À l'ombre d'une vie

By Vivibuell

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On dit que notre destin est écrit avant même de venir au monde. Et si une erreur s'était glissée entre les l... More

1.Elle
2.Lui
3.Elle
4.Elle
5.Elle
6.Lui
7.Elle
8.Elle
9.Elle
10.Elle
11.Lui
12.Lui
13.Lui
14. Elle
15. Elle
16.Mari
17.Elle
18.Lui
19.Lui
20.Mari
21.Mari
22.Lui
23. Lui
24. Lui
25.Mari
26.Mari
27. Elle
28. Elle
29. Elle
30. Lui
31. Elle
32. Mari
33. Mari
34. Lui/Elle
35.Lui
36. Lui
38. Mari
39. Mari/Elle
40. Elle
41. Elle
42. Lui
43. Elle/Lui
44. Mari
Epilogue
bla bla
surprise

37. Elle

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By Vivibuell

J'étais sensée me trouver dans cette salle de bain afin de me préparer pour notre sortie. Une promenade sur la plage, main dans la main, le sable frais sous nos pieds nus, à profiter d’être ensemble et peut-être mettre à profit ce temps au grand air pour parler. Malgré mon envie d’être auprès de lui, je suis plantée devant le miroir, mon téléphone en main.

Je l’ai branché avant d’entrer dans la douche et l’ai entendu vibrer puis sonner de très nombreuses fois sur le marbre du meuble vasque tandis que je me savonnais. Je m’attendais à ce déferlement de notifications lorsqu’en me réveillant, j’ai réalisé qu’il était totalement déchargé. Ceux à quoi je ne m’attendais en revanche pas, c’est que toutes ces notifications ne concerneraient qu’une seule personne. Mon mari.

Dix-neuf appels rien que dans la soirée d’hier et presque autant de textos.

Il n’est pas du genre à appeler autant de fois sans raison. Peut-être est-il arrivé quelque chose de grave ? Sa mère n’est pas en grande forme depuis son opération de la hanche. J'hésite puis appréhende de découvrir ces messages. Je lis ? Je ne lis pas ?

Incertaine, je fais tourner un moment mon téléphone entre mes mains, le repose sur la vasque puis le scrute comme s’il allait me donner les réponses. J'ai envie de savoir ce qu’il veut et en même temps, besoin de me préserver de ce qu’il pourrait m’annoncer.

Le désir de rester dans cette bulle de bonheur qui s’est formée hier est plus fort que le reste. Je vide ma messagerie vocale et supprime les sms d’une pression du doigt. Voir son nom disparaître n’allège en rien la culpabilité que je ressens déjà vis-à-vis de lui mais mon choix est fait. Je suis mon cœur, quitte à la regretter après.

Je m’habille chaudement, me coiffe rapidement tout en évitant de poser le regard sur mon smartphone. Je le fourre dans la poche arrière de mon jeans et sors rejoindre mon amant.

Je pensais que tu ne sortirais jamais de cette salle de bains, se moque-t-il en m’embrassant sur la joue.

J'attendais que mon téléphone veuille bien se recharger, me défends-je un peu sèchement.

 — Ça va, ma douce ? Tu es toute blanche.

— Oui, oui. Juste un peu fatiguée, c’est tout. Hier a été intense, si tu vois ce que je veux dire. 

— On peut rester ici si tu le souhaites. On se baladera une autre fois.

— Non ! Ça me fera du bien de sortir au contraire.

— D'accord ! Prête dans ce cas ? m'interroge-t-il, dubitatif.

— Prête ! lui affirme-je, souriante.

Nous sortons, main dans la main, de l’hôtel puis décidons de flâner d’abord dans la ville avant de rejoindre la plage. Nous marchons côte à côte, regardons les vitrines des quelques boutiques encore ouvertes en cette saison sans échanger un mot.

La faute m’en reviens totalement. Je n’arrive pas à oublier ce bout de technologie dans ma poche. Je ne me défais pas de ce sentiment de culpabilité. Je n’aurais pas dû effacer ses messages sans les lire. Deux-neuf appels ! Il se passe forcément un truc. On n’appelle pas autant de fois sans qu’il ne se soit passé un drame.

Ce n’est que lorsque mon compagnon m’interpelle que je réalise que nous sommes sur la promenade et qu’il se trouve quelques mètres derrière moi.

Je respire à plein poumons et rebrousse chemin. Je m’arrête à sa hauteur, tente un sourire mais j’échoue lamentablement. Son regard affecté me prouve qu’il n‘est pas dupe.

— Je suis désolée. Je ne suis pas d’une excellente compagnie.

— Et si tu me disais ce qui te perturbe ? Tu n’es pas toi-même depuis que tu es sortie de cette salle de bain. Il s’est passé quelque chose ? Tu regrettes que je sois là ? Parce que s’il s’agit de cela, dis-le et je repars. Je ne souhaite aucunement m’imposer.

— Bien-sûr que non, voyons. Ne dis pas de bêtises. Je suis ravie que tu sois avec moi.

— Alors quoi ?

— …

— Tu sais, si on veut que ça marche entre nous, il va falloir communiquer, être honnête l’un envers l’autre. C’est ce que tu reprochais à ton mari, souviens-toi. Sa façon de se renfermer, de ne jamais dévoiler ses émotions.

— Oui, je me souviens. C'est que...

Je passe mes mains froides sur mon visage, le temps de trouver comment aborder les messages que je n’ai lu.

— Viens ! On va se poser un peu à l’écart.

— D’accord.

Mon amant nous trouve un coin de la plage protégé du vent et d’éventuels promeneurs, même si, pour l’heure, ils ne sont pas nombreux. Il a la délicatesse de m’asseoir entre ses jambes repliées, ses bras se refermant autour de mes épaules.

Cette position très intime me réchauffe instantanément le corps et le cœur. Je me sens en sécurité entre ses bras. Suffisamment pour oser lui dévoiler ce qui me rend sombre depuis notre sortie.

Je contemple quelques instants la mer légèrement en contre-bas, le ressac des vagues, l’écume qui se déverse sur le sable mouillé. J'écoute le cri des goélands qui se nourrissent à proximité et me lance.

— Lorsque je t’ai cherché près de l’hôtel, j’ai tenté à de nombreuses reprises de t’appeler, sans succès à cause du temps et du réseau médiocre. Mon téléphone s’est retrouvé à plat mais ce n’est que ce matin que je l’ai remarqué. Durant ma douche, il a eu le temps de se recharger un peu, juste assez pour que je vois qu’on m’avait appelé. Dix-neuf fois.

— Ils étaient de qui ces appels ?

— Mon mari, lui réponds-je en me tournant vers lui afin de lui faire face.

— Ça me semble logique. Que te voulait-il ?

Je suis assez surprise de sa réaction. Je m’attendais à ce qu’il se fiche de savoir la raison de ces coups de fil. Il doit voir ma propre réaction car il se met à rire.

— Quoi, ma douce ? Tu t’attendais à ce que je te dise de laisser ce couillon là où il est, c’est ça ?

— Pour être honnête ! Oui.

— C’est ton mari, même si tu es parti. Je ne vois pas pourquoi je devrais faire comme s’il n’existait plus.

— Tu es plus bienveillant que moi pour le coup.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Je n’ai pas écouté ses messages, ni lu un seul de ses textos, lui confies-je en me blottissant davantage contre lui.

— Pour quelle raison ?

— Par égoïsme, je pense.

— T’es loin d’être une femme égoïste, souligne-t-il en m’embrassant tendrement.

— Tu trouves ! Je me vois plutôt comme la reine des garces. Je le trompe, pars du jour au lendemain et lorsqu’il tente de me joindre, je fais la sourde oreille. Si ce n’est pas être une harpie, je ne sais pas ce que c’est.

— Les plumes t’iraient à merveille, j’avoue, plaisante-t-il, un grand sourire aux lèvres.

Je le houspille gentiment pour sa remarque, le décoiffe, sachant pertinemment qu’il a horreur de ça et tente de me relever afin de lui échapper. Il lui faut à peine une seconde pour me plaquer contre le sable et se venger.

— Tu vas subir mon courroux, vile créature mythologique.

— Non, non, s’il te plaît. Je vais avoir du sable partout.

— Eh bien, tu reprendras une douche. Je serais ravi de t’aider à t’en débarrasser, tu peux compter sur moi ma belle.

Ses chatouilles s’intensifient, de telle sorte que je suis très vite couverte de petits grains jaunes. Mes cheveux sont bons pour un nouveau lavage mais je ris tellement que tout le reste passe au second plan.

J'attrape ses épaules, me redresse un peu vers lui et l’embrasse. Nos langues s’unissent, se cajolent, lentement puis plus durement. Sa barbe de quelques jours griffe agréablement mes joues. Son corps musculeux me surplombe, ses mains caressent ma chevelure désordonnée.

Je pose un baiser dans son cou, l’enlace et interromps ce que nous ne pourrions de toute façon pas finir.

— Je crois qu’il vaut mieux que l’on retourne marcher, je lui suggère en me redressant totalement.

— C'est effectivement une bonne idée, soupire-t-il en se relevant. Allez viens ! Continuons notre conversation.

Je m’empare de sa main et avance vers les vagues. Je tente de reprendre là où nous en étions mais je n’ai plus envie de tourner autour du pot.

— Tu penses que je devrais l’appeler ? je bredouille en lui lançant un coup d’œil.

— Oui. Et si tu es honnête envers toi-même, tu en as envie. Et besoin. Ne serait-ce que pour ne plus culpabiliser de ne pas l’avoir déjà fait.

— Comment fais-tu pour me connaître autant ?

— C’est simple, tu m’as tout dit de toi, ma douce. Tes actions m’ont également appris que tu étais dévouée aux tiens.

—  Merci.

— J’énonce juste une vérité, pas la peine de me remercier.

— Et si c’est grave ?

— Eh bien, on avisera.

— Okay.

— Okay, s’amuse-t-il à redire en me bousculant tendrement. On rentre ? Je me les gèle. Cette région est très belle mais vraiment pas pour moi.

— Petit joueur ! Allez, on regagne l’hôtel. Je m’en voudrais que tu attrapes froid, le nargué-je en lui tirant la langue.

 — Démone ! s'éclaffe-t-il alors que je cours déjà afin qu’il ne me rattrape pas. Tu ne perds rien pour attendre, c’est moi qui te le dis.

Évidemment, il me rejoint en trois enjambées et me hisse sur son épaule tel un sac de pomme de terre et me fait tourner. J'ai la tête à l’envers et un rire qui ne veut pas cesser. Je suis tellement bien en sa présence, décomplexée aussi.

Je n’aurai sûrement pas laissé mon mari me tenir comme lui le fait, j’aurai immédiatement songé aux gens qui nous entourent et à ce qu’ils pourraient penser de nous, de moi. Avec lui, les choses sont naturelles, je ne me pose aucune question sur ce que les autres pourraient dire ou s’imaginer. Ils n’existent d’ailleurs pas.

— Repose-moi, où je vais te vomir dessus, je hoquète.

— À vos ordres, madame.

Je retrouve la terre ferme avec la tête qui tourne et un large sourire étirant mes lèvres.

— Tu ne sais pas à quel point tu es belle ! Je rage de ne pas avoir mon appareil et immortaliser ta beauté, tes joues rougies, tes yeux pétillants de malice, son sourire immense et tes cheveux en bataille.

— J’ai mon téléphone ?!

— Tu veux ma mort ? Un téléphone ? Sérieusement ? Je suis photographe, je te rappelle. Et tu veux que j’utilise un vulgaire smartphone. Je suis outré !

J'explose de rire devant la grimace d’indignation qu’il surjoue. Très mal en plus. Je sors l’objet du crime et le mitraille sous tous les angles.

— Je ne sais pas ce que je vais faire de toi ?

— Moi, j’ai une petite idée.

— Ah oui !

— Oui, mais pour ça, il faut rentrer. Tu sais... au chaud, je lui chuchote à l’oreille.

— J'ai hâte de savoir ce qu’il vous fait rougir, madame. Mais avant de mettre en pratique cette vision, tu vas l’appeler, poursuit-il tout en me piquant mon mobile.

— ...

— Je t’aime, ma chérie. Et quoi que puisse te vouloir ton ex, ça ne changera pas cet état de fait.

— Je t’aime aussi. Je suis ridicule de m’inquiéter autant.

— Allez, sourie ! m'ordonne-t-il en pointant mon téléphone vers nous.

Il scrute notre selfie quelques secondes, agrandi l’image, bougonne, et se l’envoie.

— Ça fera l’affaire, la résolution n’est pas trop mauvaise, relativise-t-il. Allez ! On se casse de ce frigo.

Nous rentrons tranquillement, main dans la main, plus détendu qu’au début de notre balade.

***

Vous aimez toujours ?
Qu'est-ce qu'il se passe d'après vous ?

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