Chapitre 7

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            Pour ce qui en est de Bastien, l’histoire était un peu plus simple. On s’était rencontré à l’école d’art dramatique de Paris caractères ont tout de suite bien ça, par hasard. Nos caractères ont tout de suite bien collés et nous sommes devenus amis. Après quelques moi, nous sommes devenus très proches, comme un frère et sa sœur, comme des jumeaux. On s’adorait, on vivait des moments inoubliables. Je ne l’aimais pas avec l’amour amour, c’était comme si on me demander de coucher et de me marier avec un de mes frères on s’aimait avec un amour fraternel et c’était réciproque. En toute sincérité, nous n’avions jamais pensé à sortir ensemble.

            Bastien était moi en garçon. Il souffrait intérieurement mais ne le disais à personne sauf à moi. Il adorer les arts : on écrivait de temps à autres des petites chansons sur un morceau de papier, puis quand on s’ennuyait, on les chanter. J’adorer Bastien, c’était le grand frère que je n’eus jamais eut. Il était adorable, bien attentionné, il ne faisait de mal à personne, n’embêter personne, ne parler jamais de sa vie, il ne cherchait pas à se faire remarquer.

            Pourtant un jour, tout bascula. Je lui avais dit « au revoir » la veille, en quittant son appartement, nous étions en train d’écrire une chanson et nous avions prévu de continuer de l’écrire le lendemain après-midi. Il me souhaita aussi le « au revoir » d’une manière la plus sobre possible ; rien ne nous avait prévenus de ce qui allait se passer le lendemain. En effet, le lendemain, vers quatorze heures trente, alors que je me préparer pour aller le rejoindre dans un café, le CHU de Bordeaux m’appela pour me demander de venir : Bastien venait de tenter de se suicider ; il avait garé sa voiture avec lui à l’intérieur sur des rails, un TGV passa bien évidemment. Les pompiers avaient mis des heures à le désincarcérer et il était dans un coma profond. Il avait très peu de chance de s’en sortir. Je courus alors à son chevet, je ne savais pas pourquoi il avait agi comme ça, il n’avait aucune raison –selon moi. C’était la première fois de ma vie, avant ma fille, que je voyais la mort approcher et emporter quelqu’un avec elle : Bastien mourut trois jours plus tard, après nous avoir fait espérer, ce petit con, car son état s’était amélioré.

            Je ne suis jamais pourquoi il avait réellement accompli ce geste mais je possédais plusieurs propositions qui étaient très valables. Premièrement, Bastien était homosexuel –enfin bi mais bon il était en couple avec un garçon avant de nous quitter- son père ne l’avait jamais accepté. Il avait même maudit son fils unique et s’il l’avait pu, il l’aurait déshérité. Ensuite, son père, toujours, méprisait totalement son fils au point de le faire souffrir psychologiquement : il lui répétait sans cesse que faire le « clown » sur scène devant cinq cent personnes n’était pas un vrai métier, que c’était un métier de tapettes et que ce n’était pas étonnant que sa pédale de fils fasse une profession comme celle-là. Pour moi, l’évidence était le fait que Bastien était tellement détesté par son père qu’un jour il donna fin à toutes ses histoires. Je le comprenais. Son père n’avait jamais trop apprécié Bastien, peut-être parce qu’il a eu ce fils peu de temps après la perte d’un premier enfant dans le couple. Il devait percevoir Bastien comme un être qui n’avait pas sa place dans le foyer, que c’était leur premier bébé qui devait être à sa place.

            Bastien souffrait beaucoup, on se soutenait alors mutuellement. Il me manquait et me manque toujours. Je ne pourrais jamais l’oublier. Je respecte ces choix, sa mort lui appartenait, sa vie aussi, je ne peux pas juger ses choix. De temps en temps, quand je regarde les étoiles, je me dis que quelque part en haut, il y a Bastien et ma fille qui veille sur moi et qui m’ont envoyé Farés et Julien. Je les aime tous. J’aime Julien, j’aime Bastien, j’aime Alice, j’aime Farés. Sans eux, ma vie n’aurait aucun sens. Ils me permettaient de tenir debout, la tête droite et de me battre.

Intrusøs (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant