Baisers salés (Terminée)

By MaevaAndStories

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À vingt-sept ans, sans attache particulière, loquace déconneur et bien souvent immature, Ange cache un secret... More

Préface
Chapitre 1 - Bouffée d'oxygène
Chapitre 2 - Sentir le monde qui nous entoure
Chapitre 3 - L'avant-rencontre
Chapitre 4 - Instant panique
Chapitre 5 - Bouche cousue
Chapitre 6 - Mauvaise surprise
Chapitre 7 - A la recherche du défi parfait
Chapitre 8 - Pari et ami perdu ?
Chapitre 9 - Quand l'inquiétude fait déguerpir la haine
Chapitre 10 - Comme des chiens errants
Chapitre 11 - Faire comme si de rien n'était
Chapitre 12 - Douche retardataire
Chapitre 13 - Ethan Foster
Chapitre 14 - La carte du mec marrant
Chapitre 15 - En mode « attaque »
Chapitre 16 - Vamos a la playa
Chapitre 17 - Le secret d'Angèle
Chapitre 18 - On emmerde tous ces connards
Chapitre 19 - Regardez la bête que je suis !
Chapitre 20 - La dispute
Chapitre 21 - Sauvetage en mer
Chapitre 22 - Il faut qu'on parle
Chapitre 23 - La déclaration
Chapitre 24 - Tu ne le détestes pas
Chapitre 25 - Tout doucement
Chapitre 26 - Confidences pour confidences
Chapitre 27 - L'erreur de diagnostique
Chapitre 28 - Elle est aveugle, pas en sucre
Chapitre 29 - Désolé, pas désolé
Chapitre 30 - Sale petit con
Chapitre 31 - Le pardon
Chapitre 32 - En route matelot
Chapitre 33 - Virée en mer
Chapitre 34 - Éclate-toi, profite de la vie
Chapitre 35 - Douce découverte
Chapitre 36 - Seuls
Chapitre 37 - Je n'ai pas envie de partir
Chapitre 38 - Faire son deuil
Chapitre 40 - Les ennuis
Chapitre 41 - Couper les ponts
Chapitre 42 - La réalité
Chapitre 43 - Presque comme des étrangers
Chapitre 44 - La famille
Chapitre 45 - Arrêter de se morfonde
Chapitre 46 - Le début d'une nouvelle aventure
Chapitre 47 - Dîner mitigé
Chapitre 48 - Le cœur en vrac
Chapitre 49 - Révélations
Chapitre 50 - Triste Halloween
Chapitre 51 - Soirée entre anciens potes de vacances
Chapitre 52 - La fille qui vole désormais de ses propres ailes
Chapitre 53 - Envie de changement
Chapitre 54 - L'ange déchu
Chapitre 55 - The young Santa Claus is coming
Chapitre 56 - Une avancée in-considérable
Épilogue

Chapitre 39 - Travail de merde

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By MaevaAndStories

— Putain mais qu'est-ce qu'il fout ?

La voix forte et désagréable de monsieur Pivot s'entendait dans toute la rue. Un jeune couple qui se baladait avec leur fils sur son tricycle, afin de profiter des derniers instants avant la rentrée des classes, traversa pour ne pas avoir à passer devant la petite enseigne.

En effet, monsieur Pivot envoyait trop de mauvaises ondes.

— J'en ai marre de celui-là, toujours à la bourre ! Je vais le foutre à la porte, tu vas voir un peu, rouspéta le grand homme à la forte corpulence.

— Il arrive monsieur. Il arrive, annonça un homme brun en se stoppant face au patron. Je l'ai croisé au rond point de Carrefour, il attendait au feu.

— Il vaut mieux pour toi Serge.

La menace dans le ton de monsieur Pivot agaça le serveur, mais comme toujours, il ne dit rien.

Toutes les personnes qui bossaient pour cet être odieux se la fermaient, car elles avaient besoin d'argent et ne voulaient pas avoir à rechercher du boulot. Puis elles savaient toutes qu'en partant d'ici et en allant ailleurs, elles avaient une chance sur deux de tomber sur un chef pire que l'actuel.

Alors elles se contentaient de râler dans leur tête.

— Le voilà ! s'exclama Serge en voyant le scooter d'Ange arriver au loin.

— Il a intérêt à faire un service parfait. Et qu'il ne compte pas sur le pourboire, il peut se le mettre là où je pense.

La chevelure blond vénitien du serveur apparut bientôt, tandis que Serge poussait la porte du petit restaurant.

— Alors, vas-y, annonce : on va être cuit à quel degré ce soir ? demanda Ange en remerciant d'un signe de tête son collègue qui venait de lui tenir la porte.

— Le maximum, répondit le brun.

Quelques cheveux blancs commençaient à recouvrir ses tempes. Et Ange remarqua que les rides au coin de ses yeux se creusaient encore plus que lors de son départ en vacances.

Cela faisait deux ans que le blond bossait ici et déjà à son arrivée, Serge était un employé de longue date. Autrement dit, c'était plus ou moins le seul que monsieur Pivot avait gardé aussi longtemps. Un exemple à suivre.

— Allez, on se dépêche ! lança ce dernier en tapant dans les mains. Le restaurant ouvre dans cinq minutes je vous rappelle.

Ange salua Xavier le cuisinier, puis Célia qui remplaçait le commis de cuisine qui était parti deux mois plus tôt. C'était la petite nouvelle, celle qui était arrivée une semaine avant qu'il ait ses congés et il était ravi pour elle de voir qu'elle avait réussi à passer son premier mois d'essai.

— Mais qu'est-ce que c'est que cette allure de dépravé là ? demanda le chef en regardant Ange.

Depuis son retour au boulot, il se prenait tout le temps une réflexion. Si ce n'était pas à propos de sa peau encore un peu rougie, c'était ses cheveux trop ébouriffés, ou bien sa barbe mal entretenue d'après Pivot, ou encore son regard qui paraissait trop déprimé et n'allait pas donner envie aux clients de commander.

— C'est pour ma poire le prochain licenciement, souffla Ange en passant à côté de Célia qui s'activait pour couper les légumes.

— Ne dis pas ça Ange, il est comme ça avec tout le monde. C'est toi-même qui me l'as dit !

Ce fut en entendant cette tentative de réconfort que l'homme entra dans les vestiaires. En silence, il enfila sa chemise, arrangea ses cheveux, donna un coup d'œil à son reflet dans le miroir puis soupira.

Une nouvelle soirée à faire un travail de merde, voilà ce qui l'attendait.

***

Lorsqu'il rentra chez lui, il était minuit passé.

Comme toujours, les serveurs avaient fait le ménage et Célia s'était occupée de la vaisselle. Monsieur Pivot avait été clair dès le début : moins il avait d'employés, mieux ses comptes se portaient.

Ange lança son jeu de clés sur la petite table à côté de sa kitchenette. Une odeur de thon embaumait dans tout son appartement. Avait-il encore oublié de jeter une boite ? Dans une grimace, le blond partit ouvrir la fenêtre.

Il faisait nuit noire désormais mais le serveur apprécia le silence. Tout cela lui rappela Luce. Pas de couleur. Pas de bruit. Juste des senteurs et une personne pour découvrir les secrets de la vie. Elle ne le savait peut-être pas, mais elle l'avait changé. Autrefois, Ange se foutait pas mal de la nature, des sons ou quoi que ce soit. Alors que désormais, il leur trouvait un petit quelque chose de magique.

Ange lâcha un profond soupir et attrapa son portable dans la poche de son pantalon. C'était un téléphone de premier prix qu'il avait trouvé vendu seul dans le supermarché du coin. Il était basique, mais ça lui suffisait largement. Il n'avait pas besoin d'excentricité.

Ses doigts se posèrent sur les touches du portable et l'homme réfléchit durant quelques secondes. Pouvait-il se permettre d'appeler Luce à cette heure-ci ? Et si elle dormait ? Il ne l'avait pas prévenue. Il ne voulait pas qu'elle soit fatiguée au travail le lendemain par sa faute.

— Eh merde, souffla-t-il en portant le téléphone contre son oreille.

Juste deux minutes, le temps d'entendre la voix enrouée de la brune, de lui souhaiter une bonne nuit et de sentir son cœur s'emballer. Oui, Ange en avait besoin. Parce que ce retour de routine avec cette reprise de boulot et tout ce qui l'entourait l'étouffait. Alors il fallait qu'il entende la jeune femme. Il fallait qu'il pense à quelque chose de positif.

— Allô ? répondit une voix à moitié endormie.

— Luce, je te dérange ?

— Ange, souffla la jeune femme. Non, non, ça va.

Le bâillement qu'entendit l'homme au téléphone lui confirma qu'il venait de la réveiller et que donc, il la dérangeait.

— Est-ce que tout va bien ? demanda Luce. Ta voix, elle...

— Je rentre du boulot.

Comme Luce ne répondit rien, Ange se gratta la tête puis s'accouda contre sa fenêtre pour prendre l'air.

— Je suis désolé, je sais qu'il est tard, continua-t-il.

Il aurait aimé que Fabrice soit là et qu'il lui propose une clope, ou un petit pet, question de se détendre. Comment Luce faisait pour le rendre nerveux à ce point. Il était tout le temps heureux et tendu à la fois lorsqu'elle était dans les parages.

— Non, c'est pas grave. Ça me fait plaisir de t'entendre.

Ange l'avait appelée deux fois depuis qu'il avait quitté le camping. La première fois, dès son retour en ville. Et la seconde, à l'instant.

— Il fait nuit noire dehors, souffla-t-il en humant l'air.

— Moi j'entends la télé du salon, Claire n'est pas encore couchée. Elle bosse sur un dossier pour le travail.

Ange apprécia que la jeune femme ne lui ait pas demandé comment ça s'était passé au boulot. Il lui avait dit qu'il n'aimait pas trop parler de son poste de serveur car il lui demandait beaucoup d'énergie (ce qui était un peu un mensonge car c'était plutôt son patron qui le saoulait). Puis la vérité, c'était qu'Ange n'avait pas envie que l'image qu'avait Luce de lui se détériore à cause du travail de merde qu'il faisait.

— Tu te rends compte que plus de cinq cents kilomètres nous séparent alors qu'il y a même pas une semaine, nos tentes étaient à deux mètres de distance ? songea Ange.

Même s'il ne pouvait pas voir Luce à l'autre bout du fil, il s'en voulut d'avoir dit cela. Car la brune le savait déjà et sa remarque ne faisait que leur rappeler que leur histoire à distance était perdue d'avance. Certes, on disait bien qu'il fallait être positif. Mais la positivité avait ses limites tout de même.

— Fabrice songe à quitter Lyon, continua Ange.

Son ami le lui avait dit le lendemain de leur retour, lorsqu'il lui avait appris qu'il s'était engueulé avec sa famille, pour ne pas changer. L'affaire avec l'entreprise était toujours sujet à disputes. Si pour Ange, son patron était sa mer noire, pour Fab, c'était le business familial.

— Ah oui ? Et vous irez où ? A Toulouse ? ironisa-t-elle.

— Si ça me permettait de te rejoindre... Oui, répondit aussitôt Ange.

Le rire de Luce se tut dans le combiné. Apparemment, elle ne s'était pas attendue à ça.

— Comme ça, je pourrais te prendre dans les bras. Je pourrais sentir ton parfum. Je pourrais t'embrasser.

Le soupir de la jeune femme lui fit comprendre que son discours lui faisait de l'effet. Presque autant qu'à lui.

— Ange, soupira-t-elle.

— Quoi ? C'est permis de rêver, non ?

Le silence de Luce lui fit mal. Car il aurait aimé qu'elle lui dise que ce n'était pas une question de rêver, que cela pouvait devenir la réalité, à condition de le vouloir. Oui, Ange avait envie qu'elle lui dise tout cela.

— Comment s'est passée ta journée ? demanda-t-il à la place.

Était-ce sa peur qui lui donnait l'impression qu'un fossé s'installait entre eux ? Pourtant, ils ne s'étaient pas quittés depuis longtemps. La cassure était si brutale que c'en était perturbant.

— J'ai appris que Dorman allait être pianiste dans un bar.

La mâchoire d'Ange se serra. Dorman... Luce avait déjà parlé de lui. C'était un ancien collègue de boulot. Un mec génial d'après ses dires. Un mec qui pouvait la comprendre, car comme elle, il était aveugle. Un mec qui avait beaucoup de talents et qui lui avait transmis sa passion pour les oiseaux.

Un mec qu'il aurait aimé pouvoir faire disparaître de cette planète. Parce que d'après Luce, il était vraiment formidable et que contrairement à Ange, il habitait dans la même ville que sa Pocahontas rebelle.

— Cool.

Sa voix sonnait faux et même s'il savait que Luce allait l'entendre, Ange s'en foutait.

— Bon écoute, je ne vais pas te déranger plus longtemps. Tu dois avoir envie de dormir. En tout cas, ça m'a fait plaisir d'entendre ta voix.

Ils avaient beau n'être qu'au téléphone, Ange eut l'impression de sentir la surprise puis la colère de Luce. Parce qu'elle avait compris que l'homme fuyait alors qu'il ne l'avait pratiquement jamais fait au camping.

Seulement ici, il était un autre.

En effet, il était Ange, le mec qui bossait comme serveur dans un petit restaurant avec un patron exécrable. Il était Ange, le mec qui avait un appartement miteux. Il était Ange, le mec qui sortait dans des bars pour boire et faire des paris pourris afin de paraître heureux.

Il était bien différent du serveur débordé qui vivait dans un appartement confortable et qui faisait des soirées posées comme il avait dit à la jeune femme. Et ce soir, il n'avait pas envie de jouer la comédie. Il n'en avait plus la force et la jalousie qu'il avait ressentie en entendant parler de Dorman était bien trop grande pour qu'il arrive à être raisonnable.

— Bonne nuit, termina-t-il.

Oui, Ange se sentait replonger. Et son air de mec qui prenait tout à la rigolade semblait avoir définitivement mis les voiles.

— Ange, souffla durement Luce.

— Je raccroche, l'informa le blond avant de s'adonner à sa tâche.

Nous avons eu le retour de Luce, maintenant, nous avons eu un point de vue d'Ange. On découvre son boulot et sa vie, un peu morose. Puis surtout, on comprend que l'homme n'est pas très joyeux en vrai, même si ça, on l'avait un peu compris lors de quelques chapitres.

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