu es. J'ai déjà entendu parler de toi.
Cette affirmation me prit au dépourvu. Comment cette femme pouvait-elle connaître mon nom alors que je ne l'avais jamais vue auparavant ? Un frisson d'inquiétude me parcourut, amplifiant le mystère qui semblait entourer Anja.
Perplexe, je scrutai Anja, cherchant dans ses yeux une explication qui ne semblait pas vouloir émerger naturellement.
Devant mon air dubitatif, Anja se rapprocha de moi avec une assurance tranquille et prit place à mes côtés. Sa voix, calme et assurée, brisait le silence pesant :
-Certains hommes sont souvent trop bavards après une bonne baise.
Sa remarque me prit au dépourvu.
Un soupçon d'inquiétude s'insinua dans mon esprit. Était-ce une référence à Clive ?
L'idée que mon nom puisse circuler dans des conversations intimes, surtout de cette nature, était profondément troublante.
Peut-être tentait-elle de me faire comprendre que Clive lui appartenait, qu'il était son territoire. Cependant, je décidai de garder mes pensées pour moi et ne pas alimenter davantage cette conversation.
Je préférai me servir un autre verre d'alcool pour apaiser le tumulte intérieur. Pourtant, Anja persista dans ses questions
- Tu es venue avec qui ? demanda-t-elle.
Je la regardai un instant. Elle était encore plus belle de près, surtout quand elle parlait avec son léger accent latino.
-Je suis venue avec Lux, répondis-je.
Elle hocha la tête lentement et reprit :
- Lux, c'est une bonne personne. Toujours prête à aider les autres. Si elle se laissait aller sur scène, elle pourrait être une danseuse incroyable.
Je répondis automatiquement, presque sans réfléchir :
- Pourquoi dis-tu du bien d'elle alors qu'elle te déteste ?
Son regard se voila légèrement de tristesse avant qu'un éclair de compréhension ne passe dans ses yeux. Elle esquissa un sourire énigmatique, comme si elle était consciente de quelque chose que j'ignorais encore.
- C'est vrai, elle ne me porte pas dans son cœur, admit-elle d'une voix douce, presque mélancolique. Mais ce n'est pas parce que quelqu'un nous déteste qu'on doit le détester en retour.
Sa réponse m'intrigua davantage. Il y avait quelque chose dans sa voix qui trahissait une profonde empathie, peut-être même de la compassion, envers Lux, malgré la froideur qu'elle recevait en retour.
Je regardais devant moi, absorbée par mes pensées, réfléchissant aux paroles d'Anja. Elle avait raison. Ce n'était pas parce que quelqu'un nous détestait que nous devions nécessairement lui rendre la pareille.
Sa remarque résonnait en moi, me rappelant l'importance de la compassion et de la compréhension, même envers ceux qui ne nous portent pas dans leur cœur.
Parfois, les sentiments négatifs des autres étaient le reflet de leurs propres luttes intérieures, de leurs peurs et de leurs insécurités, et cela ne devait pas nécessairement dicter notre propre comportement.
Anja, à mes côtés, se redressa et lança d'un ton sincère :
-Je suis heureuse d'avoir fait ta connaissance. Passe quand tu veux au club me faire coucou, et surtout, ne te sers pas de ça pour apaiser ta douleur. Je connais ton histoire, tes secrets, et si tu te laisses sombrer, personne ne pourra t'aider.
Mes sourcils se froncèrent d'incompréhension. Comment pouvait-elle être au courant de mon état, de mes peines ?
- Comment...? commençai-je à demander.
Elle sourit et me fit un clin d'œil, puis ajouta avant de disparaître dans la foule :
-Je t'ai dit, certains hommes parlent beaucoup après une partie de jambes en l'air.
Il était clair que la rencontre avec Anja bouleversait mes perceptions, surtout par rapport à la description que Lux avait faite d'elle. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, Anja ne semblait pas être la personne froide et méchante que Lux avait dépeinte.
Au contraire, j'avais ressenti des ondes positives émanant d'Anja, une sorte de bienveillance et de compréhension qui m'avaient profondément touchée. Sa présence avait été rassurante et ses paroles, bien que intrigantes, étaient chargées de sagesse et de compassion.
Je lâchai un soupir, tentant de chasser mes pensées qui tournaient en boucle. L'idée de me resservir un verre d'alcool me traversa l'esprit, mais la bouteille était complètement vide.
Lux tardait à revenir, mais une bouffée de chaleur prit place en moi. L'alcool commençait à faire effet, et je me sentais légèrement étourdie.
Je me mis à regarder autour de moi, observant les jeux de lumière et les mouvements des autres personnes dans la salle.
Mon attention fut attirée par un groupe de personnes qui sortaient de ce qui semblait être les toilettes. Décidée à changer d'atmosphère et à me rafraîchir, je me levai, replaçai correctement ma tenue, et traversai la salle, repoussant les mains trop baladeuses de certains hommes sur mon passage.
Je poussai la porte et pénétrai dans des toilettes baignées par une lumière bleue tamisée. Les murs étaient couverts de dizaines d'écritures, de dessins obscènes et de mots vulgaires. Je m'avançai à l'intérieur, prenant garde à ne pas toucher les parois maculées.
Au fond de la pièce, une strip-teaseuse se remaquillait devant un miroir. Elle détourna son attention pour me regarder de haut en bas, son regard empreint de mépris. Sans un mot, elle sortit brusquement des toilettes, me bousculant sur son passage.
Je restai là, surprise par son comportement hostile.
Finalement, je me sentais de plus en plus mal à l'aise dans cet environnement. Tout ce que je désirais, c'était rentrer dans ma chambre et m'abandonner à ma morosité habituelle.
Je m'approchai du miroir, mon reflet me renvoyant une image altérée par l'alcool. Mes joues étaient écarlates, et mes yeux semblaient lutter pour se concentrer.
J'avais clairement exagéré avec la boisson. Posant mes mains tremblantes sur le lavabo, j'essayai de retrouver une respiration apaisée, fermant les yeux dans une tentative de calmer les vagues de vertiges.
La porte des toilettes s'ouvrit puis se referma avec un claquement, me tirant de ma torpeur.
Lorsque j'ouvris les yeux, Clive se tenait devant moi, dans toute sa prestance. Mes sourcils se froncèrent automatiquement. Même dans un endroit aussi banal que les toilettes, il était là, comme s'il suivait mes moindres mouvements.
Il resta là, planté devant la porte, me fixant avec intensité, comme s'il essayait de percer à jour chaque pensée qui traversait mon esprit tourmenté.
La lumière bleutée des LED accentuait la virilité de ses traits. Vêtu d'une chemise noire entrouverte au col, les manches relevées laissaient apparaître ses avant-bras musclés. Ses cheveux bruns, parfaitement coiffés en arrière, semblaient contrôler une partie de sa sauvagerie naturelle, mais quelques mèches rebelles s'échappaient, ajoutant à son charme indéniable.
Il s'approcha légèrement de moi, et je sentis le mur froid derrière mon dos. Ses mots étaient chargés d'une ironie perceptible.
-Tu deviens amie avec Lux maintenant, et j'apprends que tu parles avec Anja. Si ça continue, tu vas rejoindre leur clan et devenir strip-teaseuse, déclara-t-il d'un ton moqueur, comme s'il lançait une blague.
Trop imprégnée d'alcool pour répliquer de manière cohérente, je me contentai simplement d'esquisser un sourire, tentant maladroitement de dissimuler le malaise qui grandissait en moi.
Il poursuivit son avancée, se rapprochant encore plus. Nos visages se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre, et je perçus distinctement l'odeur familière du cannabis, associée à sa présence.
Puis, son ton changea subitement.
-Mais je ne veux plus te voir dans ce club. Tu sais pourquoi ?, demanda-t-il d'une voix plus sérieuse, une lueur d'autorité perçant dans son regard.
Je plongeai mes yeux dans les siens, cherchant à déchiffrer ses intentions derrière ces paroles directes.
-Pourquoi ? murmurai-je, sentant mon cœur battre un peu plus vite dans ma poitrine.
Un sourire en coin étira ses lèvres, ajoutant un élément de mystère à son regard. Il s'approcha de mon oreille, sa proximité électrisant l'air autour de nous, et murmura d'une voix rauque,
-Parce que les femmes qui viennent ici, soit je les baise, soit mes hommes les baisent.
Je sentis un frisson me parcourir l'échine, mêlant l'excitation à une pointe d'appréhension. Pourtant, une part de moi, enivrée par l'ambiance troublante de ce lieu, lui répondit sur le même ton, laissant un soupçon de séduction percer dans ma voix,
-Eh bien, baise-moi alors.
Mes paroles audacieuses avaient déclenché une réaction immédiate et inattendue.
Sans crier gare, il m'embrassa avec une passion dévorante, me poussant contre le mur avec une force maîtrisée. La surprise initiale céda la place à un élan partagé, et je me laissai emporter par le tourbillon sensuel de ce baiser.
Ma main se glissa instinctivement derrière sa nuque, tandis que les siennes descendaient de manière provocante le long de mes hanches. La proximité physique entre nous était électrique, chaque contact éveillant une sensation nouvelle, une connexion troublante entre deux âmes en quête de plaisirs interdits.
Il interrompit momentanément le baiser pour explorer avidement mon cou de baisers, laissant une trace brûlante sur ma peau. Puis, avec une détermination évidente, il entreprit de descendre vers ma poitrine.
Il suspendit brièvement son baiser pour se redresser légèrement, me fixant de ses yeux profonds. Dans cet instant de calme relatif, je tentais de reprendre mon souffle, tout en étant captivée par l'intensité de son regard scrutateur. Il émanait une aura dominante, mêlée d'une lueur d'appréciation pour ce qui se déroulait entre nous.
Sans un mot, il se rapprocha à nouveau, capturant mes lèvres dans un baiser empreint de passion.
Cette fois-ci, il me détacha du mur, et ses mains expertes explorèrent chaque courbe de mon corps, créant des frissons électriques sur ma peau. Mes hanches se pressèrent contre le lavabo, nos lèvres ne se séparant que brièvement pour reprendre le souffle, tout en laissant mon esprit tourbillonner dans le désir grandissant.
Soudain, avec une maîtrise impressionnante, il glissa ses mains sous mes fesses, me soulevant aisément pour me déposer sur le lavabo. Une vague d'excitation me submergea alors qu'il s'interrompit, écartant délicatement mes jambes pour se positionner entre elles.
Mon cœur battait la chamade, la réalisation que nous étions sur le point de franchir une limite jusqu'alors inexplorée faisait monter l'adrénaline en moi. Son regard intense semblait percer les couches de ma réserve, lisant chacune de mes pensées alors qu'il commençait à déposer des baisers ardents au creux de mes cuisses.
Alors que la tension montait entre nous, chaque baiser déposé sur mes cuisses évoquait une promesse enivrante d'exploration et de désir. Mon souffle s'accélérait, mes sens étaient en éveil, et j'étais captivée par l'anticipation de ce qui allait suivre.
Mais soudain, comme si le temps lui-même avait suspendu son souffle, il se redressa, interrompant brusquement l'escalade de la passion.
Le silence pesant qui suivit fut rompu par ses paroles, cinglantes et cruelles.
Il s'approcha de moi avec une nonchalance glaciale, déposant un baiser qui semblait moqueur, puis se retira, me laissant là, seule, au milieu de ces toilettes glauques.
-J'ai oublié de te dire, je baise avec tout, sauf avec les junkies et les alcooliques, lança-t-il d'un ton détaché, comme s'il me jetait cette révélation comme une pique acérée avant de s'éclipser, me laissant digérer ses mots amers dans le silence oppressant.
J'étais sidérée, figée par la brutalité de sa révélation.
Son arrogance m'avait frappée de plein fouet, et la réalité de ma propre vulnérabilité me submergea. J'étais prise au piège de mes propres illusions, confrontée à la dure vérité de sa cruauté.
Une vague de honte et de désespoir me submergea alors que je restais là, les yeux rivés sur la porte fermée derrière laquelle il avait disparu.
Je priai silencieusement pour que ce moment cauchemardesque soit simplement le fruit de mon imagination défaillante, un mirage dans ce monde sombre et troublant.