Ma nouvelle camarade me parlait alors que Je plantais ma fourchette dans une tranche de bacon, le regard rivé sur le long canapé en cuir blanc , par-dessus l'épaule d'Alice qui me faisait face.
Levi et le Viking furent concentrés sur une discussion que je n'entendais qu'en partie à cause de la distance qui nous séparaient. Ils nous tournait le dos et ne nous prêtaient plus aucune attention.
—...Les quais... Long Beach...
Levi balbutiait tant que je devinais l'importance de la situation, bien que je ne connaissais rien de leurs histoires.
—L'info est fiable? demanda le Viking après un bref échange.
—Je l'ai vérifiée deux fois.
Entre deux bouchées je vis le Viking fourrer ses longs doigts dans sa chevelure d'or, qu'il retroussait vers l'arrière de son crâne, la faisant retomber nerveusement sur ses épaules couvertes d'un pull gris.
—Ces petits cons de mexicains croient vraiment qu'ils vont nous prendre notre territoire?! hurla-t-il soudain en se redressant.
Même de dos, il transpirait la colère. Son corps se raidissait à mesure que ses muscles tremblaient sous le tissu moulant son corps à la perfection. Un reflet sur l'écran plat me renvoyait l'image de sa mâchoire qui se crispée entre deux hurlement.
—T'inquiète, ça va lui passer... me susurra Alice qui croisait mon regard.
Je haussais les épaules pour toute réponse. Mon objectif était de comprendre les us et coutumes de la meute dans laquelle je venais d'entrer. Plus le Viking s'énervait et plus il me donnait l'occasion de l'étudier.
Après tout, ma survie dépendait principalement de ses excès de rage, et il me l'avait bien fait comprendre.
—Bien, c'est pas tout ça... décréta Alice en bondissant soudainement après avoir consulté son téléphone portable. Elle vint se positionner à ma droite, vérifiant que j'avais terminé mon repas. Nous on va vous laisser discuter "tranquillement".
Le ton avec lequel elle avait insisté sur le mot " tranquillement" me tira un sourire en coin, et provoqua un grognement venu du canapé. Alice débarrassa mon assiette qu'elle déposit dans l'évier, puis elle me tendit une main ferme, m'invitant à la suivre pour aller je-ne-sais-où.
—Tu comptes l'emmener où, comme ça? brailla le Viking, un regard meurtrier planté sur nous.
—Je te rappel que je suis venue ici seulement parce que tu me l'avais demandé! s'offusqua Alice. Ma mission est accomplie, maintenant tu m'en veux pas mais, j'ai une vie. Moi!
—Parce que moi j'en ai pas, peut-être?!
Le Viking ne décolérait pas, tandis qu'Alice pressait sur ma main pour me faire quitter le tabouret.
Mon regard croisa celui de Levi. Toujours assit, ses cheveux bruns s'arrêtaient à hauteur du nombril du Viking, tandis qu'il faisait les cent pas entre le cuir et le film mit en pause.
—Non, je veux dire: Une vie normale. Avec des gens normaux. Pour faire des choses normales...
—Je suis... commença le Viking.
—TOUT, sauf NORMAL, le coupa Alice.
Aller viens, avant qu'il pète vraiment un câble! me chuchota-t-elle, amusée.
—Bordel!! Alice!! Elle... Ne...Sort... Pas... D'Ici!! s'écriait le Viking lorsque nous atteignîmes l'encadrement de la porte.
Alice tira davantage sur ma main, au point qu'elle me fit presque mal, et leva l'autre bras bien haut par-dessus sa tête, pour agiter une main en signe "d'aurevoir" tout en précisant d'un air moqueur:
—Elle va pas passer toute ses nuits dehors!
Pour une étrange raison, Alice était la seule personne au monde pour laquelle le Viking ne semblait pas avoir des envies de meurtres. En tous cas, la seule pour laquelle il réussissait à les contenir.
Une rapide déduction me fit penser que, Alice et le Viking ayant sensiblement le même âge, elle pouvait être une femelle Alpha, voire Béta.
—T'as pas intérêt de... siffla l'Alpha entre ses dents.
—Relax, Max! Je lui montre juste sa chambre, ensuite je me sauve!
Ma... chambre?
Pourquoi étais-je étonnée?
Peut-être parce que j'étais persuadée que la niche délabrée et le chien qui y résidait allaient être mon unique refuge lors des nuits froides? J'en étais arrivée à un tel niveau de fatigue que j'en avais même envisagé la possibilité de dormir sur la peau de bête qui trônait sur le sol du salon, entre l'îlot central et le canapé: au moins, j'aurai eu un toit solide au-dessous duquel m'abriter.
Alice m'entraîna à l'étage. Nous traversâmes un long couloir, tandis que le Viking continuait à gémir sous nos pieds. Il ne fut pas le seul à pousser des gémissements, plaintifs.
—Allez, grouille!!
Alice insistait en accrochant fermement sa main à mon poignet. Ses longs ongles traversaient ma peau, alors que mes jambes devenaient de plus en plus lourdes sous le poids de la fatigue.
Je risquais de m'écrouler à tous moment.
—Je fais ce que je peux, assurais-je la voix tremblotante à cause de ses griffes acérées.
À court de souffle et les yeux écarquillés, je stoppais net devant une porte pour prendre appui de mes mains sur mes genoux.
—Qu'est-c'tu fou ?! marmonna Alice.
Mon brutal arrêt avait manqué de la faire chuter et elle me toisait maintenant avec un regard réprobateur. Je vis son poing libre se serrer durement lorsque ses yeux quittèrent mon visage pour se porter sur la porte à ma gauche.
Sa bouche se tordit, alors que je suivais ses pupilles dilatées.
Elle m'attira brusquement contre elle en me menaçant:
—Jamais tu n'ouvres cette porte! tu m'entends? JA-MAIS !!
Sa voix tremblait d'un mélange que je ne lui connaissais pas.
Cette porte avait autant d'effet sur elle, que le Viking en inspirait à tout le monde: une peur si intense qu'Alice en devenait presque aussi blanche que ma peau.
Peau qu'elle perça alors que ses doigts m'emprisonnaient, pour ensuite me conduire au fond du couloir.
—C'est ici que tu dormiras à partir d'aujourd'hui, lança-t-elle face à une autre porte.
Alice était devenue froide, lorsqu'elle lâchait mon poignet et m'informait que les meubles étaient vides. Elle promit néanmoins qu'elle irait m'acheter des vêtements, puisque le Viking avait bien spécifié que je ne devais pas quitter cette demeure.
—Je reviens le plus vite possible, affirma-t-elle sur le seuil de la porte.
Elle refermait cette dernière sur son passage, et je partis m'installer sur le confortable lit où je frottais machinalement ma peau en admirant le haut plafond.
* *
*
Ce fut le même rituel matinal auquel j'assistais les trois petits déjeuners suivants:
Du bacon servit avec des œufs: parfois brouillés, d'autres fois simplement "au plat", ou en omelette, comme aujourd'hui. Alice avait promit qu'elle irait faire les courses prochainement, ce à quoi je lui répondait invariablement qu'il n'y avait rien d'urgent.
Avoir l'estomac plein et un toit sur la tête constituait déjà un luxe considérable.
De plus, elle m'avait déjà acheté deux pulls, deux jeans, des sous-vêtements, et trois robes.
C'était une obsession chez cette fille: les robes!!
—Je sais que tu n'es pas difficile, la preuve: tu ne t'es pas encore plainte de Vik', avait-elle lâché hier, juste avant de sortir toute la journée. Me laissant seule dans cette immense maison dont je n'avais rien exploré de plus que le jardin, le salon, ma chambre et la salle de bains.
"Vik'" était un petit surnom qu'elle donnait au Viking lorsque nous étions seules. Un petit nom trop doux pour correspondre à ce type. Je lui préférais ceux que je lui donnait dans ma tête:
Sadique, Psychopathe, fous furieux ou encore tocard.
Trois jours que j'avais rentabilisés en occupant mon temps-libre devant l'écran plat et des documentaires animaliers qui passaient en boucle à toute heure de la journée.
Après moultes négociations, ma nouvelle camarade avait persuadée le Viking de me laisser l'accès au téléviseur. Ce qui me permit d'occuper un tant soit peu mes journées, bien qu'il insista sur le fait que je ne devais en aucun cas toucher à ses DVD.
Après le petit déjeuner, une fois les cris provenant du sous-sol passés, il ne restaient plus que ceux des animaux sur l'écran-plat.
Passer des heures assise sur le canapé en cuir n'était pas la façon que j'appréciais le plus pour passer le temps, néanmoins les grandes étendues de prairies et de savanes que la télé diffusaient agissaient comme une sorte d'immense fenêtre ouverte sur le monde extérieur.
C'était mieux que rien, pas vrai?
"White", le vieux chien de Viking se traînait chaque midi jusqu'à la baie-vitrée, boiteux et le regard triste. Attiré par l'odeur des haricots blancs qui constituaient mes repas. Pour cela aussi, Alice s'était excusée un millier de fois. Mais ce qu'il appréciait par-dessus tout, c'était les différentes parties de corps que le Viking lui servait au petit déjeuner:
Après l'oreille, ce fut au tour d'un doigt de lui servir d'amuse-gueule, lors de mon deuxième réveille. Au troisième il eut droit à ce que je devinait être des lambeaux de chaires molles.
Une fois White rassasié, le Viking me laissait seule dans le salon, et recevait une multitude d'autres personnes dans une pièce de l'autre côté de l'immense demeure.
Ce matin là exceptait à la règle.
Le Viking ne reçu personne et quitta l'immense villa, sitôt le chien nourrit.
Le nombre de boîtes de conserve diminuait dangereusement à chacun de mes repas, aussi j'envisageais la possibilité de les rationner. Tout du moins, le temps qu'Alice se décide à réellement faire les courses.
À l'heure du repas, White me fixait longuement depuis la baie-vitrée, tandis que j'avalais ma dernière bouchée d'haricots. J'approchais sous son regard suppliant et lui tendis un quignon de pain qu'il repoussa du museau: Apparemment, il n'était pas plus fan de quignons de pain que moi.
Mais je m'en contentais.
Un bruit dans mon dos me fis sursauter, alors que White agitait frénétiquement la queue à la vision de son maître.
—Quoi? braillait-il. Si c'est de dormir dehors qui te manque, je peux arranger ça...
Son ton courroucé ne me surprenait plus.
En revanche, lorsque Le Viking déposait lentement deux gros sac en papier marron sur l'îlot central, je ne pu m'empêcher de le toiser.
Sa main gantée s'agitait devant mes yeux, puis se fut au tour des phalanges tatouées alors qu'il tira des sachets de viande, des paquets de pates fraîches et divers autres aliments.
—Arrête de me regarder avec ces yeux de chien battu! ordonna-t-il à mon encontre. J'allais pas te laisser mourir de faim... il souffla.
Pour je ne savais quelle raison, il avait précédé Alice et était allé faire les courses.
Quand on parle de la louve...
—Ah! t'es toujours vivante! s'exclama Alice en bondissant dans le salon.
Elle n'adressa qu'un court regard en direction du Viking, en se précipitant vers moi en murmurant des excuses, affirmant une nouvelle fois qu'elle n'avait pas eu le temps, mais qu'elle irait au magasin une fois partie d'ici. Elle se tut après un long monologue, ses yeux suivant mon regard, lui-même rivé sur l'îlot central.
L'incrédulité remplaça un rictus qui s'était dessiné au coin de sa bouche.
—Quoi? j'ai besoin de me nourrir, moi aussi! s'irrita le Viking. Et, on a une mission qui nous attend. Faut prendre des forces!
—Bien sûr, oui... c'est... pour la mission... le taquina-t-elle.
Le Viking fit mine de ne pas entendre sa remarque et déposait plusieurs pack de bières, juste à côté d'une énorme citrouille.
Il gardait la mâchoire crispée, ses phalanges blanchies par l'intensité avec laquelle il serrait les poings.
Mon présentiment se confirmait: Il n'y avait que le comportement d'Alice que le Viking arrivait à supporter.
Le regard noir rivé sur moi, l'Alpha se détournait ensuite pour fourrer quelques aliments et les bières dans le frigo, sous les remarques incessantes d'Alice.
—Un jour il va falloir que tu apprennes à vivre en société... marmonna cette dernière.
—Si tu aurais bougé ton gros cul, je n'aurai pas été obligé d'aller faire les courses à ta place!
Lui rappelait-il, excédé.
—Mon gros cul il t'emmerde! grogna Alice en s'emparant d'une bière sous le nez du Viking.
—Ton gros cul va se prendre une balle perdue!
—Genre, tu fais des rimes toi, maintenant! s'esclaffa Alice en arquant un sourcil. Monsieur serait-il devenu poète?
—Le monsieur n'a pas le temps pour ce genre de débilités, pas plus qu'il n'en à perdre à faire les boutiques, contrairement à quelqu'un!
Décréta-t-il en détaillant la robe flambant neuve qu'arborait Alice.
Ils se chamaillaient comme deux enfants de dix ans. Ce fut le moment idéal pour oser un premier pas et m'engager dans la hiérarchie de cette meute.
Je savais qu'il me faudrait du temps avant d'atteindre un rang élevé d'Alpha ou de Béta, comme Alice, néanmoins une place en tant que louve Oméga serait une excellente avancée dans ce sens.
—Relaxe, Max! Elle a une vie normale, où elle fait des choses normales, et avec des personnes normales...
J'affirmais pour paraphraser ma camarade.
Une initiative que l'Alpha ne sembla pas apprécier.
—Tu as gagnée... marmonna le Viking.
Il parlait tout bas entre ses dents et ses poing devinrent rouges. Comme s'ils le démangeaient.
—Range ça! ordonna-t-il en direction d'Alice.
—At- Attends! s'horrifia-t-elle. Qu'est ce qu-
—Je vais lui montrer comment je me "relaxe"!
Sa voix menaçante sifflait entre ses lèvres mi-closes.
Alice voulu s'interposer, mais le Viking lui adressa un regard que même elle ne souhaitait pas défier.
—Viens... avec... moi... souffla le Viking maintenant sous mon nez.
Agrippant mon bras, il me traina de force jusqu'à la porte qui conduisait à ce que je savais être un sous-sol.
Vers l'endroit d'où s'échappaient les cris de douleurs, chaque matin.
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Hellowww !! comment ça va mes Stars ??
Voilà que nous y sommes! Déjà le neuvième chapitre!! Ouais, je compte la page de garde et le prologue, sinon je vais m'y perdre!! mdr.
N'oubliez pas de mettre la petite étoile, si vous avez aimé ce que vous venez de lire ⏫⏫⭐⏫⏫
Bon, sinon... ça va, on tient le coup et le rythme des 1 à 2 chapitres par semaine, pour le moment et c'est grâce à vous et à vos retours!!
👍❤ MERCIIIIII❤👍
Comme toujours, je vous invite à commenter et annoter, ainsi qu'à partager au maximum cette histoire pour qu'on poursuive encore longtemps cette aventure, ensemble et dans la bonne humeur^^
En tous cas, dans une meilleure ambiance que celle qui semble attendre notre petite Albinos au prochain chapitre ^^
❤❤ LOV.U mes Stars !!! ❤❤
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