Julien devait lui aussi être soulagé. Il tenait à moi plus que tout, il ne voulait pas tout comme moi d’un autre enfant. Même si il ne me le disait pas, je le sentais. Il me demandait si je prenais correctement ma pilule avant chaque rapport, moi, étant allergique physiquement –et psychologiquement (un peu aussi)- au préservatif, cela l’ennuyait plus qu’autre chose. Néanmoins, malgré cela nous possédions toujours une vie sexuelle malgré cela. Nous ne le faisons pas pour avoir des enfants mais pour le plaisir, pour nous retrouver, nous montrer mutuellement à quel point on s’aime tout bonnement. Le fait d’avoir des enfants est quelque chose de tellement narcissique au fond que je ne voulais pas en avoir : mettre au monde un être qui n’avait rien demandé pour et au final pour qu’il finisse dans du sapin, non, non. Je ne voulais pas cela. Le monde était trop moche et la vie trop injuste.

            Une idée ma traversa alors l’esprit : « Julien, tu ne m’as jamais parlé d’Alice, fait le s’il te plait, j’en ai besoin. »

            Ju me regardait avec des yeux étonnés, et émus. Il allait enfin se livrer. J'allais enfin découvrir l'homme qui se cachait derrière ce tas de peau et d'os. Julien avait un coeur qui battait..

        Il me regardait, il rougissait au fil des secondes et avait l’air de plus en plus ému. Je le regardais, je voulais qu’il parle car cela ferais du bien à tout le monde y compris en premier lieu à lui. Il baissa la tête, regarda ses pouces qui étaient en train de se faire la guerre avant de relever cette dernière et commencer : « Alice… Alice, je l’ai toujours aimé. Je…je sais pas quoi dire. C’est ma princesse, mon ange, la seule femme que j’aime plus que toi. Elle… te ressemblait tellement, je me rappelle la première fois que je l’ai vu : elle venait tout juste de sortir de ton ventre quelques minutes après que tu ais perdu connaissance. On m’a demandé si je voulais suivre l’infirmière avec qui était mon bébé. Je dis immédiatement oui. Je me rappelle… quand on l’a posé sur le champ, le pédiatre a pris son bras et la relâché : elle ne bougeait pas, je me suis dit qu’elle était morte car elle ne criait pas, ne bougeait pas. Rapidement…du personnel est venu s’occuper d’elle, lui a prodigué les soins nécessaire, on lui a donné un masque à oxygène et tout le tralala. Je n’oublierai jamais son premier cri, la première fois qu’elle a dit : je suis là… » Julien s’effondra en sanglots, je m’approchai le plus possible de lui pour le caresser le dos et lui embrasser le haut de la tête. Il reprit : « J’ai pris quelques photos d’elle et on l’a emmené pour la transférer en réanimation néonatale. Elle était minuscule, si fragile. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, c’était… pfou… le plus beau moment de ma vie. Non… c’était la semaine passée avec elle à partir de ce moment. Après, j’ai compris au fur et à mesure qu’il ne fallait pas trop s’y attaché mais je ne pouvais pas, je…elle m’avait ensorcelé au milieu de tous ces tuyaux.  –C’est tout ce que tu peux dire sur elle ? – Non, non. Si je devais raconter tout ce que j’ai à dire sur elle on y serait encore l’année prochaine. Mais, voilà quoi. C’est mon bébé, ma chair, celle que…celle que j’ai faite au fond. Même si les premières minutes où j’ai su que tu étais enceinte je… je n’y croyais pas, j’avais maudit ce bébé, et bien plus les jours passés, plus je voyais ton gros ventre et plus je voulais devenir papa. – Attend, sérieux, tu ne pensais pas ce que tu me disais quand je t’ai dit que j’attendais un bébé ? – Au début non. Au fait, je savais que tu étais enceinte depuis les première minutes à partir du moment où le docteur t’a prise en charge. On me l’a dit. J’avoue que, je t’avais en partit maudit, je ne voulais pas de bébé…enfin pas maintenant tu vois, je voulais profiter de toi, de t’avoir à moi tout seul, de n’avoir aucune responsabilité. Je t’avoue que si j’avais été un salaud je me serais barré. – Mais tu l’es… en partie –Quoi ? – Tu as beau me dire ce que tu veux Ju, le fait que tu sois partis et que tu ais coupé les ponts, j’ai tout de suite compris. J’avoue que, et bien je t’ai presque oublié. Je dis presque parce que je t’ai tout donné, je pensais au fond de moi toujours à toi, j’avais toujours nos photos dans mon portable, j’ai toujours la peluche chien que tu m’as offerte pour la Saint-Valentin. –J’avoue, en partie. Je voulais casser avec toi, me séparer. Je n’avais pas le courage de le faire, je voyais que tu n’allais pas bien, je savais que si je te disais que je partais que tu te serais probablement jetée sous un train pour rejoindre notre bébé. Je le savais. Et puis tu es réapparut, j’avais honte de moi, je n’assumais rien. Tu refaisais surface dans ma vie, je luttais constamment avec moi-même pour me convaincre que je ne t’aimais pas, que c’était fini mais au fond…au fond je n’ai aimé que toi. Le soir de ton anniversaire, je voulais te parler, m’excuser, je voulais qu’on recommence tout à zéro. Certes je suis un salaud, certes si tu avais été une fille comme les autres tu m’aurais renvoyé chier, mais tu n’es pas une fille comme les autres. J’ai compris, dans le regard qu’on s’était échangé à la cafeteria que tu n’avais rien oublié, que tu ne t’étais trouvé personne d’autre, Julien m’a alors dit que je devais retenter ma chance : c’est ce que j’ai fait. –Attends encore un peu, tu as parlé de toutes nos histoires à Julien Lamassone, ce Julien-là ?! – Oui, oui j’avoue que j’ai rompu notre pack mais je suis désolé, je ne pouvais pas garder ça pour moi tout seul, il fallait que ça sorte. – T’inquiète, moi aussi, j’ai tout dit à Farés, moi aussi il fallait que ça sorte, je…Pour le pendentif Ju, si tu voulais me quitter, explique-moi comment ça se fait que tu me l’as offert – Ah ça, ça fait deux ans qu’il est dans mes affaires. Je me suis toujours promis de te l’offrir à notre premier enfant en même temps que ma demande en mariage. J’ai été trop lâche pour te demander en mariage mais pour lé bébé, et bien…de toute manière, je te l’aurais offert que tu m’aimes encore ou non. Notre histoire et liée Héloïse, on en peut rien y faire. Alice nous unis bien plus qu’un mariage. »

Intrusøs (Tome 2)Where stories live. Discover now