Chapitre 12

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Julien me dévorait des yeux pendant que moi je lutter pour garder les yeux ouvert. J’avais peur de les fermer et de m’endormir…pour toujours. C’est alors que soudainement il commença : « Tu m’as fait peur tu sais, pourquoi tu ne m’as rien dit ? –Parce que je t’aimais Ju – Tu m’aimais ? – Tu peux pas comprendre, tu peux pas – Hélo, explique moi, s’il te plait, tu m’as fait vivre trois jour d’enfer, trois jours pendant lesquels je me suis battus pour que la police intervienne et que tu sortes vivante. Trois jours durant je ne pouvais pas dormir, je me couchais à côté de ta place vide et froide en me demandant si je pourrais encore un jour te serrer dans mes bras. Hélo, si tu m’aimes vraiment raconte-moi tout. Je t’en prie. »

            Je le regardais, j’avais envie de pleurer. Lui aussi me fixait en attendant une réponse. J’avais la gorge nouée, me ressasser tout ce cauchemar me faisait peur. Je commençai alors, au bord des larmes : « Ju, je...je sais pas par où commencer. Je… » Je fondis en larmes.

            Julien s’approcha de moi et se mis à me caresser le dos tendrement. Il y avait tellement de choses à raconter que je ne savais pas par où commencer. Lorsque mon chagrin se calma un peu, je commençai mon récit en essayant de l’orienter de manière à ce qu’il soit le plus bref possible : « Ju, je l’ai fait pour toi. C’est l’autre…il… m’a dit que si je ne couchais pas avec lui il allait pourrir et massacrer tout ce que tu as construit… Je pouvais pas Julien, je pouvais pas coucher avec ce connard donc… (Je fondis en larmes) – donc… -donc il s’est mis à me frapper. J’étais comme un animal pour lui. Un jour (je ravalai un sanglot) je lui ai tout balancé à la gueule. Je lui ai dit que je ne voulais plus faire affaire avec lui, qu’il n’avait aucun droit. Au moment de partir, il m’a assenait un coup violent à la nuque ; je me suis réveillée plusieurs heures plus dans l’armoire – Et alors ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ? –Mais tu le sais très bien, il m’a battu jusqu’à la limite de la mort, il a essayé de me tuer en m’étranglant… il... –Il t’a pas violé au moins ? – J’en sais rien, il m’injectait du LHB constamment, je ne savais pas ce qu’il faisait de moi. Il a dû probablement le faire mais je n’ai rien senti. »

            Nous restâmes un long moment à nous regarder dans le blanc des yeux. Julien était à la fois ébahit, triste et furieux à cause de Trensovski. Moi, je n’éprouvais rien, je voulais juste dormir, j’avais faim, et une terrible migraine. J’avais envie de me reposer, d’oublier ce qui venait de m’arriver, penser à autre chose, retrouver mon ancienne vie tranquille. « Et, pour tes parents ? » me dit Julien. Alors eux pas question. Je ne voulais pas entendre parler d’eux. Je ne supporter pas ma famille, je priais pour me faire adopter.

            Mon père me dégoutait profondément, j’étais la seule fille au milieu de trois garçon, pour un Africain comme lui, cherchez l’intrus. Sexiste comme il était, je devais aider ma mère, faire mon lit, la vaisselle, le ménage… le genre de chose que ses fils étaient incapables d’accomplir. Ma mère, pfft, elle soumise comme ce n’était pas permis jouait sa féministe alors qu’au fond elle s’en foutait. Elle trouvait normal que ce soit les femmes qui soient à la cuisine et les hommes au bureau. Quatre enfants, elle qui disait qu’elle n’en voulait pas quand elle était plus jeune a bien tenu ses promesses et ses plans de vie. A chaque fois que je lui faisais une remarque sur la condition des femmes et notamment son caractère soumis et sexiste qu’elle perpétuait à travers moi, elle trouvait toujours le moyen de détourner la conversation comme quoi j’exagérais et comme quoi j’allais me brûler les ailes en continuant avec mes idéologies. De plus, mes parents et mon père en particulier n’avaient jamais eu confiance en moi. Un fille qui allait premièrement passer un BAC L et puis ensuite faire des études de théâtre c’est ce que l’on appelle purement et simplement de la folie. Comment, selon eux, j’allais pouvoir m’en sortir dans un monde comme celui-là ? Mon père était doté d’un franc parlé hors du commun, lorsque j’ai fait mon stage d’entreprise en troisième –je crois- et que au cours d’une conversation j’ai lâché que le métier d’infirmière était intéressant, il me répliqua jusqu’à ma terminale que c’était un métier merdique, sans devenir, que c’était pourrie J’ajoute à cela, les autres petits mots d’encouragements qu’il m’attribua comme par exemple à la fin d’un spectacle de fin d’année en cinquième quand il m’avait dit que je chantais faux et que le spectacle avait était nul.  Bref, voilà comment se dressait le portrait de ma famille et les différents combats que j’ai dû affronter durant mon adolescence.

Intrusøs (Tome 2)Where stories live. Discover now