« Alors eux, tu les laisses là où ils sont ! Ca ne les regardes pas, tu les appelleras que quand je serais maman ou à l’article de la mort quoi que tout bien réfléchi, dans un cercueil comme ça ils ne me feront pas plus chier. » La simple évocation de mes géniteurs me réveilla brusquement et me jeta dans un une rage incontrôlable et inexpliquée. Ju me regardais amusé et tout souriant, il avait repris des couleurs.

            On frappa à la porte et nous tournâmes alors la tête en direction de celle-ci ; un docteur suivi d’une infirmière entra. Il serra la main à Julien et me salua. L’infirmière, remplaça ma perfusion, pris ma tension ainsi que ma température et check quelques trucs sur l’écran des machines à mon chevet.  Le docteur me demanda si j’allais mieux, comment je me sentais, des questions de médecins en gros. Puis, il demanda à Julien de le suivre. Ju et moi échangeâmes un regard stupéfait avant que mon prince le suive. Je me retrouvai rapidement seule dans la chambre. Je regardais en direction du fauteuil de Julien, il y avait dessus sa veste et dans sa veste, un objet qui m’était familier. Je me penchai péniblement avec tous les maux du monde pour attraper la chose.

            Après quelques instants de lutte considérable, je retirai une peluche rose pâle avec un nœud vert autour du coup : c’était un nounours que j’avais acheté à Ju avant qu’il ne parte en tournée en mémoire d’Alice. C’était une peluche assez petite qui tenait facilement dans une veste moyennement large comme celle de mon homme. Je regardai le jouet, le retournait et le sentait. J’avais l’impression d’avoir ma fille dans mes bras.

            La peluche possédait un petit médaillon en tissu accroché à son collier vert, dessus, j’avais fait brodé le nom de ma fille et sa date de naissance : Alice, 23.03.12. J’esquissais un sourire plein de larmes. Je serai le doudou contre moi et me blottit contre moi-même dans mon lit. Je ressentais quelque chose de bizarre qui s’expliquait par le fait que Ju avait toujours gardé le cadeau que je lui avais offert en mémoire de son bébé décédé. C’était,…la plus belle chose du monde qu’il avait fait pour sa fille. Je me mis à pleurer silencieusement, touchant, sentant, retournant le médaillon de la peluche. J’avais comme une partie d’Alice en bas et l’autre qui veillait sur moi en haut.

            La porte de ma chambre se rouvrit brusquement, je tournai la tête effrayée et surprise : c’était Julien. Il affichait une expression neutre puis vint s’assoir de nouveau sur sa chaise. « Qu’est-ce que tu fais ? » me demanda-t-il « Tu l’as gardé ? –Bien sûr que oui, qu’est-ce que tu crois, je l’ai tout le temps sur moi, je ne peux pas m’en séparer surtout ces derniers jours. » Il se leva les fesses de sa chaises pour essuyer de son pouce les larmes qui perlaient sur mes joues. Je lui souris et lui tendis la peluche : « Tiens, elle est à toi. » Ju la pris et la glissa dans la poche de son blouson. « Qu’est-ce que le médecin te voulait ? –Deux trois trucs pas très importants –Comme ? –Comme les tests ADN que l’on t’a fait ainsi que le test de grossesse – DONC ?! –Pour le test de grossesse il est négatif –ouf ! –Pour le test d’ADN pour savoir si tu as été violé faut attendre encore un peu ».

            J’étais soulagée de ne pas être enceinte et encore moins avec ce salaud comme père du bébé. De toute manière je l’aurais avorté. Je n’étais pas prête à redevenir maman et je ne voulais absolument plus le devenir surtout que le fait d’être mère m’a toujours repoussé. J’étais une mamange, cela me suffisait ; je n’avais pas terminé mon deuil et je ne voulais pas remplacer mon bébé qui était au ciel par un autre qui pourrait vivre tout bonnement et simplement à la place de celui qui est parti. Je ne voulais plus revivre les douleurs de l’accouchement, le stress qui s’accumulait au fil des mois, le nouveau regard de pitié et de compassion des gens quand ils vous voient. Non, je ne voulais pas de ça.

Intrusøs (Tome 2)Where stories live. Discover now