Passer le cap

Від Mia4744

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« T'es un sacré manège Blanche Tessier » Blanche a 26 ans, des amis et beaucoup d'anxiété. Elle vient de com... Більше

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VISUALS AND PLAYLIST
I. Blanche
II. Un rayon de soleil
III. Il faut de tout pour faire un corps
IV. Une bande de débiles
V. Un dessert amer
VII. Une amie en or
VIII. Bergénie
IX.Peins moi en rouge
X. Sonia
XI. Eaux troubles
XII. Plaies ouvertes
XIII. Au-delà du réel
XIV. Vide spatial
XV. Instruments tranchants
XVI. Message publicitaire
XVII. Identité prescrite
XVIII. Consumé.e
XIX. Anormalité monotone
XX. Désillusion romantique
XXI. Merci maman
XXII. Un pari de perdu, une pression sociale de retrouvée
XXIII. Sororité fratricide

VI. Une haleine acide

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Від Mia4744

James leva la main et suivi le serveur du regard, il comptait demander l'addition et la soirée comptait se terminer prochainement.
Blanche souffla de soulagement mais était en même temps stressée de ce qu'il l'attendrait lors de leur discussion.
« Est ce que je peux reprendre la bouteille avec? Je ne l'ai pas terminée. »

« Bien sûr, vous l'avez payé après tout. » répondit l'interrupteur de service.

Blanche se soulagea lorsque le regard de son voisin de table changea pour un air amusé.
« Tu comptes tout boire? »

« Tu voulais pas marcher? On peut la boire ensemble du coup. »

Elle vola un sourire à James et se senti de nouveau soulagée. Les choses revenaient  peu à peu à la normale entre eux. L'atmosphère électrique s'était dissipée pour laisser place à un sentiment partagé plus chaleureux. Blanche s'était faite à l'idée qu'elle ne ramènerait pas James ce soir, il n'était pas question de se disputer inutilement.
James se leva en premier et pris la veste de Blanche.

« Permets moi de te l'enfiler. »
Blanche sourit mais se retint de divulguer ses arrières pensées suite à la phrase prononcées par son collègue. Décidément, elle n'était pas passée à autre chose.

Elle empoigna la bouteille d'une main ferme et sorti du restaurant en suivant James. A sa posture et sa démarche, il était clair que Blanche n'était plus très sobre. Elle n'était pas encore certaine de vouloir se rappeler de ce que James avait à lui dire. Mais elle se promit de faire l'effort de ne pas en boire avant d'écouter le début de ce qu'il avait à dire.

« On va où? » demanda Blanche.
« Chez ma sœur. » répondit il d'un ton plus sérieux.

Cette phrase parcouru le corps entier de Blanche et résonnait encore. Comment ça, sa sœur? JE RÊVE. Elle troqua son air saoul pour un air bien plus inquiet, il était hors de question qu'elle rencontre la sœur de James. Pans dans cet état et pas dans ces conditions.

Elle tira James par le dos de son manteau et le força à se retourner pour la confronter. Il allait devoir lui expliquer à quoi rimait toute cette soirée.
« Après, Blanche. »

« James, tu vas me rendre folle et pas dans le bon sens du terme. »

« Il y a un bon sens du terme? » demanda-t'il d'un ton amusé.

« Arrête de te jouer de moi, si tu n'as aucune vision pour nous deux ce soir, je préfère que tu me ramènes directement chez moi. »

Blanche rougit après ce qu'elle venait de sortir, l'alcool dans le sang, elle n'avait plus aucun filtre. Et cela lui a souvent joué des tours, ce soir en faisait parti.

James leva les yeux au ciel agacé, c'était encore une nouvelle vision du ténébreux que notre héroïne n'avait pas encore rencontré.
« C'est pas vraiment ce que je voulais dire, désolée de forcer.  Tu sais si t'es gay ou quoi, j'ai absolument aucun soucis avec ça. »
Blanche, ferme la une bonne fois pour toute. Elle se rendait bien compte de la réflexion problématique qu'elle venait d'émettre. Pourquoi faudrait-il forcément que tout homme non intéressé par sa personne soit homosexuel? Cette fierté mal placée venait sûrement de gâcher la soirée une seconde fois.

James rit. Blanche s'immobilisa sur place, surprise par la réponse inattendue de son collègue. Il avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir et de la laisser sur le parking du restaurant.

« Qu'est ce que t'es débile quand t'es saoule. »
Il s'approcha d'elle et Blanche resta dans sa position initiale, crispée. Du haut de ses un mètre nonante, James dû se pencher pour atteindre l'oreille de notre brune d'un mètre soixante.
« J'ai jamais dit que tu ne m'intéressais pas. » chuchota-t'il ensuite.

Au diable ta sœur James, ramène moi, ramène moi tout de suite.
Ce qu'il venait de lui dire, résonnait encore dans ses entrailles, dans sa tête et bien plus bas.
Mais Blanche reprit ses esprits, elle n'avait pas oublié toutes les réponses ingrates que James lui avait donné au restaurant.

« Bon allons voir ta sœur. » dit-elle en ouvrant la portière de la voiture.

Il fit de même et démarra le moteur, elle bu directement dans la bouteille. Blanche posa sa tête à nouveau contre la vitre et observa les rues illuminées de Paris. Les lumières était floues mais ce n'était pas la faute du brouillard cette fois. Il roula une bonne heure avant de se garer. Elle ne comprenait pas vraiment où ils étaient mais ils avaient sûrement quitté Paris.
Lorsqu'ils sortirent de la voiture, Blanche lui tendit la bouteille qu'il prit et en engloutit une gorgée. Il sorti son paquet de Lucky Strike et alluma le tube qu'il tenait entre ses lèvres. Ils marchèrent en silence. Blanche avait comme à son habitude, oublié de respirer pendant leur balade nocturne.
« On doit marcher longtemps? » demanda la brune au nez rougi et déshydraté par le froid.
Il s'arrêta et se re pencha vers elle en lui caressant le bout de son nez froid avant de lui prendre le bras et de se remettre à marcher.

« On y est presque. »

Le bout de la balade nocturne de nos deux protagonistes les menèrent sur un pont où se trouvaient trois bandes d'autoroute juste en dessous. Elle s'arrêta, posa ses coudes sur le rebord  du pont et observa le spectacle que les jeux de lumières des véhicules donnaient devant ses yeux. 

« C'est vraiment magnifique  comme vue mais où donc habites ta sœur? »
James lui rendit la bouteille de vin et elle se remit à boire dedans. Il imita la posture de Blanche et à son tour, observa le spectacle que lui offrait les voitures en mouvement dans la nuit.

« Coucou Rose. » chuchota-il

Blanche le regarda d'un air curieux. A qui donc s'adressait James et pourquoi s'étaient ils posés sur un pont quelconque en dehors de Paris?
« Rose c'est ma sœur, » commença-t'il « on a deux ans de différence. »

Blanche était beaucoup trop perturbée par ce qui était entrain de se passer pour parler. James reprit alors.

« Elle a aussi fait l'université, sûrement la même que la tienne. C'est vraiment une fille géniale tu sais. D' une empathie sans précédent mais elle n'était pas très bavarde, elle ne m'a pas partagé grand chose quand on habitait chez nos parents. Je regrette tellement de ne pas avoir cherché plus loin. »

La brune d'un mètre soixante n'était pas née de la dernière pluie, elle commençait à comprendre où James voulait en venir et cela l'effrayait au plus haut point. Elle n'osa pas croiser son regard et préféra perdre le sien dans l'horizon sombre de la nuit. Sa respiration n'était pas régulière, l'angoisse teint les veines de son corps comme l'encre d'un stylo sur un buvard. Elle senti une paire de yeux rivées sur elle, les rencontrer devint inévitable. James la fixait d'un air on ne peux plus sérieux.

« Blanche, Rose a mis fin à ses jours l'année dernière, du haut de ce pont même et depuis je n'arrête pas de penser à la façon dont j'aurais pu éviter ce drame. »

Aucun son de la bouche de Blanche ne sorti, elle n'eu pas la force de dire quoique ce soit. Elle ne pouvait qu'encaisser toutes les informations que son collègue venait de lui jeter à la figure. Sa tête tournait, l'alcool du vin coulait encore dans ses veines. Elle regarda James et éclata en sanglot. Elle ne comprit pas pourquoi son date avait décidé de lui avouer un fragment douloureux de sa vie. Tout ce que Blanche voulait partager avec James, c'était la chaleur de leur chair. S'attacher à son collègue était pour elle, hors de question. En plus de cela, elle se senti impuissante face à la situation. Elle finit pour de bon la bouteille de vin et se retourna en titubant pour rejoindre la voiture. James la retint par le bras, elle se bougea son bras de sorte à sortir de son étreinte et se retrouver pour le fixer d'un regard assassin, les yeux pleins de larmes.

« James je suis désolée pour tout ce qui t'es arrivé mais à quoi tu joues? Qu'attends-tu de moi? Une épaule? Une oreille? Tu ne sais pas à quel point je me sens ridicule par rapport aux remarques que je t'ai fait tout à l'heure. »

« J'ai un projet Blanche. »

Pour être tout à fait honnête, cette dernière s'en fichait pas mal du projet de James. Elle ne se sentait pas assez proche de son collègue pour le soutenir dans ce genre d'aspect de sa vie. Il avait sûrement des amis bien plus proche qu'elle pour faire le job. Elle s'en voulait de penser de la sorte mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à elle et de faire passer son bonheur avant. Les sujets touchant au suicide ont toujours été beaucoup trop anxiogène pour elle. Elle ne pouvait s'empêcher de trouver l'acte courageux aussi tabou soit-il. Son avis sur le sujet était loin de celui conventionnel mais l'heure n'était pas au débat avec son collègue. James interrompit ses pensées.

« Je t'en parlerai demain quand tu seras un peu plus sobre. »

Blanche avait beau porté peu d'importance au projet du beau ténébreux, la remarque de ce dernier engendra en elle, un sentiment de curiosité. Elle le regarda, essaya de comprendre où il voulait en venir en se plongeant dans ses yeux aussi verts que les siens. Elle croisa les bras et fronça les sourcils tout en ne le quittant pas du regard.

« Parle James, raconte moi ton projet. »

Cette simple phrase fit jaillir de la vie dans le regard de son interlocuteur. Il se senti écouté et c'est tout ce qu'il attendait de sa collègue.

« Tu sais j'ai beaucoup insisté auprès de la RH pour qu'on t'engage. La team était hésitante car tu n'avais pas de diplôme mais tu avais l'air motivée pendant ton entretien d'embauche. Et puis ton attitude quand on se croise, toujours pleine de vie et surtout sans filtre, tu vis la vie à fond, tu sors la veille d'une journée de travail, tu t'endors sur ton lieu de travail pendant la pause déjeuner. Tu oses même provoquer ton collègue que tu ne connais que depuis quelques heures dans le lounge de la boîte où tu travailles. Tu es pleine de surprises Blanche. »

Blanche rougit, mais ce n'était pas à cause du froid, elle reçu en un coup, une pluie de compliment qui rempli son ego intérieur vide de sens. Elle s'était dit, il y a quelques jours, qu'elle méritait d'être vécue mais James l'avait déjà fait, non pas au travers d'une nuit où leur intimité n'aurait plus de limite mais à travers leurs journées banales au travail. Son cœur battait la chamade et elle ne pu s' empêcher d'interrompre ce qui était entrain de grandir en elle.

« Où veux tu en venir James? » les yeux plein d'espoir.

« J'aimerais que tu sois le visage de ma série de podcast de prévention, Blanche. Je n'ai rien pu faire pour Rose, mais je peux peut-être en aider d'autres. »

« Hein. »

C'est tout ce que Blanche pu sortir comme son, abasourdie par ce que James venait de lui proposer. Elle avait donc eu tout faux, tout faux sur ses intentions et sur la soirée. Il l'avait utilisée et était maintenant au milieu d'un dilemme.

D'abord, s'il y a quelqu'un ici qui avait tout faux, pour Blanche, c'était bien James. Ses compliments étaient certes touchants mais aucun ne caractérisaient vraiment notre protagoniste. Son talent d'actrice l'avait rattrapé, la voilà coincée dans un rôle qu'elle allait devoir jouer pour convaincre les jeunes de ne pas sauter d'un pont alors qu'elle menait une guerre intérieur contre ses propres démons.

Quelle ironie du sort, jouer la personne qui pourrait nous sortir de notre propre précipice.
Cette proposition blessa Blanche au plus profond de son âme, James ne la connaissait pas et n'a pas essayé de le faire. Il s'est contenté de l'observer pendant quelques jours pour en tirer ses propres conclusions. Son esprit était conflictuel, il y a un instant à peine, elle était flattée par les observations de James et la voilà maintenant vexée. Elle décida de briser le silence pesant sur eux depuis un moment.

« Tu attends une réponse? »

« Non juste que tu y penses. »

Blanche ne pu s'empêcher d'être furieuse face à la situation qu'avait engendré James. Il ne lui avait pas demandé son avis, s'était fait une image complètement fausse d'elle et au final, ne cherchait même pas à la séduire. Elle se remit contre le bord et se pencha vers l'avant.
Ton frère est une belle ordure, Rose.
Elle se mordit les lèvres à nouveau, de peur de laisser passer ses mots vexants. 

« Je n'arrive vraiment pas à y croire, James. Tu m'as emmenée dans un restaurant, qui plus est, un des plus chic de la ville. Tout ça, pour me demander de l'aide. Tu m'as fait croire à ta sois disante attirance pour moi et tu m'as ramené jusqu'ici pour que j'eusse pitié de ta situation et me sente obligée d'accepter. Tu ne t'es jamais demandé ce que je pouvais ressentir. T'es vraiment sans cœur. »
S'il y avait bien une chose sur laquelle James avait vu juste, c'était son caractère sans filtre. Mais il faut dire que l'alcool aidait.

Le ton de voix de James était devenu plus grave, de même pour l'expression de son visage. Il s'avança vers Blanche d'un pas assuré, elle prit peur et fit un pas en arrière mais il la retenait déjà par le menton. Il remonta le visage de Blanche vers le sien et plongea son regard dans le sien.
La respiration de Blanche se coupa, elle ne trouva pas la force nécessaire pour détourner son regard. Elle se senti emportée dans cet instant figé dans la nuit.

« Blanche, crois moi que le restaurant n'était pas nécessaire si c'était la seule chose que j'attendais de toi. »
Elle sourit, l'ambiance électrique était de retour et l'envie de Blanche avec.
« Ah et quoi d'autres attends-tu de moi? »
Il rapprocha son visage du sien, inhala son odeur, expira la sienne  et frotta son nez contre sa joue avant de poser ses lèvres contre l'oreille de Blanche.

« On rentre? » demanda James.

« Enfin. » sourit Blanche.

Le trajet du retour paru interminable pour Blanche, son excitation avait inhibé tout l'alcool qu'elle avait dans le sang. Elle ne pu s'empêcher de le regarder, admiratrice de sa beauté et de son sang froid, alors qu'ils auraient pu déjà commencer leurs affaires dans la voiture.

« On rentre chez moi? » demanda Blanche.

« Je t'ai peut être bien observée ces derniers jours mais je n'ai pas ton adresse. On va chez moi. »

Tout le discours qu'elle s'était faite au sujet de son indépendance et de la prise en main de sa vie ,maintenant qu'elle avait son chez soi
, venait de partir en fumée à la suite de la réponse de James. Elle leva les yeux au ciel, de nouveau agacée par les décisions prises par son collègue.
Une nuit, une fois et elle ne voudra ensuite plus jamais entendre parler de lui. La chaleur dans la voiture n'aidait guère son corps à évacuer l'alcool, elle se senti nauséeuse et son mal de tête était plus fort que jamais. Quand soudain, plus rien.

Blanche venait de vider l'entièreté de son estomac sur le tapis avant de la voiture de James, éclaboussant ses escarpins et son pantalon. Elle se redressa, les yeux trempés et le visage honteux.

« Oh mon Dieu,  James, je suis désolée. »

« Si tu l'as fait, c'est que tu en avais besoin. Ça ne fait rien, on vient d'arriver de toute façon. Je vais chercher de quoi nettoyer tout ça. »

Il se gara dans l'allée de son immeuble et ouvrit sa portière quand Blanche l'interrompit d'une voix cassée.

« Laisse moi nettoyer ma connerie. Je m'en veux, vraiment. »

Il sourit et lui demanda alors de monter le tapis plein de rejet de sa collègue à l'étage. A part ça, la voiture n'avait rien.

« Je suis déjà désolée de l'odeur que tu auras dans ta voiture demain matin. »

« Je suis désolé pour toi aussi, on sera dans la même voiture je te rappelle. »
Elle posa le tapis dans le lavabo de la cuisine et ouvrit le robinet, elle sorti le premier savon qu'elle trouva dans le placard au dessus de l'évier et ne se retint pas sur la quantité déversée. Elle frotta assidûment et le rinça plusieurs fois avant de l'étendre sur le balcon de son collègue.

Elle se rendit enfin compte qu'elle était dans l'appartement de James, celui qu'elle avait désiré depuis son arrivée dans l'entreprise, depuis leur regard dans l'ascenseur. L'appartement était spacieux mais sombre, le parquet était d'un bois foncé et les fauteuils en cuir noir de la même couleur que sa cuisine.

« Enlève ton pantalon. » James interrompit les critiques intérieures de l'intérieur du logis.
Elle haussa un sourcil et rit.
« C'est pas vraiment comme ça que ça fonctionne James. »
« Je vais le laver, il y a des éclaboussures dessus. »
Elle rougit car elle n'avait pas remarqué que ses chaussures étaient tachées également.

« Est ce que tu penses que je peux prendre une douche? Tu as des vêtements de rechanges pour moi? »

James se rapprocha alors de Blanche mais cette dernière recula, dégoûtée de l'odeur qu'elle émanait.

« Seule, James. »

Il s'enfonça dans la chambre à coucher et en sorti une serviette à la main.

« La porte à gauche au fond du couloir. Et je dois sûrement avoir une brosse à dents toute neuve dans un des tiroirs, faudra que tu vérifies. »
dit-il d'un ton sec.

L'air de James l'amusait, elle venait sûrement de le frustrer pour la première fois de la soirée.
Tu vois ce que ça fait, crétin?
Blanche se rendit alors dans la salle de douche, fière de son petit jeu.

Une fois nue, elle entra dans la cage de plexiglass où elle s'accroupit. L'eau était chaude, telles étaient ses larmes. Elle se visionnait la soirée en boucle comme pour essayer d'y changer quelque chose. Elle aurait dit se planter ses couverts dans la main, s'était-elle dit, la soirée aurait pris une autre tournure mais rien ne pouvait être pire que la version originale. Quant au projet, James n'attendait pas de réponse tout de suite mais cela ne pouvait malheureusement durer une éternité, il faudra que Blanche se décide. C'était hors de question pour elle de jouer un rôle encore plus dur que la version juste souriante et pleine de vie de Blanche. Elle ne pouvait pas non plus refuser car elle passerait pour une fille sans état d'âme aux yeux de son magnifique collègue. Qui sait, peut être qu'il remontera l'information dans l'entreprise et elle se fera aussitôt virer.

Blanche se redressa et continua sa douche dans le calme, elle n'avait plus de force pour pleurer. Elle chercha la brosse à dent mentionnée par son collègue et se débarrassa de son haleine acide.
Elle n'était alors vêtue que d'une serviette et se rendait bien compte de son invulnérabilité dans l'appartement de son collègue. Si la situation n'avait pas dérapé, cela ne lui aurait pas dérangé, au contraire. Mais le vomi dans la voiture ne l'avait pas réellement excité et avait dissipé le retour de leur atmosphère pleine de tension.

Elle essuya d'un coup de main le miroir embué de la salle de bain, laissant apparaître le visage ébouriffé par les pleurs de notre protagoniste. Elle inséra sa main en écartant les doigts dans sa longue chevelure brune pour y défaire les noeuds qu'elle pouvait. Si James l'avait ramené chez elle, cette dernière aurait pu le congédier quand cela l'enchantait. Ici, elle ne savait pas où elle était et il était sûrement minuit passé.

Elle sorti de la salle de bain d'un pas décidé pour annoncer au ténébreux qu'elle dormirait sûrement sur le canapé ou qu'elle passerait un accord avec lui pour qu'ils dorment chacun de leur côté du lit. Elle le chercha du regard mais ne le trouva pas tout de suite, il était sur le balcon, une cigarette allumée en bouche. A la vue de Blanche, James écrasa le tube et rentra dans le salon en fermant derrière lui la porte du balcon.
Putain qu'il est beau.

« Ça a été? Tu as trouvé la brosse à dents? »

«  Oh oui, mon haleine est fraîche. » Blanche expira en tirant la langue.

L'atmosphère de la pièce ne laissait guère penser que nos deux protagonistes menaient une bataille intérieure pour ne pas succomber à l'un l'autre. Au contraire, ils avaient l'air d'être des amis de longue date.
Blanche prit une longue inspiration et se rapprocha de son date, du bout des doigts, sa main effleura son bras puis la remonta tout en continuant  à effleurer les boutons de sa chemise, son cou et s'arrêta au visage.
Le regard de James ne laissa rien paraître. Elle ne savait pas s'il était triste, excité, curieux ou heureux. Il resta de marbre et cela rendit Blanche furieuse, elle fronça les sourcils, s'apprêta à parler quand elle senti une main posée sur l'arrière de sa cuisse, avant de remonter doucement sous sa serviette.

« James.. est ce que ce soir, on pourrait juste dormir? »
Il troqua alors son regard vide de sens pour un amusé. Sa main n'avait pas bougé mais celle de Blanche non plus. Leurs actions ne suivaient pas leurs paroles, leurs respirations ne correspondaient pas à l'intensité de leur regard, tout n'était que brouillon, à l'image de ce qu'il se passait dans la tête de Blanche. Ses sentiments étaient brouillés, perturbés par la soirée, les interruptions incessantes du serveur, sa sœur, les paroles encourageantes puis vexantes, l'alcool, l'haleine de tabac de James et le vomi dans la voiture. Tout cela ne faisait pas bon ménage dans la tête de Blanche, elle avait l'impression d'être saoul à nouveau, toutes ses pensées l'avaient déconnecté de la réalité, elle ne réalisa pas qu'aucun des deux n'avaient décidé de s'éloigner ni de baisser la main. La vue extérieure de leur étreinte laissait paraître une statue en chaire humaine de deux personnes cherchant désespérément un minimum de sens dans le regard de l'autre. 

James brisa leur posture immobile en plaçant ses lèvres dans le cou de sa collègue, il remonta ainsi jusqu'au creux de son oreille qu'il embrassa. Il retira sa main de sous la serviette de Blanche et la remonta pour écarter les cheveux mouillés de son visage. Il posa sa main à l'arrière de sa tête et agrippa d'un coup sec ses cheveux faisant basculer la tête de la brune en arrière, ses lèvres remontaient et descendaient entre son cou et son oreille. James s'arrêta soudainement, et prit simplement la main de Blanche.

« Allons dormir. » dit-il en l'emmenant dans la chambre à coucher.

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