Point de vue Soukeyna
- « Je ne suis plus avec Maïmouna »
- « Je t'aime »
Putain pourquoi j'ai dit ça ? Mais ... attends ? Il n'est plus en couple ?
- « Qu'est-ce que tu viens de dire ? » demandé-je
- « Que je t'aime aussi » dévoile Mouhamed
- « Non ce n'est pas ce que tu as dit. Et je sais que tu m'aimes aussi mais je ne t'aime pas de la façon dont tu crois »
- « Crois moi je t'aime bien plus que tu ne le crois »
Il m'attire contre lui mais je le repousse gentiment. Je ne veux pas être en position de faiblesse et je sais que lorsque je suis dans ses bras comme ça je ne pense plus correctement.
- « S'il te plaît ne joue pas avec moi Mouhamed. Pourquoi tu as rompu avec Maïmouna ? » insité-je
Il faut que ça soit clair. Il se racle la gorge avant de prendre la parole.
- « Je t'ai aimé depuis toujours. Depuis le premier jour où je t'ai vue. C'est vrai que je t'ai rejetée lorsque tu es venue me parler mais je ne comprenais pas et je croyais que tu te foutais de moi. Je me disais comment une fille comme toi, tu étais la plus populaire de l'école et moi, j'étais moi quoi. Personne me parlait, tout le monde me fuyait parce que je portais les mêmes habits pendant des jours, j'étais maigrichon au début parce que je ne mangeais pas trop mais toi, tu étais là, toute innocente à venir me parler tous les jours. Je te rejetais parce que je savais que tu allais me faire perdre la tête. Tu étais la plus belle de l'école et je te trouvais gentille aussi, tout ce qu'il fallait pour qu'un garçon tombe amoureux d'une fille. Et je ne voulais pas ça, jamais je n'aurai pu répondre à tes attentes. Tu étais hyper riche et moi j'étais très pauvre à ce moment là ... »
- « Tu ne connais pas mes attentes » le coupé-je directement. « Tu sais très bien que je ne m'attarde pas sur ce genre de détails Mouhamed »
- « Oui je le sais maintenant mais je n'en savais rien au début. On a commencé à parler, tu avais juste 11 ans et moi 14 mais je ne me suis jamais senti autant à l'aise avec une personne, autant respecté, autant ... aimé pour ce que je suis. Les années ont passé et chaque jour tu m'impressionnais de plus en plus. Tu es la personne la plus vraie que je connaisse de toute ma vie »
Je ne m'étais même pas rendue compte que j'étais entrain de pleurer jusqu'à ce que je ressens les doigts de Mouhamed essuyer mes larmes.
- « Toutes ces choses que tu as faites pour moi. C'était peut-être rien de spécial pour toi mais cela comptait énormément pour moi. Les goûters que tu m'amenais, les habits que tu m'achetais, tout et je te jure que je n'ai rien oublié. Je priais pour toi chaque nuit, et même quand on ne se parlait plus je continuais à le faire parce que tu es la chose la plus belle de ma vie et je ne pourrai jamais te remercier pour ce que tu as fait pour moi »
- « Momo je - je... »
Je n'avais plus les mots. Mes larmes n'arrêtaient pas de couler. Ce sont des larmes de joie croyez-moi mais c'était intense. Mon cœur battait tellement fort que j'avais l'impression qu'il allait sortir de moi.
- « Manquerait plus que la demande en mariage » dis-je en rigolant à travers mes larmes
Mouhamed me fixe longuement et je me demande même s'il m'a entendue. Il enlève la corde qui attachait nos mains et juste après il met un genou à terre et là et je suis à deux doigts de faire une crise de panique. Qu'est-ce qu'il fait ?
- « Mouhamed loy deff ni , qu'est ce que tu fais comme ça ? » questionné-je et la peur se fait entendre dans ma voix
Mouhamed se met à rigoler et je lâche un ouf de soulagement.
- « Rassure toi, je rigolais juste. Mais on sait jamais, prépare toi » dit-il en se levant
- « Je suis prête c'est juste que je m'y attendais pas c'est tout » dis-je pour me défendre
- « Et est-ce que tu t'attends à ça ? »
Sans me laisser le temps de répondre, il prend mon visage entre ses deux mains. Il me regarde une dernière fois et me fait un sourire avant de poser ses lèvres sur les miennes. Cette fois-ci, je n'étais pas surprise parce qu'honnêtement depuis des jours je voyais cette envie dans ses yeux et mon envie était encore plus forte. C'est doux et soft, le genre de baiser qui te fait des papillons dans le ventre. J'étais excitée et je savais qu'on ressentais tous les deux la même sensation de besoin, de nécessité. C'était intense et je ne voulais pas quitter ses lèvres. Je luttais contre moi-même pour ne pas gémir de plaisir. Je n'ai pas beaucoup embrassé dans ma vie mais j'avais même pas besoin de comparer pour savoir que c'est mon meilleur baiser.
On se détache à contrecœur mais il ne me lâche pas et m'enlace dans ses bras dans un câlin très fort d'ailleurs.
- « Tu m'étouffes » dis-je en rigolant
- « J'en avais besoin »
Je ne sais pas s'il parle du baiser ou du câlin mais moi aussi.
- « Est-ce que tu vas me parler de ton ex petite amie maintenant ? » demandé-je encore une fois
- « Oui. Allons nous coucher d'abord et demain je t'en parlerai InchaAllah »
Je hoche la tête. Il me prend la main et on part dans notre chambre. On se change rapidement avant de nous coucher. Ensemble. Pas de coussins entre nous et je me blottis contre lui. Il relève ma tête pour que nos visages soient face à face et il déposer un baiser sur ma bouche.
- « Bonne nuit hayati » dit-il après le baiser
Hum Hayati. J'aime bien ce surnom. Je lui souhaite aussi une bonne nuit et trouve le sommeil assez rapidement. J'espère me lever et que tout ça ne soit pas un rêve.
Le lendemain
On se lève assez tôt. Enfin moi je me suis rendormie après la prière de Fajr que Mouhamed a dirigé. Il est ensuite allé courir avant de revenir vers 8h du matin. Je ne me suis levée qu'à 10h et j'avais toujours sommeil mais le buffet du petit-déjeuner de l'hôtel s'arrêtait à 11h. Apres le petit déjeuner, nous sommes allés faire une petite activité peinture et pendant ce temps Momo m'a expliquée les raisons de sa rupture avec Maïmouna. Mais c'est juste qu'il ne l'aimait pas, c'est moi qu'il aime c'est tout.
- « Donc tu as rompu depuis des jours et tu ne me l'as pas dit. Je me suis battue pour rien » déclaré-je en grimaçant
- « Mais c'est toi qui a gagné la bataille au moins » dit Momo avec tout le sérieux du monde
- « Momoooo changer nga legui, tu as changé maintenant »
- « À force de te fréquenter »
Je ne réponds pas à sa provocation et me contente juste de lever les yeux au ciel.
- « C'est quoi la suite maintenant ? » je demande après avoir fini mon dessin
- « La suite de quoi ? »
- « De nous khana »
- « Bah tu es ma femme » fit-il tout souriant
Moi aussi, je souris de toutes mes dents comme une folle. Vous ne savez pas à quel point ces mots me font plaisir.
- « Je ne t'embrasse pas pour le fun. Si tu demandes si on est ensemble, la réponse oui. Et je ne cacherai pas notre relation » ajoute Mouhamed
- « Même dans l'entreprise ? » demandé-je
- « Oui pourquoi ? Tu veux pas ? »
- « Je ne sais pas. Je ne veux pas être celle qui sort avec le boss »
- « Je devrai changer de poste alors » dit-il l'air taquin
Je rigole pendant que lui, il était concentré en même temps sur sa toile. Y'a pas être trop beau comme ça et le pire et je crois qu'il ne s'en rend pas compte.
- « On peut le dire à Sophia et Amdy pour l'instant. Et à nos familles » proposé-je
- « D'accord ça me va. Est-ce que j'ai le droit de t'embrasser quand je veux aussi ? »
- « Momo arrête. Et terminons nos toiles, on fait du n'importe quoi » dis-je
En fait, c'est moi qui faisait du n'importe quoi. Momo dessine très bien, il est créateur c'est normal mais moi, c'est autre chose. Un enfant de 10 ans aurait fait mieux.
Une fois de retour sur Dakar, Ibou m'a déposée chez moi et je suis directement allée voir mes parents qui étaient dans leur chambre en sautillant.
- « Iow mba diam, toi est-ce que ça va ? » fait ma mère
- « Nous sommes le 30 Mars et votre fille n'est plus célibataire » annoncé-je en sautant encore partout
- « Wa lolou ngey teup ni, iow reglel. C'est pour ça que tu sautes comme ça ? Reste tranquille. Regarde ton père, il va bientôt faire une crise cardiaque » dit ma mère en se moquant de mon père
Le visage de mon père était tout blanc. Déjà qu'il était clair mais là il l'est encore plus.
- « Pa nak da nga firr torop. Papa tu es trop jaloux. En plus c'est Mouhamed donc tu n'as pas à te soucier » dis-je pour le rassurer
- « Je sais. C'est juste que je m'imagine quand tu ne seras plus dans la maison » dit mon père mélancolique
- « Ihhh on vient à peine de se mettre ensemble. Laisse nous le temps de profiter »
- « Profiter ? Je vous donne trois mois maximum » ordonne mon père
Waaa ? Trois mois ça passe vite di. Je ne suis pas encore prête psychologiquement à devenir une femme mariée. Laisser ma maison, mes parents surtout mon père, ma chambre et partir dans une autre maison, non sérieux pour le moment doumaka pourra (je le ne pourrai pas).
- « Mouhamed n'est pas sensé être en couple par hasard ? » demande ma mère
- « Il est avec moi donc non. Je sais que tu ne le portes pas trop dans ton cœur mais cette fois tu n'y pourras rien maman »
Je sais que ma mère est en bons termes avec Mouhamed maintenant mais je sais pas, y'a un truc qui cloche j'ai l'impression. Je ne la sens pas sincère dans ce qu'elle dit et je préfère la mettre en garde. Je ne me laisserai pas faire cette fois.
- « Qu'est-ce que tu racontes encore comme bêtise ? Si être avec lui te rends heureuse, je ne vois pas en quoi je vais m'en mêler. Je reconnais avoir été dur avec lui mais cette période est passée et je ne lui souhaite que le meilleur » déclare ma mère
Vous voyez même là, je n'arrive pas à la croire. C'est ma mère et je l'aime mais je la connais. Elle détestait Mouhamed mais vraiment. A cause d'elle, je suis partie en Angleterre pendant des années et là elle me dit qu'elle veut son bonheur. Mais bon soyons un peu optimiste, les miracles existent.