En cas de vengeance... [En Cours]

Faire face.

16H00
Cela fait une heure que j'attends dans son bureau et toujours pas de M. Kim KI-CHAN.

Mais d'abord il faut que je vous raconte!
Il y a de cela quelques semaines, j'ai envoyé un travail photographique (rappelez-vous, j'aime la
photographie) en répondant à un concours. Et... (roulement de tambour) je fais partie des finalistes. C'est pourquoi j'ai rendez-vous ce matin avec ce prestigieux photographe, enfin s'il daigne venir!?
Je suis fan de son travail et là je sens l'impatience grandir. Mes yeux sont fixés sur ma bague que je
triture nerveusement.

Vais-je être à la hauteur? Ne pas le décevoir? Et si je me plantais, comment pourrais-je me rattraper!? Après tout, s'il m'a choisie c'est qu'il y a du potentiel dans mon travail... L'erreur
ne doit pas être une de mes issues! J'aurais dû boire un p'tit coup de jaja et cesser de broyer du noir. Non mais qu'est-ce que je raconte... Boire et puis quoi encore; je suis venue en talons hors de question que je les bousille en me rétamant par terre. J'ai sorti ma tenue la plus chère pour les grandes occasions alors, j'ai intérêt d'assurer.

Soudain, le téléphone du bureau se met à sonner me faisant violemment sursauter et jeter mon anneau, de frayeur.

Merde!! Je dois absolument le retrouver avant que M. KI-CHAN n'entre...

C'est à ce moment là que j'aurais préféré qu'il soit en toc et non en or.
Sans plus attendre je me jette à plat ventre espérant le retrouver rapidement. Un petit éclair fugace
apparait sous le bureau. Vautrée à 4 pattes, je m'abaisse pour le ramasser quand la porte s'ouvre. A partir de là tout s'enchaine; mon nez me pique, les larmes montent. J'essaie de me retenir mais trop tard, un éternuement sort, si puissant que mon bouton de jupe se trouvant à l'arrière, explose et va heurter quelque part M. KI-CHAN vu le bruit qu'il fait. Un silence parcourt le bureau, je n'ose ni me retourner, ni me relever et encore moins bouger.

- Mademoiselle Kim Orléange, je présume.

Je me raidis légèrement et m'empresse de me redresser afin de m'excuser pour cette situation ridicule et accidentelle. Je plaque un grand sourire sur mon visage et lui tend ma main. Sa voix est si douce, on dirait la voix d...
Une femme au visage pale et portant la trace rouge laissée par l'impact de mon bouton se tient droite en face de moi. Aucune expression n'apparaît sur son visage, même pas une ride; je lui
donnerais facilement 57 ans. On dirait une bibliothécaire avec sa longue jupe noire, son gilet en laine, ses lunettes rondes et son chignon gris classique. Son aspect est sévère; cette personne ne
doit supporter aucune contradiction et le rire ne doit pas faire partie de son univers.

- Excusez-moi, cela fait plus d'une heure que j'attends votre patron. Savez-vous si on l'a bien prevenu de mon arrivée? Non pas que je doute de votre travail au vu de vos grandes responsabilités pour faire tourner cette entreprise mais...

Je me tais. Je lui dis juste bonjour.

À ces mots, une expression narquoise apparait sur son visage. Elle me contourne tout en m'observant de la tête aux pieds et finit par s'asseoir dans le fauteuil du grand maître derrière l'immense bureau. Elle me montre le siège en face d'elle où je prends place délicatement pour ne pas perdre ma jupe qui glisse lentement par l'absence de bouton.

- Kimberley Kim Orléange 19 ans, la 3ème des 5 marmots célèbres; inconnue de tous dans son passé et méconnaissable à présent. En 2 ans la vie peut nous réserver les pires atrocités du monde mais conmme vous l'avez si bien montré, nous en faisons une force. Votre nouvelle apparence nous a époustouflé; c'est pourquoi vous avez été sélectionné par M. KI-CHAN
et moi-même, Mme AHN le bras droit de celui-ci, pour devenir notre ambassadrice. On vous veut
dans notre équipe!

Qu'est-ce qu'il vient de se passer au juste?

Ma bouche s'est asséchée d'un coup. J'en reste baba. Décidément, je me suis complètement trompée sur Mme AHN. Au moins elle n'y va pas par quatre chemins!

- Euh oui, vous êtes plutôt bien renseignée (j'ose la dérision). Quoique le résumé est un peu court.

Elle n'a pas cillé d'un cil, alors pour le sourire, on repassera. Le fond de l'air est assez glacial brrr.
Je redresse les épaules et ose lui répondre...

- Comment ça, ambassadrice? Qu'est-ce que vous entendez par là?

Elle me plante ses prunelles bleues dans mes yeux. Oulala, je crois que je viens de ruiner mon affectation dans son équipe en moins de 5 minutes. Déjà je m'apprête à me lever aussi dignement que possible, lorsqu'elle anticipe mon mouvement.

- Où allez-vous? Je n'en ai pas fini avec vous.

Ouf! L'oxygène et les idées me sont revenues d'un coup... Je reprends donc là où j'en étais. J'ouvre la bouche mais elle me prend de vitesse.

- On attend de vous que vous nous fournissiez un travail d'excellente qualité. Vous allez représenter notre société. Toutes vos oeuvres seront au nom de M. KI-CHAN. Vous allez signer un contrat en ce sens, tout y est soigneusement consigné.

A ce moment, comme par magie et sans que je l'ai entendue entrer, une secrétaire se matérialise à côté de moi manquant me faire tomber de mon siège.

- Emportez-le chez vous et lisez-le attentivement. Vous avez tout à y gagner.

Bon bah là, elle m'a cloué le bec que déjà elle est à la porte. Je range mon contrat toute émue.

Ça y est, mon premier job est bien au chaud lové dans mon sac.

Et toujours sans prendre ma main tendue elle me salue et s'en va de son petit pas compté vers un autre bureau. Je me retrouve dehors et la tête me tourne tant je suis excitée.
Arrivée dans ma colocation, je mange à peine et décide de me concentrer sur la lecture de «mon passeport liberté». Je signe enfin et me couche de bonne heure. Je fais des milliers de projets à venir et pour commencer je me mets dans l'idée de me trouver un appart pour moi toute seule. Et aussi je repense à ma vengeance...

Mais avant, petit flash back. Après avoir réussi mon bac, je suis entrée en fac pour étudier la photographie. Comme l'université était trop loin de la maison, j'ai pris une chambre en colocation
avec Chen, une chinoise qui souhaite devenir interprète. On a bien sympathisé, mais chacune sa vie!
Un jour en sortant de la bibliothèque, j'ai remarqué sur le tableau d'affichage réservé pour les étudiants, l'annonce du concours photos. Sans trop me poser de questions, je me suis lancée dans
l'aventure. Il était organisé par le grand photographe dont je suis plus que fan M. KI-CHAN. Si je gagnais j'aurais l'immense honneur d'avoir une place dans sa societé.
À partir de là, plus rien d'autre n'a compté. J'ai travaillé d'arrache pied pour mon plus grand plaisir; je ne comptais plus les heures.
Je développais les épreuves dans le labo jusqu'à ce que j'obtienne mon meilleur cliché. Le jour où je l'envoyais, j'étais prise d'une grande hésitation. Et si je m'étais plantée, et si c'était nul, d'une
banalité affligeante, et si... et si... Résultat dans deux mois. J'avais de quoi ruminer.
Je repensais par où j'étais passée, tout ce que j'avais alors enduré. Ma vengeance se peaufinait. J'avais décidé d'en faire voir de toutes les couleurs à ces quatre pétasses, surtout le danger public Nao.
Je n'étais pas retournée dans ma ville depuis mon intégration à la fac et de toute façon ma famille vivait toujours de la même manière; alors là ou pas là, je ne manquais à personne. Ce n'est pas
pour autant que je ne me tenais pas informée de ce qui s'y passait...

Le lendemain matin en franchissant les portes de ce superbe bâtiment tout de verre je me sentais exaltée. À moi la gloire et le succès. Mais mon moment d'ivresse se stoppa net avec l'apparition de Mme AHN à l'ouverture des portes de l'ascenseur.

- Quittez donc cet air niais et au boulot.

Elle me fit rapidemment faire le tour des bureaux, je n'eus pas le temps de tout enregistrer. J'ai juste remarqué le silence qui se faisait dès qu'elle arrivait dans l'un des bureaux. Puis, alors que je pensais trouver ma place dans un de ces superbes locaux, elle poussa une porte et je fis face à...