11.Lui

1.7K 218 57
                                    


Je tourne en rond, chez moi, depuis plus d'une heure. Un lion en cage, voilà ce que je suis. Impossible de me poser ou de mes concentrer sur quoi que ce soit.

J'ai scruté mon smartphone toute cette satanée journée. Je n'ai pas eu de nouvelles d'elle, depuis hier. Ce n'est pas normal. Tous mes messages, mails, appels sont restés sans réponses. Je n'aime pas ça. Nous ne sommes jamais restés plus de quelques heures sans nous parler. Même au début cela nous était déjà impossible, nous avions toujours besoin d'un petit mot, un petit coucou. Dès qu'une idée nous traversait, l'autre le savait immédiatement. Une complicité naturelle presque fusionnelle.

Une journée sans elle, est comme vivre sans lumière. Impossible, inimaginable pour moi...

Sans lumière, il n'y a pas de vie. Elle est MON rayon de soleil. Celle qui, même si elle le sait pas, m'aide à me lever tous les matins.

Il est plus de dix-huit heures mais je sais qu'elle est encore au travail. Dois-je l'appeler en passant par le standard ? Elle ne pourra pas refouler mon appel, ou du moins je saurais qu'elle ne veut pas me parler.

Ce que je ne sais pas en revanche c'est la raison de ce mutisme. D'accord, hier j'ai été assez vague sur ce que je devais faire de ma soirée mais l'appel de ma petite sœur m'avait déstabilisé.

Rien de très grave au final, pour changer. Son cœur d'artichaut a été une nouvelle fois brisé. Comme à chaque fois qu'elle se rend compte que le crétin avec qui elle sort, n'en veut qu'à ses courbes généreuses.

Elle est malheureusement comme moi, une éternelle romantique. Elle s'amourache d'un rien et voit en chaque homme qui croise son chemin, le prince charmant.

L'amour de ma vie, est l'exact opposé. Le prince charmant est selon ses dires est un truc inventé par les écrivains, pour vendre du papier.

Je suis un peu entre les deux.

Pour le romantique que je suis, il existe un être, une âme sœur, qui nous attend. À nous d'être attentif pour pouvoir un jour, dans cette vie ou dans une autre, la trouver.

J'ai eu la chance de le trouver à plus de 400 kilomètres de chez moi. Mais elle est là... À moi, enfin bientôt !

Je regarde une dernière fois si mon téléphone fonctionne correctement. Bah oui... on ne sait jamais. C'est plus grave que ce que je pensais, je vire gonzesse. Je suis vraiment mal barré !!

Je me décide à l'appeler au moins je serais fixé. Je compose le numéro. Les tonalités qui me séparent d'elle sont une torture mentale... Enfin, une voix bien trop sensuelle, me répond.

C'est quoi ? Le téléphone rose ? Je l'imagine déjà avec des seins refait, habillée court et maquillée comme un camion volé.

Je finis par parler, au bout du deuxième "Allô".

— Bonjour pourrais-je avoir le poste cinq cent onze, s'il vous plaît ?

— Qui dois-je annoncer, je vous prie ?

Merde ! Je n'ai pas pensé à ça. Vite réfléchis !!! T'as l'air d'un demeuré à ouvrir puis refermer la bouche sans rien arriver à dire d'intelligent. Heureusement que personne ne me voit !

Je me racle la gorge le temps de trouver un truc digne de ce nom.

— Je suis le photographe à qui elle a commandé une reproduction il y a quinze jours.

Bon allez, ça y est ?! T'as assez de détails ?

— Veuillez patienter quelques instants, s'il vous plaît. Je ne sais pas s'il y a encore du monde à cette heure.

Je l'entends appuyer sur un bouton et la seconde d'après une musique déprimante sort du combiné. Elle tourne encore, encore et encore. Je suis en attente depuis... je regarde mon écran. Quoi ?! Trois minutes. Elle se fout de moi, l'autre dinde !

Et cette musique me file le cafard. Cela dit, c'est sûrement fait exprès pour dissuader les gens d'attendre trop longtemps.

J'entends enfin cette voix qui décidément me hérisse le poil. Elle m'annonce que je vais être en relation avec la personne demandée.

Encore heureux... Il ne manquerait plus qu'elle me passe la femme de ménage...

Il faut que je me calme, cette pauvre femme n'y est pour rien. Inspire, expire...

Encore deux sonneries... Allez chérie, décroche. Et j'entends enfin le son mélodieux de sa voix.

Tous mes sens sont en alerte. Sa voix est beaucoup trop frêle, presque cassée. Comme si elle avait pleuré.

Mais qui l'a fait pleurer ? Moi ? Non, ce n'est pas possible ! Enfin après tout, je n'en sais rien.

— Allô ? Qui est à l'appareil ?

— C'est moi, mon ange, me reprends-je vite.

Je lui laisse quelques secondes pour réagir mais ne voyant rien arriver, je reprends.

— J'essaie de te joindre depuis ce matin. Que se passe-t-il ?

— ...

Toujours pas de réponse. Le silence total. Enfin presque je l'entends respirer et essayer d'atténuer ses sanglots.

— Mon ange, dis-moi s'il te plaît. Pourquoi pleures-tu ?

— J'ai eu une dure journée avec deux réunions stressantes. Et... Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, ce n'est rien.

Comment ça, elle n'a pas beaucoup dormi ? Nous ne nous sommes pas parlés.

Je tourne en rond une nouvelle fois. Rien à faire, je ne peux pas rester calme, elle est trop silencieuse. Il s'est passé quelque chose, c'est sûr et si elle veut que je l'aide, elle doit me parler. Je fait qu'elle ne se confie pas me met les nerfs.

— Pourquoi ? Demande-je beaucoup trop fort.

Reste zen, sinon elle va raccrocher, tu la connais. Il doit y avoir une explication rationnelle.

— Nous avons reçu des amis hier soir, IL a trouvé du travail et voulait fêter ça sans attendre. Ils sont partis tard et avec mes réunions la journée a été particulièrement stressante, voilà tout.

J'entends un sanglot. Ce n'est quand même pas ça qui l'a mis dans cet état ? C'est même plutôt une bonne nouvelle, surtout pour moi. Elle aura moins de scrupules à venir me rejoindre maintenant qu'il va pouvoir subvenir seul à ses besoins.

— Ce n'est pas une bonne nouvelle ? je lui demande doucement.

— Si, si. C'est juste que.. qu'il y avait son meilleur ami. Et que... pff, comment dire, durant la soirée il m'a fait comprendre qu'il savait pour nous. Il me l'a confirmé pendant notre déjeuner ce midi.

Je suis sous le choc. J'ouvre la bouche mais les mots n'arrivent pas à passer la barrière de mes lèvres. Mon cerveau ne répond plus. Le bug total. Je ne parviens pas à lui répondre, je sais pourtant qu'elle a besoin de moi mais rien ne se passe. 

~~~~~~~

Coucou.
Pas de panique Monique 😅😅 le chapitre est court mais la suite arrive plus tard dans la journée. Il était très long, j'ai donc préféré le couper en deux.
Comme toujours merci d'être là.
Des bisous 💋💋💋💋

À l'ombre d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant