Tous restent muets, figés, comme si le temps s'était arrêté.
Ashana, devant leurs airs totalement ahuris, finit par glousser.
Emeric, qui est celui qui y croit le moins, demande bêtement confirmation.
Il secoue sa tête, et lui redemande vivement
-Quoi ? Qu'est ce que tu as dit ?
-À parce qu'en plus d'être buté tu es sourd ? Se moque t elle avec un sourire narquois.
Emeric ne relève même pas la pique, ses yeux fixés dans les siens, il n'attend que le fait qu'elle réitère ses paroles qu'il espère sincèrement ne pas avoir imaginé.
Ashana soupire en levant les yeux au ciel et agit comme personne ne l'aurait imaginé.
Elle attrape le col d'Emeric, se penche et plaque ses lèvres sur les siennes.
Lorsqu'ils se séparent après leur premier baiser timdide échangé, les laissant un peu pantelants et dans les nuages, elle répète pour le rassurer, un air bienheureux sur le visage, des petites paillettes de bonheur illuminant ses yeux glacés
-J'ai dit que je t'aime, idiot !
Quelques secondes passent avant que l'information n'atteigne le cerveau du jeune homme, dont les lèvres finissent par s'étirer en un grand sourire sincère et joyeux.
Sans plus réfléchir, il réitère le geste de la jeune femme quelques secondes plus tôt, et leurs lèvres se collent à nouveau l'une à l'autre.
Cette fois, c'est plus intense et moins bref.
Leurs lèvres se caressent, se mouvent avec douceur et amour, cherchant à savourer la présence de l'autre, et leur cœur finissent par battre à l'unisson, comme s'il n'y en avait plus qu'un.
Tous deux en oublient la présence d'autres personnes à leurs côtés.
Seul l'instant présent compte.
Plus rien n'existe.
Ni passé douloureux, ni futur incertain.
Juste l'Amour de deux jeunes en manque d'attention.
Lorsqu'ils reviennent à eux, ils remarquent tous les autres, un air insouciant sur le visage.
À cet instant, seul le bonheur emplit la petite pièce. Ashana est étrangement sereine en observant à tous leur visage rayonnants.
Elle balance ses pieds dans le vide, quittant le support du lit derrière elle pour s'asseoir seule, essayant de se lever.
Emeric qui aperçoit sa tentative, se lève pour l'aider, mais elle le repousse gentiment en appuyant sa paume sur son torse.
-Je ne suis pas invalide. Je vais bien, je t'assure ! Insiste t elle devant son regard de réprobation.
Si le jeune homme gromelle, il finit néanmoins par se reculer, restant tout de même au aguets, guettant le moindre signe de faiblesse qui nécessiterait son soutien.
Ashana réussi à se lever sans problèmes, et devant les regards surpris, elle s'incline légèrement.
Lorsqu'elle relève le buste, elle entreprend de lever le voile sur son acte sortant de l'ordinaire.
-Je pense vous devoir à tous des excuses et bon nombre de remerciements. Alors merci. Merci de m'avoir accueillie dans votre repaire, merci de m'avoir nourrie, hébergée, et de vous être préoccupée de moi. Merci de m'avoir fait rentrer dans votre petit cercle sans aucune considération pour mon caractère peu avenant et mon passé. Merci de m'avoir suivie, soutenue dans tous mes moments les plus difficiles, et merci de le faire confiance.
-Alors, ça y est, tu t'es enfin réveillée ? Intervient Dylan, le plus éloigné, les bras croisés sur son torse.
-Oui, grâce à vous. Elodie avait raison. Seule une situation réelle et critique à pu m'aider. Aucun mot n'aurait su mieux le faire.
-Qu'est ce qui t'a fait réagir exactement ? L'interroge Theo, curieux.
-C'est lorsque j'ai vu Emeric et Amelie piégés dans les flammes, sans aucun moyen de s'en sortir. Plus, quand j'ai entendu son cri de douleur. Je me suis rendue compte que je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Ni à lui, ni à qui que ce soit d'entre vous. J'ai compris, que quoi que je dise, vous faisiez désormais partis de moi. Je vous avais dans la peau. Comme une famille.
-Tu nous vois donc comme ta famille ? Demande Linda.
-Je crois bien. Non, en fait, j'en suis sûre. Peu importe l'avenir, tant que vous êtes à mes côtés, il ne peut être que bien. Je n'imagine pas ma vie sans vous tous. Vous m'avez donné le courage, l'envie de survivre et de me battre.
-Et ton père dans tout ça ?
La jeune femme se rembrunit.
-Il n'a de père que le nom, avoue t elle, le regard baissé. Peu importe ses paroles, le temps passé avec lui, je ne peux tout simplement pas lui accorder la même importance que celle que je vous donne. Quelque chose en lui me donne la nausée. La seule raison pour laquelle je ne le repousse pas est parce qu'il nous aide et me renseigne sur mon passé. Je ne peux nier le fait que le même sang coule dans nos veines, mais il n'y a rien de plus. Il ne fait pas partie de ma famille d'aujourd'hui.
-Parce que tu as plusieurs famille ? S'exclame Matt.
-Bien évidement, affirme t elle en relevant le regard. Il y a celle du sang, et celle du cœur. Une qu'on nous impose et l'autre que l'on choisie. Mon père est ma famille par le sang, mais ce n'est pas celle du cœur. Celle là, c'est vous : c'est celle que j'ai choisie. Je n'en veux aucune autre. Tout autre me paraît désillusoire et futile.
Pris d'un élan spontané, Matt court dans les bras d'Ashana.
Celle ci est surprise, mais finit par lui rendre son étreinte en ébouriffant ses cheveux.
-Ça veut dire que tu nous aimes, hein ?!
-Bien sûr, sourit elle. Et personne ne pourra jamais changer ça.
-Merci... Murmure le jeune homme. Depuis tes paroles à la salle d'entraînement, je ne fais plus de cauchemars, je n'ai plus peur de mes pouvoirs.
-Tu m'en vois ravie.
-Nous aussi on te doit des remerciements, avance Dylan.
-Je n'ai rien fait que vous attirer des ennuis, je ne vois pas en quoi vous m'êtes redevables, contre la jeune femme.
-Peut être que notre vie est agitée et que nous devons fuir tout le monde, c'est vrai, mais en nous faisant quitter Paris, tu nous a offert ce qui nous manquait cruellement : notre liberté, continue Theo en Svan avant légèrement. Si nous n'étions pas entre quatres murs recouverts de barreaux dans cette ville, nous étions tout de même parqués, avec des obligations de présence quotidienne et faire tout ce dont on avait envie n'était même pas envisageable. Désormais, on voyage, et on vit vraiment, même si on survit. On rencontre d'autres personnes, découvre de nouveaux horizons et on se forge enfin de véritables souvenirs. Ce que tu nous a permis de faire dépasse de loin les inconvénients qui accompagnent cette nouvelle vie. Alors pour tout ça, merci.
Les adolescents hochent tous la tête, en accord avec les dires de leur ami. La jeune femme, touchée qu'ils le voient ainsi, ne peut répondre et fait un signe de tête entendu.
Quelques minutes plus tard, le médecin et Pascal pénètrent dans la petite salle, suivis de Quentin.
Le regard de celui ci accroche celui de Dylan, mais avant de pouvoir approfondir, les deux hommes se placent dans son champ de vision, requérant toute son attention.
-Comment te sens tu ? Lui demande poliment son père.
-Ça va. Répond t elle simplement.
-Pas de courbatures, de migraine ou autre événement inhabituel ? Continue le médecin en la faisant se rasseoir.
-Non, non. Tout va bien.
-Tu es vraiment sûre ? Insiste Pascal.
-Puisque je vous le dit ! S'exaspère t elle. Je ne me sens pas différente depuis que j'ai réveillé mon Deuxième Élément. Je peux sortir maintenant ? Demande t elle, ses yeux exprimant clairement le refus d'une réponse négative.
Pascal hausse des épaules à la question muette de son subordonné et celui ci soupire donc.
-Vous pouvez retourner avec vos amis, si vous vous reposez les prochains jours. Vous êtes réveillée seulement parce que vous avez récupéré l'énergie suffisante, mais n'en faites pas plus que nécessaire. C'est mon seul conseil. Oh, et puis, évitez de pousser vos limites trop loin à l'avenir. Cela pourrait vous porter préjudices...
-Ok. Dit elle en se levant à nouveau.
Voyant qu'ils ne la lâchent pas du regard, Emeric vient se placer entre elle et eux, et tout en leur lançant un regard d'avertissement, prend sa main et la traîne hors de la salle. Les autres jeunes gens suivent, rapidement, laissant les trois hommes en plan.
-Ne les trouvez vous pas étranges, depuis l'incendie ? Demande innocemment le docteur.
-Si... Marmonne le leader, pensif.
-Ce n'est rien, les devance Quentin, désinvolte. Cette épreuve a tissé de nouveaux liens qu'ils essaient d'appréhender. C'est l'origine de leurs comportements.
Il quitte la pièce sur ses paroles, les mains dans les poches.
...
Une semaine passa depuis le réveil d'Ashana et les jeunes deviennent plus soudés jours après jours.
Étonnement, ils ne croisèrent que très peu Pascal ou ses hommes ces derniers jours...
Ils semblaient très occupés, et la salle d'entraînement d'ordinaire partagée entre les soldats et les jeunes leur est entièrement leur.
Ils passent leur journée à faire des combats amicaux afin de maîtriser leurs nouveaux Éléments et approfondir la maîtrise et le temps d'endurance des premiers.
Ses petits matchs sont l'occasion de nombreuses parties de rire.
Ashana, comme demandé par le médecin, ne participe pas à ces entraînements. Elle se contente de rester sur le banc de touche, mais ne reste pas inutile pour autant.
S'ils combattent, autant que ce soit constructif. En tant que spectatrice, elle a l'occasion d'observer les avantages et défauts de chacun, et leur partage ses découvertes en n'oubliant de les conseiller à l'occasion.
Aujourd'hui, la journée demeure similaire aux précédentes. Si ce n'est que les longues absences de Dylan commencent à préoccuper Ashana.
Ses camarades ne s'en font pas.
Selon eux, Dylan s'est toujours senti supérieur et à toujours négligé le perfectionnement de son art.
Il n'est donc pas inquiétant de ne pas le voir la majeure partie du temps avec eux. Pourtant, la jeune femme ne peut s'empêcher d'être pensive.
À chaque fois qu'elle le croise, il passe sans même la voir. Son regard est préoccupé et paraît constamment hésitant.
Lorsqu'il est avec eux, il reste distant, et la majorité du temps, ailleurs. Son esprit vagabonde comme bon lui semble, mais jamais il ne semble rester bien longtemps sur l'instant présent.
-Encore dans tes pensées ? S'assoie lourdement Emeric en posant une main sur sa joue, attirant son regard de glace dans le sien.
-Désolé, soupire t elle. Tu trouves pas que Dylan agit étrangement ces deniers temps ? Ne peut elle s'empêcher de demander.
-C'est vrai qu'on ne le voit pas souvent, mais ne t'en fait pas. Il a toujours vagabonder de droite à gauche. Les vielles habitudes ont la vie dures ! Sourit il.
-Oui, tu as raison, sourit elle plus légèrement, pas convaincue.
-Tu as faim ? C'est l'heure de manger.
-oui, je veux bien.
-Alors viens ! La tire t il en prenant sa main.
Ils vont s'asseoir sur les tatamis, et déballent les plats cuisinés qu'ils ont été cherchés aux cuisines ce matin.
Comme à l'accoutumée, Matt est bien bruyant, et s'attire les commentaires de ses aînés, qui le charrient bien.
Ashana en oublie Dylan.
Tout comme Amelie, les voir heureux et savourer leur vie la remplie de joie. Dans une journée, c'est tout ce dont elle a besoin pour se sentir bien.
Dans ses pensées, elle ne regarde pas son assiette, et, distraite, son couteaun glisse et vient râper contre sa main méchamment.
Elle lâche brusquement ses couverts qui retombent dans son plat dans un tintement de métal, stoppant toutes les conversations.
Par réflexe, elle porte son autre main à sa blessure d'où un peu de sang suinte.
-Ça va ?! S'inquiète Matt avec des gros yeux en voyant le sang.
-Ne t'inquiètes pas, c'est juste une égratignure, essaie t elle de le rassurer en cachant le mieux possible sa plaie lorsqu'elle voit son regard se figer à la vue du liquide rougeâtre.
-Viens, la lève délicatement Emeric. On va demander au médecin de désinfecter ça.
Chose dite, chose faite.
Le médecin applique quelques minutes plus tard un petit pansement après avoir épongé les quelques gouttes de sang avec un compresse.
-C'est plus pour empêcher des saletés de s'agglutiner que pour stopper le saignement, la renseigne t il. Etonnement, malgré la légère profondeur de la coupure, le saignement n'a pas été bien long ni abondant. Ton sang a cristallisé. Je pense qu'il s'agit là d'une manifestation de ta magie qui te permet d'empêcher le sang de couler trop longtemps. Tu as de la chance, ça pourra te servir.
-D'accord, merci.
Et c'est sur cette nouvelle découverte qu'elle retourne dans leur appartements, se reposer comme le lui a demandé Emeric.
Pourtant, cette découverte ne sera pas la seule aujourd'hui...
Le médecin, curieux, a gardé la compresse imprégnée du sang de l'adolescente. Il savait que c'était la seule Élémentaire dont le sang n'avait pas été répertorié, et comme tout médecin scientifique, la curiosité pousse toujours à commettre des actes qui ne sont pas forcément officialisés...
***
Et voilà, les loulous !
Chapitre terminé !
La trame de l'histoire va s'accélérer dans les prochains chapitres, et les retournements de situations vont s'enchaîner !
Attention les coeurs ! 💧🔥🌬️⛰️