Sam commence vraiment à me taper sur le système. Me réveiller en plein milieu de la nuit pour me parler de son nouveau plan cul. Je l'écoutais vaguement à travers le cellulaire. J'étais vraiment épuisé, j'avais étudié toute la matinée. On s'était vu l'après midi, on avait bu un verre au John's mais cela ne l'empêche pas de me réveiller au beau milieu de la nuit. Ce con.
-Je te jure Jaden tu aurais vu son cul.. Je pense que je sais ce qu'est le paradis.
-Hmm..
Je ne répondais que par des "Hm" depuis plus d'une heure, je ne sais pas s'il comprends que cela veut dire "Lâche moi pauvre con je dors." Non il n'a pas l'air de comprendre. Je m'en fous de ces histoires même si quelques fois elles me font bien marrer. Sam a toujours ce truc pour me faire rire et surtout décompresser. Je suis tendu en permanence, pire qu'un string. En même temps, mon père avait tellement confiance en moi. Il voulait que je réussisse et j'allais exaucer son voeux. J'allais devenir manager et qui sait patron d'une des plus grandes boîtes en Amérique. Une seule erreur et je suis rayé de la famille. Mes journées: je dors, j'étudie et puis j'étudie encore. Je vois rarement Chloé, elle m'en veut mais elle est très prise par les cours elle aussi. En effet le droit lui prends la plupart du temps. Du coup même pour prendre un café, elle a pas le temps. On se rattrapera pendant les vacances d'hiver.
J'espère..
Son visage, son rire, ses mimiques quand elle est stressé ou simplement heureuse me manque. Beaucoup. Le travail avant les amours me disait souvent ma mère. Elle a raison dans un sens, à quoi bon chercher l'amour à 19 ans ? Les relations à cette âge là sont tellement superflu, on est en couple pour être en couple. Pour avoir un peu de compagnie tout simplement, je suis attaché à Chloé mais je ne l'aime pas. Pas d'amour. L'amour c'est.. L'nclination d'une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel d'après le dictionnaire. Selon moi, une femme n'aime que si elle se sent en sécurité physiquement mais avant tout financièrement. Je n'irais pas loin avec Chloé. Nous le savons tout les deux, on a même prévu quand est ce que l'on allait rompre. Sam me répète qu'on est deux intellos obsédé par l'idée d'avoir une belle carrière et seulement cela. Mais je m'en fous royalement. Mon père a trimé pour en arriver là où il en est et je me dois de le rendre fier. J'ai obtenu mon diplôme avec les félicitations et pourtant mon père n'était pas pleinement satisfait. J'ai toujours été le cerveau de la classe et je suis assez arrogant. Voir très parfois. Je suis riche, intelligent et pas trop mal niveau physique. Tout pour réussir quoi.
-Sam je dors, baise bien. A plus.
-Conna..
J'avais déjà raccroché avant de me faire insulté. Je souris finement dans mon demi sommeil et me rendors comme si de rien n'était.
Je me regarde dans la glace. Super j'ai l'air d'un zombie. Je passe une main sur ma nuque et coiffe ces cheveux qui partent aux 4 coins de mon crâne. Je me répète mes leçons à voix haute dans ma chambre pendant que je m'habille. Jeans, t-shirt et veste en cuir. N'oublions pas les baskets. Of course. Je mange vite fait et je pars à la fac.
J'arrive tôt à la faculté. Bon Sam ne va pas venir ce matin je pense. Comme à tout les cours magistraux, j'en reviens pas d'être pote avec un mec qui ne fout strictement rien. Il s'en fout de tout et s'en est même presque révoltant. Sa famille compte sur lui, ils n'ont pas beaucoup de moyens et lui préfère draguer une nouvelle fille enfin plutôt baver sur toutes les grosses paires de poitrine qu'il voit passer.
Il finira mal.
Merde il fait vraiment froid. Je pars prendre un café et m'arrête devant la machine. J'y glisse quelques pièces et attends la boisson chaude. J'espère voir Chloé avant le début des cours quand même. Juste pour lui parler quoi. Elle m'évite depuis une semaine, je sais qu'on est busy mais elle peut quand même venir me dire bonjour ou m'envoyer un sms. Ca prends deux secondes. Ah les femmes.. Je tourne le regard en attendant.
Elle me regarde. Enfin une touffe de cheveux me regarde plutôt. Qu'est ce qu'elle me veut celle là. Elle me regarde avec insistance, adossé à un muret. Je ne sais pas si on se connaît, elle est peut être dans certains de mes cours. M'enfin bon elle est pas obligé de me regarder comme si j'étais un beau morceau de viande qu'elle s'apprêtait à dévorer. Je regarde sa tenue , banale. Je remonte jusqu'à son visage. Une métisse, mignonne mais sans plus. Je prends mon café dans une main et me dirige vers elle. Je n'aime pas que l'on m'observe sans que je ne sache pourquoi. J'ai peut être un truc sur la figure ou dans les cheveux. Un oiseau m'a peut être fait dessus. Je la vois se raidir immédiatement quand j'avance vers elle. Elle croise les bras. Elle va être sur la défensive je le sens, son teint basanée a presque viré au blanc. Son petit nez est un peu rouge. De légères cernes se distingue sur son visage, l'anti cernes n'a pas fait d'effets. J'en ris intérieurement et me demande si le fait que je m'approche, que je la surprenne entrain de me regarder soit la raison de ce changement de position.
Non mec elle a seulement froid..
-Excuse moi, on se connaît ?
Elle met quelques secondes avant de répondre. Elle me regarde de la tête aux pieds, l'air faussement hautain. Je reste là comme un con dans le froid un café qui ne va pas tarder à refroidir si elle n'ouvre pas sa bouche. Parlons en de sa bouche, des lèvres pleines très bien dessiner avec son rouge à lèvres couleur bordeaux. Ses lèvres sont quand même un peu grosses, l'effet rouge à lèvres je présume. Je croise son regard, pétillant mais froid en même temps. Une vrai tombe.
-Bon.. Je te laisse méditer la tombe.
Je me casse et pars attendre devant l'amphithéâtre de Chloé. J'avais bien vu qu'elle allait dire quelque chose mais enfaîte je m'en fous un peu. Elle aurait du le faire au lieu de me regarder, de m'étudier avec son regard hautain. Bref..
Chloé..
Je comptais vraiment la croiser ce matin. Il fallait que je la vois. Déjà parce qu'il faut que je confirme la réservation pour cette hiver mais aussi pour avoir de ses nouvelles. Je sirote mon café qui était froid, merci la tombe. Elle regarde les gens de haut mais n'est pas fichu de parler. Elle avait vraiment l'air étonné que je vienne la voir, ce n'était pas prévu dans son scénario qui sait. Et cette touffe de cheveux, elle pourrait au moins faire un effort merde. Pourquoi je me prends la tête sur ça ? Je ne la verrais plus, il y a tellement de monde à la faculté.
-Jaden ? Qu'est ce que tu fait ici ?
Chloé. Je la regarde, elle est toujours élégante. Elle portait une jupe fourreau et un chemisier blanc immaculé. Elle avait mis de petits talons comme toujours, elle détestait les baskets ou tout ce qui était sportwear. Pas trop son truc, elle aimait les choses élégante et raffinée. Son trench était ouvert et sa main droite porter sa sacoche contenant son ordinateur portable et autres. Elle a tout l'air d'une futur avocate, je souris en la voyant. Une vrai femme comparé à la tombe. Elle semble surprise de me voir l'attendre ici. C'est clair que je ne viens pas souvent la voir à la faculté, on se voyait à l'extérieur quand nos emplois du temps nous le permettaient bien sûr.
-Je n'ai pas le droit de venir voir ma copine ?
-Si si mais j'ai du travail. J'ai encore des tonnes de choses à réviser et tu le sais.
Elle recommence.
-Merde Chloé, on ne se voit plus depuis une bonne semaine déjà. J'ai aussi du travail mais tu pourrais répondre à tes messages de temps en temps non ? Je veux juste savoir si tout va bien. C'est normal dans un couple non ?
Elle soupire et s'avance vers moi. Elle pose sa main sur ma joue et la caresse en souriant. Elle n'est plus l'étudiante, elle est juste Chloé, ma copine. Je l'aime bien dans ces moments mais ça s'arrête là. Juste une attirance physique, mon coeur ne bat pas vite comme les gens pourraient penser en nous voyant. Ils penseraient que nous sommes dans notre bulle, dans notre cocon fait d'amour et d'eau fraîche, que nous sommes jeunes amoureux, insouciant et pleins de projets pour la suite. Mais il n'y aura jamais de suite. Jamais. Tout finira dans un an. Moins d'un an à vrai dire. Elle passe ses doigts fins sur ma mâchoire et approche son visage du mien. Elle dépose un léger baiser sur mes lèvres et s'écarte ensuite. Elle me souffle un petit "désolé" et je la vois disparaître dans le bâtiment. Je sais que j'aurai pu la retenir mais elle m'en voudra et je ne veux pas qu'elle soit en retard. On est pas un de ces couples bidons qui sèche les cours pour aller faire une ballade romantique. Pas du tout. On ne s'affiche pas beaucoup non plus en public et on ne l'a fait qu'une seule fois. On était légèrement bourrés et madame en avait très envie. Je n'ai pas refuser en parfait gentleman bien sûr. On est jamais contre une partie de jambes en l'air surtout avec une belle jeune femme qui porte de la lingerie d'exception. J'avais cru voir un ange ce soir là. Nos corps entremelés tout comme nos souffles d'ailleurs, chaud mais qui empester l'alcool fort. C'était fort sympathique et depuis plus rien. Sam me dit de me méfier des working girls comme ils les appellent parce que selon lui ce sont de vrais bêtes au lit. Du genre sauvage, il m'avait même fait le petit "Grr" avant que je ne lui assène un léger coup sur l'arrière du crâne levant les yeux au ciel. Un vrai con.
J'entre dans mon bâtiment par la suite et m'engoufre dans l'amphithéâtre. Comme je l'avais prédit Sam n'est pas là. Un vacarme attire mon attention. Un groupe de filles sur une rangée qui rigolent et font de grands bruits. L'acoustique de la salle n'est pas bonne, dommage. Elles me donnent mal au crâne, je sort mes affaires et retourne mon regard sur la troupe. Je me stoppe en voyant qu'une tête m'est familière, une touffe surplombe son regard. Merde la tombe. Elle m'observe aussi, elle a l'air ravie de me voir enfin c'est ce que je croyais avant qu'elle ne me montre son majeur avec un sourire, le plus hypocrite du monde je crois bien.
Quelle garce.