«Le danger que l'on pressent, mais que l'on ne voit pas, est celui qui trouble le plus."
Caius Julius Caesar
[Ayaan. Je devais trouver Ayaan. Malheureusement, je ne le trouvais nulle part. Ce fut mon père qui me trouva.
-Era, me souffla-t-il à l'oreille. Viens avec moi.]
Il posa une main dans mon dos. Doux, mais ferme.
Je l'interrogeai du regard.
Je lui faisais uniquement confiance parce qu'Ayaan m'avait dit qu'il nous soutenait, qu'il me protégerait, l'enfant et moi. Selon ses dires, Galaad était également au courant et de notre côté.
Mon frère arriva au même moment. Il me lança un bref regard, puis mon père hocha la tête à son attention. Galaad disparut à nouveau dans la foule, saisissant de beauté dans son costume doré.
-Que se passe-t-il ? demandai-je, en souriant toujours, au cas où quelqu'un nous regarderait, ce qui était surement le cas.
-Ne pose pas de question. Ayaan m'a demandé de veiller sur toi. Il ne reviendra pas tout de suite. Tu ne dois pas rester seule (ses yeux noisette se posèrent sur moi.) J'ai vu Ravana venir te parler.
Je hochai la tête.
-Elle a avoué que c'était elle qui m'avait empoisonné.
Les mâchoires de mon père se contractèrent.
-Que c'est étonnant...
-Elle a aussi dit que c'était elle qui a tué Elyssa, chuchotai-je.
Mon père me jeta un regard surpris, puis un voile de tristesse passa sur son visage.
-Maria parlait souvent d'elle, dit-il. Sa mort a été une tragédie. Si elle avait su... Ravana ne serait déjà plus de ce monde.
-Grand-mère ne ferait pas une chose pareille, m'insurgeai-je.
-N'en sois pas si sûr. Elyssa et Maria étaient inséparables. Maria ne s'était jamais remise de sa mort. C'était sa petite sœur...
Son père avait l'air triste, si triste.
Ne sachant pas quoi faire d'autre et démuni face à tant de tristesse, je posai simplement une main sur son bras.
-Je suis désolée, pour Arianna, murmurai-je, le cœur au bord des lèvres.
Un muscle se contracta près de ses lèvres. Il pressa ma main avec force.
-Je l'aimais, dit-il simplement.
Je ne savais pas s'il était capable d'aimer, mais en tout cas, il le pensait.
-Je craignais que tu sois mêlé à tout ça, avouai-je.
À défaut d'être responsable de milliers d'autres assassinats... Cela ne m'aurait guère surpris qu'il soit également responsable de celui de sa sœur.
Il me regarda, à la fois surpris et consterné.
-Je ne lui aurais jamais fait de mal.
-Je ne pensais pas...
-Que je tenais autant à elle ?
J'acquiesçai.
Il soupira.
-Et pourtant...
-J'aimerais te détester, tu sais, lui avouai-je soudain. Parfois, j'y arrive. Puis je me souviens que grand-mère est en vie grâce à toi et que tu as essayé de sauver Arianna.
Inutile de faire comme si je ne savais pas pour Maria. Il se doutait bien que j'avais appris de nombreuses choses depuis que j'avais quitté la Tour.
-Je pense qu'Arianna aurait tout à fait compris ce que tu ressens, répondit-il simplement.
-J'aurais aimé que tu m'aimes plus, lui confiai-je. Mais j'ai compris que tu n'en étais pas capable, du moins, pas comme je l'aimerais. J'ai fait le deuil de mon père depuis longtemps.
-Era...
Avant d'en dire davantage, il fut interrompu par des applaudissements.
Melech venait d'apparaitre au côté d'Ayaan sur une estrade. La musique s'arrêta, et tous les regards se braquèrent sur eux.
Mon père me tira doucement le bras. Je fronçai les sourcils à son attention.
Nous étions déjà presque tout au fond de la salle, je ne voyais presque rien, où donc voulait-il m'emmener encore ?
Ses yeux se teintèrent d'urgence alors qu'il faisait des allées retours entre moi, l'estrade et les soldats alignés le long des murs.
-Era, suis-moi. Tout de suite.
Je fis non de la tête.
Je n'entendais presque rien. Mais il me semblait que Melech faisait un discours en l'honneur de mon futur enfant. Je voulais écouter.
-Mais où est donc la maman ? fit soudain Melech en fouillant la salle des yeux.
Mon père me tira plus fort le bras.
-Un malaise, je le crains, répondit Ayaan. Le bébé est déjà bien coriace !
Il rit, déclenchant l'hilarité générale.
Ayaan mentait. Je n'avais fait aucun malaise.
Je tournai le regard vers mon père, l'interrogeant du regard.
Il était pâle.
-Nous devons partir.
-Hors de questions, répondis-je.
-Ordre d'Ayaan, insista mon père. Tu lui fais confiance, non ?
J'allais protester lorsque je sentis deux mains se poser sur mes épaules. Galaad.
-Emmène-là, lui dit mon père. Ne la perds pas des yeux.
Mon frère hocha la tête, puis baissa ses yeux dorés sur moi
-Tu fais confiance à Ayaan ? Tu veux protéger ton bébé ? Alors, suis-moi, dit-il avec dureté.
Je lançai un dernier coup d'œil vers la scène. Je rencontrai le regard gris d'Ayaan. Il hocha subtilement la tête à mon attention. Je suivis Galaad.
Mon père se fraya un chemin jusqu'à l'estrade.
Le temps d'arriver jusqu'à la porte me menant vers la sortie, je pus encore voir l'air soudain méfiant de Melech. Le sourire calme d'Ayaan. La démarche assurée de mon père.
Puis Ayaan fit un bref hochement de tête, ses soldats encerclèrent soudain la garde personnelle de Melech.
Ensuite, tout se déroula bien trop vite.
Melech me vit quitter la salle, escortée par Galaad. Il me vit, bien portante, l'air perdu.
Lorsqu'il se retourna vers Ayaan, la main déjà dans son costume, cherchant son arme, c'était déjà trop tard. Ayaan et Azel sortirent leur revolver et tirèrent en même temps.
J'entendis des hurlements, je vis les soldats encercler les invités, puis la garde personnelle de Melech abattue sans sommation. Galaad me prit alors dans ses bras et courut, m'emportant loin des cris, du sang et de la mort.
Melech était mort.
Arianna était morte.
Partout où j'allais, la mort se répandait.
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... alors, des réactions ? 👀
À bientôt,
et longue vie au roi, mes cher(e)s ami(e)s de la Tour !
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