La Race

By Abedamec

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D'abord, il y a le désert. Après, il y a la Périphérie, et enfin, la Ville. Entre les deux, il y a un gouffre... More

Introduction
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14

Chapitre 11

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By Abedamec


Il est minuit passé lorsque Ma Kyi Nyunt ferme son livre. Elle est assise dans l'une des alcôves à l'entrée de la demeure et plus rien ne bouge autour d'elle. Les domestiques sont rentrés chez eux, les bâtards endormis. Même son époux ne l'a pas accompagnée. C'est d'ailleurs pour lui qu'elle s'est isolée, de peur de le gêner.

Il a de grosses journées de travail prévues, et elle ne veut pas troubler son sommeil pour une égoïste envie de lecture jusqu'à point d'heure. Elle jette un œil à sa montre et hausse les sourcils. Ca lui est assez inhabituel de ne pas respecter son rythme, mais le lendemain est un jour de congé pour elle et la Birmane se sentait d'humeur intrépide.

Elle se lève et s'étire, laissant le livre terminé sur le fauteuil occupé un instant plus tôt. Puis, resserrant les pans de sa robe de chambre contre elle, elle se glisse vers les escaliers pour les monter sur la pointe des pieds. Elle ne fait pas un bruit, seul un bruissement de tissu reste perceptible, soucieuse de ne pas réveiller la maisonnée. Pourtant, lorsqu'elle passe devant les appartements de son fils, elle se fige.

Il semblerait qu'il soit réveillé, elle peut entendre sa voix. Elle n'est pas sûre de comprendre ce qu'il dit, mais il parle à quelqu'un et il rit à gorge déployée. La mère sent son coeur se serrer. Il y a si longtemps qu'il n'avait pas ri de la sorte ! Avait-il seulement déjà rit ainsi ? Soudain, une voix de femme lui répond et plaisante avec lui.

Ignorant le terrible sentiment qui tord à présent son estomac, Ma Kyi Nyunt étale un sourire sur son visage, imaginant que son fils est en visio avec une amie et que, enfin, il pense à sa vie de famille future. Pourtant, il faut énormément de force à la femme pour se détacher de la conversation dont elle n'entend que les éclats de voix et continuer son ascension jusqu'à ses propres appartements, qu'elle partage avec son époux.

Alors qu'elle se faufile dans le lit, prenant garde à ne pas réveiller le Birman, elle se demande si Arun n'aurait pas pu rencontrer Zoya grâce à Kassem, et que les deux se seraient plu. Peut-elle espérer un aussi bon dénouement ? C'est celle pour laquelle elle prie en tout cas, toute la nuit, alors que ses yeux refusent de se fermer et son esprit de se taire.

U Tha Dara est déjà parti lorsque la femme se réveille. Elle a dormi à peine quelques heures et se sent épuisée. Pourtant, les souvenirs de la veille lui reviennent en plein visage et elle bondit presque de son lit, enfilant rapidement une robe de chambre pour descendre déjeuner. Si elle se dépêche, elle pourra peut-être voir son fils avant qu'il ne quitte la maison.

Elle a presque atteint le bas des escaliers lorsqu'elle entend les mêmes rires que la veille, plus discrets cette fois-ci, qui se taisent aussitôt à peine a-t-elle posé un pied dans la pièce. Là, Arun est à table devant le journal du jour. Derrière lui, Macao. Le garçon lève un regard surpris vers sa mère alors que la bâtarde fixe le plancher.

- Vous ne travaillez pas aujourd'hui, mère ? demande-t-il.

- Tu n'as pas dû t'en souvenir, je l'ai annoncé il y a longtemps, répond la femme en étalant le même sourire que la veille sur son visage. J'ai une journée de congé pour les travaux dans la boîte.

- Ah, oui, fait seulement le garçon en replongeant dans son journal.

- Tu t'es fait des amis, dernièrement, sourit Ma Kyi Nyunt. Pourquoi tu n'inviterais pas les Persans à venir manger un de ces jours ?

- Pourquoi les inviterais-je ? Je ne connais que leur fils, réplique le garçon sans se détacher de sa lecture.

- Oui, bien sûr, hésite la Birmane. Tu t'es fait d'autres amis, à part Kassem ?

- Pas vraiment, non.

Ma Kyi Nyunt voudrait répondre, relancer son fils, mais rien ne vient et elle abdique avec un sourire poli. Comment aborder un sujet dont elle ne veut pas connaître la réponse ? Si le doute était permis cette nuit, cette fois-ci il n'y avait personne d'autre dans la salle. Si son fils est toujours sain d'esprit, alors c'est elle qui entend des voix. Cette solution serait la meilleure, songe-t-elle.

- Bonne journée, mère.

La voix de son fils tire la femme de ses pensées et elle le salue à son tour, regardant le garçon quitter la maison, Macao sur ses talons. Phoebus apparaît à côté de la maîtresse de maison, ramassant les plats vides d'Arun. Elle se tourne vers le bâtard, qui la salue poliment. Alors qu'il s'apprête à partir, elle le retient doucement par le poignet. Surpris, il manque de renverser les assiettes qu'il tient dans les mains. Ignorant le regard perdu de l'homme, elle sourit.

- Phoebus, que penses-tu de Macao ?

- Macao, Maîtresse ? Ce que j'en pense ? panique-t-il légèrement. Maîtresse, mon avis importe peu, seul le vôtre à de la valeur.

- J'ai besoin du tien pour faire le mien, insiste-t-elle gentiment. Dis-moi ce que tu penses d'elle, Phoebus.

- Elle est efficace, Maîtresse. Elle connaît son travail et le fait bien. De plus, grâce à sa taille et ses cheveux rasés elle convient parfaitement pour tenir les individus mal intentionnés éloignés du jeune maître.

- Tu es content d'elle, constate la femme. Merci, envoie-moi Mimosa.

Phoebus salue et se retire rapidement, à l'évidence très heureux de fuir cette situation inconfortable. Quelques minutes plus tard, la vieille bâtarde émerge de l'escalier menant à la cuisine et s'avance jusqu'à la Birmane.

- Vous m'avez fait demander, Maîtresse, salue-t-elle de sa voix chevrotante et pourtant si affirmée.

- Mimosa, tu nous sers depuis si longtemps, tu as vu tant de bâtards passer... Que penses-tu de Macao ?

La vieille reste un instant muette de stupeur, puis jette un regard courroucé vers la descente d'escalier, furieuse que Phoebus l'ai envoyée sans la prévenir de ce qui l'attendait. Elle avait bien vu qu'il n'était pas dans son assiette lorsqu'il était descendu, il savait forcément ce qui l'attendait. Quant à Macao, ne l'avait-elle pas suffisamment prévenue de se montrer discrète ?!

- Tu ne dis rien, remarque la maîtresse de maison.

- Pardonnez mon silence, Maîtresse, votre question m'a surprise, ainsi que votre soudain intérêt pour un des bâtards.

Elle laisse passer un instant, espérant que la Racée justifie son interrogation et lui donne des éléments, mais le silence pesant l'invite à continuer.

- Je n'en pense pas grand-chose, Maîtresse. Elle fait sa part de travail comme tout le monde.

- Vous tous n'avez donc rien d'autre à me dire sur elle que ces banalités ?

- Il n'y a pas grand chose à dire, avoue Mimosa d'une voix hésitante. C'est une bonne fille, avec juste ce qu'il faut de caractère.

- Tu peux te retirer, congédie Ma Kyi Nyunt d'un ton légèrement brusque.

La vieille femme ne se le fait pas dire deux fois et se retire bien plus vite qu'elle n'est arrivée en premier lieu. C'est à Marie de s'extraire de la cuisine, quelques instants plus tard, surprise par les comportements bouleversés des deux bâtards appelés.

- Tout va bien ? demande-t-elle en s'approchant de la femme. Regardez-vous, vous n'êtes même pas encore habillée ! Je vais vous aider, venez.

- Marie, appelle doucement Ma en emboitant le pas de la Chartreuse.

- Madame ?

- Que penses-tu de Macao, toi ? Tu dois bien avoir un avis différent des autres ?

- C'est donc la question que vous leur avez posée ? Ils avaient l'air ébranlés.

- Qu'y a-t-il d'ébranlant à ma question ? s'agace la Birmane. Réponds-y.

- Pas tant votre question, Madame, mais plutôt votre ton. Est-ce que vous êtes sûre que tout va bien ?

- Je ne sais pas quoi penser de Macao, avoue la femme. Dis-moi, toi, ce que tu en penses.

- Je n'ai eu aucun problème avec elle pour le moment, rassure Marie.

- Je ne veux pas d'un avis professionnel, je n'ai eu que ça !

Les deux femmes sont arrivées en haut des escaliers et Marie fait asseoir sa maîtresse sur un fauteuil posé face à la penderie.

- Je n'ai que ça à donner, Madame.

- Marie, as-tu remarqué quelque chose d'étrange avec Macao ?

La Chartreuse, qui cherchait dans les vêtements ce qu'elle allait proposer à Ma Kyi Nyunt, retient son geste un instant, les yeux plissés pour mieux réfléchir. Elle commence à comprendre où sa maîtresse veut en venir.

- Elle baisse les yeux moins vite que les autres, répond-elle. Mais sa période dans la Périphérie n'est pas si éloignée, le réflexe s'aiguise à mesure du temps qui passe. Le jeune maître semble plus détendu aussi, maintenant qu'elle est là. Je pense qu'elle a involontairement changé bien des aspects dans la vie de votre fils.

Ma Kyi Nyunt se tend et Marie, remarquant le mouvement de sa maîtresse, se gratte la gorge.

- Le fait de ne plus autant craindre les bâtards et d'en avoir un fort à ses côtés lui a permis, si vous voulez mon avis, de se faire des amis. Il n'a plus à craindre de se faire agresser ou d'entrer en contact avec des bâtards d'inconnus.

- Oui, oui ça doit être ça, murmure la Birmane en se détendant doucement.

La Chartreuse sourit, heureuse d'avoir pu rassurer la maîtresse de maison, et se détourne pour parcourir à nouveau les vêtements devant elle. Bien sûr qu'elle aussi a remarqué les changements chez le jeune maître, mais étant des changements positifs elle s'en est juste réjouie.

Cependant, à présent que Ma Kyi Nyunt Sayama doute, elle ne peut s'empêcher de constater que les bâtards eux-mêmes sont devenus plus tendus, souvent sur le qui-vive. Et si le jeune maître, maintenant qu'il n'est plus terrifié à l'idée d'entrer en contact avec un bâtard, allait devenir une personne abusive avec les employés ? Il a changé, bien sûr, mais comme on dit le naturel revient au galop.

Pourtant, le mois de janvier s'écoule tranquillement, banal, et malgré les questions discrètes que Marie pose de temps en temps autour d'elle, elle ne récupère aucune information qu'elle ne savait pas déjà. Les bâtards affirment même se sentir davantage à l'aise maintenant qu'ils n'ont plus à faire des pieds et des mains pour éviter le jeune maître.

Mais finalement, alors que février se termine, un drame se profile. Un matin, alors qu'ils partagent le même lit comme depuis un mois maintenant, Macao se réveille tremblante et couverte de sueur, se précipitant aux toilettes pour y vomir. Arun se réveille en sursaut et rejoint la jeune fille.

- Je te tiendrai bien les cheveux, rit-il en lui massant doucement le dos. Mais tu n'en as pas.

- C'est pas drôle, riposte-elle en laissant échapper néanmoins un petit rire.

- Je vais dire à Marie que tu ne travailles pas aujourd'hui, et que les gens doivent te laisser te reposer, propose le garçon. C'est jamais bon quand tu vomis.

- Ca m'est déjà arrivé plusieurs fois, fait Macao en haussant les épaules. Regarde, ça va déjà mieux. J'ai dû manger quelque chose de mauvais.

- Tu aurais vomis pendant la nuit, si c'était le cas, rappelle Arun.

- J'en sais rien, je ne sais pas comment le corps fonctionne... Mais je vais bien.

Malgré ses sourcils froncés d'inquiétude, le Birman prend un instant pour réfléchir. C'est vrai qu'elle n'a pas l'air malade. Elle a l'air plus en forme que lorsque sa hanche la faisait souffrir.

- Promets-moi que tu t'arrêteras si tu te sens mal à nouveau, impose-t-il. Je vais partir sans toi, aujourd'hui aide à la maison, comme ça tu peux t'arrêter si besoin.

Macao cède et accepte, sachant pertinemment qu'elle ne demandera pas à s'arrêter. En partant, Arun la désigne rapidement à Marie.

- Elle était mal ce matin, si elle pose problème arrête-la pour la journée, ordonne-t-il.

- Bien, je le ferai, salue la Chartreuse avec politesse avec de se tourner vers Macao. Comment te sens-tu ?

- Légèrement nauséeuse, rien de grave, rassure la bâtarde.

- Va aider à nettoyer la chambre des maîtres, alors, inutile de te mettre à la cuisine si ton estomac fait des siennes aujourd'hui.

- Bien Madame, obéit docilement la jeune fille en enchaînant le pas au groupe destiné à ce travail.

De son côté, satisfait, Arun quitte la maison. A l'école, Kassem et Electro sont surpris de le voir arriver seul.

- Ah, désolé, j'aurai dû envoyer un messager pour ne pas qu'Electro se retrouve tout seul, réalise le garçon. Macao est malade aujourd'hui, je l'ai laissée sur place pour qu'elle puisse prendre des pauses si besoin.

- Elle est malade ? s'étonne Kassem. Macao ? Qu'est-ce qu'elle a ?

- Elle a vomi ce matin, mais je ne pense pas que ce soit très grave, elle avait l'air d'aller bien à part ça, répond Arun avant de désigner l'établissement. On y va ?

- Attends, attends, le retient le Persan. Elle vomit mais elle va bien ? Tu ne l'aurais pas mise enceinte par hasard ?!

- Elle est stérile, Kassem, et parle moins fort ! C'est toi qui me dit toujours d'être plus discret, râle le Birman avant de passer les grilles grandes ouvertes.

- Bon, Electro, tu fais ce que tu veux, rentre ou fais un tour, si t'es pas là quand je quitte je rentrerai seul, informe précipitamment Kassem en emboîtant le pas à Arun.

Le bâtard lève le pouce vers le haut, laissant son maître s'éloigner à la poursuite de son camarade. Dans la cour de l'établissement, le Persan attrape le bras d'Arun pour le forcer à ralentir sa marche.

- Comment tu sais qu'elle est stérile ? insiste le garçon à mi-voix.

Arun jette un œil aux alentours pour s'assurer que personne n'est à portée de voix, puis se penche vers son ami.

- Elle a fait partie d'une campagne de stérilisation de masse réalisée par l'État, assure le garçon. Il n'y a aucun risque.

- Et si elle avait mentit ?

- Pourquoi elle aurait fait ça ?

- Pour te faire un enfant et te faire chanter avec, propose Kassem d'un ton peu convaincu.

- Arrête de raconter n'importe quoi, elle se ferait tuer et je m'en sortirais avec juste une petite claque sur les doigts, rappelle Arun.

- C'est vrai, c'est vrai...

- Non, elle a sûrement mangé quelque chose de mauvais pendant la nuit.

- Arun, j'ai une question, commence Kassem en reprenant une voix haute. Il y a combien de bâtards qui se font stériliser pendant les stérilisations de masse ?

- J'en sais rien, siffle Arun agacé. Lis un livre !

- Non, gémit son ami. Je suis sûr que tu sais ! Et est-ce qu'il y a des stérilisations par sexe ou on prend tout le monde ? Et on coupe quoi ? Chez les femmes on coupe quoi ? Rien ne dépasse !

- Vous devriez étudier un peu, fait une voix douce derrière les garçons, qui se retournent immédiatement vers leur professeur. Ça tombe bien, vous êtes au bon endroit.

- Monsieur Yildirim ! s'exclame Kassem. Vous êtes toujours aussi magnifique.

- Allez vite en cours, tous les deux, impose gentiment le professeur. Un retard fait tâche dans le dossier.

- J'en ai déjà plein, boude le Persan alors qu'Arun le laisse sur place pour prendre la direction des salles de classe.

- Devrais-je vous coller pour tous ces retards ? propose Cihan Yildirim avec un grand sourire, penchant la tête sur le côté et laissant ses longs cheveux souples cascadant sur ses épaules.

- Bonne journée Monsieur, abdique Kassem en partant en courant à la poursuite d'Arun.

Un sourire au lèvre, Cihan Yildirim regarde les deux garçons s'éloigner. Ils ont tant à apprendre l'un de l'autre, ils se sont vraiment bien trouvés. Ensemble, ils feront de grandes choses, il en est sûr. Lorsqu'il les retrouve en cours, dans la fin d'après-midi, Cihan tend un livre à Kassem.

- Atlas des campagnes de stérilisations ? lit le garçon.

- Le sujet semblait vous intéresser, confirme l'enseignant. Je ne peux qu'encourager mes étudiants à se plonger dans tout ce qui peut attiser leur curiosité. Si vous devenez médecin, vous serez peut-être mobilisé pour ce genre de choses.

- Monsieur, je ne deviendrai pas médecin, rassure Kassem. Je deviendrai chômeur.

- C'est bien ce que je me disais, rit le professeur Yildirim. Dans ce cas, vous avez tout votre temps pour lire ce livre.

- Damn, soupire le Persan. Il est bon. Ce livre est très gros, j'en ai au moins pour un mois.

- Il est extrêmement fin, corrige Arun avec un visage presque dégouté alors que leur enseignant s'éloigne. Comment peux-tu mettre un mois à lire ça ?


Pourtant, c'est bien un mois qui va s'écouler entre le début de la lecture et sa fin. Non pas que le livre est réellement massif, comme voudrait le faire croire Kassem, mais il n'est pas aussi fin que le prétend Arun. De plus, il est rempli de statistiques et de jargons bien compliqués qui découragent régulièrement le Persan.

- Il n'y a même pas d'images, râle-t-il un jour. Comment tu te sens, Macao ?

Les quatre compagnons sont installés dans un parc vide, sous un lampadaire, après avoir mangé ensemble dans un restaurant que Nora leur a conseillé. Un restaurant où, si les clients sont recommandés par un pair, ils ont l'autorisation d'entrer en espace VIP, à l'abri des regards. Là, on les installe bâtards et Racés mélangés et le chef lui-même sert les plats.

- Je me sens mieux, t'inquiète, assure Macao.

Ce n'est pas tout à fait vrai, en réalité. Elle se sent encore régulièrement nauséeuse, et ce de plus en plus régulièrement. Mais elle ne vomit pas vraiment, ou rarement.

- Arun a pris un rendez-vous chez le médecin, continue-t-elle. On va voir si j'ai une infection à l'estomac ou quelque chose comme ça.

- Ou un parasite, j'ai vu que ça pouvait être ça aussi, ajoute Arun.

Kassem et Electro grimacent d'un même mouvement.

- C'est pas contagieux, de toute façon, donc pas de panique, rit Macao.

- Oui, Arun l'aurait déjà chopé si ça l'était, assume Electro. Vu comment vous êtes en permanence collés l'un à l'autre...

- Je sais que je suis le débile du groupe, intervient Kassem. Mais avant d'aller chez le médecin, vous pourriez faire un test de grossesse ?

- T'es encore là-dessus ? soupire Arun. Je t'ai déjà expliqué...

- Oui, oui, je sais, mais moi j'ai lu un livre, interrompt le Persan. Et dans le livre, les stats étaient pas hyper jolies même si j'ai pas tout compris. C'était pas du 100% quoi.

- Même du 90% veut dire qu'on ne risque rien, se moque Electro.

- C'était pas 90, c'était entre 40 et 60 je crois.

Un silence pesant accueille les paroles du garçon. Tous le regardent, muets.

- Entre 40 et 60 quoi ? demande Arun d'une voix blanche.

- Entre 40 et 60% de chance, répète encore Kassem, surpris de la question.

- Non, chance de quoi ?! insiste Arun d'une voix forte.

- Entre 40 et 60% de chance que les bâtards raflés soient stérilisés à vie, explique Kassem d'une voix à présent hésitante. Ils raflent, endorment tout le monde, stérilisent ceux qu'ils ont le temps de stériliser avant les réveils puis libèrent tout le monde en même temps. Du coup ils font les opérations très rapidement et certaines tiennent pas. D'autres ne sont même pas opérés.

- Et c'est maintenant que tu dis ça ?! s'étouffe à moitié Arun alors qu'Electro se prend la tête dans les mains et que Macao se décompose.

- Je dis depuis le début qu'elle est peut-être enceinte, proteste faiblement Kassem.

- Tu dis beaucoup de conneries, Kassem, continue le Birman sur le même ton avec de s'écrier encore plus fort. 40 à 60% c'est très loin de 100% !

- T'avais qu'à lire le livre toi-même, contre-attaque le Persan. C'était très dur, j'ai beaucoup souffert.

- Calmez-vous, ordonne Electro de sa voix de basse. Ce qui est fait est fait, quelqu'un doit acheter un test de grossesse pour Macao.

- Je peux y aller moi-même, propose faiblement la jeune femme en se levant.

- Non, tout le monde sait que tu appartiens à Arun, les gens trouveraient ça bizarre. Kassem, il faut que ce soit toi, affirme Electro.

- Moi ? Mais je suis gai, proteste encore le garçon.

- C'est pour ça que les rumeurs seront faciles à démentir, approuve le Birman. En plus, tu me dois bien ça.

- Ok, ok, cède le Persan. J'y vais. Faites boire Macao, en attendant, il va falloir qu'elle ait envie de pisser.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Kassem part en courant vers la pharmacie la plus proche alors qu'Electro achète une bouteille d'eau de 1 litre à l'épicerie du coin. Le duo absent, le couple se fixe, les yeux dans les yeux, d'un air inquiet. Dans l'air froid de ce début mars, des nuages de buée s'échappent régulièrement de leurs lèvres.

- Il n'y a pas de raison, se raisonne doucement Macao. Je ne suis jamais tombée enceinte alors que j'avais une vie sexuelle active après la stérilisation. C'est qu'elle a fonctionné, je fais partie du bon pourcentage.

- Ou alors les autres faisaient partie du bon pourcentage.

Arun se mord nerveusement les lèvres et Electro revient, tendant la bouteille déjà ouverte à Macao. Elle attaque immédiatement. Quelques minutes plus tard, c'est à Kassem de revenir, une boîte encore scellée dans les mains. Il la tend à Arun, qui l'ouvre. A l'intérieur, une cassette de test et des instructions à suivre. Très simples. Uriner sur l'embout, attendre quelques minutes. Puis le résultat s'affiche tout seul comme un grand. Le groupe attend en silence, puis au bout de longues minutes qui semblent interminables, Macao lui prend des mains.

- Faut que je pisse, informe-t-elle rapidement avant de s'enfuir vers les toilettes publiques.

Puis à nouveau le silence, le groupe trépigne, les yeux fixés sur la porte fermée, n'osant même pas échanger un regard. Arun se rassure comme il peut. Comme Macao a dit, il n'est pas son premier amant depuis la stérilisation, et surtout ils n'ont commencé à avoir des rapports sexuels que depuis seulement un mois, il n'y a donc presque aucune chance que ce soit ça. Pourtant, lorsque Macao sort des toilettes, son visage veut tout dire. Penchant le petit objet vers le groupe pour qu'ils puissent tous constater le résultat, elle murmure :

- On est dans la merde.

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