Ce que le coeur désire

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- Que fais-tu ici ? s'étonna Amelia.

- Je suis sur Londres pour la signature d'un contrat. Je suis arrivé cet après-midi... Mais je comptais bien venir te voir dès demain... Tu embauches mardi c'est cela ?

- Oui mais...

- Et toi... Tu es seule à cette réception ? sourit-il.

- Non, j'ai été invitée. J'accompagne Hercule Poirot...

- Ah oui, le vieil ami de ton oncle. C'est très aimable de sa part d'avoir accepté de t'héberger.

- Mon oncle !... Tu fais bien d'en parler d'ailleurs.

Amelia agrippa fermement Jeffrey par l'avant-bras et le traina dans le grand hall désert.

- Comment va-t-il ? demanda le fringant dandy qui tapait sa cigarette sur son étui de métal.

- Comment va-t-il ?... Ton ami Pritchard et toi l'avez roulé dans la farine ! éructa-t-elle.

- Je n'ai jamais roulé personne dans la farine. Je lui ai donné un conseil et il m'a écouté...

- Mais c'était une mauvaise combine !

- C'est le risque, Amelia chérie...

- Oh Jeffrey ! Cesse donc cela...

- Cela ?

- Je ne suis pas ta... chérie...

- J'ai demandé ta main à ton oncle... Tu sais que je suis le meilleur parti de Durham... de la Caroline du Nord... peut-être même des Etats-Unis...

- Rhoo... Jeffrey, je m'en fiche !... C'était un moment d'égarement. Il n'y a rien entre nous, tu le sais bien.

- Il faut que tu penses à ton avenir. Ton oncle a certainement perdu beaucoup dans cette malheureuse affaire. Comment surviendras-tu à tes besoins désormais ?

Jeffrey planta ses yeux verts dans ceux d'Amelia.

- Comment oses-tu ?... Tu profites de...

- Je ne profite de rien. Grandis donc un peu ! Il n'y a rien de personnel. C'est les affaires. Un jour, tu gagnes, un jour, tu perds. Si tu ne veux pas jouer, abstiens-toi. Et ton oncle a choisi de jouer à l'époque...

Amelia était excédée. Elle leva la main pour le gifler. Mais l'homme fut plus réactif que ne l'avait été Pritchard quelques jours plus tôt.

Amelia grimaça. Jeffrey serrait le poignet de la jeune femme. Il bascula le bras de la jeune femme derrière le dos et la plaqua contre lui. Leurs visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre.

Amelia déglutit. Des éclairs traversaient les yeux de cet homme qui l'impressionnait tant. Il était beau, riche, jeune, cultivé, charismatique...

- Réfléchis, Amelia chérie ! Je te laisse quinze jours pour te décider. Quinze jours...

Elle se débattit et s'apprêta à lui cracher son venin mais il l'embrassa fougueusement.

Il se recula, jeta un œil vers la salle de réception et afficha un immense sourire.

Amelia se retourna. Poirot les observait, impassible.

- Hercule ! Ce n'est pas ce que...

Il s'avança rapidement, ignorant Amelia.

- Bonsoir, vous êtes Monsieur Jeffrey Beitling ? s'enquit-il tendant la main à l'américain.

- Et vous Monsieur Hercule Poirot... l'aimable protecteur de Mademoiselle Perrier durant ses quelques semaines de séjour à Londres. répondit-il serrant fermement la main de son interlocuteur.

Poirot : Une Pause À Helmsley (1ère Partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant